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assez ample sujet d'exalter la bonté de cet Étre suprême, de qui nous tenons notre propre existence. Quelque bornées que soient les connaissances des hommes, ils ont raison d'être entièrement satisfaits des graces que Dieu a jugé à propos de leur faire; puisqu'il leur a donné, comme dit saint Pierre (1), toutes les choses qui regardent la vie et la piété, les ayant mis en état de découvrir, par eux-mêmes, ce qui leur est nécessaire pour les besoins de cette vie, et leur ayant montré le chemin qui peut les conduire à une autre vie beaucoup plus heureuse que celle dont ils jouissent dans ce monde. Tout éloignés qu'ils sont d'avoir une connaissance universelle et parfaite de tout ce qui existe, la lumière qu'ils ont leur suffit pour démêler ce qu'il leur importe absolument de savoir; puisqu'à la faveur de cette lumière ils peuvent parvenir à la connaissance de celui qui les a faits, et des devoirs sur lesquels ils sont obligés de régler leur vie. Les hommes trouveront toujours le moyen d'exercer leur esprit, et d'occuper leurs mains à des choses également agréables par leur diversité et par le plaisir qui les accompagne, pourvu qu'ils ne s'amusent point à former des plaintes contre leur propre

(1) Πάντα τὰ πρὸς ζωὴν καὶ εὐσέβειαν. PETR. ep. II, c. 1, v. 3.

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nature, et à rejeter les trésors dont leurs mains sont pleines, sous prétexte qu'il y a des choses qu'elles ne sauraient embrasser. Jamais, dis-je, nous n'aurons sujet de nous plaindre du peu d'étendue de nos connaissances, si nous appliquons uniquement notre esprit à ce qui peut nous être utile; car, en ce cas-là, il peut nous rendre de grands services. Mais, si, loin d'en user de la sorte, nous venons à ravaler l'excellence de cette faculté que nous avons d'acquérir certaines connaissances, et à négliger de la perfectionner par rapport au but pour lequel elle nous a été donnée, sous prétexte qu'il ya des choses qui sont au-delà de sa sphère, c'est un chagrin puéril et tout-à-fait inexcusable. Car, je vous prie, un valet paresseux et revêche qui, pouvant travailler de nuit à la chandelle, n'aurait pas voulu le faire, aurait-il bonne grace de dire pour excuse que le soleil n'étant pas levé, il n'avait pu jouir de l'éclatante lumière de cet astre? Il en est de même à notre égard, si nous négligeons de nous servir des lumières que Dieu nous a données. Notre esprit est (1) comme une chandelle que nous avons devant les yeux, et qui répand assez de lumière pour nous éclairer dans toutes nos af

(1) Prov. XX, 27.

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faires. Nous devons être satisfaits des découvertes que nous pouvons faire par son moyen; et nous ferons toujours un bon usage de notre entendement, si nous considérons tous les objets en tant qu'ils sont proportionnés à nos facultés, pleinement convaincus que ce n'est que sur ce pied-là que la connaissance peut nous en être proposée; et si notre orgueil indiscret n'exige pas une démonstration et une certitude entière, lorsque nous ne pouvons obtenir qu'une probabilité, et que ce degré de connaissance suffit pour régler tous nos intérêts dans ce monde. Que si nous voulons douter de chaque chose en particulier, parce que nous ne pouvons pas les connaître toutes avec certitude, nous serons aussi déraisonnables qu'un homme qui ne voudrait pas se servir de ses jambes, mais s'opiniâtrerait à demeurer immobile, et à périr, parce qu'il n'aurait pas des ailes pour

voler.

§. 6.

La connaissance des forces de notre esprit suffit pour guérir du scepticisme, et de la négligence où l'on s'abandonne lorsqu'on doute de pouvoir trouver la vérité.

Si nous connaissons une fois nos propres forces, cette connaissance servira à nous faire

A

nature, et à rejeter les trésors dont leurs mains sont pleines, sous prétexte qu'il y a des choses qu'elles ne sauraient embrasser. Jamais, dis-je, nous n'aurons sujet de nous plaindre du peu d'étendue de nos connaissances, si nous appliquons uniquement notre esprit à ce qui peut nous être utile; car, en ce cas-là, il peut nous rendre de grands services. Mais, si, loin d'en user de la sorte, nous venons à ravaler l'excellence de cette faculté que nous avons d'acquérir certaines connaissances, et à négliger de la perfectionner par rapport au but pour lequel elle nous a été donnée, sous prétexte qu'il y a des choses qui sont au-delà de sa sphère, c'est un chagrin puéril et tout-à-fait inexcusable. Car, je vous prie, un valet paresseux et revêche qui, pouvant travailler de nuit à la chandelle, n'aurait pas voulu le faire, aurait-il bonne grace de dire pour excuse que le soleil n'étant pas levé, il n'avait pu jouir de l'éclatante lumière de cet astre? Il en est de même à notre égard, si nous négligeons de nous servir des lumières que Dieu nous a données. Notre esprit est (1) comme une chandelle que nous avons devant les yeux, et qui répand assez de lumière pour nous éclairer dans toutes nos af

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faires. Nous devons être satisfaits des découvertes que nous pouvons faire par son moyen; et nous ferons toujours un bon usage de notre entendement, si nous considérons tous les objets en tant qu'ils sont proportionnés à nos facultés, pleinement convaincus que ce n'est que sur ce pied-là que la connaissance peut nous en être proposée; et si notre orgueil indiscret n'exige pas une démonstration et une certitude entière, lorsque nous ne pouvons obtenir qu'une probabilité, et que ce degré de connaissance suffit pour régler tous nos intérêts dans ce monde. Que si nous voulons douter de chaque chose en particulier, parce que nous ne pouvons pas les connaître toutes avec certitude, nous serons aussi déraisonnables qu'un homme qui ne voudrait pas se servir de ses jambes, mais s'opiniâtrerait à demeurer immobile, et à périr, parce qu'il n'aurait pas des ailes pour

voler.

§. 6.

La connaissance des forces de notre esprit suffit pour guérir du scepticisme, et de la négligence où l'on s'abandonne lorsqu'on doute de pouvoir trouver la vérité.

Si nous connaissons une fois nos propres forces, cette connaissance servira à nous faire

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