S'il étoit mon mari, comme je le voudrois, FINETTE. erme!... Comment Damon est-il dans votre cœur ? CÉLIANTE. Comme un monstre! FINETTE. (Voyant arriver Damon.) Fort bien !... Le voici, ce me semble... Il vient fort à propos, et je vous laisse ensemble. (Elle sort, et aussi tot qu'elle est sortie, Céliante va se placer nonchalamment sur une chaise, et se met à réver.) SCENE ΙΙ. DAMON, CÉLIANTE. DAMON, regardant Céliante quelque tems, sans qu'elle fasse semblant de l'appercevoir. Vous voulez ous voulez être seule, à ce que je puis voir ? CELIANTE, feignant d'être surprise de l'arrivée de Damon. Vous auriez dû d'abord vous en appercevoir ; DAMON. Quoique je vous ennuie, Je ne puis me résoudre... CÉLIANTE, l'interrompant, d'un air dédaigneux. On ne sauroit jamais se défaire de vous. DAMON, à part. Elle est dans ses grands airs; il me faut filer doux. A moins qu'on ne vous fuic, (1l s'assied dans un coin.) CÉLIANTE, vivement. Je veux que vous sortiez. DAMON. Pourquoi ? Soit. Mais daignez m'apprendre CÉLIANTE, reprenant l'air dédaigneux. Je n'ai, je pense, aucun compte à vous rendre. DAMON. J'en demeure d'accord. Mais si ma vive ardeur M'engagc... CÉLIANTE, l'interrompant, en se levant brusquement. Ah! vous allez lâcher quelque fadeur. DAMON. Je ne dirai plus rien. t CÉLIANTE. « Ma vive ardeur m'engage!...» Ne me tenez jamais ce doucereux langage: Il me fait mal au cœur; je vous en avertis. Votre goût et le mien sont bien mal assortis! DAMON, à part. Il faut lui passer son caprice. CÉLIANTE. Vous prétendez, je crois, me traiter en novice ? DAMON, ironiquement. Mon Dieu, non !... Je sais bien que vous ne l'êtes pas! CÉLIANTE. Qu'entendez-vous par-là?... Sortez. DAMON, faisant quelques pas pour sortir. Je vais me retirer. Tout de ce pas, CÉLIANTE, le retenant. Non, non, je me ravise. On ne dit point en face une telle sotise DAMON. C'est vous qui, malgré moi, me l'avez arraché. Vous croyez que je veux vous traiter en novice; Moi, je vous désabuse, et je vous rends justice. Eh! comment? CÉLIANTE. DAMON. En disant que vous ne l'êtes point. Mais que voulez-vous dire? Expliquez-moi ce point? DAMON. Je veux dire... Eh! parbleu! cela s'entend de reste ! Entre nous, Madame, je le suis... au même point que vous. Ah! je ne puis souffrir un tel excès d'outrage. Quoique vous m'appeliez pour vous faire raison, Pour rendre tout égal, ne conviendrez-vous pas De choisir une nuit pour vuider nos débats ?... (Céliante se met à rire.) Vous riez ? CÉLIANTI. Oui, je ris, quoique fort en colere. Cette saillic est bonne, et ne peut me déplaire. (Elle rit plus fort.) DAMON. Je suis ravi de voir, par votre procédé, CÉLIANTE, reprenant un air sérieux. Non, Monsieur. Je vous jure une haine éternelle! DAMON, à part. Dans sa bizarrerie eile est toujours nouvelle; (A Céliante.) Je vois que mon pardon ne se peut obtenir, Je le sens, j'en mourrai. Mais, pour votre supplice, Il feint de s'éloigner.) CÉLIANTS |