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es me passé une pa tie de sa jeunesse en Angle

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bons, on a vu Tallien excepté des mesures inconstitutionnelles et rigoureuses qui ont banni les votans. Mais cette fois, le gouvernement s'est honoré luimême par le soin qu'il a pris de faire connaître que c'était au nom de la France, reconnoissante du salut d'un si grand nombre de ses enfans, qu'il accordait une faveur spéciale au libérateur du 9 thermidor; faible faveur, néanmoins, et qui, sans assurer à Tallien les moyens d'exister honorablement dans sa patrie, donne lieu à la continuation des soupçons injurieux élevés depuis long-temps contre lui.

TALMA (FRANÇOIS - JOSEPH), l'un des plus grands acteurs tragiques dont s'homore la scène française, est né à Paris, le 15 janvier 66. Son père, dentiste céle bre, ayant ete se fixer à Londres, l'avait laissé en France, dans une pension, pour y commencer une éducation élémentaire. Il n'avait encore que dix ans lorsque l'invincible penchant qui l'entraînait au théa tre se manifesta de la façon la plus originale; le préfet du college où il étudiait, avait composé une tragédie, intitulée Ta merlan, dans laquelle le jeune Talma avait à rendre compte de la mort du héros de la pièce;il s'identifia tellement avec le personnage qu'il était chargé de représenter, qu'arrive au passage le plus touchant de son récit, il fut suffoqué par ses sanglots et ne put continuer. On le porta hors de la scène; on s'efforça de lui démontrer que tout ce qui venait de se passer n'était qu'une illusion; tout fut inutile; il était inconsolable, et le temps seul put apaiser cette douleur, Lorsque ses premières études furent terminées, son père vint le chercher et l'emmena à Londres pour y achever son éducation. Quelques jeunes Français l'ayant invité à se réunir à eux pour jouer de petites comé dies françaises, la nouveauté de ce spectacle leur attira un concours nombreux de spectateurs distingués, entr'autres le prince de Galles aujourd'hui roi d'Angleterre. Dès lors Talma, quoique fort jeune, se faisait tellement remarquer par piquante originalité de son jeu, que des personnages considérables, parmi lesquels on comptait lord Harcourt, insistèrent vivement auprès de son père, afin de déterminer celui-ci à destiner son fils à la scène anglaise. Cette proposition paraissait d'autant plus convenable,qu'ayant

la

passé une partie de sa jeunesse en Angleterre, Talma parlait l'idiome anglais avec une extrême correction et avec le plus pur accent national. Cependant des intérêts de famille et des circonstances particulières l'ayant ramené à Paris, il y fit connaissance avec quelques personnes qui l'excitèrent à tirer parti de ses dispositions. Il suivit pendant quelque temps les classes de l'école royale de déclamation, sous la direction de Molé et de Dugazon, et ne tarda point a obtenir un ordre de début. Il parut, pour la première fois, sur le théâtre français, le 27 novembre 1787, dans le rôle de Seïde. Encouragé par les justes et nombreux applaudissemens qui avaient accueilli ses débuts, Talma, devenu plus confiant en lui-même, par ses premiers succès, résolut de les rendre durables par de nouvelles études, et de se donner, en quelque sorte une seconde éducation. Il rechercha avec empressement et cultiva avec fruit la société des gens de lettres, des peintres, des sculpteurs, et les connaissances qu'il y puisa le mirent à même de se créer une méthode toute nouvelle. Enfin, malgré les préventions d'un public, à qui toutes les innovations déplaisent, qui est esclave de ses habitudes, et que la supériorité de son talent n'avait point subjugué encore, Talma réussit, au milieu de tous les genres d'obstacles qui lui étaient opposés, a opérer dans le costume, la révolution qu'avaient essayée vainement Lekain, Mile Clairon et Mme Saint-Huberti. Le premier, il fit voir une véritable toge romaine, dans la tragédie de Brutus. Cette apparition excita, comme on devait s'y attendre, une surprise générale parmi des spectateurs accoutumés aux manteaux de satin, aux culottes jarretées, aux talons rouges, et aux tresses flottantes des héros de la fable et même de l'histoire. Après les premières representations de la tragé die de Charles IX, dans laquelle Talma était chargé du rôle de Charies, une députation d'évêques s'étant rendue chez le roi pour demander que, d'après le mouvement extraordinare qu'avait produit cet ouvrage parmi le peuple, la représentation en fut défendue, Louis XVI avait eu la faiblesse d'accéder à cette réclamation; mais Mirabeau qui ne partageait pas l'indulgente sollicitude de ces évêques en faveur des bourreaux de la Saint-Barthélemy, dit à Talma: « Je ferai deman

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