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J'y vis tranquile, heureux, à l'abri de l'envie:
La folle ambition n'y trouble point ma vie.
Content d'une fortune égale à mes souhaits,
j'y sens tous mes desirs pleinement satisfaits.
Je suis seul en ce lieu, sans être solitaire,
Et toujours occupé, sans avoir rien à faire.
D'un travail sérieux veux-je me délasser?
Les Muses aussi-tôr viennent m'y caresser.
Je ne contracte point, grace à leur badinage,
D'un Savant orgueilleux l'air farouche et sauvage.
J'ai mille courtisans rangés autour de moi :
Ma retraite est mon Louvre, et j'y coinmande en Roi.
Mais je n'use qu'ici de mon pouvoir suprême
Hors de mon cabinet je ne suis plus le même.
Dans l'autre appartement toujours contrarié,
Ici je suis garçon; là je suis marié....
Marié!... C'est en vain que l'on se fortifie
Par le grave secours de la Philosophie
Contre un sexe charmant que l'on voudroit braver :
Au sein de la sagesse il sait nous captiver.
J'en ai fait, malgré moi, l'épreuve malheureuse!
Mais ma femme, après tout, est sage et vertueuse;
Plus amant que mari, je possede son cœur;
Elle fait son plaisir de faire mon bonheur.
Pourquoi contre l'hymen est-ce que je déclame?
Ma femme est toute aimable... Oui, mais elle est ma

femme.

En elle j'apperçois des défauts chaque jour,
Qu'elle avoit avec art cachés à mon amour....
Sexe aimable et trompeur! c'est avec cette adressa

Que vous savez des cœurs surprendre la tendresse !...
Insensé que j'étois! ai-je dû présumer
Que le Ciel pour moi seul eût pris soin de former
Ce qu'on ne vit jamais, une femme accomplie ?
Je l'ai cru, cependant, et j'ai fait la folic.
C'est à moi, si je puis, d'éviter tous débats;
De prendre patience, et d'enrager bien bas.

(Il se met à lire, le coude appuyé sur la table, en sorte que Damon entre sans en être apperçu. Damon s'appuie sur le fauteuil d'Arisie.)

SCENE ΙΙ.

DAMON, ARISTE.

ARISTE, à part, sans voir d'abord Damon, après avoir lu quelque tems, et, par réflexion, en regardanı son Livre.

ME voilà justement. C'est la vive peinture

D'un sage désarmé, dompté par la nature....
C'est toi, qui, le premier, attaquant ma raison,
Sus me faire, à longs traits, avaler le poison,
Cruel ami! c'est toi, dont la langue éloquente
Me fit de cet objet une image charmante !
Tu vantas sa douceur et sa docilité.
Ma confiance en toi fit ma crédulité!

DAMON.

Vous en repentez-vous?

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Comédie; mais,

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me flatte qu'un Protec

ble que vous l'êtes is spuseser

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--

ARISTE, surpris, et se levant, en appercevant Damon.

Est-ce vous ?

Ciel! que viens-je d'entendre?

DAMON.

C'est moi-même.

ARISTE.

A quoi bon me surprendre ?

DAMON.

Je ne vous surprends point. Vous me parliez; et moi, Je vous réponds.

ARISTE.

Fort bien !... Je vous jure ma foi

Que je me croyois seul.

DAMON.

A mon tour, je vous jure

Que je suis fort surpris d'une telle aventure.

Je vois qu'en votre esprit me voilà décrié.

Quel crime ai-je donc fait?

ARISTE, se levant brusquement.

Vous m'avez marié!

DAMON.

Le mal est-il și grand?

ARISTE.

Il ne devroit pas l'être

Je m'en flattois, du moins.

DAMON.

N'êtes-vous pas le maître,

Si quelque chose ici vous peut blesser l'esprit,

D'y mettre ordre, au plutôt ?

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