PASQUIN. C'est à M. son pere, qui le laisse manquer de tout. Vous vous êtes offerte à le secourir dans ses besoins. L'occasion étoit pressante Il s'est vu contraint à profiter de votre générosité. Pour récompense vous avez voulu des marques d'amour. Le pauvre garçon a fait auprès de vous une dépense incroyable en soupirs et en protestations! Vous traitez cela de bagatelle, et il n'a point d'autre monnoie à vous donner. LA COMTESSE, à Valere. Vous ne dites mot à tout cela, Monsieur? VALERE. Ma foi! Madame, qui ne dit mot consent. PASQUIN, à la Comtesse. Voulez-vous que je vous donne un moyen de vous venger de lui? LA COMTESSE. Tu me feras plaisir, car je suis outrée ! PASQUIN. Et moi qui vous parle je suis en fureur contre , lui.... (A demi-voix.) Éloignons-nous un peu. VALERE, a part. Que diable va-t il lui dire? (Pasquin fait passer la Comtesse avec lui du côté op posé à celui où est Valere.) PASQUIN, a demi-voix, a la Comtesse. Ce n'est pas tout-à-fait la qualité que vous cher chez dans un mari? E LA COMTESSE. Je ne veux qu'un mari qui m'aime, et qui m'a dore. PASQUIN. Eh! bien, je suis votre homme. Je vous épouse rai, si vous voulez. LA COMTESSE, le repoussant. Retire toi, malheureux! PASQUIN. Je vous vengerai mieux qu'un autre? LA COMTESSE. Retire-toi, te dis-je! je sais un moyen plus sûr pour punir cet infidele! PASQUIN. C'est de quoi je doute bien fort ! VALERE, à la Comtesse. Eh! qu'ai-je lieu d'appréhender ? LA COMTESSE. Tout !.... Je vais t'épouser, malgré toi. VALERE. M'épouser ?.... Ah ! Madame, serez-vous assez cruelle pour cela? LA COMTESSE. Oui, perfide! je viens de te demander à ton pere. Je lui ai offert de te prendre, sans un sou. Ma proposition lui convient; il l'accepte: ainsi je serai vengée, de façon ou d'autre ! Si tu lui désobéis, j'aurai la satisfaction de te faire déshériter. Si tu prends le parti de m'épouser, tu en seras au déses-. poir, aussi-bien que la rivale que tu me préferes !... Je sais que tu me mépriseras quand je serai ta femme; mais, je me connois, je suis aimable, je le serai toujours, et je trouverai mille gens de bon goût, qui seront trop heureux de me consoler.... Adieu, Monsieur. Faites vos petites réflexions; mais mettezvous en tête que je vous épouserai. Je l'ai juré; cela sera. C'est moi qui vous le dis, et qui suis votre très-humble servante. (Elle sort.) SCENE XV. VALERE, PASQUIN. PASQUIN. ELLE LLE est femme à le faire, comme elle le dit, au moins! VALERE. Dans quel embarras me jette cette vieille folle ! SCENE XVI. ISABELLE, NĖRINE, VALERE, PASQUIN. H! mon frere, que j'ai besoin de votre se A cours! VALER1. Ah! ma sœur, que j'ai besoin de vos conseils! ISABELLE. Mon pere me met au de espoir! VALERE. Mon pere me veut faire mourir de douleur ! ISABELLE. Il prétend que j'épouse M. Michaut! VALERE. Il veut que je me marie avec la vieille Com tosse! ISABELLE. Il faut que je périsse si je lui obéis! VALERE. Il faut que j'expire si je ne lui résiste pas! NÉRINE. Voilà qui débute bien! Jusqu'ici vos fortunes sont pareilles. Ne se ressemblent-elles point encore par d'autres circonstances ? , VALERE. , Ah! Nérine ma sœur est moins à plaindre que moi. Si elle n'a pas la force de résister elle en sera quitte pour vivre quelque tems malheureuse avec un mari qu'elle sera en droit de haïr mais mon sort est si cruel que je ne saurois suivre les ordres de mon pere, ni lui déclarer les raisons qui m'en empêchent! NÉRINE. Nous sommes dans le même cas! , Mon frere, ne me déguisez rien; je vous en con Ah! ma sœur, je n'oserois parler; la moindre indiscrétion me perdroit! NÉRINE. C'est tout de même ici; un mot lâché mal-à propos est capable de gâter toutes nos affaires! ISABELLE, à Valere. Croyez-vous, mon frere, que je sois capable de vous trahir? VALERE. Puisqu'il faut ne vous rien céler, ma sœur.... (A Pasquin.) Pasquin, dis-lui ce qui s'est passé. Je n'ai pas la force de l'avouer, moi-même. PASQUIN. Moi, Monsieur? révéler un secret! vous me pre nez pour un autre. VALERE, à Isabelle. Tout ce que je vous avouerai en général, c'est , que je ne puis plus me marier désormais. ISABELLE. Hélas! mon frere, il ne m'est pas plus permis |