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NÉRINE,

Que diantre veux-tu-dire?

PASQUIN.

Que nous ne venons point du Château de Cli tandre, comme nous voulons le persuader au pere de mon maître. Nous n'avons été qu'à un Village, à demi-licue de Paris, et nous n'y avons pas seulement tué un moineau.

NÉRINE.

Qu'avez-vous donc fait là, pendant huit jours?

PASQUIN.

La peste! nous avons fait de bonne besogne !... mais c'est un secret, qu'il ne m'est pas permis de tę révéler.

Pourquoi ?

NERINE.

PASQUIN.

Parce que mon maître m'a défendu d'en parler; et c'est pour cela que je meurs d'envie de te le dire. Oh! le pesant fardeau qu'un secret! Voici ce que c'est.... Mon maître.... Alte-là! M. Pasquin! vous allez faire une sottise!

NÉRINE.

Tu aurois quelque chose de réservé pour moi, pour ta maîtresse ?

PASQUIN.

Je demeure d'accord que cela n'est pas dans les regles; mais je songe, en même-tems, que ma maîtresse est fille. Qui dit fille suppose une personne incapable de se taire, ęt forcée à révéler le plus grand secret, ou à crever, dans les vingt - quatre

heures.

i

NÉRINE.

N'appréhende rien. Je suis plus forte qu'un homme, moi, sur la discrétion. Parle, ou je rompts avec toi. PASQUIN.

Tu'me prends par mon endroit sensible!.. (Apart.) Allons, il faut parler.... Les plus grands hommes font des folies pour ces animaux-là.... (A Nérine.) Personne ne peut-il nous entendre?

NÉRINE.

Non, si tu ne cries bien fort.

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PASQUIN.

Diable, ce ne sont pas ici des jeux d'enfans!

NÉRINE.

Comment donc?

PASQUIN.

Si on découvroit le mystere, mon maître pourroit

être déshérité. Cela va là, tout au moins!

Diantre!

NÉRINE..

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PASQUIN.

Et, moi tout au contraire, je pourrois hériter d'une centaine de coups de bâton, Je n'aime point ces aubaines-là!

NÉRINE.

Tu ne fais qu'irriter ma curiosité !.... D'où venezvous?

PASQUIN.

Nous venons.... (Appercevant Oronte.) Malepeste! voici le bon homme.... Il faut que je le dépayse adroitement sur ce sujet.... Laisse-nous. J'irai te rejoindre, tout-à-l'heure.

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Je voudrois bien savoir si ce maraud de Pasquin aura aussi l'insolence de me soutenir cette impos

ture.

PASQUIN, PASQUIN, à part.

Il n'y manquera pas!

ORONTE, l'appercevant.

Plaît-il?... Ah! vous voilà! Je suis bien-aise de

vous trouver ici, M. le coquin!

PASQUIN.

Bon jour, Monsieur !.... Comment vous portez

vous?

ORONTE.

Ce ne sont pas-là tes affaires.

PASQUIN,

Pardonnez-moi, Monsieur. L'intérêt que je prends à votre chere santé fait que, dans le moment où je suis éloigné de vous, mon cœur, prévenu des sentimens de la plus vive tendresse.... se livre à des inquiétudes. dont l'excès tendre et passionné.... Enfin, vous vous portez bien, et je m'en réjouis!

ORONTE,

Traître! il n'est pas question de tout ce galuna

thias, et il faut que tu me dises....

PASQUIN, l'interrompant.

Tout ce qu'il vous plaira. De quoi s'agit-il?

ORONTE.

De me faire savoir où mon fils a passé toute la

semaine.

PASQUIN.

Est-ce qu'il ne vous l'a pas dit?

ORONTE.

Il m'a dit que c'étoit au Château de Clitandre,

D

PASQUIN.

Eh! bien, c'est la vérité.

ORONTE, à part.

Ne l'avois je pas prévu qu'il me soutiendroit cela ?

PASQUIN.

Oui, je le soutiens, et je le soutiendrai. Quand je

dis la vérité je ne crains personne.

ORONTE, à part.

J'admire l'effronterie de ce pendard!

PASQUIN, voulant s'esquiver.

Oh! puisque vous vous fâchez....

ORONTE, l'interrompant et le revenant.

Demcure, où je t'assomme!

PASQUIN.

Y a-t-il quelque chose pour votre service ? Vous

n'avez qu'à parler?

ORONTE.

Er, toi, tu n'as qu'à choisir de deux choses que

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Le choix n'est pas difficile! Je prends les deux pis

toles.

ORONTE, tirant sa bourse et lui donnant de l'argent. Les voici.

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