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russe, en annonçant, à peu près de la même manière, la nouvelle de son départ. Le 14 septembre à midi, suivant le 19 bulletin, les Français entrèrent à Moscou. Le même jour, suivant le 20 bulletin, les Russes mirent le feu à plusieurs édifices publics de cette grande ville. L'incendie, qui ne tarda pas à s'étendre de tous côtés, et à consumer presqu'entièrement cette immense capitale, en ravissant aux Français les ressources de tout genre qu'ils devaient y trouver pour leurs quartiers d'hiver, et en les forçant à une retraite précipitée, que les rigueurs de la saison devaient rendre si funeste, produisit les désastres de cette campagne, et prépara la chute de Napoléon. Celui-ci n'a jamais cessé d'imputer ces résultats, si terribles pour son armée, au gouverneur de Moscou, qu'il attaqua, dans ses rapports officiels, avec une extréme violence. S'il faut l'en croire, des forçats libérés, des bandits de toute espèce mirent le feu dans cinq cents endroits différents par ordre du gouverneur, qui en avait emmené toutes les pompes; et les incendiaires arrêtés ont déclaré qu'ils agisssaient par ordre de ce gouverneur. A Woronovo, dit le 23 bulletin, le comte Rostopchin mit le feu à sa maison de campagne et laissa l'écrit suivant attaché à un poteau: « J'ai embelli pendant huit ans cette maison de campagne, et j'y ai vécu heureux au sein de ma famille. Les habitans de cette terre, au nombre de 1720, la quittent à votre approche, et je mets le feu à ma maison afin qu'elle ne soit pas souillée par votre présence. Français, je vous ai abandonné mes deux maisons de Moscou avec des meubles valant un demi million de roubles; ici vous ne trouverez que des cendres. » Il tint parole, offrant sous un gouvernement absolu, l'exemple d'une résolution qu'on semblait ne devoir attendre que de l'exaltation républicaine, et dont la grandeur sauvage dut apprendre au conquérant ce qu'il avait à redouter. Ausurplus, on ignore jusqu'à ce moment si la pensée de cet acte décisif (qui put paraître d'abord l'ouvrage de la fureur et du désespoir, mais qui, comme le prouva l'événement, était celui d'une politique aussi profonde que hardie) fut reellement due au comte Rostopchin, ou s'il ne fut que le fidèle exécuteur des ordres qu'il avait recus. Ce qu'il y a de certain, c'est que Napoléon paraissait croire qu'il

n'était rien d'impossible à la haine et à l'audace du gouverneur de Moscou, puisque dans ses bulletins il lui attribua le projet absurde d'avoir voulu faire un ballon, qu'il lancerait plein de matières incendiaires sur l'armée française. Le général Rostopchin conserva le gouvernement de Moscou jusqu'au mois de septembre 1814; à cette époque il donna sa démission et accompagna à Vienne l'empereur Alexandre. En 1817 il est venu à Paris, où il paraît avoir l'intention de fixer désormais son séjour; et l'on n'y a pas vu sans quelque étonnement, dans celui que l'on s'était efforcé de représenter comme un féroce Vandale, l'un des hommes les plus remarquables de l'époque actuelle par la finesse et l'originalité de son esprit. Les journaux ont cité de lui grand nombre de mots qui ont fait fortune, par la justesse piquante de la pensée et le bonheur de l'expression. On croit qu'il se propose de fixer son séjour dans cette capitale, où il a marie dernièrement sa fille au petit-fils du comte de Ségur. - Son fils, capitaine dans la garde impériale russe, fit les campagnes de 1813-14 et 1815, et fut nommé chevalier de St.-Léopold par l'empereur d'Autriche, en récompense de la bravoure qu'il y avait déployée.

ROTALDE (voy. SANTIAGO. )

ROUBAUD, député à la convention nationale, était médecin au commencement de la révolution, et fut nommé en 1790, administrateur du département du Var. Elu, en 1792, deputé de ce département à la convention nationale, il y vota la mort de Louis XVI, sans appel et sans sursis, et ce fut la seule fois qu'il parut à la tribune. Il ne passa pas aux conseils législatifs après la session, et retourna dans son département. La loi du 12 janvier 1816 l'a forcé de quitter la France, s'est retiré à Bruxelles, où il continue d'exercer son art. M. Roubaud a fait représenter en 1819, sur le théâtre de cette ville, une tragédie ayant pour titre Prémislas. Quoique cet ouvrage n'ait point eu de succès et n'en méritât point, on y a remarqué des intentions tragiques et quelques beaux vers.

et il

ROUCHER (J.-A.), homme de lettres, né à Montpellier le 22 février 1745, annonça de bonne heure une vive passion pour la poésie, et quelques-unes des qualités qui assurent de grands succès

dans cette carrière, savoir beaucoup de verve, d'imagination et d'abondance, qui malheureusement ne furent pas dirigées par un goût sûr ni même par un jugement bien sain. Il se rendit à Paris, où il se fit connaître par quelques pièces fugitives, et ne tarda pas à attirer l'attention d'une manière beaucoup plus marquée par la publication de son poëme des Mois, auquel des lectures de salon donnèrent une vogue extraordinaire. qui, toutefois, ne se soutint pas à l'impression, lorsque l'examen réfléchi des littérateurs put succéder à l'enthousiasme des gens du monde. Dans cet ouvrage, Roucher s'exprimait fréquemment avec une philosophie très-hardie, et annonçait avec transport les changemens politiques que faisait pressentir dès cette époque (en 1780) la marche des esprits; aussi accompagna-t-il de tous ses vœux les premiers pas de la révolution, dont il devait être la victime, comme tant de citoyens gé néreux qui n'avaient vu dans ce grand événement que la destruction d'abus intolérables, et l'établissement d'un système plus favorable aux éternels intérêts de l'humanité. Durant le régime de la terreur, Roucher fut arrêté comme suspect, et incarcéré à St-Lazare. Pendant sa captivité il entretint une correspondance très-suivie avec sa fille, et leurs lettres furent imprimées quelque temps après sa mort, par les soins de M. Guillois son gendre. Ce recueil contient des détails intéres. sans sous plus d'un rapport. Roucher fut condamné à mort, le 9 thermidor an 2 (27 juillet 1794) par le tribunal révolutionnaire de Paris, comme complice de la prétendue conspiration des prisons. Le jour où on lui signifia son jugement, il envoya son portrait à sa femme et à sa fille avec les quatre vers suivans:

Ne vous étonnez pas, objets charmans et doux,

Si quelque air de tristesse obscurcit mon visage;

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Lorsqu'un savant crayon dessinait cette image,

On dressait l'échafaud, et je pensais à

vous.

Roucher périt avec courage, après avoir vu immoler 37 victimes du nombre desquelles était le jeune André Chénier (voy. ce nom). Ces deux littérateurs, qui depuis si long-temps s'étaient perdus de vue, et qui ne se revoyaient

qu'au pied de l'échafaud, récitèrent ces vers de la première scène d'Andromaque, dont l'expression offrait un contraste si frappant avec leur situation : Oui, puisque je retrouve un ami si fidele, etc.

Les principaux écrits de Roucher sont: les Mois, poëme en 12 chants, 1780. Cet ouvrage a été l'objet d'un long articlé dans le Cours de littérature de Laharpe, qui en a relevé les nombreux dé fauts avec son amertume et sa sagacité accoutumées, mais qui n'a pas été aussi juste à l'égard des beautés réelles par lesquelles ils sont en quelque sorte rachetés. Les autres productions de cet écrivain sont: Traduction des Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations, de l'anglais de Smith, 2 édition, 1793. - Poésies fugitives, etc. Roucher a aussi laissé manuscrits plusieurs chants d'un poëme, dont le sujet est Gustave-Wasa, arrachant la Suède à la tyrannie de Christiern. ROUCHER (J.-F.), neveu du précédent, qui habitait Bruxelles en 1818, y a fait représenter une comédie intitulée le Jeune satirique, qui a eu assez de succès, et a publié un recueil de poésies légères.

ROUCHON (HENRI), député, en 1795, par le département de l'Ardeche au conseil des cinq-cents, s'y fit remarquer par de fréquentes attaques contre les institutions propres à affermir la république, Il s'éleva, le 20 octobre 1796, contre la loi du 3 brumaire, qui excluait du corpslégistatif les parens d'émigrés. Le 18 floréal an 6 (7 mai 1798), il rendit hom-mage aux principes, en se prononçant avec force contre le projet directorial tendant à annuler une partie des choix du peuple, pour les élections de cette année, quoique ces choix fussent dans un sens opposé aux intérêts de son parti. Il osa même ajouter que l'acceptation de ce projet entraînerait la ruine de la constitution et l'asservissement des conseils. Si, ce dont nous ne doutons pas Rouchon avait raison alors, comment se fait-il que ce député, qui siége aujourd'hui (1820) au côté droit de la chambre, montre dans toutes les discussions si peu de respect pour les choix des corps électoraux, et pour la loi des élections elle-même ? Les intérêts sont changes sans doute, car les principes ne sauraient l'être. Ayant cessé de faire partie du con

une lettre insérée dans le journal fran-
çais le Constitutionnel, en date du 29
septembre 1819, qu'il allait publier un
écrit intitulé Quiberon, dans lequel il
donnerait les détails les plus fidèles sur
cette campagne si courte et si décisive,
Le caractère de M. Rouget de Lille est
un garant certain de l'exactitude de ses
récits. On a de lui: l'Hymne à l'Espé.
rance, 1796, in-8. Essai en vers et
en prose, 1796, in-8. Adelaide et
Monville, anecdote, 1797, in-8, avec fi-
gures et musique.
Chant des vengean-

-

seil des cinq-cents, M. Rouchon n'a plus exercé de fonctions législatives jusqu'en 1816. Elu denouveau, à cette époque, membre de la chambre des députés, il a été nommé depuis, avocat général à la cour royale de Lyon. La conduite actuelle de M. Rouchon jette un grand jour sur les desseins du parti qui a été vaincu au 18 fructidor an 5; elle prouve que la plupart des hommes qui, sous le voile d'une feinte modération, attaquaient alors le gouvernement directorial, songeaient beaucoup moins à améliorer la constitution de l'an 3 (1795) qu'à rétablir le trône ces, intermède, exécuté sur le Théâtredes Bourbons; ce qui n'entrait certaine-des-Arts, le 19 floréal an 4.-L'école des ment pas à cette époque dans les ins- mères, 1798 -Chant de guerre, imprimé tructions qu'ils avaient reçues de leurs chez Didot en 1800.-La Matinée, idylle, par M. R. D. L., 1818, in-8, avec musique.

commettans.

ROUGET DE LILLE (JOSEPH), né à Lons-le-Saulnier, le 10 mai 1760, était officier d'artillerie et homme de lettres à l'époque de la révolution, dont il embrassa les principes avec un généreux enthousiasme. C'est à lui qu'on dut, en 1792, les paroles et la musique de ce chant de guerre célèbre, connu depuis sous le nom d'Hymne des Marseillais, et qui retentit dans toute l'Europe pendant la guerre que la république française soutint contr'elle pour l'établissement et le maintien de son indépendance. Ce qui prouve à quel point l'amour de la patrie et de la liberté était, à cette époque, une faible recommandation auprès des tyrans, c'est que Rouget de Lille, enfermé, par leurs ordres, dans les cachots de la terreur décemvirale, ne dut la liberté et la vie qu'à la journée du 9 thermidor an 2 (27 juillet 1794). Parti, en messi dor an 3 (juin 1795), avec Tallien, que la convention venait de charger de s'op. poser au débarquement des émigrés jetes par l'Angleterre sur les côtes de l'ouest, Rouget de Lille contribua à leur défaite à Quiberon, et ne se montra pas moins intrepide sur le champ de bataille où il avait reçu d'honorables blessures, qu'ha bile à exciter les républicains aux combats et à chanter leurs victoires. Il ne demanda rien sous le directoire; et fut dans une constante défaveur auprès de Bonaparte, premier consul ou empereur. On ne sait que trop qu'héritierde la révolution,ceprince eut toujourspour systême,de repousser de cette succession tous les services qui n'avaient pas été rendus à sa personne. Rouget de Lille a annoncé par

ROUGIER-DE-LA-BERGERIE(Lebaron JEAN-BAPTISTE), né en 1759 à Bonneuil, département de l'Indre, fut représentant de la commune de Paris, en 1789. Nommé en septembre 1791, député de l'Yonne à l'assemblée législative, il y vota toujours avec les amis de la liberté. Assez heureux pour avoir échappé à la tourmente révolutionnaire, il s'était constamment occupé d'économie rurale, pendant les mauvais jours de la France. Nommé, en 1800, préfet de l'Yonne, il en exerça les fonctions jusqu'en 1811, époque à laquelle l'empereur les lui retira, parce qu'il s'y occupait beaucoup plus, dit-on, de littérature que d'administration. Depuis lors il n'a plus rempli de fonctions publiques. M. Rougier-de-la- Bergerie est auteur d'un grand nombre d'ouvrages estimés sur l'agriculture.

ROUSSELIN DE SAINT - ALBIN (OMER-CHARLES-ALEXANDRE), connu dans la révolution sous le nom d'ALEXANDRE ROUSSELIN, est né en 1775. Attaché comme chef de division au ministère de l'intérieur, sous Garat, il continua, après la démission de ce ministre, de remplir les mêmes fonctions avec Paré, qui fut destitué et arrêté lui-même à la mort de Danton, dont il avait été le maître clerc, et dont il était resté l'ami. Dénoncé comme Dantoniste par Robespierre, Rousselin fut arrêté le 6 prairial an 2 ( 25 mai 1794); enfermé à la conciergerie; traduit, le 2 thermidor suivant ( 20 juillet), au tribunal révolutionnaire, et, chose remarqua ble à cette époque de sang, acquitté, malgré toutes les considérations de l'affreuse

J

politique du moment, qui semblaient rendre sa mort inévitable. Arrêté de nouveau, le 4 thermidor, par Amar, la révolution du 9, qui rendit la liberté à la convention et à la France, le trouva dans les cachots de la conciergerie, dont le député Legendre le fit sortir. Appelé ensuite à diverses fonctions administratives, il publia, en 1797, la l'ie du general Hoche. Nommé, en 1798, secrétaire-général de la guerre, sous le ministère de Bernadotte, il fut, en 1804, envoyé, malgré lui, en qualité de consul, en Egypte, où les Anglais ne lui permirent pas s de se rendre. Revenu à Paris en 1806, Napoléon le fit arrêter comme ayant refu sé d'obéir aux ordres qu'il avait reçus. Marié en secret à Me Clémentine de Montpesat, qu'un sentiment très-vif attachait à lui depuis long-temps, et qu'une mort prématurée a enlevée à sa nombreuse famille et aux arts qu'elle cultivait avec un succès brillant, Rousselin trouva un asile en Provence, auprès de la famille de sa femme. La restauration des Bourbons mit fin à son exil. Il était à Paris au 20 mars, et comme Bonaparte montrait alors un profond oubli du passé, Rousselin fut chargé par le ministre de l'intérieur, Carnot, d'une division dans ce département. On assure que M. Rousselin de St-Albin est un des fondateurs de l'établissement de l'enseignement mutuel, et nous l'en félicitons. Il continue à vivre à Paris sans emploi. Outre la vie de Hoche, il a donné des notices sur les généraux Chérin, Marbot, Bernadotte; et l'on assure qu'il s'occupe de quelques compositions historiques sur les époques les plus modernes de l'histoire de France.

ROUX-FAZILLAC ( PIERRE ), était administrateur du département de la Dordogne, lorsqu'en septembre 1791, il fut nommé député à l'assemblée legislative, où il se fit peu remarquer. Devenu membre de la convention, il prit place à la montagne; vota la mort de Louis XVI, sans appel et sans sursis; et poursuivit sans relâche, aux époques qui précédè rent les 31 mai, 1 et 2 juin, et après ces fatales journées, ceux de ses collègues qui furent proscrits par elles. Le 14 frimaire an 2 ( 4 décembre 1793), il écrivit, de Périgueux, où il était en mission, à la convention nationale, pour lui annoncer qu'il venait de livrer à la mort l'infortuné Yzarn-de-Valady, son collè

gue, mis hors la loi, comme fédéraliste. Après la session, il fut nommé administrateur de son département, mais le directoire le destitua à l'approche des élections de l'an 6 (1798). Il entra alors, comme chef de division, au ministère de l'intérieur; perdit cette place peu de temps après le 18 brumaire an 8 (9 novembre 1799), et se retira à Périgueux. Frappé par la loi du 12 janvier 1816, il a quitté la France et s'est fixé en Suisse. On a de lui : Recherches historiques et critiques sur l'homme au masque de fer, d'où résultent des notions certaines sur ce prisonnier, 1801, in-8. — Histoire de la guerre d'Allemagne pendant les années 1756 et suivantes, entre le roi de Prusse et l'impératrice d'Allemagne et ses alliés, traduite en partie de l'anglais de Liloyd.

ROUX (LOUIS), député de la HauteMarne à la convention nationale, était connu dans cette assemblée sous le nom de Roux de la Haute-Marne. Il avait exercé autrefois les fonctions sacerdotales. Ami passionné de la liberté républicaine, il vota la mort de Louis XVI sans appel et sans sursis; fut chargé de plusieurs missions sous le regime décemviral ; et ne se fit nalle part remarquer par des violences. Après le 9 thermidor an 2, il se déclara également l'ennemi de la terreur qui venait de finir et de la réaction qui commençait. Le 30 vendémiaire ( 2 octobre 1795), il fut nommé membre de la commission des cinq, créée pour présenter des mesures de salut public. Devenu membre du conseil des cinq-cents, lors de l'organisation constitutionnelle de l'an 3 (1795), il y apporta ses principes républi cains, et entra ensuite, en qualité de souschef aux archives du département de la police-générale. Contraint de sortir de France par la loi d'exil du 12 janvier 1816, il s'était retiré à Huy, royaume des PaysBas. Il est mort en cette ville, le 22 septembre 1817.

ROUX DE LABORIE (voy. LABORIE.) ROUYER (JEAN-PASCHAL), député à la convention nationale, était maire de Béziers (Languedoc ) lorsqu'il fut nommé, par le département de l'Hérault, membre de l'assemblée législative. Il s'y fit remarquer par de vives dénonciations contre tous les ministres, mais particulièrement contre MM. Bertrand de Molleville, ministre de la marine, qu'il fit décréter d'accusation; de Lessart, mi

nistre des affaires étrangères; de Narbonne, de la guerre; Duranthon, de la justice, etc. A peine Rouyer eût-il été elu membre de la convention, qu'il embrassa un système beaucoup plus sage. Il s'attacha au côté droit, et vota constamment avec lui. Son opinion, dans le procès de Louis XVI, fut semblable à cellede Mailhe.Energiquementopposé aux attentats des 31 mai, 1 et 2 juin, il fut décrété d'arrestation dans cette dernière journée, et d'accusation, le 3 octobre suivant. Mis hors la loi, il envoya un mémoire justificatif de sa conduite. Rappelé dans le sein de l'assemblée, le 21 ventôse an 3 ( 11 mars 1795), il fut, après la session conventionnelle, nommé général de brigade et membre du conseil des cinqcents, où il s'occupa principalement de la marine et des colonies. Resté sans fonctions, sous les gouvernemens consulaire et impérial et au retour de Bonaparte, en mars 1815, Rouyer n'en a cependant pas moins reçu l'ordre de quitter la France. Atteint depuis long-temps d'une maladie incurable, il est mort à Bruxelles, le 220ctobre 1819,peu de temps après avoir reçu l'autorisation de rentrer dans sa patrie. La droiture de ses intentions et son obligeance lui ont assuré une place dans le sauvenir et les regrets de ceux qui l'ont connu.

ROVERE (JOSEPH-STANISLAS Comte DE), n'appartenait pointà l'illustre maison des Rovère de St.-Marc, quoiqu'il en eût la prétention. Il se maria avec une demoiselle de Clarel, dont il fut bientôt veuf après avoir dissipé sa fortune. Officier des gardes du pape à Avignon, il suivit un instant le parti royaliste. Lors des premiers troubles de la France, il parut au camp de Jalès; mais il l'abandonna bientôt, et se jeta avec une sorte de frénésie dans la faction avignonaise qui se rendit coupable des plus horribles excès. Forcé de fuir pendant quelque temps, il reparut avec plus d'audace, et fut porté, en septembre 1791, à l'assemblée législative. Pour obtenir les voix des électeurs il leur prouva qu'il était petit-fils d'un boucher, et fut en effet nommé député par le département de Vaucluse. Réélu à la convention nationale par le même département, l'homme de la Glacière prit place à la montagne ; vota la mort de Louis XVI, sans appel et sans sursis; fut nommé membre du co

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mité de sûreté générale le jour même de la mort de ce prince; prit la part la plus active aux attentats des 31 mai, 1 et 2 juin; fut chargé de diverses missions à Sens, dans les Bouches-du-Rhône, à Lyon, dans le Gard; et fit maire de Nîmes un nommé Courbis, surnommé le Marat du midi, et le plus exécrable scélérat du pays. Adjoint à Barras, au 9 thermidor, dans le commandement de la force armée, Rovère changea tout-à-coup de systême et de conduite, et se précipita dans les rangs des réacteurs royaux. Son parti attribua cette défection subite à un second mariage qu'il venait de contracter avec une dame veuve d'Agoult. Le 1er pluviose an 3 (20 janvier 1795), il fut nommé président de la couvention, et prononça, le lendemain, jour anniversaire de la mort de Louis XVI, un discours où l'on reconnaissait tout l'embarras d'un transfuge converti. Elu membre du comité de sûreté générale, le 15 prairial an 3 ( 3 juin 1795), il ne tarda pas à s'y montrer aussi violent dans les nouvelles opinions qu'il venait d'embrasser, qu'il l'avait été dans les premières; et tous les partis s'accordèrent à le couvrir de haine et de mépris. Vivement dénoncé par le franc et courageux Louvet, comme vendu à l'étranger que celui-ci l'accusait de n'avoir cessé de servir sous tous les masques, Rovère sor tit du comité de sûreté générale aussitôt après les événemens du 13 vendémiaire an 4; fut arrêté sur la demande de Louvet, comme complice de la rebellion sec tionnaire, et remis en liberté par décret. Elu membre du conseil des anciens, il s'y voua entièrement à la faction clichienne, dans l'intérêt des Bourbons; entra, dans les jours qui précédèrent le 18 fructidor an 5, dans la commission conspiratrice dite des inspecteurs de la salle; fut compris, le 19 de ce mois, dans la liste de dé portation, et embarqué à Rochefort, bord de la Vaillante. Il est mort à Synamary le 11 septembre 1798.

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ROY (ANTOINE), né le 5 mars 1764, à Savigny en Champagne, est avocat depuis 1785. Jouissant d'une immense fortune, qu'il doit à un grand nombre d'opérations sur des biens nationaux, alternativement acquis et vendus par lui, il fut constam→ ment méprisé de Napoléon, auprès duquel ses richesses ne purent jamais obtenir grace, quel que fut son penchant à favoriser exclusivement quiconque était

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