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JUGEMENS ET ANECDOTES, &c. iif

ajoutent les freres Parfaict. Il regne dans la Comédie du Triple Mariage une gaieté et un comique qui ont mis cette Piece au rang de celles de Moliere, par l'agrément avec lequel le Public la reçoit, toutes les fois qu'on la représente. >>

Ce ne peut être, sans doute, qu'aux Pieces d'un acte de Moliere, que les freres Parfaict prétendent comparer cette petite Comédie ; et l'on sait que ce ne sont pas les meilleures de cet Auteur incomparable.

Au reste, il nous apprennent qu'elle n'eut, cependant, que sept représentations, de suite, dans sa nouveauté, avec un Divertissement, dont la musique étoit de Gilliers.

Le Grand, le pere, refit, depuis, la musique de ce Divertissement, et la Piece fut reprise, le 7 Avril 1739, avec succès; et elle est restée au Théatre.

Voici le jugement que les Auteurs du Dictionnaire Dramatique portent de cette petite Comédie.

« Un comique fin, naturel et saillant; une action soutenue, une intrigue concertée avec art et dénouée avec esprit; de la très - bonne plaisanterie: c'est ce qu'on peut dire de ce charmant badinage, que le Public revoit toujours avec plaisir.».

LE TRIPLE

MARIAGE,
COMÉDIE,

EN UN ACTE ET EN PROSE,
DE NÉRICAULT DESTOUCHES;

Représentée, pour la premiere fois, au Théatre François, le 7 Juillet 1716.

A

PERSONNAGES.

ORONTE, vieillard.

ISABELLE, fille d'Oronte.

VALERE, fils d'Oronte.

CLÉON, mari d'Isabelle.

NÉRINE, suivante d'Isabelle.

LA COMTESSE DE LA RUFFARDIERE,

JULIE, épouse de Valere.

CÉLIMENE, épouse d'Oronte.

PASQUIN, valet de Valere.
LÉPINE, valet de Cléon.

JAVOTTE, petite fille.

Troupe de Danseurs et de Danseuses.

La Scene est à Paris, dans la maison d'Oronte.

MARIAGE,

COMÉDIE.

SCENE PREMIERE.

ORONTE, seul.

Non, je ne puis être parfaitement heureux. J'a

en se

vois une femme, elle est morte. Je l'ai pleurée, pour la forme, tandis que je me réjouissois cret, d'être délivré d'un tyran qui contrôloit toutes mes actions, et qui vouloit disposer de mon cœur, après vingt-deux ans de mariage le croyois que sa mort me laisseroit libre, je suis esclave de mes enfans, qui m'obligent à me contraindre et à garder des bienséances sur lesquelles je n'oserois passer, sans me faire tympaniser par la ville. J'ai un fils, plus grand que moi Quelle mortification pour un pere qui n'est pas dans le goût de renoncer au monde! J'ai une fille, aimable et bien faire elle ne veut point se faire Religieuse Il faut donc la marier. La fâcheuse nécessité pour un pere qui aime son bien plus que sa fille! Quel parti dois-je prendre? Il faut

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