promet plus que son indignation, et ne consent, ensuite, à lui accorder son pardon qu'à condition qu'il se soumettra à être déshérité, en lui faisant connoître ce qu'il apporte des Indes et le trésor caché dans sa maison, achetée par Géronte, et recédée par lui, et il veut que tous ces biens appartiennent à Hortense, en l'unissant à Clitandre. Léandre approuve toute cette disposition, en convenant qu'il a mérité d'être puni, mais Hortense et Clitandre refusent, de nouveau, d'être heureux à ses dépens, et Géronte, qui a une fille nommée Julie, aimée de Léandre, qu'elle aime, malgré tous ses défauts, et avec lequel il n'a jamais voulu l'unir, à cause de sa mauvaise conduite passée est tellement touché de sa résignation dans son malheur et de sa délicatesse envers sa sœur qu'il se détermina à en faire son gendre, et à lui donner tout son bien. Dorimon, vaincu par tant de générosité, de toutes parts, rend, enfin, toute son estime à son tils, avec tous ses droits, et les deux mariages terminent la Piece. Cette Comédie, dont le fond est imité du Trinummus, de Plaute, ne réussit point à la premiere représentation, parce qu'on en trouva les événemens trop compliqués. Destouches la retira, et elle n'a pas reparu depuis au Théatre. Le caractere de Léandre ressemble un peu à celui du Dissipateur, du même Auteur, et il l'a mis au dénouement dans une situation qui lui a servi ensuite pour le fond du sujer de son Jeune homme à l'épreuve. La Force du naturel , Comédie en cinq actes, en vers, représentée, pour la premiere fois, au Theatre François, le 11 Février 1750; imprimée, avec une Epître dédicatoire adressée au Marquis de Puysieulx, Ministre et Secrétaire d'État, neveu de celui auquel PAuteur avoit été attaché, dans sa jeunesse, et avec une Préface, à Paris, la même année in-12, et dans toutes les éditions suivantes des Œuvres de ce Poëte. Un Marquis, près de donner à un Comte, son parent, une jeune personne, nommée Julie, qu'il croit sa fille, et dans laquelle, malgré une éducation très-soignée, on reconnoît des inclinations grossieres, apprend qu'elle a épousé secrettement son Intendant, avec lequel elle est sur le point de fuir chez l'étranger, lorsqu'une Fermiere de l'une des Terres du Marquis, et qui a été la nourrice de ses enfans, arrive à Paris pour régler quelques comptes de sa ferme, avec le Marquis, et y amenc une jeune fille, nommée Babet, de laquelle on la croit mere, mais en qui l'on distingue une élévation de caractere peu conforme à son état apparent. La Fermiere, pressée par des remords secrets, et par ceux de son mari, mort depuis peu. de douleur de n'avoir pu avouer un crime, que le naturel invincible de la prétendue Julie a rendu inutile, avoue au Marquis er ! , la Marquise, son épouse, que pendant qu'elle nourrissoit leur fille, Julie, elle l'a changée contre une qui venoit de lui naître et que la prétendue Babet est la vraie Julie, comme celle que l'on croit être Julie n'est autre que la véritable Babet. Le Marquis et la Marquise, comblés de joie de retrouver leur fille, que la Fermiere a aussi fait très-bien élever, et qui leur paroît digne d'eux, l'unissent au Comte, enchanté de cet échange, que l'on pardonne à la Fermiere; et celle-ci approuve le mariage de sa fille avec l'Intendant. Cette Comédie, au-devant de laquelle Destouches mit, en l'imprimant, cette épigraphe, tirée d'Ho race: Naturam expellas furca, tamen usque recurret, que Boileau a traduite ainsi : « Chassez le naturel, il revient au galop, et qui seule en explique le fond du sujet, n'eut qu'un très - médiocre succès dans sa nouveauté, pendant treize représentations qu'elle se traîna au Théatre, et elle n'y a pas reparu depuis. Destouches se plaint amérement, dans la Préface de cette Piece, d'une cabale qu'il dit l'avoir empêché de réussir, mais nous avons de la peine à l'en croire, sur-tout, en voyant qu'on ne s'est pas encore avisé de tenter de nouveau si elle auroit plus de succès à une reprise. L'Abbé L'Abbé de Brueys avoit traité ce sujet, mais d'une maniere différente, et sous le titre du Sot toujours Sot, en 1693, comme nous l'avons fait voir dans le Catalogue des Pieces de cet Auteur, tome onzieme des Comédies du Théatre François de notre Collection.... Le Dissipateur ou L'Honnête friponne Comédie, en cinq actes, en vers, représentée, pour la premiere fois, au Théatre François, le 23 Mars 1753; imprimée, à Paris en 1756, in-12, et dans toutes les éditions suivantes des Œuvres de l'Auteur. Cléon, jeune Gentilhomme, livré à ses plaisirs, dissipe, à Paris, de grandes richesses, avec des compagnons et des compagnes de ses penchans, qu'il croit ses amis, et qui ne sont attachés à lui que parce qu'il les comble de présens. Julie, jeune veuve, de qualité, qui est du nombre de ses connoissances, l'aime véritablement, et gémit de le voir se ruiner avec des ingrats; mais, comme elle sent que les remontrances ne feroient rien auprès de lui, elle en tire les plus riches cadeaux, et se fait adjuger, en secret, les biens que ses folles dépenses l'obligent à vendre, au risque de passer pour avoir contribué à sa perte, dans l'esprit de ceux qui ne jugent de ses motifs que sur les apparences. En effet, lorsque Cléon est D tout-à-fait sans ressources, que tous ses prérendus amis l'abandonnent, et qu'il ne lui reste que les foibles secours que lui offre un valet, fidele er compatissant, Julie lui rend tout ce qu'elle a pu sauver des débris de sa fortune, et lui propose de l'épouser; ce qu'il accepte, avec autant d'empressement que de reconnoissance. <<< Cette Piece, qui devoit être jouée dès 1736 sur le Théatre François de la Capitale, souffrit une suspension ordonnée, et qu'obtint un homme de robe, qui crut que Destouches l'avoit eu en vue, dans son principal personnage. Elle fut, cependant, imprimée dès cette même année, et jouée, l'année suivante, sur tous les Théatres des Villes des Provinces. Enfin, elle parut sur celui de Paris en 1753, et n'y eut, d'abord, que six représentations, sans beaucoup de succès; mais l'Auteur l'ayant retouchée, elle en eut. à toutes ses reprises, un assez satisfaisant, et qui s'est toujours assez bien soutenu jusqu'à présent. Les vrais connoisseurs y apperçurent dès-lors la main d'un grand maître, et en trouverent le cinquieme acte admirable. C'est ce que nous apprend sur cette Piece le Chevalier de Mouhy, dans son Abrégé de l'Histoire du Théatre François. Mais M. Cizeron Rival, ami de Destouches, nous dit, dans ses Récréations Littéraires, qu'une Lettre de cet Auteur l'assure que la cause du retard qu'éprouva cette Comédie à être jouée à Paris tenoit à un petit refroidisseınent survenu entre lui et les Comédiens de cette Capitale; ce qui lui fit prendre le parti de ne la donner, d'abord, au public que |