par la voie de l'impression, et que les Comédiens ayant souhaité, ensuite, qu'il leur fût permis de la représenter, il y consentit, et leur en fit même présent. M. Cizeron Rival ajoute qu'elle eut du succès dès ce moment, sans avoir besoin d'être retouchée par l'Auteur pour réussir. Ce témoignage de l'ami de Destouches, étant appuyé sur une de ses Lettres, et qui étoit apparemment relative à cette Comédie, peut être d'un plus grand poids que celui du Chevalier de Mouhy. Quoi qu'il en soit de ces deux assertions différentes sur la cause du retard qu'éprouva cette Piece à être jouće d'abord à Paris, elle s'y voit encore, de tems en tems, avec quelque plaisir. Un anonyme fit, dans le tems des premieres re-T présentations de la Comédie du Dissipateur, à Paris, Jes vers suivans, sur la scene dix-neuvieme de cette Piece, entre le Dissipateur et son valet, qui, lorsqu'il le sait tout-à-fait ruiné, lui offre le foible secours de sa bourse, pour le soustraire à l'indigence, et qui sont rapportés dans les Anecdotes Dramatiques, de l'Abbé de La Porte. « Après une vive peinture >>> De l'abandon affreux où jettent les malheurs, Avec d'aussi puissantes armes , * La Fausse Agnès, on Le Poëte campagnard, Comedie, en trois actes, en prose, précédée d'un Prologue, en vers libres et en chants sous le titre du Triomphe de l'Automne, représentée, pour la premiere fois, au Théatre François, sans le Prologue, le 12 Mars 1759; imprimée, avec le Prologue, à Paris en 1736, in-12, et dans toutes les éditions suivantes des Œuvres de l'Auteur. Le Tambour nocturne, ou Le Mari devin, Co. médie, en cinq actes, en prose, représentée, pour la premiere fois, au Théatre François, le 16 Octobre 1762; imprimée avec une Préface, à Paris, en 1936, in-12, et dans toutes les éditions suivantes des Œuvres de l'Auteur. Le Baron De L'Arc, que l'on croit mort à l'armée, et qui, en partant pour s'y rendre, a laissé sa jeune épouse dans un de ses Châteaux , y revient sans se faire connoître, d'abord, afin de s'assurer s'il étoit aimé d'elle, et s'il en est regretté. Il arrive précisément au moment où vainement sollicitée de se remarier, par plusieurs prétendans, elle est sur-tout obsédée par un Marquis, Petit-Maître, qui ne la recherche que parce qu'elle a de grands biens, et par un jeune Militaire, nommé Léandre, qui l'aime véritablement. Léandre ne pouvant, par ses instances, la déterminer à l'épouser, a imaginé de l'y con traindre, en l'effrayant. Il ressemble beaucoup au Baron, dont il est parent, et il s'est introduit se crettement dans le Château, à l'aide de la femmede-charge, à laquelle il a promis une dot, pour so marier avec l'Intendant, qu'elle aime, et duquel eller est aimée, depuis de longues années, et elle l'a caché dans un lieu, inconnu à tout le monde, où avec un tambour, il fait, chaque nuit, un bruit épouvantable, se proposant d'apparoître plusieurs fois aux yeux de la Baronne et à ceux des autres personnes. qui sont au Château, et de se faire passer pour l'ombre de son époux, qui revient de l'autre monde Kenga ger à s'unir à son parent. Léandre, par une premiere, apparition, a déja su tellement effrayer le Marquis, son rival, qu'il l'a fait fuir, pour jamais, du Châ teau. Mais le Baron, instruit de cette fourbetic, par, son Intendant, auquel il s'est montré le premier, paroît, à son tour, sous l'habit d'un Devin, évoquer le prétendu spectre, se fait reconnoître à lui; era Léandre, plus confus que ceux qu'il vouloit épous vanter, s'éloigne aussi, bien vite, pour se soustraire à la juste vengeance du Baron, que son épouse revoit avec beaucoup de joie, et qui ne punitolaq femme-de-charge, qu'en l'unissant à l'Intendant,et en lui donnant la dot que Léandre lui avoit promise pour le servir dans son stratagême amoureux, 14 Cette Comédie est une imitation d'une Piece Angloise, d'Addisson, intitulée The Drumer, ou Le Tambour, que cet Auteur composa pour essayer de rapprocher le Théatre Anglois du nôtre, par des su-* jets moins compliqués que ceux qu'ont l'habitude de mettre à la scene les Poëtes Dramatiques, ses com patriotes. Il n'osa, cependant, en risquer la représentation de son vivant, craignant que cette innovation ne lui devînt funeste. Il se contenta de la faite imprimer, et elle ne fut jouée qu'après sa mort; mais elle n'eut qu'un succès très-médiocre. Destouches eut aussi, d'abord, la crainte d'un foible succès pour son imitation de cette Piece, quoiqu'il se fût trouvé forcé d'y faire fencore beaucoup de changemens, au fond, pour la mettre en état d'être jouée chez nous. Il n'osa pas la hasarder sur la scene, et il ne la publia que par la voie de l'impression. Mais les Théatres des Provinces s'en étant emparés, et l'ayant jouée avec un succès susceptible d'encourager à tenter celui de la Capitale, elle y fut représentée, quelques années après la mort de Destouches, et elle y réussit assez pour mériter de rester au courant du répertoire, et pour être redonnée de tems en tems. Un M. Deşcazeaux a traduit, en vers françois, la Comédie du Tambour, d'Addisson, et l'a fait imprimer, à Paris, en 1737, sous le titre de La Prétendue Veuve, ou L'Epoux Magicien, mais elle n'a poing éré jouée de cette maniere, ni à Paris, ni dans les Provinces, à ce que nous croyons. L'Homme singulier, Comédie, en cinq actes en vers, représentée, pour la premiere fois, au | Théatre François, le 29 Octobre 1764; imprimée, avec un Avertissement, dans la premiere édition des Œuvres de Théatre de l'Auteur,, à Paris, en 1745, et dans toutes les éditions suivantes. Le Comte de Sanspair, pensant et agissant d'une maniere toute particuliere, a toujours fui l'amour et l'hymen, et su résister aux occasions d'aimer; mais une jeune Comtesse, veuve, qui est sa voisine, à Paris, et qui à beaucoup de ressemblance de caractere avec lui, qui s'est occupée de littérature et de sciences, sans pourtant renoncer à l'amour, en a ressenti pour lui, et a cherché les moyens de lui en inspirer. Elle lui a fair trouver son portrait sous ses pas, dans une promenade publique; et, enchanté de la beauté de cette femme, il en est effectivement devenu éperduement amoureux, malgré lui. Il a, cependant, fait afficher ce portrait, promettant de le rendre à celle dont il offriroit véritablement les traits. Le Marquis, pere de la Comtesse, vient le lui redemander. Mais Sanspair veut juger, lui-même, de la vérité de la ressemblance de la réclamante; et la vue de la Comtesse, avec tout ce qu'il apprend d'elle, l'enflamme encore au point de l'engager à le lui déclarer, et de le faite consentir à tous les sacrifices qu'elle exige de lui dans ses singularités. Il l'épouse, quoiqu'elle soit promise, par le Marquis, son pere, à un neveu de Sarispair, qui donne aussi sa sœur au frère de la Comtesse, |