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et les violences exercées pendant le procès de Louis XVI, lui avaient appris qu'une faction execrable menaçait le berceau de la république, et il résolut, au péril de sa vie, de s'opposer à ses fureurs; voilà tout le secret de cette prétendue contradiction, qui n'exista jamais. Après avoir combattu l'opinion de ceux de ses collègues qui prétendaient que la convention avait le droit de juger Louis XVI, i s'éleva avec une énergie nouvelle contre le mode de jugement adopté par cette assemblée, qui, en adoptant contre l'aceusé tout ce que le code criminel avait de rigoureux dans ses formes, en rejetait tout ce qu'il avait de protecteur; il declara qu'aux tribunaux seuls appartenait le droit de rendre des jugemens, et rappela que la mort de Charles Ier, après avoir amené en Angleterre l'usurpation de Cromwell avait été suivie du retour de la royauté. Il voulut que la convention prononçât par oui ou par non sur la culpabilité de Louis, et qu'après avoir ainsi rempli les fonctions de grand-jury national d'ac cusation, elle renvoyat l'application de la peine aux assemblees primaires. Pendant le cours des débats de cette affaire à jamais déplorable, où les menaces d'une faction sanguinaire, soutenues de toutes les fureurs des assassins de septembre, ne purent arracher à la convention pour la peine de mort, qu'une majorité de cinq voix, on entendit plus d'une fois Rabaut s'écrier, en répétant les mots par lesquels il venait de terminer le discours qu'il avait prononcé dans cette fatale circonstance: «Je suis las de ma portion de despotisme, et je soupire après l'instant où un tribunal national nous fera perdre les formes et la contenance des tyrans. » Lors de l'appel nominal relatif à la peine à infliger à Louis, il se prononça, par mesure de sûreté générale, pour la détention jusqu'à la paix et le bannissement à cette époque, joignant expressément à ce vote, celui de l'appel au peuple. Il fut possible, même après la catastrophe du 21 janvier 1793, de concevoir encore quelque esperance d'un meilleur avenir, lorsque l'on vit, le mercredi 23 du même mois, la majorité conventionnelle porter à la présidence de l'assemblée ce même Rabaut qui s'etait prononcé avec un si honorable courage contre le jugement qu'elle venait de rendre; toutefois cet espoir fut bientôt évanoui. Toujours

plus ferme à mesure que les dangers devenaient plus grands, il ne cessa de s'élever contre les factieux; proposa de mander Pache, maire de Paris, à la barre de l'assemblée, pour s'expliquer sur les bruits qui se répandaient relativement à la fermeture prochaine des barrières; empêcha l'envoi aux départemens du compte infidèle que venait de rendre ce factieux hypocrite; et combattit la dénonciation faite par les administrateurs du département de Paris, contre les adresses départementales qui, s'élevant unanimement contre les usurpations de la commune de Paris, témoignaient de vives craintes sur les dangers dont la convention nationale était menacée. Nommé, le 21 mai, membre de la commission des douze, que le côté droit, par un reste de son influence expirante, avait réussi à faire créer par Ja convention, en l'intéressant tout entière dans ses dangers, Rabaut appuya fortement une pétition dirigée contre la montagne et présentée par une députation de la ville de Bordeaux. Son opinion fut l'une de celles qui, dans la séance de la commission des douze, du 25 mai, contribuèrent le plus puissamment à décider les membres de cette commission à faire arrêter l'infâme Hébert, substitut du pro cureur de la commune de Paris. Rabaut rendit immédiatement compte à la convention, des mesures que ses collègues et lui venaient de prendre; « mais, ajoutat-il, ce n'est point à ce coup qu'il faut s'arrêter; le trouble est porté parmi les conspirateurs, mais non encore la crainte; la commission veille; tout est (sauvé si la convention lui garde sa confiance, tandis qu'elle brave tout pour répondre à la sienne.» Cet espoir fut détruit presqu'aussitôt que conçu. Dès le surlendemain 27, sur la proposition de Legendre, la commission des douze fut dissoute. Le jour suivant 28, le décret qui la supprimait ayant été rapporté à une majorité de quarante une voix, un horrible tumulte venait d'éclater dans l'assemblée, lorsque Rabaut se présenta à la tribune, et déclara qu'il était chargé d'annoncer, au nom de la commission, que tous ses mem bres donnaient leur démission.. Cet acte de faiblesse n'eut d'autre résultat que d'enhardir les séditieux, qui sentirent dès-lors qu'ils n'avaient plus de résistance à craindre. Sans doute la commission ne pouvant plas disposer de la force publique, avait

perdu son pouvoir; mais l'inutile abdication qu'elle en faisait, ne parut, avec raison, qu'une transaction de la peur, et ne sauva, plus tard, aucun de ceux qui la composaient. Quoi qu'il en soit, ce ne fut qu'à la suite de la séance du 31 mai, et sui la proposition qu'en fit Barrère, au nom du comité de salut public, que la convention décréta définitivement la sup. pression de la commission des douze, qui ne précéda que de quarante-huit heures le décret d'arrestation prononcé contre les membres les plus distingués du côté droit, parmi lesquels on n'eut garde d'ou blier Rabaut. Trop convaincu du sort auquel les bourreaux de la France le réservaient, il prit la fuite, et se rendit d'abord dans les environs de Bordeaux, où les députés de la Gironde s'étaient si vainement flattés de trouver pour eux-mêmes et pour leurs amis, un asile et des défenseurs contre la proscription qu'ils prévoyaient devoir bientôt les atteindre. Dès que l'évasion de Rabaut fut connue, un décret de mise hors la loi fut rendu contre lui. A cette nouvelle il quitta sa retraite, erra de nouveau à travers la France sous divers déguisemens, et espéra pouvoir se sonstraire plus facilement aux recherchesde la tyrannie,sous lesyeux méme des tyrans. Une amie ( Me Peyssac), logée ruedu faubourg Poissonnière, avait eu l'admirable courage de le receuillir chez lui, avec son frère Rabaut Pommier. L'épouse de Rabaut, l'une de ces femmes hé roïques qui, dans ces époques de crimes et de deuil, semblaient s'etre chargées de réconcilier la France avec l'humanité, veillaient sur les dangers de l'illustre proscrit; elle sortait souvent pour recueillir les nouvelles qui pouvaient l'intéresser. Un jour, c'était le 15 frimaire an 2 (5 décembre 1793), elle rencontra un membre du comité de sûreté-générale, adversaire implacable du parti qui venait de succomber, mais qui cependant ne s'était jamais montré l'ennemi personnel de Rabaut. A l'aspect de cet homme, elle veut fuir, mais il s'avance vers elle, l'aborde, lui témoigne de l'intérêt, et l'assure qu'il se trouverait heureux de protéger la retraite et les jours de son collègue. La prudence interdit à Mme Rabaut de répondre; mais elle remercie cet hom me de ses offres de service, et s'empresse de rendre compte à son mari de la rencontre qu'elle vient de faire. Fatigué de

sa situation; tremblant sur les périls auxquels il expose tout ce qui lui est cher; aveugle et imprudent comme le sont presque toujours les malheureux ; saisissant sans examen, le premier moyen de salut qui se présente à lui: ne pouvant soupçonner dans un autre, le crime dont il est incapable lui-même, il autorise sa femme à révéler son asile, et à indiquer à celui qui s'apprêtait à le livrer, l'heure de la nuit où il pourra s'y rendre. Celuici se hâte d'informer le comité de sûretégénérale de l'horrible succès de sa perfidie, et dès la même nuit, Amar, à la tête des agens du comité d'assassins dont il est membre, se présente au domicile de Rabaut; l'arrête; le fait traîner au comité de sûreté-generale, et de là à la Conciergerie. Ceux qui lui avaient donné l'hospitalité ne lui survécurent que de peu de jours; leur sublime dévouement méritait cette gloire. Mme Rabaut fut seule épargnée. Ne pouvant se pardonner d'être la cause, bien innocente sans doute, du supplice d'un époux qu'elle cherissait, elle se donna elle-même la mort qui lui était refusée, en se précipitant dans un puits. Elle était simple, modeste, belle et vertueuse : elle avait de l'esprit et des talens ; on vient de voir si elle manquait de caractère. Unie sur la terre à un homme dont le courage, les talens et les vertus ont honoré la carrière politique, elle avait annoncé qu'elle lui demeurerait unie dans le tombeau. Pour nous qui fûmes les contemporains et les témoins de leurs malheurs, nous ne doutons pas que, partout où des autels seront élevés à la liberté et à la vertu ; partout où la vérité aura imposé silence aux factions; partout enfin où la réputation des hommes ne dépendra que de leurs actions et non pas du triomphe passager de telle opinion politique, les noms de ces nobles victimes des discordes civiles ne soient inséparablement unis dans le souvenir et le respect des générations. Rabaut-St-Etienne ne fut admis à faire aucune défense devant le tribunal révolutiounaire ; il voulut prononcer quelques paroles que le président interrompit sur-le-champ. Il ne parut sur le banc des accusés que pour y faire constater l'identité de sa personne, et fut immédiatement livré à l'exécuteur des jugemens criminels. Il mourut sans ostentation et sans faiblesse, le 16 frimaire an 2 (6 décembre 1793).

RADCLIFFE (ANNE), romancière anglaise, s'est acquis une grande célébrité, non-seulement dans sa patrie, mais dans toute l'Europe, comme créatrice du genre sombre et terrible, qu'elle a traité avec une haute supériorité de talent, mais qui a si étrangement dégénéré sous la plume de ses innombrables et mal-adroits imitateurs. L'Italien, ou le Confessionnal des Penitens noirs; les Mystères d'Udolphe; l'Abbaye de St-Clair; Julia, ou les Souterrains du château de Mazzini, sont remarquables par une imagination forte et animée, par un vif intérêt, par des carac tères tracés avec vigueur, par une terreur mystérieuse portée au plus haut degré, sans reposer, comme dans beaucoup d'autres ouvrages du même genre, sur des moyens entièrement dénués de vreisemblance, enfin par un style plein de chaleur et de coloris. Cet auteur réussit particulièrement dans les descriptions, qu'on peut cependant lui reprocher d'avoir trop prodiguées. Mistriss Radcliffe ne s'est pas bornée au genre du roman; elle avait parcouru plusieurs contrées de l'Europe, et les relations qu'elle en a publiées prouvent à-la-fois en elle les talens de l'observateur et ceux de l'écrivain. Son Voyage en Hollande et sur les frontières occidentales de l'Allemagne; son Tour aux lacs de Cumberland et de West-Mo

reland, offrent des descriptions pittoresques, des details historiques fort intéressans, des réflexionsjudicieuses, un style animé. Elle a en outre plaidé la cause de son sexe,dansunouvrage intitulé: L'Avocatdes Femmes, ou Tentative pour recouvrer les droits des femmes usurpes par les hommes; elle réclame contre l'abus dominant en Angleterre, d'employer des hommes dans un grand nombre de travaux qui conviennent au sexe. Mistriss Radcliffe est morte

en 1800, dans un âge avancé. On attribue toutefois cette mort une cause remarquable on a prétendu qu'une des scenes les plus terribles de son roman intitulé: Les Visions du château des Pyrénées, se reproduisit à elle une nuit en songe d'une manière si effrayante, que son imagination vivement frappée recula devant son propre ouvrage, et qu'il en résulta une fièvre à laquelle elle succomba au bout de quelques jours. Il est vraisemblable qu'on ne doit regarder cette anecdote que comme une critique assez originale du genre qu'avait adopté cette célè

bre romancière. Quoi qu'il en soit, les ouvrages de mistriss Radcliffe, dont nous n'avons cité que les principauxavaient produittant de sensation, et jouissaient d'une réputation telle que, depuis sa mort, plusieurs écrivains ont fait paraitre leurs productions sous son nom pour leur donner plus de vogue; mais le défaut absolu d'art et de talent qui règne dans la plupart de cespastiches,a bientôt trahile stratageme. Presque tous les romans de mistriss Radcliffe ont été traduits en français avec beaucoup d'élégance,par l'abbé Morellet voy. ce nom).

RÅDET (Le baron ÉTIENNE), né le 16 décembre 1762, en Lorraine, était chef d'escadron de gendarmerie à Avignon, lorsqu'en 1800, le gouvernement consu laire, lui confia le commandement en chef de cette arme. Il fut successivement en-voyé en Corse, en Piémont et à Gènes, pour y organiser les corps de gendarmerie, et se fit remarquer dans ce travail par beaucoup d'intelligence, de zèle et d'activité. Nommé commandant-général de la gendarmerie dans les états romains, et non moins convaincu que le gouverneur-général Miollis, qu'un mouvement général, secrètement dirigé par le cardi*nal Pacca, était préparé contre les Français, il ne crut pas, d'après l'imminence du danger, devoir attendre les ordres de l'empereur pour s'assurer de la personne du Saint-Père, et se transporta au palais Quirinal dans la nuit du 6 juillet 1809, pour le constituer prisonnier. Le pape ayant refusé d'obéir aux injonctious qui lui étaient faites, le général Radet qui ne cédait qu'avec peine à la nécessité, lui déclara que, dans ce cas, il avait or

dre de l'emmener avec lui. « Telle est ma commission, ajouta-t-il, je suis fâché d'ètre obligé de l'exécuter, puisque je suis catholique et fils de l'Église. » On assure, et nous le croyons sans peine, que pendant ce pénible entretien, les traits du général Radet éprouvèrent une altération sensible. Il était quatre heures da matin; le pape monta dans une voiture qui l'attendait à la porte extérieure du palais, et sortit de Rome par la porte dite du Peuple. Là, on changea de voiture, et le général Radet s'adressant de nouveau au pape, lui dit «Saint-Père, il est encore temps, voulez-vous renoncer aux états de l'Eglise? » Sur la réponse négative de Sa Sainteté, Radet ferma la por

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tière de sa propre main; l'arrêta avee un cadenas; monta ensuite dans le cabriolet attaché à la voiture, et fit prendre la route de Florence. Lorsque le pape fut conduit à Savone, le général Radet a été chargé de l'y accompagner, et dans cette circonstance pénible, comme dans celle du même genre qui l'avaient précédée, il s'est fait remarquer par une extrême modération dans l'exécution des mesures rigoureuses dont il était chargé. Resté sans fonctions, pendant l'année de la première restauration, il se rangea, l'un des premiers, sous les aigles de Napoléon, au retour de ce prince; commanda l'escorte qui accompagna à Cette le duc d'Angoulême; et fut nommé, au mois de juin 1815, grand-prévôt de l'armée et inspecteur général de gendarmerie. Il suivit cette brave et malheureuse armée sur les bords de la Loire dans le mois de juillet, et fut remplacé dans ses fonctions mois d'août , par le colonel Coroller. En 1816, il fut arrêté à Vincennes et renfermé dans la citadelle de Besançon, jusqu'à sa traduction devant le conseil de guerre de la 6a division, qui le condamna à neuf ans de détention, pour avoir pris part aux événemens du mois de mars 1815. Une ordonnance royale du mois de décembre 1818, lui a rendu la liberté

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au

RAEPSAET (voy. le SUPPLÉMENT). RAFFET(NICOLAS), commandant général de la garde nationale de Paris, avait embrassé avec l'enthousiasme et le désintéressement d'un homme de bien les principes de la révolution. Il joignait à un ca. ractère ferme, des intentions pures et beaucoup de modération; mais son éducation et ses lumières secondaient mal ces excellentes qualités. Des grades les plus subalternes de la garde nationale de Paris, il parvint, sans intrigue, à celui de commandant de bataillon de la section de la Butte des Moulins, connue, après les attentats du 31 mai, sous le nom de la Montagne. Raffet s'y était constamment fait remarquer par son exactitude à son service, sa probité rigoureuse, et son amour de la liberté et des lois. Lorsque la lutte funeste etablie depuis la réunion de la convention, entre la faction de septembre et le côté droit, eût pris, après la mort de Louis XVI, un tel caractère de fureur, que les divisions de cette assemblée ne pouvaient plus s'éteindreque dans le sang des partis, Raffet n'hésita point à

offrir au côté droit le secours de son bras et les services des généreux citoyens qui étaient sous ses ordres. Appelé à la barre de la convention, le 27 mai 1793, il y rendit compte de l'ordre qui l'avait fait venir, avec son bataillon, au secours de la convention nationale, et accusa Marat de l'avoir menacé d'un coup de pistolet. En concurrence avec Henriot, après le 31 mai, pour le commandement général de la garde nationale parisienne, il obtintce commandement au scrutin secret; mais la faction qui venait de s'emparer du pouvoir et qui voulait nommer Henriot, ayant décide que l'election du commandant général devait se faire à haute voix, la terreur s'empara des meilleurs citoyens ; presque tous se retirerent; et le choix du commandant-général fut abandonné aux factieux qui élurent Henriot. Arrêté quelque temps après, Raffet dut sa liberté au 9 thermidor; reprit le commandement du bataillon de la Butte des Moulins; et au moment des insurrections anarchiques des 12 germinal et 1r prairial, il marcha à la tête de la section au secours de la convention nationale. Ce fut lui qui commanda les trois bataillons conduits par Legendre et Auguis pour délivrer la convention, envahie par les face tieux dans la dernière de ces journées. Le 5 messidor an 3 (23 juin 1795), il fat récompensé de son courage et de sa bonne conduite dans ces importantes circons tances, par la place de commandant temporaire de la ville de Paris, qu'il conserva jusqu'aux approches du 13 vendemiaire an 4. A cette époque, Raffet, égaré par un faux zèle et par l'honorable haine qu'il avait vouée à l'anarchie et au terrorisme, jugea mal les événemens, et se laissa entraîner à servir la faction royaliste alors meme qu'il croyait défendre seu. lement la république contre les factieux de 1793 et 94. Cette erreur qui ne se dissipa plus, fut, au 18 fructidor an 5 (4 septembre 1797), la cause de son arrestation. Toutefois, elle ne fut pas de longue durée; le directoire exécutif ne jugea que les intentions de l'honnête hom. me et du vieil ami de la liberté, et Raffet fut rendu à sa famille. Rentré depuis cette. époque dans l'obscurité de la vie civile, il n'a plus reparu sur la scène politique. Il est mort à Paris il y a quelques années.

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RAFFRON-DU-TROUILLET (N.),

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né à Paris en 1709, fut, en 1792, député de cette ville à la convention nationale, où il vola la mort de Louis XVI, sans appel et sans sursis. Age de 83 ans il avait conservé toute la véhémence et toutes les passions d'un homme de trente, et se montra, dans la convention, républicain ardent et souvent fougueux. Le spectacle de la terreur décenivirale et la mort de quelques-uns de ses amis, dont la tête était tombée sur l'echafaud, ramenèrent Raffron à des principes de modération et de justice. Il insista vivement pour hater le jugement de Carrier et de ses complices; et se prononça avec assez d'énergie contre Lebon et quelques-uns dessanguinaires dominateurs de cetteepo que. Devenu membre du conseil des cinq-cents, il présida la première séance comme doyen d'age; s'éleva dans une motion d'ordre, le 9 mars 1796, contre le luxe des fonctionnaires publics, les folles dépenses et les vêtemens somptueux, et sortit du conseil le 20 mai 1797. Raffron est mort en 1800, à l'âge de 91 ans." RAMBAUD (Le baron PIERRE-THOMAS), né à Lyon en 1757, était, en 1783, avocat au barreau de cette ville, et fut nommé, à cette époque, avocat du roi au présidial. Etranger aux premiers événemens de la révolution, il échappa aux proscriptions épouvantables qui frapperent, en 1793, un si grand nombre de ses concitoyens, et fut élu, en 1795, membre du conseil des cinq-cents. Lorsque les cours d'appel furent instituées par le gouvernement impérial, Rambaud fut nommé procureur- général à Lyon; devint successivement président de canton, et président de l'administration des hôpitaux. En décembre 1808, il obtint des lettres-patentes de chevalier, pour lui et sa descendance. Deux ans après (22 août 1810), il reçut le titre de baron de l'empire. En 1813, il vint à Paris offrir à l'empereur, comme député de la ville de Lyon, des hommes et de l'argent. En janvier 1814, il convoqua extraordinairement la cour d'appel et prêta dans ces circonstances difficiles, un nouveau serment de fidelité à l'empereur et aux constitutions de l'empire, déclarant bau tement « qu'il ne pouvait y avoir de souverain legitime en France, que celui qui tenait le sceptre du choix du peuple Francais. En conformité de ces principes, M. Rambaud, quoique membre du con

seil municipal, au 8 avril 1814, ne prit aucune part à la délibération par laquelle les magistrats municipaux reconnurent au nom de la ville, et proclamèrent solennellement Louis XVIII nouveau souverain de la France. Lorsque le 10 mars 1815, Bonaparte, de retour de l'ile d'Eibe, entra dans Lyon, aux acclamations des habitans et de l'armée, toutes les autorites s'empressèrent de venir le complimenter. M. Rambaud se présenta devant lui des le 11, à la tête de la cour imperiale; lui renouvela les sermens de son corps et les siens; et rendit, quelques jours après, un requisitoire tendant à ce que tous les conseillers et juges du ressort de la cour d'appel de Lyon fussent tenus de prêter le même serment. Il signa les articles additionuels; devint membre du bureau central de la fédération de Lyon; signa le pacte fédératif formé en celte ville; et se rendit ensuite à l'assemblée du Champ-de-Mai, où il siégea avec la double qualité de procureur-géneral et d'électeur du département du Rhone. Il était à Paris au moment où Louis XVIII fut ramené pour la seconde fois dans cette capitale. Revenu à Lyon pour y reprendre ses fonctions de procureur-général, il les perdit le 25 ̊ octobre suivant. Revenu en 18.8, aux principes de modération et de justice qu'il avait abandonnés trop long-temps paraissant attacher enfin à l'opinion publique une importance que les rois et leurs agens ne sauraient méconnaitre sans danger, le gouvernement a cru devoir, en nommant M. Rambaud maire de Lyon, faire connaitre que sa volonté était de ne conserver aucun souvenir de ce qui s'était passé pendant les cent jours. Installe le 2 juin, Rambaud s'est voué depuis cette époque à servir les volontés et les intérêts ministériles d'une manière tellement exclusive, qu'il semble avoir entièrement renoncé à penser et à agir d'après lui-même; et sans doute, il ne fallait pas moins que cet absolu dévouement pour faire oublier son ancien zèle pour le service de Napoléon, qu'il n'a pas abandonné toutefois de manière à ne pouvoir pas le reprendre dans le cas où Rambaud y retrouverait, un jour, quelques avantages. Il est facile de juger d'après cette esquisse, que le maire actuel de Lyon est ce qu'en terme de parti on appelle un ventru décidé. Comme il a

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