cannot be compared in this respect to Senancour or Wordsworth. Sheer description of nature furthermore was nothing new. Thomson's Seasons (17261730) for instance is almost pure description. Rousseau rarely presents a clearly outlined vista, his language is not often "picturesque" and it will be noted that he is sparing in his use of metaphor. Rousseau's contribution lay in his presenting not the outward aspect but the sense of nature, not nature as something to be seen but nature as something to be felt. With him it became one of the factors in his story, a living thing. Into the life of the characters the life of nature is, if not subtly, at least deeply "interfused." Nature is not merely a sounding board for the poet's emotions, it is a part of them. The story of Saint-Preux and Julie can no more be separated from Switzerland than Lamartine's love can be separated from Le Lac. This fusion of nature and personality is to be a characteristic of the great French romantic poems and will be found not only in Le Lac but in Hugo's Tristesse d'Olympio and Musset's Souvenir. Nature as a factor in a story, as an element of the plot and not the setting will of course be found again in Chateaubriand and George Sand. The third point, the glorification of the rural or simple life calls for but little explanation. It was a part of that revolt against convention which is central to Rousseau's work, and students of English literature are familiar with its effects on Wordsworth's theory of life as well as his theory of art. Indeed this phase of Rousseau's influence was most marked outside of France, and Wordsworth, Thoreau and Emerson have no counterparts in French literature unless Senancour is to be so considered. The romantic poets did, to be sure, make a noisy war upon literary conventions and the style noble and they did employ the mot propre, but the deeply grounded Latin tradition of eloquence persisted save perhaps in Musset, and it was to be a full century before poets like Paul Verlaine and prose artists like Anatole France and Romain Rolland, wearied of this overlong tradition of a hollow literary decorum, finally took rhetoric out behind the barn and "wrung its neck.” IN THE BOSQUET DE JULIE (Julie has fallen in love with her tutor Saint-Preux. With her friend Claire (l'inséparable cousine) she has discovered in her walks a grove (le bosquet de Julie) and Julie agreed with Claire that they were to bring Saint-Preux to the grove and on his entrance each of the cousins would greet him with a kiss.) De Saint-Preux à Julie Qu'as-tu fait, ah! qu'as-tu fait, ma Julie? tu voulais me récompenser, et tu m'as perdu. Je suis ivre, ou plutôt insensé. Mes sens sont altérés, toutes mes facultés sont troublées par ce baiser mortel. Tu voulais soulager mes maux! Cruelle! tu les aigris. C'est du 5 poison que j'ai cueilli sur tes lèvres; il fermente, il embrase mon sang; il me tue, et ta pitié me fait mourir. (For Rousseau's description of the writing of La Nouvelle Héloïse the student is referred to the extract appearing under the Confessions, pp. 186-193. On this subject cf. Vreeland, Etude sur les rapports littéraires entre Genève et l'Angleterre. Geneva, 1901.) O souvenir immortel de cet instant d'illusion, de délire et d'enchantement, jamais, jamais tu ne t'effaceras de mon âme; et, tant que les charmes de Julie y seront gravés, tant que ce cœur agité me fournira des 5 sentiments et des soupirs, tu feras le supplice et le bonheur de ma vie! Hélas! je jouissais d'une apparente tranquillité; soumis à tes volontés suprêmes, je ne murmurais d'un sort auquel tu daignais présider. J'avais domed & plusqued 10 les fougueuses saillies d'une imagination téméraire; j'avais couvert mes regards d'un voile et mis une entrave à mon cœur; mes désirs n'osaient plus s'échapper qu'à demi; j'étais aussi content que je pouvais l'être. Je reçois ton billet, je vole chez ta cousine; nous 15 nous rendons à Clarens, je t'aperçois, et mon sein palpite; le doux son de ta voix y porte une agitation nououx son de ta velle; je t'aborde comme transporté, et j'avais grand besoin de la diversion de ta cousine pour cacher mon trouble à ta mère. On parcourt le jardin, l'on dîne 20 tranquillement, tu me rends en secret ta lettre, que je n'ose lire devant ce redoutable témoin; le soleil commence à baisser, nous fuyons tous trois dans le bois le reste de ses rayons, et ma paisible simplicité n'imaginait pas même un état plus doux que le mien. 25 En approchant du bosquet j'aperçus, non sans une émotion secretè, vos signes d'intelligence, vos sourires mutuels, et le coloris de tes joues prendre un nouvel éclat. En y entrant, je vis avec surprise ta cousine s'approcher de moi, et, d'un air plaisamment suppliant, 30 me demander un baiser. Sans rien comprendre à ce mystère, j'embrassai cette charmante amie; et, tout aimable, toute piquante qu'elle est, je ne connus jamais mieux que les sensations ne sont rien que ce que le cœur les fait être. Mais que devins-je un moment après, quand je sentis... la main me tremble... un doux frémissement... ta bouche de roses... la bouche de Julie... 5 se poser, se presser sur la mienne, et mon corps serré dans tes bras? Non, le feu du ciel n'est pas plus vif ni plus prompt que celui qui vint à l'instant m'embraser. Toutes les parties de moi-même se rassemblèrent sous ce toucher délicieux. Le feu s'exhalait avec nos soupirs 10 de nos lèvres brûlantes, et mon cœur se mourait sous le poids de la volupté... quand tout à coup je te vis pâlir, fermer tes beaux yeux, t'appuyer sur ta cousine, et tomber en défaillance. Ainsi la frayeur éteignit le plaisir, et mon bonheur ne fut qu'un éclair. 15 20 A peine sais-je ce qui m'est arrivé depuis ce fatal moment. L'impression profonde que j'ai reçue ne peut plus s'effacer. Une faveur !... c'est un tourment horrible... Non, garde tes baisers, je ne les saurais supporter.. ils sont trop âcres, trop pénétrants; trop pénétrants; ils percent; ils brûlent jusqu'à la moelle... ils me rendraient furieux. Un seul, un seul m'a jeté dans un égarement dont je ne puis plus revenir. Je ne suis plus le même, et ne te vois plus la même. Je ne te vois plus comme autrefois réprimante et sévère; mais je te sens et te touche sans 25 cesse unie à mon sein comme tu fus un instant. O, Julie! quelque sort que m'annonce un transport dont je ne suis plus maître, quelque traitement que ta rigueur me destine, je ne puis plus vivre dans l'état où je suis, et je sens qu'il faut enfin que j'expire à tes pieds... ou 30 dans tes bras. -Première Partie Lettre XIV. SAINT-PREUX SETS OUT FOR SION (Julie has urged Saint-Preux to make a journey to Sion in the Valais and has sent him a purse which Saint-Preux, who believed his honor offended, returned. Julie sent the purse a second time with a let ter which made acceptance imperative, and SaintPreux accepts and departs.) A Julie J'ai reçu vos dons, je suis parti sans vous voir, me voici bien loin de vous; êtes-vous contente de vos tyrannies, et vous ai-je assez obéi? Je ne puis vous parler de mon voyage; à peine sais-je 5 comment il s'est fait. J'ai mis trois jours à faire vingt lieues; chaque pas qui m'éloignait de vous séparait mon corps de mon âme, et me donnait un sentiment anticipé de la mort. Je voulais vous décrire ce que je verrais. Vain projet! Je n'ai rien vu que vous, et ne puis vous 10 peindre que Julie. Les puissantes émotions que je viens d'éprouver coup sur coup m'ont jeté dans des distractions continuelles; je me sentais toujours où je n'étais point: à peine avais-je assez de présence d'esprit pour suivre et demander mon chemin, et je suis arrivé à 15 Sion sans être parti de Vevey. C'est ainsi que j'ai trouvé le secret d'éluder votre rigueur et de vous voir sans vous désobéir. Oui, cruelle, quoi que vous ayez su faire, vous n'avez pu me séparer de vous tout entier. Je n'ai traîné dans mon 20 exil que la moindre partie de moi-même: tout ce qu'il y a de vivant en moi demeure auprès de vous sans cesse. Il erre impunément sur vos yeux, sur vos lèvres, |