ici. L'Angleterre était le seul pays où, par la nature même du gouvernement et des institutions, le duc d'Orléans trouvait la possibilité de vivre dans un profond isolement des affaires de la France. Bien que l'exil volontaire qu'il s'imposait lui fût pénible, il se trouvait heureux de n'être pas complice, par sa présence, des sanglantes mesures qui allaient marquer l'époque de la seconde restauration. Toujours Français, quoique constamment, proscrit par les diverses factions qui déchiraient sa patrie, il ne pouvait cesser de l'être lorsqu'il était certain d'y laisser de vifs regrets et les plus honorables souvenirs. Ce n'était pas une chose nouvelle, que de voir une classe d'émigrés combattre dans les rangs des ennemis de la France; mais cette place ne pouvait convenir à ce Jui des descendans d'Henri IV, qui, héritier du nom et des sentimens de ce grand homme, l'était aussi de sa haine pour l'in tervention étrangère (*). Un instant d'er reur de la part du duc d'Orléans, dans ces circonstances difficiles, eût flétri pour jamais une carrière si noblement commen cée ; il sut s'en défendre, et retourna en Angleterre, vers le milieu du mois d'août. Ayant appris, peu de temps après, que le roi venait d'autoriser tous les princes à prendre séance dans la chambre des pairs, il n'hésitá point à faire une tentative nouvelle, pour faire connaître à la France ses principes et ses opinions, et revint à Paris, à la fin de septembre 1815, au moment où le ministère du prince de (*) Nous n'ignorons pas que des reîtres et des Anglais formaient une partie de l'ar mée d'Henri IV; mais qui ne sera pas frappé de la différence des temps et des interêts? Ces étrangers combattaient sous les ordres d'Henri et pour sa querelle; ils étaient dans les rangs des Français, les Français n'étaient pas dans les leurs ; et d'ailleurs, on sait qu'à cette époque, le malheur d'appeler les étrangers, comme auxiliaires, était commun aux deux partis. Quant aux émigrés de 1789, s'il fût resté quelque chose de français dans Jeur ame, un an de révolution, la dédaigneuse pitié des puissances étrangères, J'opinion de l'Europe, n'auraient-ils pas dû suffire pour leur apprendre que les seuls auxiliaires dont ils n'eussent pas àrougir, étaient dans les provineesde l'Ouest de la France ? et Talleyrand et du duc d'Otrante venait d'être dissous, et remplacé par celui du duc de Richelieu. L'occasion qu'il désirait ne tarda pas à se présenter; la question qu'il s'agissait de traiter était, à·lafois, importante et délicate. On avait próvoqué en septembre, de la part de ces mêmes colleges électoraux qui venaient d'élire la chambre ardente de 1815, des adresses au roi dans la plupart desquelles on demandait ce que, dans le langage du temps, on appelait l'épuration des administrations et le chátiment des coupables, ou, en d'autres termes, ces proscriptions et ces vengeances qui, pendant près de deux années, ont couvert la France de délateurs, de cours prévôtales et d'échafauds, mais n'ont pas eu, toutefois, heureusement pour elle et pour l'humanité, un cours aussi étendu que se le promettaient leurs auteurs. La chambre des pairs entendit la lecture d'une de ces productions furibondes, dans une séance des premiers jours d'octobre 1815. Un projet d'adresse au roi, concerté d'avance entre ceux des chefs de la faction qui avaient un accès plus libre au pavillon de Marsan et contenant l'expression de ce vou barbare, fut proposé, au même instant, à la chambre. Un vif débat s'enga gea à ce sujet. Le duc d'Orléans s'opposa avec une grande énergie à ce que la chambre se déshonorât par l'émission d'un tel vou. Il s'efforca de faire sentir combien il était injuste et impolitique; et demanda la suppression absolue du paragraphe où il était énoncé. Qui le croirait ? Cette proposition généreuse, fortement appuyée par le marquis Barbé-Marbois et les comtes Lanjuinais, de Tracy, et quelques autres, mais combattue avec une sorte de fureur par les sanglans régénérateurs de la France fut écartée par la question préalable; et la majorité de la chambre des pairs, celle-là même dont l'ordonnance du 5 mars 18rg a fait justice (*), decida que la France serait désor (*) Nous serions loin d'approuver l'emploi d'un tel moyen (qui, du reste, n'a rien d'inconstitutionnel en soi, puisqu'il n'est que l'exercice de la prérogative royale) si le gouvernement français arrivait au point de le considérer comme une ressource disponible pour se rendre maître de la majorité de la chambre des pairs. Nous aimons à croire que sa sagesse et mais soumise à la législation des bour reaux. Les détails de cette séance, la seule, depuis la restauration, dans laquelle on eût pu juger des principes et des opinions des princes de la maison de Bourbon, furent à l'instant connus du public, et produisirent une impression tellement prompte, unanime et profonde, que, dès le lendemain, il fut défendu aux journaux de rendre compte, et du discours du duc d'Orléans,et de ceux dans lesquels les chefs de la faction de l'émigration armée, exhumant toutes leurs haines et toutes leurs vengeances, croyaient avoir répondu, par quelques phrases banales et usées, à des principes d'éternelle justice et de sage politique. L'issue de ce débat; l'impossibilité de lui donner la publicité dont l'ame du duc d'Orléans avait besoin; les défiances de la cour, qui semblaient s'accroître à son égard en proportion de l'estime publique, eurent bientôt fait sentir à ce prince l'inutilité de ses efforts, et il se détermina à retourner immédiatement en Angleterre, où il avait Jaissé sa famille, afin d'y attendre que le temps eût calmé la frénésie contre laquelle il ne pouvait ni lutter, ni manifester désor mais sa désapprobation, autrement que par son absence. Le duc d'Orléans ayant quitté la France après le débat dont nous venons de rendre compte, les autres princes, qui ne pouvaient se faire illusion sur le discrédit dans lequel ils étaient tombés après la manifestation, au moins impruden te. qu'ils avaient faite de leurs principes, furent assez bien conseillés pour s'abstenir d'assister aux séances de la chambre des pairs, pendant le reste de la session. Ce ne fut qu'en novembre 1816. à l'ouverture de la session nouvelle et pendant que le duc d'Orléans était encore en Angleterre, que le roi autorisa, de nouveau, les princes à siéger dans la chambre des pairs; mais il limita expressément cette autorisation à ceux d'entr'eux qui étaient actuellement en France, excluant formellement par-là, le duc d'Orléans qui n'y était point. Rentré dans sa patrie vers les premiers jours de 1817, époque à laquelle les bienfaits de l'ordonnance du 5 septembre de l'année précédente commençaient son intérêt, sauront en régler l'usage. Dans les circonstances où le gouvernement l'a employé, nous n'hésitons pas à reconnaître qu'il a sauvé la France. à peine à se faire sentir, mais où, du moins, il était permis de croire que le courage d'exprimer le vœu national ne serait plus regardé comme un acte factieux, ce princese disposait à user, dans la chambre des pairs, du droit le plus précieux de son rang, celui de faire entendre les plaintes du peuple et de défendre ses intérêts auprès du trône; mais cette année, ainsi que les suivantes (1818 et 19), le roi n'ayant pas jugé à propos de renouveler l'autorisation sans laquelle les princes de sa famille et de son sang ne peuvent siéger parmi les pairs, cette autorisations'est trouvée, comme elle l'est maintenant encore, révoquée de plein droit. En nous interdisant toute réflexion sur l'usage fait par le monarque constitutionnel de la France, des droits qui lui sont conférés par la charte, nous ne croyons pas devoir garder le même silence sur les bruits qui circulèrent à Paris, lors du départ du duc d'Orléans pour l'Angleterre, en 1815, et de son retour en France, en 1817. On prétendit, à la première de ces époques, que le départ précipité de ce prince n'avait point été volontaire, et que la concurrence, dans la chambre des pairs, d'un rival aussi constitutionnel, aussi français, mais surtout aussi éminemment en rapport avec tous les intérêts nationaux que l'était le duc d'Orléans, avait paru beaucoup trop redoutable aux princes de la branche aînée des Bourbons, qui, nous devons l'avouer, ne se sont jamais mis fort en peine de la soutenir au même titre. Ces bruits qui étaient dénués de tout fondement, mais qu'il est de notre devoir de rappeler comme document historique, se fortifièrent lorsqu'au retour du duc d'Orléans, on vit le roi ne pas renouveler l'autorisation qu'il avait, pendant l'absence de ce prince, accordée à Monsieur et à ses fils, de prendre rang parmi les pairs; et nous conviendrons, avec la méme franchise, que, quelle que fût la cause de l'erreur qui avait affermi le public dans l'opinion qu'il avait précédemment conçue, la conduite que la cour a tenue depuis à l'égard du duc d'Orléans, dans toutes les circonstances d'un grand intérêt politique, n'a jamais été de nature à l'en faire changer. En effet, il serait difficile, pour quiconque a quelque habitude du cœur humain, de considérer autrement que comme un calcul adroit et peut-être comme le résultat d'um plan profondément perfide, toutes ces démonstrations extérieures d'affection et de confiance, qu'affectent de prodiguer à ce prince certains grands personnages qui, des l'instant de leur retour, n'ont cessé de travailler à rendre plus épais et plus indestructible, le mur, élevé depuis trente ans entre eux et le peuple français. Nous le répétons: de telles démonstrations manquent presque toujours leur but, parce qu'elles cachent maladroite ment le projet de tromper le public par de feintes apparences, et de faire supposer l'existence d'un accord de principes et d'une intimité, démentis d'avance par les antécédens de toutes les époques. Quoi qu'il en soit, depuis l'instant où le duc d'Orléans a, probablement pour toujours, abandonné l'Angleterre et fixé sa résidence en France, ce prince a acquis à Neuilly, une maison de campagne où il passe presque toute la belle saison, occupé de l'éducation de sa nombreuse famille, qu'il élève dans les sages principes qui ont fait la règle de toute sa vie, et à laquelle il ne peut offrir de meilleures leçons que sa conduite. Les journaux français ont annoncé, en octobre 1819, que le jeune duc de Chartres, agé de 9 ans, fils aîné de M. le duc d'Orleans, allait suivre cette année le cours de sixième au collège d'Henri IV; puisse cet exemple trouver un grand nombre d'imitateurs parmi les familles destinées à l'honneur de gouverner les peuples, car c'est seulement ainsi que l'humanité pourra espérer de voir s'élever un jour des générations de princes citoyens. ORLEANS (Marie-Amélie, duchesse d'), fille de Ferdinand IV, roi des Deux-Siciles, et de Marie Charlotte Louise de Lorraine, archiduchesse d'Autriche, est née à Caserte, le 26 avril 1782. Cette princesse, enqui l'éducation développa de bonne heu re le germe des plus solides vertus, partagea, dès l'âge de 16 ans, les malheurs qui frapperent sa famille,forcee,par l'invasion française, de se retirer en Sicile. En 1800, elle accompagna dans les états autrichiens, la reine sa mère, qui fit ce voyage dans l'intention de procurer des avantages politiques au roi son époux, et des établissemens àses trois filles cadettes qui n'étaient pas encore mariées. Mme la duchesse d'OrJeans était la seconde de ces trois soeurs. Revenue à Naples, en 1802, avec sa famille, la mort de la grande-duchesse de Toscane l'une de ses sœurs, et le départ de sa sœur chérie la princesse Marie-Antoinette, qui partit pour l'Espagne où elle épousa le prince des Asturies (aujour. d'hui Ferdinand VII (*), plongèrent la princesse dans une profonde mélancolie; l'éloignèrent des plaisirs de son âge, et fortifièrent en elle les qualités précieuses, qui, maintenant, font le charme et le bonheur de tout ce qui l'entoure. Elle vivait dans la retraite, donnant son temps à la lecture et aux douceurs de la vie do mestique, lorsque le débarquement des Russes et des Anglais dans le golfe de Naples, attira sur ce royaume toutes les forces des Français, commandées par Massena. A l'approche de l'armée française, les troupes étrangères, trop faibles, s'em. barquèrent précipitamment, et le roi se retira en Sicile, où sa famille le suivit peu de jours après. C'est là que la princesse Marie-Amélie, ayant connu M. le duc d'Orléans, que de longs malheurs, ou plutôt la plus heureuse destinée avait amené en Sicile (voy. l'article précédent), leur union fut arrêtée. Long-temps différée par les affaires d'Espagne elle fut enfin conclue, à Palerme, le 25 novembre 1809. De retour en France, après les événemens qui, en 1815, ont rétabli la maison de Bourbon sur le trône, madame la duchesse d'Orléans y a montré le modèle des vertus les plus aimables et les plus attachantes. Toute Française par le cœur, l'esprit et les manieres, cette princesse doit reconnaître de plus en plus, aux sentimens qu'elle inspire aux Français, qu'elle n'a fait que changer de patrie. ORLÉANS (Louise - Marie - Adelaide de Bourbon Penthièvre, duchesse douairière d') née le 13 mars 1753, et mariée le 5 avril 1769, à Louis – Philippe – Joseph duc d'Orléans, est fille du duc de Penthièvre, mort le 4 mars 1793, et mère du duc d'Orléans actuel. Cette princesse, également recommandable par ses vertus et ses malheurs, habite Paris. ORLEANS (Eugénie Adélaïde - Louise), Mademoiselle d'Orléans, sœur de M. le duc d'Orléans, née le 23 août 1777, a partagé une partie des malheurs de son frère, auquel elle n'est pas moins unie par les nœuds de l'affection la plus ten (*) Cette princesse qui, par ses graces et son amabilité, avait réussi à se faire cherir en Espagne, y est morte malheureusement en 1806. lution. » Insulté et menacé par une mul. titude furieuse, en sortant de la séance du 8 août, où il venait de prononcer, avec l'immense majorité de l'assemblée, qu'il n'y avait pas lieu à accusation contre le général La Fayette, lequel était venu, naguères, protester au nom de son armée, contre les attentats du 20 juin précédent, dès le lendemain il dénonça ces outrages à l'assemblée, avec la véhémence la plus énergique. Sous le règne de la terreur, M. Quatremère fut prisonnier pendant treize mois, et il serait difficile d'expliquer par quel phé. nomène il a échappé aux échafauds de cette sanglante époque. Elu en fructidor an 3 (août 1795), président de la section de la Fontaine-de-Grenelle, il se déclara l'un des principaux chefs de l'in surrection du 13 vendémiaire an 4 (5 novembre 1795), et fut condamné à mort par contumace, le 25 vendémiaire an 4 (18 octobre), par le conseil militaire du Théatre-Français, pour avoir provoqué à la révolte contre la convention. L'in. dulgence du gouvernement ferma les yeux sur son évasion. Il reparut en 1796, à une époque où cette indulgence etait de générée en faiblesse, et fut acquitté, en juillet de la même année, par un jury qui déclara qu'il n'y avait point eu de rebellion en vendémiaire. Devenu, en 1797, membre du conseil des cinq-cents, il crut sa conscience intéressée à servir la cause royaliste qu'il avait défendue en 1792; et, sans examiner jusqu'à quel point les temps et les intérets étaient changes, il se prononça avec force contre l'autorité et les institutions républicaines, et fut porté sur les listes de déportation des 18 et 19 fructidor an 5 (4 et 5 septembre 1797). Il eut le bonheur de se soustraire à cette nouvelle proscription, et fut rappelé en décembre 1799, par le gouvernement consulaire. Nommé en 1800, membre du conseil-général du département de la Seine, il fut ensuite appelé à l'institut pour la classe d'histoire et de littérature ancienne (académie des inscriptions et belles-lettres). Il fut nommé, en 1814, officier de la légion-d'honneur, et chargé, en mai 1816, de la rédaction du Journal des Savans, pour la partie des beaux-arts. Voici la liste des ouvrages publies par M. Quatremère de Quincy. Mémoire sur cette question: Quel fut l'état de l'architec ture chez les Egyptiens? et qu'est-ce que les Grecs en ont emprunté? couronné par l'académie des inscriptions en 1783.— Considérations sur les arts du dessin en France, suivies d'un plan d'académie ou d'école publique, et d'un sys téme d'encouragement, 1790, in -8 Suite, 1791, in 8.-Seconde suite, 1791, in-S.-Dictionnaire d'architecture ( dans l'Encyclop. méthod.), 1795 et suivantes, vol. et demi in-4.-Leures sur les préjudices qu'occasionneraitaux arıs et à la science le déplacement des monumens de l'art, de l'Italie, 1796, in-S. De l'architecture égyptienne considérée dans son origine, ses principes et son goût, et comparée, sous les mêmes. rapports, à l'architecture grecque, dissertation qui a remporté, en 1787, le prix proposé par l'académie des inscriptions et belles-lettres, 1803, in-4.-Le Jupiter olimpien, ou l'art de la sculpture antique en or et en ivoire, 1814, in-fol. -Considérations morales sur la destination des ouvrages de l'art, 1815, in-8.. On doit encore à cet académicien plusieurs mémoires intéressans sur différens sujets. QUEYSEN (GUILLAUME), né à Zwolle, le 31 mai 1754. Après avoir fait de bonnes études à l'athénée de Deventer et à l'université de Leyde, il reçut ses grades, en droit en 1773, en soutenant une these de Mandato delicto. Il exerça ensuite la profession d'avocat, et fut nommé menbre du conseil municipal de Zwolle, place. qu'il occupa jusqu'en 1787, époque à laquelle il donna sa démission pour aller vivre en simple particulier à la campagne. Nommé, au commencement de l'an 1795, membre des états de sa province, il fut peu de temps après, député par ce corps d'état à l'assemblée des états-généraux puis membre du comité qui remplaça le conseil-d'état. M. Queysen, élu député à la première convention nationale, s'y distingua par ses sentimens modérés et ses lumières, et devint un des membres de la commission chargée de la rédaction d'un projet de constitution. Réélu pour la seconde convention nationale, il siégea dans le comité des affaires étrangères, jusqu'au mois de février 1798. C'est vers ce temps que le parti révolutionnaire, alors dominant, le suspendit de ses fonctions et le fit conduire à Hoorn, ville de la NordHollande, où il resta comme prisonnier plan profondément perfide toutes ces démonstrations extérieures d'affection et de confiance, qu'affectent de prodiguer à ce prince certains grands personnages qui, des l'instant de leur retour, n'ont cessé de travailler à rendre plus épais et plus indestructible, le mur, élevé depuis trente ans entre eux et le peuple français. Nous le répétons: de telles démonstrations manquent presque toujours leur but, parce qu'elles cachent maladroite ment le projet de tromper le public par de feintes apparences, et de faire supposer l'existence d'un accord de principes et d'une intimité, démentis d'avance par les antécédens de toutes les époques. Quoi qu'il en soit, depuis l'instant où le duc d'Orléans a, probablement pour toujours, abandonné l'Angleterre et fixé sa résidence en France, ce prince a acquis à Neuilly, une maison de campagne où il passe presque toute la belle saison, occupé de l'éducation de sa nombreuse famille, qu'il élève dans les sages principes qui ont fait la règle de toute sa vie, et à laquelle il ne peut offrir de meilleures leçons que sa conduite. Les journaux français ont annoncé, en octobre 1819, que le jeune duc de Chartres, agé de 9 ans, fils aîné de M. le duc d'Orleans, allait suivre cette année le cours de sixième au collège d'Henri IV; puisse cet exemple trouver un grand nombre d'imitateurs parmi les familles destinées à l'honneur de gouverner les peuples, car c'est seulement ainsi que l'humanité pourra espérer de voir s'élever un jour des générations de princes citoyens. ORLEANS (Marie-Amélie, duchesse d'), fille de Ferdinand IV, roi des Deux-Siciles, et de Marie Charlotte Louise de Lorraine, archiduchesse d'Autriche, est née à Caserte, le 26 avril 1782. Cette princesse, enqui l'éducation développa de bonne heu re le germe des plus solides vertus, partagea, dès l'âge de 16 ans, les malheurs qui frapperent sa famille,forcee,parl'invasion française, de se retirer en Sicile. En 1800, elle accompagna dans les états autrichiens, la reine sa mère, qui fit ce voyage dans l'intention de procurer des avantages politiques au roi son époux, et des établissemens àses trois filles cadettes qui n'étaient pas encore mariées. Mme la duchesse d'OrJeans était la seconde de ces trois sœurs. Revenue à Naples, en 1802, avec sa famille, la mort de la grande-duchesse de Toscane l'une de ses sœurs, et le départ de sa sœur chérie la princesse Marie-Antoinette, qui partit pour l'Espagne où elle epousa le prince des Asturies (aujour d'hui Ferdinand VII (*), plongèrent la princesse dans une profonde mélancolie; l'éloignèrent des plaisirs de son âge, et fortifierent en elle les qualités précieuses qui, maintenant, font le charme et le bonheur de tout ce qui l'entoure. Elle vivait dans la retraite, donnant son temps à la lecture et aux douceurs de la vie do mestique, lorsque le débarquement des Russes et des Anglais dans le golfe de Naples, attira sur ce royaume toutes les forces des Français, commandées par Massena. A l'approche de l'armée française, les troupes étrangères, trop faibles, s'em. barquèrent précipitamment, et le roi se retira en Sicile, où sa famille le suivit peu de jours après. C'est là que la princesse Marie-Amélie, ayant connu M. le duc d'Orléans, que de longs malheurs, ou plutôt la plus heureuse destinée avait amené en Sicile (voy. l'article précédent), leur union fut arrêtée. Long-temps différée par les affaires d'Espagne, elle fut enfin conclue, à Palerme, le 25 novembre 1809. De retour en France, aprés les événemens qui, en 1815, ont rétabli la maison de Bourbon sur le trône, madame la duchesse d'Orléans y a montré le modèle des vertus les plus aimables et les plus attachantes. Toute Française par le cœur, l'esprit et les manières, cette princesse doit reconnaître de plus en plus, aux sentimens qu'elle inspire aux Français, qu'elle n'a fait que changer de patrie. ORLÉANS (Louise - Marie - Adelaide de Bourbon Penthièvre, duchesse douairière d') née le 13 mars 1753, et mariée le 5 avril 1769, à Louis-Philippe - Joseph duc d'Orléans, est fille du duc de Penthièvre, mort le 4 mars 1793, et mère du duc d'Orléans actuel. Cette princesse, également recommandable par ses vertus et ses malheurs, habite Paris. ORLEANS (Eugénie - Adélaïde - Louise), Mademoiselle d'Orléans, sœur de M. le duc d'Orléans, née le 23 août 1777, a partagé une partie des malheurs de son frère, auquel elle n'est pas moins unie par les nœuds de l'affection la plus ten (*) Cette princesse qui, par ses graces et son amabilité, avait réussi à se faire chérir en Espagne, y est morte malheureusement en 1806. |