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impossible to find an ideal tutor who could spend twenty years with every, or indeed any, child. He would likewise admit that it would be impossible entirely to ignore "moral" education until the pupil reached the age of fifteen. What he tried to do was to apply his general principles to education. He insists everywhere on the natural, the normal, and the favor which these words have since enjoyed in connection with education is sufficient testimony to his influence.2

THE NEED OF EDUCATION

Tout est bien, sortant des mains de l'Auteur des choses; tout dégénère entre les mains de l'homme. Il force une terre à nourrir les productions d'une autre, un arbre à porter les fruits d'un autre; il mêle et con5 fond les climats, les éléments, les saisons; il mutile son chien, son cheval, son esclave; il bouleverse tout, il défigure tout; il aime la difformité, les monstres; il ne veut rien tel que la fait la nature, pas même l'homme; il le faut dresser pour lui, comme un cheval de manège; 10 il le faut contourner à sa mode, comme un arbre de son jardin.

Sans cela, tout irait plus mal encore, et notre espèce ne veut pas être façonnée à demi. Dans l'état où sont désormais les choses, un homme abandonné dès sa 15 naissance à lui-même parmi les autres serait le plus

2The most important studies on Rousseau's educational theories are those of Compayré. See especially J.-J. Rousseau et l'éducation de la nature. Paris, 3 edition; also his Histoire critique des doctrines de l'éducation en France. On Rousseau's relation to his predecessors see P. Villey, L'Influence de Montaigne sur les idées pédagogiques de Locke et de Rousseau. Paris, 1911.

défiguré de tous. Les préjugés. l'autorité, la nécessité, l'exemple, toutes les institutions sociales dans lesquelles nous nous trouvons submergés étoufferaient en lui la nature, et ne mettraient rien à la place. Elle y serait comme un arbrisseau que le hasard fait naître au milieu 5 d'un chemin, et que les passants font bientôt périr, en le heurtant de toutes parts et le pliant dans tous les

sens.

THE LIMITS OF INDIVIDUAL RIGHTS

-Livre I.

(This passage provides a good example of what Rousseau means by negative education.)

Nos premiers devoirs sont envers nous; nos sentiments primitifs se concentrent en nous-mêmes; tous nos mouvements naturels se rapportent d'abord à notre 15 conservation et à notre bien-être. Ainsi le premier sentiment de la justice ne nous vient pas de celle que nous devons, mais de celle qui nous est due; et c'est encore un des contresens des éducations communes, que, parlant d'abord aux enfants de leurs devoirs, 20 jamais de leurs droits, on commence par leur dire le contraire de ce qu'il faut, ce qu'ils ne sauraient entendre, et ce qui ne peut les intéresser. .

Il s'agit donc de remonter à l'origine de la propriété; car c'est de là que la première idée en doit naître. L'en- 25 fant, vivant à la campagne, aura pris quelque notion des travaux champêtres; il ne faut pour cela que des yeux, du loisir; il aura l'un et l'autre. Il est de tout âge, surtout du sien, de vouloir créer, imiter, produire, donner des signes de puissance et d'activité. Il n'aura 30 pas vu deux fois labourer un jardin, semer, lever,

croître des légumes, qu'il voudra jardiner à son tour. Je ne m'oppose point à son envie: au contraire, je la favorise, je partage son goût, je travaille avec lui, non pour son plaisir, mais pour le mien; du moins il le 5 croit ainsi : je deviens son garçon jardinier; en attendant qu'il ait des bras, je laboure pour lui la terre: il en prend possession en y plantant une fêve; et sûrement cette possession est plus sacrée et plus respectable que celle que prenait Nunès Balboa de l'Amérique 10 méridionale au nom du roi d'Espagne, en plantant son étendard sur les côtes de la mer du Sud.

On vient tous les jours arroser les fèves, on les voit lever dans des transports de joie. J'augmente cette joie en lui disant, Cela vous appartient; et lui expliquant 15 alors ce terme d'appartenir, je lui fais sentir qu'il a mis

là son temps, son travail, sa peine, sa personne enfin; qu'il y a dans cette terre quelque chose de lui-même qu'il peut réclamer contre qui que ce soit, comme il pourrait retirer son bras de la main d'un autre homme 20 qui voudrait le retenir malgré lui.

Un beau jour il arrive empressé et l'arrosoir à la main. O spectacle! ô douleur! toutes les fèves sont arrachées, tout le terrain est bouleversé, la place même ne se reconnaît plus. Ah! qu'est devenu mon travail, 25 mon ouvrage, le doux fruit de mes soins et de mes sueurs? Qui m'a ravi mon bien? qui m'a pris mes fèves? Ce jeune cœur se soulève; le premier sentiment de l'injustice y vient verser sa triste amertume; les larmes coulent en ruisseaux; l'enfant désolé remplit 30 l'air de gémissements et de cris. On prend part à sa peine, à son indignation; on cherche, on s'informe, on

fait des perquisitions. Enfin l'on découvre que le jardinier a fait le coup: on le fait venir.

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Mais nous voici bien loin de compte. Le jardinier, apprenant de quoi l'on se plaint, commence à se plaindre plus haut que nous. Quoi, messieurs, c'est vous qui m'avez ainsi gâté mon ouvrage! J'avais semé là des melons de Malte, dont la graine m'avait été donnée comme un trésor, et desquels j'espérais vous régaler quand il seraient mûrs; mais voilà que, pour y planter vos misérables fèves, vous m'avez détruit mes melons 10 déjà tout levés, et que je ne remplacerai jamais. Vous m'avez fait un tort irréparable, et vous vous êtes privés vous-mêmes du plaisir de manger des melons exquis.

JEAN-JACQUES

Excusez-nous, mon pauvre Robert. Vous aviez mis 15 là votre travail, votre peine. Je vois bien que nous avons eu tort de gâter votre ouvrage; mais nous vous ferons venir d'autre graine de Malte, et nous ne travaillerons plus la terre avant de savoir si quelqu'un n'y a point mis la main avant nous.

ROBERT

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Oh bien! messieurs, vous pouvez donc vous reposer; car il n'y a plus guère de terre en friche. Moi, je travaille celle que mon père a bonifiée, chacun en fait autant de son côté, et toutes les terres que vous voyez 25 sont occupées depuis longtemps.

ÉMILE

Monsieur Robert, il y a donc souvent de la graine de melons perdue?

IO

ROBERT

Pardonnez-moi, mon jeune cadet; car il ne vous vient pas souvent de petits messieurs aussi étourdis que vous. Personne ne touche au jardin de son voisin; chacun 5 respecte le travail des autres, afin que le sien soit en sûreté.

ÉMILE

Mais moi je n'ai point de jardin.

ROBERT

Que m'importe? si vous gâtez le mien, je ne vous y laisserai plus promener; car, voyez-vous, je ne veux pas perdre ma peine.

JEAN-JACQUES

Ne pourrait-on pas proposer un arrangement au bon 15 Robert? Qu'il nous accorde, à mon petit ami et à moi, un coin de son jardin pour le cultiver, à condition qu'il aura la moitié du produit.

ROBERT

Je vous l'accorde sans condition. Mais souvenez20 vous que j'irai labourer vos fèves, si vous touchez à mes melons.

Dans cet essai de la manière d'inculquer aux enfants les notions primitives, on voit comment l'idée de la propriété remonte naturellement au droit du premier oc25 cupant par le travail. Cela est clair, net, simple, et

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toujours à la portée de l'enfant. De là jusqu'au droit de propriété et aux échanges il n'y a plus qu'un pas, après lequel il faut s'arrêter tout court.

On voit encore qu'une explication que je renferme ici dans deux pages d'écriture sera peut-être l'affaire

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