prince eut formé le projet de porter atteinte à l'indépendance de la nation espagnole, et de placer sur sa tête la couronne de Charles IV, le duc de Rovigo fut l'un des principaux instrumens de cette grande injustice. Chargé de déterminer la famille royale à quitter Madrid pour se rendre à Vittoria, où son entrevue avec l'empereur devait d'abord avoir lieu, il s'acquitta de cette commission avec adresse et sang-froid, et ne montra pas moins d'intelligence que de courage, dans une position aussi difficile, pour faire réussir les criminels projets de l'empereur. Ce fut encore lui qui, peu d'heures après l'arrivée de Ferdinand, à Baïonne, alla lui annoncer que Napoleon ne pouvait le reconnaître pour roi. Après le départ du grand-duc de Berg (Murat ), qui venait d'être élevésur le trône de Naples, le duc de Rovigo prit le commandement des troupes françaises en Espagne; mais il ne dirigea aucune des grandes opérations militaires qui eurent lieu dans ce malheureux pays, et fut promptement rappelé en France, où l'empereur lui réservait dès-lors le portefeuille de la police générale, qu'il avait résolu de retirer au duc d'Otrante. Ce fut le 3 juin 1810, que le duc.de Rovigo fut appelé à ces nouvelles fonctions, dont il faisait, ainsi qu'on l'a vu plus haut, depuis long-temps l'apprentissage. S'il ne porta pas au même de gré, dans ce nouveau poste, tous les avantages que des antécédens de tout genre, une tête plus fortement organisée et une longue expérience des hommes et des choses dela révolution, réunissaient dans son prédécesseur; s'il fut trop souvent chargé de l'exécution d'ordres violens ou injustes; s'il écouta plus souvent son dévouement aveugle aux volontés de l'homme qui avait pris sur lui, par sa gloire, sa puissance, et surtout par ses bienfaits, un ascendant auquel il était si difficile de résister; s'il porta le fanatisme de l'obéissance à un point que rien ne saurait excuser, il faut avouer, du moins, qu'il ne mérita jamais les horribles imputations par lesquelles l'esprit de parti s'est efforce de le livrer à la haine publique, et qu'au milieu de cette foule d'actes illégaux et révoltans dont se compose l'administration de la police d'état, et dont plus qu'aucun autre, peut-être, le règne de Napoléon a donné le funeste et contagieux exemple, il serait impossible d'en citerun seul qui appartînt en propre à la volonté du duc de Rovigo. Triste et faible excuse, sans doute, mais que la justice ne nous permet pas d'omettre.Quoi- ! que la surveillance qu'il exerçait fut severe et très-active, elle ne put néanmoins prévenir le danger extraordinaire et imminent auquel l'exposèrent, le 23 octobre 1812, lors de la conspiration de Mallet, la sottise et l'ignorance de ses subordonnés, et particulièrement celles du préfet de police Pasquier, le premier, le plus inepte et le plus présomptueux de ses agens, entre les mains duquel résidaient tous les moyens d'observation, d'information et d'exécution. L'imprévoyance et l'incapacité de cet homme furent ce jour-là sur le point de produire dans l'état une révolution dont les conséquences sont hors de tout calcul, parce que les conjurés, d'ailleurs hommes de résolution et de courage, mais dont les noms sans célébrité n'offrant aucune garantie, ne pouvaient, selon nous, que produire une convulsion passagère, mais non opérer d'une manière durable, dans le gouvernement, le grand changement qu'ils se proposaient. Arrêté dans son lit à sept heures du matin, par les généraux Laho rie et Guidal, détenus quelques heures auparavant dans les prisons et auxquels des ordres simulés venaient de rendre la liberté, le duc de Rovigo dut la vie au général Lahorie, son ancien camarade, et fut conduit à la Force, où avait déjà été amené le préfet de police Pasquier; mais sa détention ne dura quequelques heures. Cette étrange aventure prêta beaucoup à rire, mais elle n'altéra ni l'affection de l'empereur pour son ministre, ni sa confiance en lui; une lettre de ce prince exprima seulement son mécontentement; mais lorsque les faits furent bien éclaircis, ce mécontentement retomba tout entier sur le stupide préfet, que, par un aveuglement inexplicable, et cédant sans doute à sa destinée, l'imprudent Napoléon s'obstina à maintenir dans une place que tout Paris le proclamait incapable de remplir. Le duc de Rovigo fut du nombre des ministres qui, lors de la reddition de Paris, en 1814, ac. compagnèrent à Blois l'impératrice MarieLouise. Il se rendit ensuite à Orléans, où il quitta cette princesse. Rentré dans la vie privée après la chute du trône impérial, il revint à Paris, et se retira dans terre de Nainville, d'où il vint quelquefois à la cour des Bourbons, qui, néanmoins, ne l'employèrent point. Lors que Bonaparte revint de l'ile d'Elbe, il ne rappela point le duc de Rovigo au ministerede la police, pour lequel l'opinion publique désignait le duc d'Otrante; mais il lui rendit l'inspection générale de la gen darmerie, et le nomma, le 2 juin suivant, membre de la chambre des pairs. A la seconde abdication de Napoléon, le duc de Rovigo, cédant à un généreux sentiment de reconnaissance, voulut s'attacher à son infortune, et l'accompagna à Rochefort. Transporté avec lui à bord du vaisseau le Bellerophon, on refusa de le comprendre parmi les individus qui eurent la permission de suivre ce prince à Sainte-Hélène. Au mépris du droit des gens, et sans que rien pût légitimer une rigueur aussi odieuse, le duc de Rovigo fut conduit à Malte et enfermé avec le genéral Lallemant, le colonel Mercher et quelques autres compagnons d'infortune, dans le fort Lavalette; là, malgré les avis que lui donnaient les officiers anglais eux-mêmes, ignorant qu'il avait été porté sur la liste de proscription du 24 juillet 1815, et ne pouvant se persuader les excès de vengeance et de fureur par lesquels la faction de l'émigration signalait son 'second retour, il ne cessait de réclamer des juges. Ce fut dans les premiers mois de 1816 qu'il apprit le sort déplorable de l'infortuné prince de la Moskwa ( Ney). Cette nouvelle apporta un grand changement dans ses résolutions. Décidé à demander des juges, il ne l'était pas à se livrer à des bourreaux. Ayant enfin réussi à s'échapper de Malte, dans la nuit du 7 au 8 avril 1816, il s'embarqua sur un navire qui faisait voile pour l'Archipel, et aborda à Smyrne le 18 du même mois. Il écrivit de nouvelles lettres pour solliciter son juge ment; adressa l'une d'elles au duc de Feltre, alors ministre de la guerre, et reçut un an après, pour toute réponse, l'arrêt qui l'avait condamné à mort le 24 de cembre 1816. Après une année de séjour à Smyrne, inquiété, poursuivipar les agens de la diplomatie française, qui lui suscitaient partout des ennemis, il chercha et trouva un asile dans celle de l'étranger; s'embarqua pour se rendre dans les états autrichiens sur un bâtiment de cette na tion qui faisait voile pour Trieste, et aborda dans cette ville le 1er mai 1817. Il y demanda asile, et reçut pour résidence la ville de Gratz, en Styrie, où la protection de l'empereur d'Autriche mit fin aux persécutions dont il était l'objet depuis si longtemps. Après avoir écrit de nouveau à son ancien préfet de police, Pasquier, devenu garde-des-sceaux, sans en avoir obtenu de réponse, il reçut la plus précieuse de toutes les consolations; la duchesse sa femme, accompagnée de sa fille aînée, se rendit auprès de lui en août 1817. Après quelque temps d'une réunion aussi chère, toutes deux repartirent pour la France, chargées des nouvelles sollicitations du duc pour obtenir de purger sa contumace. Une personne éminente lui répondit « qu'il n'était pas temps de s'exposer au jugement de certains hommes; que la rage y était encore; qu'au reste, il devait y avoir une loi de rappel. A la réception de ces lettres, le duc retourna à Smyrne en juin 1818, sous l'assurance que lui donna la légation autrichienne, au nom du gouvernement français, qu'il n'y serait plus inquiété. La prudence de sa conduite devait ajouter à sa sécurité, lorsque l'insolente agression d'un jeune officier de la marine française lui ayant donné lieu de craindre de nouvelles persécutions, il se détermina à s'embarquer sur un vaisseau anglais qui se rendait en Angleterre, où il arriva en juin 1819. Là, après de vives inquietudes et les insinuations, plusieurs fois renouvelées et rejetées, de se rendre à Hambourg, le duc de Rovigo prit toutà-coup la résolution de venir en France; sollicita de l'ambassa de française des passe-ports qui lui furent refusés; par tit de Londres sans eux; s'embarqua à Douvres le 4 décembre 1819; prit terre à Ostende; passa par Bruxelles, où il acheta une voiture, et vint descendre dans son hótel, à Paris, le 17 décembre; de sorte que le gouvernement apprit à la fois et son départ de Londres et son arrivée dans la capitale. Des juges lui ayant été aussitôt accordés, un conseil de guerre présidé par le lieutenant-général comte Damas, qu'il faut bien se garder de confondre avec le Damas émigré, s'assembla le 27 décembre, et l'acquitta à l'unanimité, après trois quarts d'heure de déliberation, sur les memes faits pour lesquels il avait été condamné à mort trois ans auparavant!.. En se félicitant d'un tel résultat, il est impossible de ne pas reporter ses regards sur le passé, et de ne pas son ger avec une douleur profonde, que si Ney, Labédoyère, Mouton-Duvernet, Chartran, les frères Faucher et tant d'autres, se fussent soustraits aux premiers effets des vengeances et des fureurs des hommes qui osent, aujourd'hui, se désigner impudemment comme les seuls monarchiques, la France n'aurait pas d'éternelles larmes à verser sur la cendre encore fumante de quelques-uns de ses plus intrépides défenseurs, coupables d'un instant d'égarement. Et puisque nous avons cité le nom d'un illustre maréchal, qu'il nous soit permis de rappeler les belles et touchantes paroles par lesquelles l'éloquent défenseur du duc de Rovigo (M. Dupin), qui avait été aussi celui du prince de la Moskwa, terminait, le 27 décembre 1819, un discours qui avait profondément ému tous les cœurs: «Quant à moi, messieurs, puisque la providence a permis que je défendisse le premier et le dernier des noms inscrits sur une liste fatale: puisse la voix unanime qui acquittera celui-ci, consoler les månes de l'autre. Puissé-je voir aujourd'hui le terme de tant de funestes procès, et désormais n'avoir plus à prêter le secours de ma toge à ces braves qui, pendant si long-temps, prêtèrent à la patrie le secours héroïque de leur vaillante épée. » Le bruit s'est répandu il y a deux ans que le duc de Rovigo avait publié les mémoires qu'il avait composés pendant sa captivité à Malte; mais il a nié cette publication dans uue lettre adressée à l'ambassadeur de France à Vienne. S'il est certain que les matériaux d'un tel ouvrage ne manquent ni au duc d'Otrante ni à lui, il ne l'est pas moins que des considérations personnelles et d'ordre public ne permettront de long. temps à l'un et à l'autre de ces ministres d'en faire usage. SAVOIE-ROLLIN (Le baron JACQUESFORTUNAT), ancien avocat - général au parlement de Dauphine, né à Grenoble vers 1765, n'a point été en évidence dans le cours des événemens politiques qui agitèrent la France pendant les dix premières années de la révolution. Nommé en décembre 1799 membre du tribunat, il appuya, en 1800, le projet de fermer la liste des émigrés. Il se prononça ensuite pour le nouveau mode d'élection accordé au peuple par le projet sur la formation des listes de notabilité. En mai 1802, il combattit l'institution de la légion d'hon neur, comme contraire à l'égalité et tendant à établir la hiérarchie politique que la révolution avait renversée, et que voulait recréer Napoléon, occupé des-lors à ramener la France au pouvoir absolu. M. Savoie-Rollin, cédant à une conviction nouvelle, adopta bientôt d'autres idées, et vota dans le tribunat, séance du 12 floréal an 12 (2 mai 1804), pour que la puissance impériale héréditaire, fût dévolue à Napoléon Bonaparte et à sa famille. Savoie-Rollin fut nommé ensuite l'un des substituts du procureur général impérial près la haute-cour; préfet de l'Eure en juillet 1805; et passa, le 21 mars 1806, à la préfecture de la Seine-Inférieure, en remplacement du conseiller-d'état Beugnot. En 1812, un receveur des octrois, le sieur Branzon, qui depuis a joué un role dans l'affaire du faux dauphin Mathurin Bruneau, ayant été condamné pour des soustractions importantes des fonds de sa caisse, M. Savoie-Rollin fut accusé de les avoir tolérées, et destitué par un décret impérial. Traduit devant la cour de Paris, les chambres assemblées l'acquittèrent honorablement, et l'empereur, cédant à sa propre conviction, et à l'opinion publique qui proclamait hautement la violence injuste qui avait frappé Savoie-Rollin et l'innocence de ce magistrat, lui rendit sa confiance et le nomma préfet des Deux-Nethes, place que celui-ci conserva jusqu'à l'invasion des alliés. Il n'occupa aucunes fonctions après la première restauration, Au mois d'avril 1815, il fut nommé par Bonaparte préfet du Rhône et ensuite de la Côte-d'Or; mais il refusa cette place. Après le second retour des Bourbons, il fut nommé président du collége électoral du département de l'Isère, et élu par lui membre de la fameuse chambre de 1815, dans laquelle il vota toujours avec la minorité constitutionnelle. L'ordonnance du 5 septembre 1816 ayant prononcé la dissolution de cette chambre factieuse, il fut réélu par le même département à la nouvelle assemblée, et y vota le plus souvent avec la majorité ministérielle, sans rien perdre toutefois de la noble indépendance de son caractère. On put en juger le 30 janvier 1817, lorsque le ministère proposa, sur la presse, un projet de loi qui devait donner naissance à d'interminables procédures. « Messieurs, » dit M. Savoie-Rollin, en terminant un dis Cours dans lequel il s'etait prononcé contre le projet de loi, « je finis par un vœu que je crois être celui de toute la France: liberté de la presse, répression de ses abus, jugement par jurés. » Un tel vœu place à jamais celui qui l'a formé parmi les plus honorables défenseurs des droits du peuple de l'ordre et de la liberté. M. Savoie-Rollin a été réélu, en 1819, député de l'Isère à la chambre des deputes, avec Mr Français de Nantes, Sapey et Grégoire. L'exclusion de ce dernier de Ja chambre des députés, quelles qu'aient été dans d'autres temps ses opinions politiques, est un de ces attentats qui ne sauraient être expliqués ni justifiés sous le régime d'une charte constitutionnelle dont une des principales dispositions (article 11), interdit formellement toute recherche des votes et des opinions émis dans le cours de la révolution. Fidèle aux principes qu'il a professés dans tous les temps, mais auxquels il a cru sans doute que certaines circonstances devaient apporter quelques modifications, M. Savoie-Rollin vote constamment avec les amis de la liberté constitutionnelle. SAVORNIN (MARC-ANTOINE), député à la convention nationale par le département des Basses-Alpes, où il est né, vota, dans cette assemblée, la mort de Louis XVI, avec l'amendement de Mailhe, et se déclara contre l'appel et contre le sursis. Après la session, il passa au conseil des cinq-cents. La loi d'exil du 12 janvier 1816 l'a forcé de quitter la France. SAXE (CHRISTOPHE), savant antiquaire et philologue, est né en 1714 à Eppendorf, près de Chemnitz en Saxe. Il fit ses études à Leipzig, arriva en Hollande en 1746, fut nommé, en 1752, professeur extraordinaire d'antiquités et de belleslettres à l'université d'Utrecht, et ensuite, en 1755, reçu parmi les professeurs ordinaires de cette université, où il enseigna l'histoire, les antiquités et l'éloquence avec un grand succès, jusqu'en 1806, époque de sa mort, arrivée le 3 mai, lorsqu'il avait atteint sa 92 année. Il a publié lui-même, dans le 8° volume de son Onomasticon litterarium (Nomenclature littéraire), p. 24, une notice sur sa vie et ses nombreux écrits, parmi lesquels on distingue l'ouvrage qu'on vient de nommer, ouvrage dont l'utilité et le mérite sont généralement reconnus et auquel les journaux littéraires, tant étrangers que nationaux, ont dans le temps payé le tribut d'éloges auxquels il a plus d'un titre. Il nous paraît cependant que le savant professeur d'Utrecht n'a pas toujours rendu aux auteurs classiques de la France, tels que Voltaire, Racine, Rousseau, Diderot, d'Alembert, et autres, la justice qui leur était due; leurs articles ne sont pas traités avec l'exactitude et les développemens qu'il observe ordinairement à l'égard d'un grand nombre de littérateurs qui ont composé en latin, et dont le mérite est sans doute bien inférieur à celui de ces écrivains immortels. Le premier volume de ce livre parut à Utrecht en 1775, in-8, et le 8, qui est le dernier, en 1803. Les autres ouvrages du professeur Saxe se rapportent pour la plupart aux antiquités tant nationales qu'étrangères; on en trouve l'énumération complète dans la Nomenclature litteraire sus-mentionnée. Son éloge de Duker (Laudatio C. A. Dukeri), se recom. mande par la plus pure latinité : c'est un mérite qui est commun aux autres écrits de cet auteur; mais on regrette de n'y point trouver les grâces du style et l'élégance qu'on admire dans les ouvrages de ses collègues les professeurs Ruhnkenius et Wyttenbach. (voy. ces noms). SAY (JEAN-BAPTISTE), né à Lyon en 1767, vint s'établir à Paris dans les premiers temps de la révolution, et s'y occupa de l'étude des lettres. Plus tard, il devint un des fondateurs de la Décade philosophique, feuille hebdomadaire connue par la douce philosophie et la libéralité de ses doctrines; mais à la rédaction de laquelle il renonça plus tard. Nommé en décembre 1799, membre du tribunat, il combattit, en 1800, la taxe pour l'entretien des routes. En janvier 1801, on le vit célébrer les triomphes de l'armée d'Orient et les avantages de l'expédition d'Egypte. Il fut nommé, en 1804, à la place de direc. teur des droits-réunis de l'Allier, mais il ne l'accepta pas, ne voulant rien recevoir de celui qu'il regardait comme l'oppresseur de son pays. M. Say, dont un des principaux ouvrages a été accueilli très favorablement en Russie a été nommé en 1817, membre de l'académie impériale de St-Pétersbourg, et chevalier de St-Wladimir. Il a publié : Nouveau voyage en Suisse par HélèneMarie Williams, traduit de l'anglais 1798, 2 vol. in-8; 1802, 2 vol. in-8. Olbie, ou Essai sur les moyens de réfor mer les mœurs d'une nation, 1800, in-8. Traité d'économie politique, ou Simple exposition de la manière dont se forment, se distribuent et se consomment les richesses, 1803, 2 vol. in-8; 1814, 2 v. in-8; 3e édition, 1817; traduit en espagnol par M. Gutterez, en 1816. Cet ouvrage, ainsi que l'un des suivans ( Catéchisme d'économie politique ), a donné à M. Say, dans son pays comme à l'étranger, la réputation d'un des économistes les plus distingués de l'Europe. - De l'Angleterre et des Anglais, 1815, in-8, 2o et 3° édition, 1816, in-8. Catechisme d'économie politique, 1815, in-8. Cet ouvrage n'a pas été moins bien reçu en Angleterre qu'en France. Petit volume, contenant quelques aperçus des hommes et de la société, 1817, in-12; 2 édition, 1818. C'est une des productions les plus remarquables de l'auteur. On y trouve les principes les plus sages, joints à plusieurs pensées ingénieuses et rendues d'une manière piquante. - De l'importance du port de la Villette, 1818, Des canaux de navigation dans l'état actuel de la France, 1818, in-8. SAY (Louis), né à Lyon vers 1775, frere puiné du précédent, et d'Horace Say, tué au siége de St-Jean-d'Acre, a publié à Paris, en 1818: Principales causes de la richesse et de la misère des peuples, in-8. in-8. l'expulsa de sa chaire. M. Scarpa ne perdit rien pour cela de sa consideration; l'estime et la confiance publiques lui procurèrent d'amples dédommagemens. Exerçant son art en simple particulier, et avec autant de charité envers les pauvres que de dignité envers les riches, il consacrait encore au travail du cabinet les loisirs que lui laissait l'exercice de sa profession. Il publia dans ce temps-là un excellent ouvrage sur les maladies des yeux, et de très-profondes et très-judicieuses observations sur l'anevrisme. Napoléon s'étant fait couronner à Milan, en 1805, visita une partie de son royaume et vint à Pavie, où il se fit présenter les professeurs de l'université; M. Scarpa, qui ne l'était plus depuis 1796, ne pouvait se trouver parmi eux. « Où est donc le docteur Scarpa?» s'écria le nouveau monarque. On lui répondit en balbutiant ce qu'il n'ignorait pas, c'est-à-dire, la cause de la destitution de ce professeur. « Eh! qu'importent le refus du serment et les opinions politiques? » répliqua-t il noblement, « le docteur Scarpa honore l'université et mes états. » Scarpa fut en conséquence prié de rentrer dans l'université; son âge déjà avancé et ses travaux ne l'empêchérent point d'étre encore d'une extrême utilité aux jeunes élèves qui la fréquentaient Ils le suivaient avec autant de vénération que d'exactitude quand il allait faire ses observations et ses démonstrations dans les hôpitaux de Pavie. Ami de la,bonne littérature, il a montré par le style de ses ouvrages, que dans ce genre-là seul, il aurait pu obtenir de grands succès. La France ne connaît pas encore tous les ouvrages sortis de la plume du docteur Scarpa; mais ceux qu'elle admire et qu'elle consulte avec toute l'Europe, sont cités dans toutes les bibliogra phies, comme étant d'un grand prix. Ce sont: Anatomicæ disquisitiones de auditu et olfactu, in-fol. avec fig., Pavie, 1789, et Milan, 1793. Tabula nevrologica, grand in fol. Pavie, 1794. Cet ouvrage est fort estimé. Saggio di osservazioni e d'esperienze sulle principali malattie degli occhi, in-4, Pavie 1801; traduit en français par M. Léveillé, sous ce titre Mémoires de physiologie et de chirurgie-pratique, Paris, 1804, in-8. · Riflessioni ed osservazioni anatomico-chirurgiche sull'anevrisma, Pavie, 1804, grand in fol. avec fig.; trad. SCARPA (ANTOINE), célèbre médecin-chirurgien, naquit en Lombardie vers 1746. La réputation que lui avaient fai te ses connaissances et ses opérations, était déjà répandue dans toute l'Italie et même dans le reste de l'Europe, à l'époque de la révolution francaise. Avant que cette révolution eût pénétré dans sa patrie, il avait publié deux ouvrages du plus grand mérite, l'un sur l'ouïe et l'odorat; l'autre contenant une description de tous les nerfs du corps humain. Quand Bonaparte eut, en 1796, créé la république cisalpine, et que le directoire exécutif de ce nouvel état exigea un serment de tous les fonctionnaires publics, M. Scarpa, attaché aux institutions existantes, refusa de prêter ce serment. Sans égard pour son grand savoir, pour ́les éminens services qu'il avait rendus, et sans considérer l'utilité de ses leçons dans l'université de Pavie, dont il soutenait l'ancienne renommée, le directoire |