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combat de Vignolo; et était aide-de-camp du général Chabran, lors du passage des Alpes, en 1800. Il concourut à faire capituler le fort de Bar, et fut promu, à cette époque, au grade de colonel du 5° d'infanterie, dont il garda le commandement jusqu'au commencement de la campagne de 1804, pendant laquelle son intrépidité au passage de l'Adige, lors de l'atta que meurtrière des redoutes de Caldiero le fit proclamer général de brigade sur le champ de bataille. Promu le 14 février 1813, au grade de général de division, il fit, en cette qualité, la campagne d'Allemagne de cette année et se distingua à la bataille de Dresde. Lorsqu'en mars 1815, Bonaparte eut ressaisi le sceptre échappé des mains des Bourbons, le général Teste fut chargé du commandement du 6 corps de l'armée du nord, et se fit re marquer à Waterloo par une éclatante, mais trop inutile valeur. L'ordonnance du 22 juillet 1818, rendue sur la proposition du digne maréchal Gouvion de SaintCyr, a compris le comte Teste parmi les lieutenans-généraux disponibles.

moment où ils sont enfin parvenus à s'en rendre les maîtres. Comme j'ai sans doute mal comprisV.M.lorsque j'ai cru entendre qu'elle me disait que ses ministres n'avaient et n'exécutaient d'autres volontés que les siennes, je ne répondrai rien à cette assertion, qui, dans un système représentatif, ne pourrait être considérée que comme un paradoxe ridicule et insensé, si d'aveugles et d'imprudens conseillers du trône ne s'efforçaient, depuis long-temps, d'accréditer ces fausses doctrines. Ainsi donc, le monarque serait sans inviolabilité; les ministres sans responsabilité; les sujets sans garantie. Il n'y aurait plus qu'un grand-seigneur et des visirs! A la vérité, en admettant le principe, il serait impossible d'en repousser les conséquences; et ces conséquences, un prince tel que V. M. ne peut les ignorer, car elles sont tracées, en traits de sang, sur toutes les pages de l'histoire. Voilà, sire, la réponse, qu'en qualité de représentant de la nation, et de sujet fidèle, j'ai cru devoir aux communications de V. M. » Il est vraisemblable que M. Ternaux n'a pas tenu ce langage à Louis XVIII; TESTE (JEAN-BAPTISTE), frère du prémais nous craignons d'autant moins d'af- cédent, élève de l'académie de législation, firmer que nous avons exprimé le senti- embrassa la profession d'avocat,et l'exerment et la pensée de cet excellent citoyen, cait, avec un succès brillant, lorsqu'en qu'il vient, parle discours énergique qu'il mars 1815, Bonaparte le nomma commisa prononcé à la séance du 19 mai 1820, saire-général de police, à Lyon. Teste a dans la chambre des députés, sur le hon- rempli dans ce poste, avec autant de tateux projet de loi d'élection, présenté par lent que de zèle, toutes les obligations le ministère de justifier, nous dirions que lui imposaient ses sermens. Nommé presque de dépasser, en vertu, en cou- en avril suivant, par le département du rage et en talens, les espérances, d'ail- Gard, membre de la chambre des repréleurs si bien fondées, que ses commettans sentans, il ne vint point y siéger. La et tous les amis de la liberté constitution- coalition ayant replacé les Bourbons sur nelle, avaient placées, dès long-temps, le tróne, et quelques journaux, chargés de dans la loyauté de son patriotisme et sa désigner à la proscription ses victimes, fidélité à remplir ses sermens. C'est du ayant, le 3 septembre 1815, indiqué Teshaut de la tribune nationale, qu'un des te et le général Gilly, comme les auplus dignes représentans de la France a teurs du rassemblement séditieux du bas voulu que sa réponse fût entendue, et du Languedoc, Teste leur adressa la lettre monarque trompé, et de la France tout suivante: En rendant compte d'un souentière, si attentive à des débats de l'issue lèvement dans les Cévennes, vous ajoutez desquels va dépendre sa destinée. que cette rebellion a été organisée par le général Gilly et par moi. Permettez-moi de vous représenter, qu'avant de rendre publiques des accusations aussi graves, et de compromettre l'honneur et même la vie des citoyens, il faut être mieux assuré que vous ne l'étes de la fidélité de vos correspondans. Je suis venu directement de Lyon, où j'habitais depuis 3 mois, à Paris, où je suis arrivé le 2 août; je n'ai

TESTE (Le comte FRANÇOIS), lieutenant-général des armées françaises, né le 19 novembre 1775, entra au service à l'âge de 17 ans, comme chef d'un bataillon de volontaires; fit la campagne des Pyrénées-Orientales, en 1792 et 1793; quitta le service à cette époque; y rentra, en 1798, comme chef de bataillon dans la 87° demi-brigade; se distingua au

conservé,avec le midi de la France, aucune relation; et c'est sans doute parce qu'à Nimes on ignore où je suis, qu'on a cru pouvoir me placer à la tête d'un rassemblement dans le Languedoc. » Forcé néanmoins, de quitter la France, M. Teste s'est refugié dans les Pays-Bas ; il a longtemps habité Bruxelles, et s'est ensuite fixé à Liége, où il a continué à exercer, avec beaucoup de talent et de suc cès, la profession d'avocat. Rentré en France, son nom a été honorablement cité dans plusieurs circonstances, parmi ceux des amis de toutes les libertés na tionales; et, à l'instant même où s'imprime cette notice, nous apprenons par les journaux français, que dans le procès scandaleux suscité par un ministère qui ne rougit de rien, contre les généreux auteurs de la souscription nationale en faveur des victimes de l'arbitraire, M. Teste est chargé de la défense de l'éditeur du journal intitulé, la Renommée. Quoique la justice et la raison soient mainte, nant sans accès auprès de ce ministère,sous le nom duquel gouverne la faction ennemie de la France et de la liberté, il est permis, peut-être, de conserver encore quelque espoir dans l'impartialité du ju ry, si toutefois les membres de ce jury, que le ministère choisit au gré de ses passions,n'ont pas abjuré toute pudeur et tout respect pour l'opinion publique. Quoi qu'il en soit, s'il est des circonstances où la défaite, avec ses nobles périls, soit encore plus glorieuse que la victoire, c'est sans doute dans une lutte où l'arbitraire,réuni à la force, foule insolemment aux pieds tous les droits de la raison, de la justice et de l'humanité.

TEULIÉ ou TEUILLÉ (N.), né à Milan en 1764, exerça d'abord la profession d'avocat, et prit le parti des armes en 1796, à la suite de l'invasion des Français en Italie. Devenu successivement chef de bataillon le 5 vendémiaire an 5, adjudant-général dans la même année, général de brigade en 1798, et enfin général de division en 1805, il se signala dans la campagne de l'an 5, et se trouva aux combats du pont de Semo, à la prise de la Montagnola, aux affaires de Santa-Eufemia, Calcinato, Pont-Saint-Marc, Salo, Vérone et au passage de l'Adige. Lors de la campagne de l'an 6, il se distingua dans les expéditions de la Romagne, de Litticana et la prise de San-Leo. En l'an 7,

il eut un cheval tué sous lui au combat de Legnazo, et contribua ensuite au gain de la bataille de Vérone: il fit avec une gloire égale les campagnes de l'an 8 et de l'an 9. Nommé ministre de la guerre du royaume d'Italie en 1802, il fit prompte. ment ressentir aux troupes les bons effets de son administration, et rentra peu après dans l'armée, avec laquelle il fit les campagnes de 1804 et 1805 sur les côtes de l'Océan. Employé en Allemagne en 1807, il se distingua de nouveau, principalement au siége de Colberg, où il devait trouver la mort. Frappé d'un boulet à l'instant même où, monté sur le parapet d'une redoute, il animait ses soldats, il expira, emportant les regrets de toute l'armée et l'admiration des ennemis eux-mêmes.

THABAUD BOIS-LA-REINE (GUILLAUME), baron de Surins, né le 27 novembre 1755, était prévôt de la connétablie à Châteauroux, avant la révolution, et fut successivement administrateur du district de cette ville; membre du directoire du département de l'Indre; et enfin député, en septembre 1792, à la convention, où il vota la mort de Louis XVI, sans appel et sans sursis. Il fut, en mai 1795, membre de la commission chargée d'examiner la conduite de Joseph Lebon, et ensuite commissaire près le camp de Paris. Devenu membre du conseil des cinq-cents, il en sortit en mai 1797, et fut nommé l'un des administrateurs de la loterie nationale. Réélu au conseil des anciens, en 1798, il rentra après le 18 bru. maire, à l'administration de la loterie, dont il fit partie jusqu'en 1814. Il y fut nommé de nouveau par Bonaparte, le 25 mars 1815, et siégea à la chambre des représentans, comme député du département de l'Indre. Forcé de quitter la France, par la loi du 12 janvier 1816, le baron Thabaud s'était retiré à Bruxel les; une ordonnance royale a autorisé son retour en France, en 1819.

THÉROIGNE-DE-MÉRICOURT, courtisanne célèbre, née dans le Luxem bourg, joua un rôle pendant les premières années de la révolution française. Liée avec divers chefs du parti populaire, elle les servit utilement dans la plupart des émeutes; et contribua, dit-on, le 5 octobre 1789, à Versailles, à corrompre le régiment de Flandre, en conduisant dans les rangs, d'autres filles, dont elle avait la direction, et distribuant de l'argent

et

aux soldats. Veitard, prêtre de Clermont, déposa l'avoir vue, le 5 au matin, vêtue d'une redingotte rouge, s'acquitter de cette commission, en puisant dans une corbeille des paquets préparés d'avance. Douée d'un physique avantageux d'une sorte d'éloquence naturelle, possédant surtout une grande facilité à reproduire les lieux communs patriotiques, qui à cette époque entraient pour beaucoup dans l'art oratoire, elle pérorait en toute circonstance avec un enthousiasme qui manquait rarement son effet. En 1790, on l'envoya dans le pays de Liége, avec des agens secrets pour y soulever le peuple, mais les Autrichiens l'arrêtèrent en janvier 1791, et elle fut conduite à Vienne, accompagnée de deux officiers. On l'enferma d'abord dans une forteresse; et, sur le rapport des commisssaires chargés de l'interroger, l'empereur Léopold désira la voir, l'entretint quelque temps, et la fit remettre en liberté dans le courant de novembre, avec défense de repa.raítre sur le territoire autrichien. Dès le mois de janvier 1792, elle revint à Paris, et se montra de nouveau sur la scène de la révolution. On la remarqua, le 26 et le 27, dans les tribunes, et sur la terrasse des Tuileries, où elle harangua les groupes nombreux qui s'y réunissaient, pour les ramener aux principes de la constitution; mais les jacobins d'alors, qui crurent pouvoir s'en servir, l'endoctrinèrent à leur tour, et lui firent oublier bien vite les maximes constitutionnelles qu'elle avait reçues de ses premiers instituteurs. Dès-lors, on la vit paraitre, la pique à la main, à la tête d'une armée de femmes et haranguersouvent danslesclubs. Elle se signala surtout le 10 août 1792; ce fut elle qui fit massacrer ce jour-là, dans la cour des feuillans, Suleau, et cinq au-tres personnes qui comme lui avaient fait partie d'une fausse patrouille (voy. SuLEAU). Voici comment Prudhomme s'exprime à ce sujet : « La trop fameuse Thé roigne, en habit d'amazone, des pistolets à la ceinture, un sabre nu à la main, était venue réclamerces six victimes,au nom du peuple, pour être immolées. » Si l'on en croitcertainsbruitsquiserépandirentalors, elle vengea dans cette circonstance une in jure personnelle, en portant le premier coup au journaliste, qui avait souvent diri gé contr'elle les plus amères railleries. Les journaux attachés à la monarchie lui ont

donné une célébrité peu flatteuse par les nombreuses plaisanteries dont ils l'ont rendue l'objet. Par un jeu de mots assez gai, ils la représentèrent comme aspirant à la main de M. Populus (c'était réellement le nom d'un député), puis ils célébrèrent cette union, qui n'a jamais existé. Quelque temps après, sa raison parut s'altérer, et elle ne tarda pas à en perdre entièrement l'usage; mais il est absurde de dire que la chute de Robespier→ re, avec lequel elle n'avait eu de relations d'aucune espèce, ait, comme on l'a prétendu, mis le comble à cet état d'aliénation, puisqu'elle fut détenue, pendant la terreur même, dans une maison de folles au faubourg St.-Marceau. L'on trouva dans les papiers de St.-Just, une lettre d'elle, sous la date du 26 juillet 1794, dans laquelle on voit l'incohérence d'une tête égarée. Plus tard, elle fut transférée à la Salpétrière, où jusqu'à sa mort, arrivée en 1817, elle présenta l'affligeant spectacle d'une morne démence, que troublaient par intervalles de violens accès de fureur. On la voyait, couverte d'une simple chemise de toile grossière ( car elle refusait tout autre vêtement), traverser les cours pendant les froids les plus rigoureux, dont elle paraissait ne pas s'apercevoir. Elle repoussait également tous les vases dans lesquels on lui présentait ses alimens: elle lés dévorait à la manière des animaux, sur le pavé où on les lui jetait, et s'abreuvait dans le ruisseau qui traversait la cour. Dans cet état de misère et d'abrutissement, elle avait conservé des restes de beauté; ses pieds et ses mains étaient surtout d'une perfection remar➡ quable.

THIBAUDEAU (Le comte ANTOINECLAIRE), était avocat à Poitiers, avant la révolution, et fut nommé en 1790, procureur syndic du département de la Vienne. Elu, en septembre 1792, député de ce département à la convention nationale il ne se fit point remarquer dans cette assemblée, jusqu'au procès du roi, dans lequel il vota la mort, sans appel et sans sursis. Le 7 mai 1793, il demanda qu'une commission militaire fût attachée à l'armée de l'intérieur. Peu de jours après, il eut une mission pour les départemens de la Vienne, Mayenne et Loire, Indre et Loire, et les Deux Sèvres. On ne l'a point accusé des violences dont se rendirent coupables plusieurs de ses collègues, char

gés de missions dans ce malheureux pays. Il réclama ensuite en faveur de son frère, dénoncé, et de son père incarcéré, déclarant que lui seul, parmi les administrateurs de la Vienne, s'était opposé au fédéralisme. Après la chute de Robespierre, il devint un des chefs du parti conventionnel, également declaré contre les montagnards et les royalistes, et combattit ces deux factions, avec autant de courage que d'éloquence. Le 21 vendémiaire an 3(13 oc tobre 1794), il demanda et obtint que ThomasPayne serait compris dans le décret qui rappelait dans le sein de la convention, les 72 députés proscrits àla suite du 31 mai 1793 mis en arrestation le 3 octobre suivant sur le rapport d'Amar. Le 27 pluviose (15 jan vier 1795), il provoqua la révision des lois revolutionnaires, comme moyen de ramener la paix; mais ce fut avec étonne ment et douleur, lorsqu'il s'agit en ven tóse suivant (mars) de décréter d'accusation les anciens bourreaux de la république,Collot, Billaud, Vadier, etc., qu'on entendit Thibaudeau, auquel on avait déjà droit de reprocher de n'avoir pris aucune part aux glorieux événemens de thermidor qui avaient renversé la tyrannie decemvirale, s'ériger en défenseur de cette tyrannie; faire l'éloge de l'horrible gouvernement du comité de salut public; et ajouter « que le pouvoir n'aurait pas échappé de ses mains, s'il n'eût pas eu droit de vie et de mort sur les membres de la convention »; aveu déplorable qui jetait un jour humiliant et funeste sur quel ques-unes des causes auxquelles la république devait son affranchissement. Elu prési dent de la convention, le 16 ventôse an 3 (6 mars 1795), il continua à prendre la parole dans l'assemblée, sur un grand nom bre d'objets d'administration, et présenta des rapports sur la marine, sur l'éducation publique, et pour la suppression du maximum et celle des commissions exécutives. Thibaudeau montra le plus grand courage, au 12 germinal 1er avril 1795; il repoussa avec fermeté les pétitionnaires des sections; s'éleva contre la constitution de 1793 et les principes désorganisateurs qu'elle renfermait;. déclara qu'il ne la regardait pas comme démocratique; attaqua avec vigueur, les debris encore si puissans de l'ancienne montagne; la désigna à la France comme une minorité conspiratrice; fit rapporter -le décret qui ordonnait la publication de

la liste des personnes arrêtées; et fut nommé, le 14 germinal, membre du comité de sûreté générale, et l'un des sept membres charges de présenter les lois organiques de la constitution. Peu de jours après, il reclama la restitution des biens confisqués aux parens des condamnés, et proposa de supprimer le comité de sûreté générale, et de confier le gouvernement à un comité de salut public de 24 r membres. Dans la journée du 1* prairial (20 mai 1795), il fit charger le commandant de la force armée de repousser les révoltés, en se concertant avec les comi tes; provoqua le décret d'accusation contre ceux de ses collègues, accusés d'étre les auteurs de ces désordres; voulut que l'on se bornát à la déportation, à l'égard de Collot, Billaud et Barere ; et se reunit à son collègue Lesage (d'Eure et Loire), pour demander qu'on ne fit juger par la commission militaire que les délits de cette nature, et que Romme, Duquesnoi, Bourbotte et leurs coaccusés, fussent traduits devant le tribunal criminel de la Seine. Al'approche du 12 vendémiaire (5 octobre 1795), il s'éleva avec force, contre les sec. tions rebelles de Paris; bláma leurs pétitions audacieuses et insultantes; annonça qu'il était prêt à combattre l'anarchie royale, dont le drapeau se déployait de toutes parts; déclara qu'il eût désire que le président de la convention se fût borné à répondre aux insolentes menaces de quelques députations: « Nous respecterons le vœu du peuple et nous vous y ferons obéir; » et accusa les chefs de la révolte de vouloir décimer la convention et rétablir la monarchie sur les ruines de la république. A la suite de ces déplorables journées, il fit décréter en principe qu'une cérémonie funebre serait annuellement célébrée en mémoire des 21 dépu tés, assassinés sur l'échafaud le 31 octobre 1793, et de tous les amis de la liberté, judiciairement égorgés pour la même cause. Elu membre du comité de salut public, le 15 vendémiaire ( 7 octobre), il s'éleva contre Tallien et Fréron, qu'il accusa de complots subversifs de la constitution, et qui ne l'étaient, en effet, que de vouloir anéantir les restes de l'influence funeste qui venait de produire l'explosion du 13 vendémiaire, laquelle allait donner pour représentans à la république, des hommes, dont la plupart étaient connus par une haine plus invé

térée et plus profonde contre la liberté. On entendit Thibaudeau, dans les dernières séances de la session conventionnelle, proposer de passer à l'ordre du jour sur la proposition d'ériger un monument en l'honneur de toutes les victimes du régime décemviral, et motiver cette opposition sur ce que les victimes de cette sanglante époque, n'avaient pas un droit égal à la reconnaissance nationale. Devenu membre du conseil des cinq-cents, lors de la mise en activité de la constitution directoriale, dite de l'an 3, Thibaudeau y suivit le même systême, et y porta toute la haine qu'il avait vouée au parti thermidorien Cette haine l'égara souvent, car, pour la satisfaire, il dut se liguer avec les éternels ennemis de la république contre ses amis naturels et nécessaires. De là son opposition à la création d'un ministère de la police générale, comme inutile et dan gereux; sa persévérance à combattre les applications de la loi du 3 brumaire qui ex cluait un grand nombre de députés comme parens d'émigrés; et ses efforts en faveur de l'admission de Job Ayme. Il fut élu président, le 2 ventóse an 4 (21 février 1796). Dans la séance du 21 prairial ( 9 juin), il apostropha Tallien signalant une nouvelle réaction; l'accusa d'être le chef de la faction qui avait fait les journées du 2 septembre 1792 et 31 mai 1793; et annonça qu'il préférait la guerre civile au retour des échafauds. Il proposa d'annuler les élections de Marseille, comme faites par la force; fit une sortię violente le 30 vendémiaire an 5 (21 octobre 1796), contre la loi du 3 brumaire, dont il sollicita le rapport ; et montra, le 25 ventôse suivant (15 mars 1797), une forte opposition à ce qu'on obligeat les électeurs à prêter serment de haine à la royauté; serment qui, quoi qu'en pût dire Thibaudeau, était juste, politique, nécessaire, et ne pouvait être combattu que par l'esprit de faction. Au reste, la grande majorité de l'assemblée accueillit cette opinion de Thibaudeau par de violens murmures et il eut beaucoup de peine à poursuivre son discours. Peu de jours après, il dé nonça un placard, sous couleur royaliste, intitulé: Thibaudeau à ses commettans; affirma qu'il n'en était pas l'auteur; et déclara de nouveau qu'il combattrait toutes les factions. A cette même époque, le tiers de l'an 5 (1797) étant entré aux conseils, et la faction royaliste, sous le

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nom de parti clichien, y ayant acquis la majorité, Thibaudeau, toujours livré à ses anciennes haines ou cédant à de nouvelles craintes, s'attacha tout-à-fait à cette faction. Dès lors il se constitua en état d'hostilité ouverte contre le directoire, paraissant conserver néanmoins quelques dehors d'impartialité dans certaines discussions où il n'eût pu, sans se mettre trop en contradiction avec les principes qu'il avait si long-temps professes, se réunir sur tous les points à ses nouveaux collègues. Ainsi, après avoir provoqué la destitution des commissaires de la trésorerie et la mise en jugement du ministre des finances, relativement aux opérations de la compagnie Dijon, favorisée par eux, il défendit, le 4 thermidor an 5, (22 juillet 1797), la liberté des sociétés populaires, attaquées par les clichiens; cependant bientôt après, il se rapprocha de ceux-ci; entra dans tous leurs projets; adopta leurs plans; provoqua l'organisa➡ tion de la garde nationale, comme seul moyen de résister aux triumvirs directoriaux ; sollicita des mesures de sûreté blique; fut nommé, le 2 fructidor an 5 (19 août), membre de la commission des inspecteurs ; et fit un rapport sur la marche des troupes. Porté sur la liste des proscrits du 18 fructidor, il trouva des défenseurs assez puissans pour en être effacé, et il ne sortit du corps législatif qu'en mai 1798. Après le 18 brumaire il fut nommé conseiller d'état. Chargé en cette dernière qualité, de défendre, le 20 mars 1801, devant le corps législatif, le projet de loi sur la procédure criminelle, il le fut encore quelque temps après, de présenter à ce corps le tableau des operations du gouvernement jusqu'en 1802. Après quelques années d'exercice au conseil d'état, Thibaudeau fut nommé préfet de la Gironde, et obtint en 1808 le titre de comte de l'empire. La restauration de 1814, le priva de ses fonctions ; mais aussitot après le retour de Bonaparte, en 1815, il reprit son rang de conseiller - d'état et fut nommé commissaire extraordinaire dans le département de la Côte-d'Or, où il adressa aux habitans, dans les premiers jours d'avril, une proclamation très-énergique, pour les exciter à marcher à la défense de Lyon, que menaçait le duc d'Angoulême. Cette proclamation n'était pas nécessaire, car les populations, tout entières, se précipitaient d'elles-mêmes

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