eru devoir, en cette qualité, ne pas courir les chances de montrer une opinion en faveur de la loi des élections, lorsque cette loi a été attaquée dans les chambres et défendue par les ministres, à la fin de 1818, ses concitoyens ne l'ont pas jugé digne d'être leur représentant;il doit néanmoins se trouver aujourd'hui (janvier 1820), fort dédommagé de cette disgrace; car il est probable que s'il eût voté alors avec le ministère de la fin de 1818, il serait destitué, maintenant, par le ministère de la fin de 1819. Au reste, quelqu'insignifiant que soit ce personnage, le choix qui a été fait de lui a dû paraître un bienfait, si l'on se rappelle les maux auquel Lyon avait été livré sous l'administration de son prédécesseur Defargues, dont le nom, justement placé à côté de ceux des Canuel, des Chabrol et de leurs complices, rappelle aux infortunés Lyonnais l'une des plus déplorables époques de leur histoire. cause des malheurs de l'état, et l'une de leurs feuilles (le Journal des hommes libres) exprima une violente indignation contre le directoire qui lui avait témoigné qu'il était satisfait de son administration. Dénoncé avec une fureur nouvelle par un grand nombre d'adresses, conjointement avec les ex-directeurs Merlin, Treilhard, Reveillère-Lépeaux, Rewbell, le ministre Scherer et le commissaire Rapinat, dans la séance du 21 messidor an 7 (9 juillet 1799), Ramel sortit du ministere le a thermidor (20 juillet), le même jour que Talleyrand. Sans fonctions sous les gouvernemens consulaire et impérial, Ramel ne reparut sur la scène politique qu'en mai 1815, époque à laquelle il fut nommé préfet du Cal vados. Le second retour des Bourbons ne tarda pas à le priver de ses fonctions. Frappé quelques mois après par la prétendue loi d'amnistie du 12 janvier 1816, M. Ramel s'est retiré à Bruxelles, où le barreau l'a admis au nombre de ses membres. On a de lui : Des finances de la république française en l'an 9, 1801, in-8. — Du change, du cours des effets publics et de l'intérêt de l'argent, 1807, in-8; 1810, in-8.-Plusieurs Mémoires sur les finances. RAMEL-DE-NOGARET, député du tiers-etat de la sénéchaussée de Carcas sonne aux états-généraux, siégea au côté gauche de cette assemblée, et s'y occupa principalement d'objets de finance. Il reclama, en 1789, la conservation des divisions territoriales, et la motiva sur l'excellente organisation duLanguedoc.Ildemanda la division des départemens en deux districts,et vota l'adoption du régime municipal. Député de l'Aude à la convention nationale, il y vota la mort de Louis XVI sans appel et sans sursis; fit décréter la translation à Paris, de son collègue Bris sot, arrêté à Moulins, lorsqu'il se rendait en Suisse; s'opposa à l'arrestation des Anglais; attesta la falsification attribuée à Fabre-d'Eglantine, du décret relatif à la compagnie des Indes; et présenta, quelques jours plus tard, une nouvelle rédaction de ce décret. En janvier 1795, il fut envoyé en mission en Hollande. Elu membre du conseil des cinq. cents, lors de l'organisation constitution nelle de l'an 3, il s'occupa des mêmes objets que dans la convention. C'est à lui que l'on doit la proposition vraiment nationale, mais qui n'a reçu son exécution que sous le régime impérial, de terminer le palais du Louvre. Nommé, le 25 pluviose an 4 (14 février 1796), ministre des finances, en remplacement de Faypoult, les ultra-révolutionnaires l'accusérent dans leurs libelles, d'être la RAMEL, maréchal-de-camp, fils d'un procureur de Cahors, entra au service à l'age de quinze ans ; et obtint, à la fin de 1792, le grede d'adjudant-général. Quoiqu'il eût, jusqu'alors, peu servi aux armées et toujours d'une manière assez obscure, il obtint, en 1797, le commandement des grenadiers de la garde du corps législatif. Engagé par Brottier, Duverne-de-Presle et La Villeheurnois à faire servir ses troupes au rétablissement de la royauté, il feignit de s'unir à eux; demanda à voir le plan et les instructions d'après lesquels ils agissaient, et les fit arrêter au moment où ils se rendaient chez Malo (voy. ce nom). Cette conduite lui valut un décret portant qu'il avait bien mérité de la patrie. Cependant, soit que naturellement porté à servir les Bourbons, la crainte seule l'eût décidé à trahir ceux dont il avait paru embrasser la cause; soit que d'autres considérations l'eussent déterminé plus tard à servir ce parti, il se lia, peu de temps après, avec la faction de Clichy, et fut dénoncé par le général Jourdan, alors député de la HauteVienne, comme signataire d'une lettre adressée aux inspecteurs de la salle, sur l'existence d'un parti qui voulait renverser la constitution. Justifié par Dumolard, il s'unit de plus en plus à la faction clichienne; fut abandonné par ses soldats, arrêté et désarmé par eux dans la journée du 18 fructidor an 5 (4 septembre 1797), et compris dans les listes de déportation du 19. Transporté à Cayenne avec Pichegru, Willot et les autres proscrits, il s'échappa avec eux; passa en Angleterre, où il fut bien accueilli par le duc de Portland et M. Wickam; et fut inscrit sur la liste des émigrés par ordre du directoire. Rappelé en France par le gou. vernement impérial, il y fut employé comme adjudant commandant chef de l'état-major de la 1re division de l'armée de Portugal. Ayant ouvertement embrassé la cause des Bourbons, lors de la restauration de 1814, il fut nommé maréchalde-camp le 25 novembre de la même an née. Il commandait à Toulouse, lorsqu'à la fin d'août 1815, il fut assassiné par des brigands royalistes, avec des raffinemens de barbarie qui font frémir. Echappé un moment aux poignards de ses bourreaux, on l'avait transporté, percé de coups et mourant, dans son lit. Les monstres forcèrent les portes de sa maison, et vinrent lui arracher, aux cris de vive le roi, le reste de vie que leur férocité lui avait laissé. Son corps fut haché en morceaux. Connus, arrêtés, et mis en jugement, ces exécrables assassins, dignes de mille morts, ont été condamnés, sous la terreur royale de 1815, à des peines correctionnelles très-légères. C'est ainsi que se rendait la justice à cette époque épouvantable, que certains minisres, devenus tout-puissans par le 19 novembre 1819 (*), paraissent avoir résolu de rendre à la France, sur les débris de la charte constitutionnelle. RAMOND (Le baron Louis - FRANÇOIS-ELISABETH), né à Strasbourg le 4 jan. vier 1755, fut long-temps attaché au cardinal de Rohan, en qualité de conseiller tintime. Il était gendarme de la garde du roi au moment où la révolution éclata. Député de Paris à l'assemblée législative, il y défendit avec une inébranlable et courageuse persévérance la constitu (*) Renvoi des ministres constitutionnels Dessoles, Gouvion de St-Cyr et le baron Louis. tion qu'il avait jurée; et mérita ainsi l'estime de tous les sincères amis de la liberté. Dans la discussion relative aux émigrés, il reconnut que la confiscation devait frapper tous ceux qui prendraient les armes contre la France, mais il soutint en même temps, avec l'approbation de tous les gens de bien, que les autres devaient jouir du droit qui appartient à tout homme de transporter sa personne et ses propriétés où bon lui semble. Le 29 octobre 1791, il parla avec force en faveur des prêtres insermentés; insista sur la nécessité de laisser libre l'exercice de tout culte, et demanda qu'on les salariat tous. Le 27 mars 1792, il fit, au nom du comité diplomatique, un rapport sur l'état des relations de la France avec l'Espagne, et obtint, le 31 mai, un décret en faveur des prisonniers de guerre. Le 23 du même mois, il défendit de nouveau les prêtres insermentés, et s'éleva contre la tyrannie qu'exerçaient sur eux quelques autorités départementales. Le 29, il parla contre le projet de licencier la garde du roi. Le 28 juin, il embrassa la defense du genéral La Fayette qui était venu demander justice à l'assemblée des attentats commis le 20 du même mois contre le trône constitutionnel, et déclara qu'il partageait tous les principes contenus dans la petition de ce général citoyen, auquel il donna le premier le nom de Fils aîné de la liberté, qui lui est resté depuis, et qu'il justifie si noblement par toute sa conduite. Proscrit après le 10 août, Ramond eut le bonheur d'échapper aux échafauds de 1793-94; devint, après la terreur, professeur d'histoire naturelle à l'école centrale des Hautes-Pyrénées; fut appelé, en mars 1800', au corps-législatif par le sénat; et fut nommé membre de l'institut le 24 février 1802. Il siégea au corpslegislatifjusqu'en 1806, époque à laquelle il passa à la préfecture du Puy-de-Dome, qu'il administra avec talent et intégrité jusqu'en 1814. Il a été nommé par le roi, en août 1815, maître des requêtes en service ordinaire, section des finances; et en 1818, conseiller-d'état en service extraordinaire. Il paraítrait, d'après la table alphabétique du Moniteur, que la Biographie de MM. Michaud aurait confondu M. Ramond, député à l'assemblée législative, avec M. Ramond de Carbonnières, de l'académie des scien ces, section de minéralogie et l'un des physiciens de nos jours qui ont porté le plus loin la théorie de la mesure de la hauteur des montagnes par le baromètre. Ce dernier publia, en 1789, sous le titre d'Observations faites dans les Pyrénées pour servir de suite à des observations faites sur les Alpes, un intéressant ouvrage en 2 vol. in-8. En 1801, ›l fit imprimerun Voyage au mont Perdu. En 1812, un Mémoire sur la formule barométrique de la mécanique céleste, parut sous le même nom. Dès 1781, M. Ramond, qui fait l'objet de cette notice, avait publié à Paris : Lettres de M. Wil lum Coxe à M. William Melmoth, sur l'etat politique, civil et naturel de la Suisse, traduites de l'anglais; et en 1791, Opinion sur les lois constitutionnelles, leurs caractères distinctifs,leur ordre naturel, leur stabilité relative, leur revision solennelle, in-8. Etrangers à la France et n'ayant pas, en ce monent, les moyens nécessaires pour éclaireir le point de discussion élevé entre le Moniteur et les frères Michaud, nous engageons les bibliographes, à s'assurer, en lisant cet article, s'il y a , l'assure la biographie Michaud, contre Passertion du Moniteur, identité entre ces deux personnages. comme RAMPON (Le comte ANTOINE-GUILLAUME, lieutenant-général, né le 16 mars 1759, à St-Fortunin, entra au service comme simple soldat le 14 mars 1775; fit la campagne de 1792 en Italie, en qualité de lieutenant; passa, au mois de février 1793, à l'armée des Pyrénées, et y obfint le grade d'adjudant-général chef de bataillon sur le champ de bataille de Villelongue, le 5 octobre 1793. Nommé général de brigade le 14 du même mois, il fut fait prisonnier par les Espagnols le 24 janvier 1794, et ne recouvra sa liberte qu'à la conclusion de la paix. Employé à l'armée d'Italie, sous le général Bonaparte, le général Rampon s'y signala les 10 et 15 avril 1796, aux batailles de Montenotte et de Millésimo. A la journée de Montenotte, il défendait la redoute de Montelezino avec 1600 hommes. Le général autrichien Beaulieu après avoir forcé le centre de l'armée française, arriva en personne à la tête de 15,000 hommes devant cette redoute, et en forma l'attaque. Le général Rampon, au milieu du feu le plus vif, fit jurer à sa troupe de mourir plutôt que d'abandonner son poste. Trois fois l'ennemi revint à la charge, et trois fois il fut repoussé. Le général Rampon soutint sa reputation à Roveredo le 18 fructidor an 4 (4 septembre 1796), et dans la campagne de l'an 5 (1797), il était un des généraux commandant l'avant-garde, lorsque l'armée d'Italie passa l'Isonzo, les Alpes Juliennes, et envahit la Carinthie, la Styrie et la Carniole. I alla ensuite combattre en Suisse sous les ordres du général Brune, et fit partie de l'expédition d'Egypte. A la bataille des Pyramides, il commandait les grenadiers qui abordèrent avec tant d'impétuosité les retranchemens des Turcs, et soutinrent les charges réitérées des Mamelouks. Envoyé à la conquête de la Syrie, il intra le premier à Suez; soumit la province d'Alfi ckhely; commanda la droite de l'armée à la bataille du MontThabor; fut promu pendant cette expédition au grade de général de division; revint combattre à Aboukir, à Héliopolis, et fut chargé, par le général Kléber, du commandement des provinces de Damiette et de Maussourah, formant le sixième arrondissement de l'Egypte. Après la capitulation d'Alexandrie, dont il avait commandé le camp retranché pendant le siége, le général Rampon s'embarqua pour la France et arriva à Marseille en novembre 1801. Il était encore en Egypte lorsqu'il fut nommé sénateur. A son retour en France, il fut fait grandofficier de la légion-d'honneur, et chargé, en 1803, d'aller présider le collége électoral de l'Ardèche. Il obtint peu de temps après la sénatorerie de Rouen. En 1805, il fut nommé commandantgénéral des gardes nationales du Pasde-Calais, du Nord, de la Lys et de la Somme, dont il organisa les compagnies disponibles. A la nouvelle du débarquement des Anglais dans l'île de Walcheren en 1809, il réunit toutes ces gardes nationales et les dirigea sur Anvers pour y former un camp de défense, dont le prince de Ponte-Corvo (Bernadotte), prit le commandement en chef. Le général Rampon fut renvoyé de nouveau en Hollande en 1813. II se renferma dans Gorcum, à la fin de cette année; y résista vigoureusement et ne se rendit qu'à la dernière extrémité. Créé pair de France comme an cien sénateur, le 4 juin 1814, le comte Rampon fut fait, par Bonaparte, membre de la chambre impériale de Paris, organisée par ce prince à son retour de l'ile d'Elbe, et envoyé dans la quatrième division militaire, en qualité de commis saire extraordinaire. Ces deux circons tances lui ont fait retirer la pairie lors du second retour des Bourbons; mais il est permis de s'étonner qu'elle ne lui ait pas été rendue par les ordonnances des 5 mars et 21 novembre 1819. Le général comte Rampon passait pour un des plus intrépides officiers-généraux de l'armée française, quand l'armée française existait encore ! RANDOLPH (JOHN), membre du congrès américain pour la province de Virginie, et l'un des hommes d'état les plus considérés des Etats-Unis, s'est fait constamment remarquer à la tête de l'opposition, et a surtout traité avec une extreme sévérité les actes du gouvernement de M. Madisson (voy, ce nom.) En 1806, il combattit dans un long discours la motion faite par M. Gregg de prohiber l'importation des manufactures britanniques, en déclarant que cette mesure attirerait inévitablement aux EtatsUnis une guerre qu'ils n'étaient pas en état de soutenir. En 1809 il se prononça avec force contre l'embargo, et chercha à jeter d'avance de la défaveur sur les opinions de M. Madisson, dont il prévoyait l'élection à la présidence. A la fin de 1815, il adressa à l'un des représentans de Massachusset une lettre dans laquelle il s'efforçait de prouver aux habitans de la Nouvelle Angleterre, combien il serait impolitique et dangereux de se séparer de l'Union. «La guerre actuelle, disait il, est sans doute contraire à tous les vœux des vrais Américains; un gouvernement tel que celui de M. Madisson est une malédiction pour notre pays; mais il faut se rappeler que ce n'est pas en nous divisant que nous pourrons lui arracher une paix honorable. » En janvier 1816, M. Clay ayant présenté comme un motif pour la continuation des taxes existantes, les relations peu amicales qui existaient entre l'Espagne et les EtatsUnis, Randolph se leva, et demanda que le comité se mít en devoir d'obtenir des renseignemens officiels sur des sujets si graves, et présentés d'une manière si extraordinaire ; ce qui mit l'orateur du gouvernement dans la nécessité de déclarer qu'il n'avait parle que d'après le bruit public. Le 29 février de la même année, il fut résolu, sur la motion de M. Randolph, « de charger un comité de s'enquérir du trafic inhumain et illégal d'esclaves qui avait lieu dans le district de Columbia, et de faire son rapport sur les mesures nécessaires pour y mettre fin.>> En général, l'éloquence véhémente et fougueuse de M. Randolph, et son caractère prononcé, l'ont rendu un antagoniste très-dangereux pour le gouvernement. RAOUL (L. V.), né en 1771, à Poincy (Seine-et-Marne), après avoir achevé sa philosophie au collège d'Harcourt, à Pa ris, fut nommé, en 1790, par la voie du concours, professeur de rhétorique au collège de Meaux. En 1793, la réquisition l'ayant forcé de se rendre aux armées, il partit comme simple volontaire, et par une particularité remarquable, ses élèves l'accompagnèrent. Il ne tarda pas à être promu au grade de quartier-maitre-général de la seizième demi-brigade de ligne. Ayant quitté l'état militaire en 1797, il devint, au bout de deux ans chef d'école secondaire, et bibliothécaire de la ville de Meaux. En 1810, il reprit ses anciennes fonctions de professeur de rhétorique au collège de cette ville. En 1817,il fut appelé, sur sa réputation littéraire, à venir occuper la même place à l'athénée de Tournay, où ilne demeura pas long-temps, ayant été nommé la même année professeur de belles-lettres à l'université de Gand. M. Raoul a publié : Satires de Juvenal, traduites en vers français, 1811, 2 vol. in-8; 1815, in-8; 1817, Tournay, in-8. Chacune de ces deux dernières éditions contient des corrections faites avec le plus grand soin. Cette traduction est un des ouvrages les plus distingués dans ce genre, qui exis. tent dans la langue française. L'énergie et la fougueuse véhémence du satirique latin y sont reproduites avec une rare fidélité. L'on doit admirer surtout le talent avec lequel le traducteur, sans défigurer ni même affaiblir son texte, a su rendre des passages (nombreux dans cet écrivain ), dont la crudité ne pourrait que révolter la délicatesse française. M. Raoul a aussi publié une traduction en vers des Satires de Perse, 1812; 2o édition, 1817; travail dans lequel il a triom phé, avec le même bonheur, de difficultés peut-être non moins grandes, quoique d'une nature toute différente. Enfin, il a fait paraître, en 1817, une traduction des Satires d'Horace. Il est en outre auteur de plusieurs pièces diverses, parmi lesquelles on remarque les nouveaux embellissemens de Paris, 1811.-Epitre à M. Etienne sur la comédie des deux Gendres, 1812. M. Raoul est un des rédacteurs du Mercure belge, journal politique et littéraire qui paraît à Bruxelles. RAPINAT, né en Alsace et beau-frère du directeur Rewbell, fut envoyé par lui en Suisse à l'époque de l'invasion de ce pays en 1797, et y exerça de si odieuses concussions que son nom en a acquis une célébrité à-la-fois révoltante et ridicule. Rappelé par la crainte d'un soulèvement général, les caisses helvétiques lui servi rent ensuite à faire l'acquisition des plus belles propriétés. L'épigramme suivante courut alors sur Rapinat, dont il faut avouer que le nom était d'ailleurs un véritable tresor pour la malignité: Un bon Suisse que l'on ruine, Voudrait bien que l'on décidát Si Rapinat vient de rapine Ou rapine de Rapinat. RAPP (Le comte JEAN), lieutenant-général de cavalerie, né en Alsace, le 26 avril 1772, entra au service le 1er mai 1788. Il fit avec le général Desaix, dont il était aide-de-camp, les campagnes d'Allemagne et d'Égypte. Après la mort de ce général, à Marengo, Bonaparte, auquel il annonça cette funeste nouvelle, le retint auprès de lui dans la même qualité. Chargé, en 1802, d'annoncer aux Suisses l'intervention de la France dans leurs troubles civils, il somma le général Bachmann et les insurgés de Berne de suspendre les hostilités; fit, peu de jours après, évacuer Fribourg, qui avait été enlevé durant l'armistice; força la diète de Schwitz à s'expliquer catégoriquement sur ses propositions; et obtint qu'elle accéderait à la médiation. Le sénat de Berne, alors imitateur servile des lâches complaisances du sénat de Paris, s'empressa d'en. voyer, aussitôt après, une députation pour remercier le général Rapp d'une interven tion qui anéantissait l'indépendance helvétique et l'asservissait au systême consulaire. En novembre, le général Rapp arriva à Coire, dont il cita devant lui le petit conseil, et força la municipalité à se dissoudre. De retour à Paris, il accom pagna le premier consul dans son voyage de la Belgique, en 1803; et partit de là pour s'assurer de l'état des bords de l'Elbe, afin d'y élever des redoutes. Il fut élu au mois de mai 1805 candidat au sénat par le collége électoral du Haut-Rhin. Il suivit l'empereur Napoléon en Allemagne lors de la reprise des hostilités contre l'Autriche et se distingua par une valeur brillante à la bataille d'Austerlitz. A la tête de deux escadrons des chasseurs de la garde, il ordonna, très à propos, une charge audacieuse contre la garde impériale russe, et la mit en déroute. Il fit,'de sa propre main, le prince Repnin prisonnier; et fut nommé général de division le 24 décembre 1805. Employé en 1806 et 1807 au commandement d'un corps de dragons, il se signala le 29 décembre au combat de Golymin, où il fut blessé; fut installé le 2 juin 1807, après le départ du maréchal Lefebvre,gouverneur général de Dantzig; et quitta ce poste en août 1809. Il reçut de la part des habitans une épée magnifique en témoignage de leur estime et de leur reconnaissance. Pendant la campagne de 1812, il eut sous ses ordres la division hollandaise Daendels, et se fit remarquer par sa bravoure et ses talens militaires en plusieurs rencontres, particulièrement le 27 octobre, au combat de Maloïaroslavetz, où il eût un cheval tué sous lui. Après les désastres de cette campagne, il se jeta dans la place de Dantzig, où il avait trente mille hommes de garnison sous ses ordres, et y développa tous les moyens de défense, toutes les ressources du génie et du courage pendant un siége rigoureux, qui ne dura pas moins d'un an. Obligé enfin de capituler, faute de vivres, et après avoir perdu par une cruelle épidémie les deux tiers de sa garnison, il fut conduit prisonnier à Kiow en Russie.Revenu en France au mois de juillet suivant,il y fut accueilli avec la reconnaissance due aux braves qui n'avaient pas cessé d'honorer les armes françaises, et créé, le 23 du même mois, grand cordon de la légion-d'honneur. En mars 1815, Rapp fut chargé du commandement du 1er corps d'armée pour s'opposer aux progrès de Napoléon; mais l'enthousiasme de la France et la défection unanime de l'armée, ayant rendu toute résistance impossible, le général Rapp ne se rappela plus que ses anciens sermens et se rangea sous les aigles de Napoléon qui lui confia |