ト ment elle n'auroit pu avoir un succès satisfaisant pour lui, le fond du sujet en étant extrêmement vicieux, et le style, en général, ne nous en paroissant pas propre à racheter ce défaut capital; aussi, depuis sa mort, n'en a-t-on pas encore osé tenter l'épreuve dangereuse, que vraisemblablement on ne tentera jamais. Le Dépôt, Comédie, en un acte, en vers, non représentée; imprimée dans l'édition des Œuvres de l'Auteur faite au Louvre, in. en 1758, et dans toutes les éditions suivantes. در Géronte, Gentilhomme veuf, sans beaucoup de fortune, ayant un fils et une fille, et s'étant retiré dans une Terre, qui lui appartient', aux environs de Paris, avec Angélique, sa fille, est sur le point de la marier à un Comte, Petit Maître, neveu d'un Baron, son voisin, et, depuis peu, son ami, lorsque son fils lui propose pour gendre un Marquis, Gascon, plus fat encore que le Comte. Mais Angélique aime un jeune homme, nommé Clitandre, d'une famille anciennement liée d'amitié aves celte de Géronte, et elle est tellement aimée de Clitandre, qui n'est pas riche, non plus qu'elle, qu'il est passé à la Martinique, où il avoit ses parens, gros propriétaires, dans l'intention et avec l'espérance d'y acquérir une fortune considérable, afin de venir ensuite la lui offrir, Clitandre, au licu de s'être en E richi dans le nouveau monde, y a perdu ses parens et tout ce qu'ils y possédoient, par les suites d'une guerre fâcheuse dont ils ont été victimes et il revient en France, dans l'état le plus déplorable, au moment où l'on veut contraindre Angélique à lui être infidelle. Ses malheurs et leur cause ne le lui rendent que plus cher; mais Géronte ignoroit leur inclination mutuelle lorsqu'il s'est engagé avec le Comte. Cependant, il est dépositaire d'une somme de six cents mille livres, qu'une tante de Clitandre lui a confiée, pour lui, en mourant, et il lui remet ce dépôt. Clitandre qui n'a desiré de devenir riche que pour rendre Angélique heureuse ne veut l'être qu'avec elle; et il refuse de recevoir ce dépôt si on ne les unit pas ensemble. Cet amour généreux et délicat triomphe des arrangemens pris entre Géronte et le Baron, qui fait renoncer le Comte à la main d'Angélique, et Géronte consent alors, avec grand plaisir, au bonheur de sa fille et de Clitandre. Cette petite Comédie, qui n'est pas tout-à-fait sans mérite, quoique le fond en soit très-léger et le style fort négligé, auroit pu être risquée à la scene, sans prétention, comme beaucoup d'autres, de ce genre; et quelle qu'eût été sa réussite, elle n'auroit pu faire tort à la réputation de Destouches, si elle n'avoit pas paru devoir concourir à y ajouter. Destouches avoit encore composé une Comédie en cinq actes et en vers, sous le titre du ; vraisemblablement en Faux Misantrope; mais elle n'a jamais été re- de Lettres adressées à son jeune éleve, et dans lesquelles il lui donne d'excellens conseils sur l'Art Dramatique. Dans l'une de ces Lettres il parle de son Faux Misantrope, comme d'une Piece qu'il devoit faire jouer, sur le succès de laquelle il comptoit beaucoup, et dont le cinquieme acte, qu'il avoit refait jusqu'à trois fois lui avoit donné infiniment de peine. Chaque sujet de ces trois Pieces étoit un caractere, et même calqué chacun sur un original connu dans les sociétés que Destouches et son. éleve fréquentoient, à Paris, si nous en croyons les Lettres, qu'il a mises au-devant et à la suite, de chacune de ces trois Pieces, qui portoient pour titres les noms de leurs caracteres; la premiere celui de L'Aimable Vieillard, la seconde celui du Tracassier, et la troisieme celui du Vindicatif. Il avoit fait, en prose, le premier acte de la premiere, et les trois premieres scenes de la seconde, et il n'avoit fait que les deux premieres de la troisieme, mais il les avoit versifiées. Ces trois Pieces ont été aclievées par l'éleve de Destouches, à ce qu'il nous apprend dans une note, mais elles n'ont jamais été jouées, 3 ni imprimées en entier, car le jeune Auteur, brûla ses manuscrits pendant une maladie sé. rieuse qu'il eut du vivant de Destouches, nous dit celui-ci, sans le faire connoître davan. tage. Destouches, pour plaire à une Marquise, de ses amies, traduisit, en vers françois, cinq scenes de la Comédie Angloise intitulée La Tempête, de Shakespear, et on les a imprimées dans ses Œuvres, avec une Lettre qu'il adressa alors à cette Marquise, qu'il ne nomme pas, et dans laquelle Lettre il indique le sujet de la Piece entiere. Les cinq scenes qu'il en a traduites roulent sur l'éloignement que l'on veut inspirer à un jeune homme pour les femmes et à deux jeunes personnes pour les hommes, et sur les obstacles puissans que la nature apportent bientôt à ce plan d'indifférence des deux côtés. On attribue encore à Destouches une Comédie, en un acte, en prose, intitulée La Fausse Veuve qu Le Jaloux sans jalousie, qui fut jouée, au Théatre François, le 20 Juillet 1715, et n'eut que cinq représentations, avec peu de |