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treize représentations dans sa nouveauté, et n'a pas réussi davantage aux reprises qui en ont été faites depuis.

La Belle orgueilleuse, ou L'Enfant gáté, Comédie, en un acte en vers, représentée, pour la premiere fois, au Théatre François, le 17 Août 1741; imprimée dans la premiere édition des Œuvres de Théatre de l'Auteur, en 1745, et dans toutes les éditions suivantes.

Madame Argante a deux filles. Sophie, l'aînée, réunissant toutes les bonnes qualités de son sexe, mais moins pourvue d'attraits que Pulchérie, sa cadette, est l'objet des mépris de sa mere, qui idolâtre Pulchérie. Celle-ci s'enorgueillit de cette préfé rence et de sa beauté, qui la cause seule; et, se croyant au-dessus de tout le monde, elle traite avec la plus grande hauteur toutes les personnes dont elle se voit environnée, et dédaigne un très-grand nonbre de partis, de toutes conditions, qui se présentent pour elle, tandis qu'aucun ne s'offre pour Sophic. Un jeune Marquis, cependant, conçoit une véritable estime pour les vertus de cette aînée, mais il se trouve subjugué par les charmes de la cadette, qui promet de s'humaniser pour lui s'il obtient un Duché, qu'il a le droit de demander. Cet excès de vanité de la part de la petite personne dessille, enfin, les yeux de tous ses prétendans, qu'il éloigne d'elle, et ceux du Marquis même, qu'il fait revenir sur son compte. Il a, en effet, obtenu son Duché, mais il l'offre, avec sa main, à Sophie, qui l'accepte, autorisée par un oncle raisonnable, et sensible à l'injuste autant qu'aveugle prédilection de Madame Argante pour sa fille cadette. L'oncle, fort riche, voulant punir la belle orgueilleuse et sa mere, donne tout son bien à Sophie, en faveur de son mariage avec le nouveau Duc, et Pulchérie reste à pourvoir.

Cette petite Piece n'eut que six représentations, dans sa nouveauté, et n'a pas été reprise depuis. Elle fut, d'abord, trouvée trop sérieuse pour une Piece d'un acte; et c'est ce qui nuisit à son succès dès les premieres représentations, et fit craindre qu'el'e n'en obtînt pas davantage dans la suite, si on la remettoit au Théatre.

L'Amour use, ou Le Vindicatif généreux, Comédie, en cinq actes, en prose, représentée au Théatre François, le 20 Septembre 1741; imprimée, avec une Lettre adressée à un ami, anonyme, de l'Auteur, et servant de Préface dans la premiere édition des Œuvres de Théatre, en 1745, et dans toutes les éditions suivantes.

Un vieux garçon, Lisidor, et une vieille fille, Isabelle , se sont aimés, dans leur jeunesse, et se sont fait une mutuelle promesse de s'épouser. Fort riches

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tous les deux, des obstacles, venus de leurs familles, se sont opposés d'abord à l'accomplissement de cette promesse; et vingt-cinq ans se sont écoulés depuis qu'ils se la sont faite et qu'ils habitent la même maison, à Paris. L'amour qu'ils avoient l'un pour l'autre s'est usé. Mais, pendant que Lisidor, qui est au service, a passé une partie de son tems dans les villes de garnison, Isabelle est restée à Paris, à suivre des procès, qui les intéressoient, l'un et l'autre, et elle a vu, chez une de ses amies, un jeune Chevalier, qui lui a inspiré une nouvelle passion. Il est peu favorisé des biens de la fortune, et elle veut le prendre chez elle en le faisant passer pour un de ses neveux, et en l'épousant secrettement. Lisidor, revenu à Paris a trouvé dans une ville de Province, une jeune personne, nommée Angélique, orpheline, qui n'avoit de ressources que celles que lui procuroit une tante, assez pauvre, et il la fait venir chez lui, comme étant une de ses nieces, mais dans l'intention de l'épouser aussi, en secret. Un parent d'Isabelle, nommé Damon, qui a été amou-reux d'elle et qu'elle a dédaigné, pénctre ce double mystere, à l'aide des indiscrétions de la suivante d'Isabelle et du valet de Lisidor; et pour se venger des deux vicux amans, projette d'unir ensemble les deux jeunes. Cela lui est d'autant plus facile que les deux jeunes gens s'aiment, depuis long-tems, qu'ils avoient fait connoissance dans la ville de Province, où le Chevalier avoit également été en garnison, et que le défaut de fortune est ce qui les avoit forcés de renoncer l'un à l'autre, et d'accepter les offres d'Isabelle et de Lisidor. Damon pourvoit à tout: il fait dresser le contrat des jeunes gens, et celui du valet et de la soubrette, qui s'aiment aussi: il les dote, tous les quatre, et quoique Lisidor et Isabelle ne s'aiment plus, ils se trouvent forcés de signer, enfin, celui qui avoit été dressé pour eux, depuis vingtcinq ans, au lieu de ceux qu'on vient leur apporter, l'un pour Isabelle et le Chevalier et l'autre pour Angélique et Lisidor.

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Cette Piece ne réussit point à la premiere représentation, après laquelle Destouches la retira, pour ne la plus remettre sur la scene, où, en effet, elle n'a pas reparu depuis. Dans la Lettre adressée à son ami, anonyme, et qu'il a imprimée au-devant de cette Comédie, il se plaint d'une cabale puissante qui se déchaîna contre elle, et nuisit à son succès; mais nous croyons plutôt devoir attribuer à la foiblesse de l'Ouvrage la défaveur qu'il essuya d'abord, et dans laquelle il est resté jusqu'à présent, puisqu'on n'a pas osé le reprendre encore.

Le Trésor caché, Comédie, en cinq actes en prose, représentée au Théatre Italien, le 17 Mars 1745; imprimée dans la premiere édition des Œuvres de Théatre de l'Auteur, la même année, et dans toutes les éditions suivantes.

Dorimon, homme veuf, ayant un fils, nommé Léandre, et une fille, nommée Hortense, désolé de ce que ce fils est un dissipateur, plongé dans le libertinage, est passé aux Indes, pour aller y terminer des affaires de famille et d'intérêt. Il a laissé Léandre à Paris, dans sa maison, avec Hortense, en chargeant Géronte, un de ses amis et son voisin, de veiller sur eux, et en lui confiant que cette maison recelle un trésor de deux cents cinquante mille livres, cachées dans un coin du jardin, et qui sont le reste de sa fortune actuelle. Léandre se voyant sans argent, et n'ayant point de nouvelles de son pere, qu'il a cru mort, a voulu vendre la maison, qui faisoit partie du bien de feue sa mere, et Géronte l'a achetée cinquante mille livres, pour éviter qu'elle ne passât à quelqu'autre, avec le trésor. Léandre a eu bientôt dissipé le prix de la maison; et se trouvant, de nouveau, sans ressource, ainsi que sa sœur, qui est aimée d'un jeune homme, nommé Clitandre, fils de Lucidor, ami de Géronte et de Dorimon, et qu'elle aime également, il est résolu de lui donner, pour sa dot, une petite Terre, venant encore du bien de sa mere, et faisant tout ce qui restoit à sa disposition. Hortense et Clitandre ne veulent point consentir à ce sacrifice de Léandre. Ils préferent de n'être pas unis à s'enrichir de ses dépouilles. Cependant, Dorimon revient des Indes, avec de nouvelles et immenses richesses, qu'il rapporte de la succession d'un de ses frères, mort dans le commerce; mais apprenant la suite des dissipations de Léandre, il refuse, d'abord, de le voir, ne lui

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