fidèles, tels que je n'en trouvai jamais ici-bas. Je pris Je me figurai l'amour, l'amitié, les deux idoles de 7 Claire d'Orbe. 9 Saint-Preux. Pour placer mes personnages dans un séjour qui leur convînt, je passai successivement en revue les plus beaux lieux que j'eusse vus dans mes voyages. Mais je ne trouvai point de bocage assez frais, point de 5 paysage assez touchant à mon gré. Les vallées de la Thessalie m'auraient pu contenter, si je les avais vues; mais mon imagination, fatiguée à inventer, voulait quelque lieu réel qui pût lui servir de point d'appui, et me faire illusion sur la réalité des habitants que j'y IO voulais mettre. Je songeai longtemps aux îles Borromées, dont l'aspect délicieux m'avait transporté; mais j'y trouvai trop d'ornement et d'art pour mes personnages. Il me fallait cependant un lac, et je finis par choisir celui autour duquel mon cœur n'a jamais cessé 15 d'errer. Je me fixai sur la partie des bords de ce lac à laquelle depuis longtemps mes vœux ont placé ma résidence dans le bonheur imaginaire auquel le sort m'a borné. Le lieu natal de ma pauvre maman1o avait encore pour moi un attrait de prédilection. Le con20 traste des positions, la richesse et la variété des sites, la magnificence, la majesté de l'ensemble qui ravit les sens, émeut le cœur, élève l'âme, achevèrent de me déterminer, et j'établis à Vevey mes jeunes pupilles. Voilà tout ce que j'imaginai du premier bond; le reste n'y fut 25 ajouté que dans la suite. Je me bornai longtemps à un plan si vague, parce qu'il suffisait pour remplir mon imagination d'objets agréables, et mon cœur de sentiments dont il aime à se nourrir. Ces fictions, à force de revenir, prirent enfin *In the Lago Maggiore. 10 Mme de Warens. な i leur plus Mais nt de de la vues; Dulait ui, et e j'y orromais son= par zessé lac ma sort vait con ites, les dé oilà fut arce jets à se fin plus de consistance, et se fixèrent dans mon cerveau -Partie II, Livre IX. LETTRES A M. DE MALESHERBES (After Rousseau had retired from the life of Paris and of society, and had broken with Diderot and his circle, he seems to have felt the need of justifying or at least explaining himself. To this end in 1762, he wrote four letters to M. de Malesherbes, president of the Cour des Aides. As the second of these is of particular interest to students of the first Discourse, and the third throws much light on his "reformation," they have been included here. April ninth, 1756, was the date when, as we have seen, he left Paris, as he thought, for good, and decided to live the rest of his life close to nature. On this day he accepted the offer of Mme d'Épinay and established himself at l'Ermitage, a little cottage in the forest of Montmorency. In this region, he passed the most fruitful years of his life, and wrote his La Nouvelle Héloïse, Émile ou le Traité de l'éducation, and rewrote his Contrat Social. (Cf. Rousseau Euvres, Vol. VIII, pp. 277-351; Ducros, De Genève à l'Hermitage, 1908, pp. 323 et seq; Rey J.-J. Rousseau dans la vallée de Montmorency. 1909.) À M. DE MALESHERBES A Montmorency, le 12 janvier, 1762. Je continue, monsieur, à vous rendre compte de moi, puisque j'ai commencé; car ce qui peut m'être le plus 5 défavorable est d'être connu à demi; et, puisque mes fautes ne m'ont point ôté votre estime, je ne présume pas que ma franchise me la doive ôter. Une âme paresseuse qui s'effraye de tout soin, un tempérament ardent, bilieux, facile à s'affecter, et sensible à l'excès à tout ce qui l'affecte, semblent ne pouvoir s'allier dans le même caractère; et ces deux contraires composent pourtant le fond du mien. Quoique je ne puisse résoudre cette opposition par des principes, elle existe pourtant; je le sens, rien n'est plus certain, et 15 j'en puis du moins donner par les faits une espèce d'historique qui peut servir à la concevoir. J'ai eu plus d'activité dans l'enfance, mais jamais comme un autre enfant. Cet ennui de tout m'a de bonne heure jeté dans la lecture. A six ans, Plutarque me tomba sous 20 la main; à huit, je le savais par cœur ; j'avais lu tous les romans; ils m'avaient fait verser des seaux de larmes avant l'âge où le cœur prend intérêt aux romans. De là se forma dans le mien ce goût héroïque et romanesque qui n'a fait qu'augmenter jusqu'à présent, et 25 qui acheva de me dégoûter de tout, hors de ce qui ressemblait à mes folies. Dans ma jeunesse, que je croyais trouver dans le monde les mêmes gens que j'avais connus dans mes livres, je me livrais sans réserve à quiconque savait m'en imposer par un certain jargon dont 30 j'ai toujours été la dupe. J'étais actif, parce que j'étais 762. de moi, le plus ie mes résume »in, un et sen e pou x con 10ique cipes, ain, et espèce u plus autre e jeté sous tous x de mans. oma nt, et i res oyais con qui dont étais fou; à mesure que j'étais détrompé, je changeais de Après avoir passé quarante ans de ma vie ainsi mé- |