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lution. » Insulté et menacé par une mul. titude furieuse, en sortant de la séance du 8 août, où il venait de prononcer, avec l'immense majorité de l'assemblée, qu'il n'y avait pas lieu à accusation contre le général La Fayette, lequel était venu, naguères, protester au nom de son armée, contre les attentats du 20 juin précédent, dès le lendemain il dénonça ces outrages à l'assemblée, avec la véhémence la plus énergique. Sous le règne de la terreur, M. Quatremère fut prisonnier pendant treize mois, et il serait difficile d'expliquer par quel phe. nomène il a échappé aux échafauds de cette sanglante époque. Elu en fructidor an 3 (août 1795), président de la section de la Fontaine-de-Grenelle, déclara l'un des principaux chefs de l'in surrection du 13 vendémiaire an 4 (5 novembre 1795), et fut condamné a mort par contumace, le 25 vendémiaire an 4 (18 octobre), par le conseil militaire du Théâtre-Français, pour avoir provoqué à la révolte contre la convention. L'in. dulgence du gouvernement ferma les yeux sur son évasion. Il reparut en 1796, à une époque où cette indulgence était dégénérée en faiblesse, et fut acquitté, en juillet de la même année, par un jury qui déclara qu'il n'y avait point eu de rebellion en vendémiaire. Devenu, en 1797, membre du conseil des cinq-cents, il crut sa conscience intéressée à servir la cause royaliste qu'il avait défendue en 1792; et, sans examiner jusqu'à quel point les temps et les intérets étaient changés, il se prononça avec force contre l'autorité et les institutions républicaines, et fut porté sur les listes de déportation des 18 et 19 fructidor an 54 et 5 septembre 1797). Il eut le bonheur de se soustraire à cette nouvelle proscription, et fut rappelé en décembre 1799, par le gouvernement consulaire. Nommé en 1800, membre du conseil-général du département de la Seine, il fut ensuite appelé à l'institut pour la classe d'histoire et de littérature ancienne (académie des inscriptions et belles-lettres). Il fut nommé, en 1814, officier de la légion-d'honneur, et chargé, en mai 1816, de la rédaction du Journal des Savans, pour la partie des beaux-arts. Voici la liste des ouvrages publies par M. Quatremère de Quincy. Mémoire sur celle question: Quel fut l'état de l'architec

ture chez les Egyptiens? et qu'est-ce que les Grecs en ont emprunté? couronné par l'académie des inscriptions en 1783.

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Considérations sur les arts du dessin en France, suivies d'un plan d'académie ou d'école publique, et d'un sys téme d'encouragement, 1790, in -8 Suite, 1791, in 8.-Seconde suite, 1791, in-8.-Dictionnaire d'architecture ( dans l'Encyclop. méthod.), 1795 et suivantes, vol. et demi in-4.- Leures sur les préjudices qu'occasionneraitaux aris et à la science le déplacement des monumens de l'art, de l'Italie, 1796, in-S. De l'architecture égyptienne considérée dans son origine, ses principes et son goût, et comparée, sous les mêmes rapports, à l'architecture grecque, dissertation qui a remporté, en 1787, le prix proposé par l'académie des inscriptions et belles-lettres, 1803, in-4.—Le Jupiter olimpien, ou l'art de la sculpture antique en or et en ivoire, 1814, in-fol.

-Considerations morales sur la destination des ouvrages de l'art, 1815, in-8. On doit encore à cet académicien plusieurs mémoires intéressans sur différens sujets.

QUEYSEN (GUILLAUME), né à Zwolle, le 31 mai 1754. Après avoir fait de bonnes études à l'athénée de Deventer et à l'université de Leyde, il reçut ses grades en droit en 1773, en soutenant une these de Mandato delicto. Il exerça ensuite la profession d'avocat, et fut nomme membre du conseil municipal de Zwolle, place qu'il occupa jusqu'en 1787, époque à laquelle il donna sa démission pour aller vivre en simple particulier à la campagne. Nommé, au commencement de l'an 1795, membre des états de sa province, il fut peu de temps après, député par ce corps d'état à l'assemblée des états-généraux puis membre du comité qui remplaça le conseil-d'état. M. Queysen, élu député à la première convention nationale, s'y distingua par ses sentimens modérés et ses lumières, et devint un des membres de la commission chargée de la rédaction d'u projet de constitution. Réélu pour la seconde convention nationale, il siégea dans le comité des affaires étrangères, jusqu'au mois de février 1798. C'est vers ce temps que le parti révolutionnaire, alors dominant, le suspendit de ses fonctions et ie fit conduire à Hoorn, ville de la NordHollande, où il resta comrae prisonnier

d'état jusqu'après le 12 juin de la même année, lorsque le parti des modérés, dont M. Queysen fut un des membres les plus marquans, reprit le dessus, et lui rendit la liberté. M. Queysen se retira alors des affaires et alla vivre à sa campagne. Il s'était trop honorablement montré, pour qu'il pût se flatter d'y jouir long-temps de cette tranquillité des champs, seul objet de ses désirs. Pour la troisième fois, il fut appelé à siéger au corps législatif; il s'excusa, mais ses raisons n'ayant pas été approuvées, il se rendit à son poste. Lance de nouveau dans la carrière politique, il y déploya les grands moyens qu'il possédait, et fut nommé membre du directoire exécutif, place qu'il conserva jusqu'au moment de la suppression de ce corps d'état en 1805, M. Schimmelpenninck ayant été alors appelé à la tête du gouvernement, fit passer M. Queysen au conseil-d'état. Le roi Louis Napoléon confirma cette nomination à laquelle il ajouta ensuite celle de directeur-général des postes, et de commandeur de l'ordre de l'union; enfin, au commencement de1809, il fut nommé préfet de l'Ost-Frise, pays nouvellement acquis au royaume de Hollande, et où M. Queysen se fit aimer par sa probité et son administration. Sous le régime français, M. Queysen fit partie du corps législatif, et l'empereur Napoléon le nomma commandeur de l'ordre de la réunion. Le roi des Pays-Bas l'a ap pelé au conseil-d'état, par son arrêté du 6 avril 1814; et par celui du 22 avril 1815, il le fit membre de la commission chargée de la révision de la loi fondamentale. M. Queysen fut ensuite décoré de l'ordre du lion-belgique et devint membre de plusieurs commissions d'état. Il mourut, le 11 août 1817, à Zorgvliet, campagne près de la Haye. Dans toutes les places que M. Queysen a remplies, il s'est fait remarquer par des talens supérieurs, une pénétration profonde, un jugement sain, et surtout une éloquence entraînante, dont il fit le plus noble usage lorsqu'étant membre de la commission pour

la rédaction de la loi fondamentale, il plaida, au nom de cette commission, devant le roi des Pays-Bas, qui avait désiré cette explication, la cause de la publicité des délibérations de la seconde chambre des états-généraux, et celle de la liberté de la presse, questions sur lesquelles les opinions des membres de la commis

sion étaient partagées, et qui furent décidées par le roi, conformément aux conclusions de M. Queysen et au gré des amis d'une sage liberté.

QUINETTE (NICOLAS-MARIE), baron de Rochemont et officier de la légiond'honneur, né à Paris en septembre 1762, est fils d'un avocat au parlement. Il se des tinait au barreau, lorsque la révolution éclata. Nommé administrateur du département de l'Aisne en 1790, il présida en février 1792, l'assemblée électorale dans laquelle il fut élu député à l'assemblée législative. Il parut quelquefois à la tribune; dans les comités, dans l'assem blée il vota constamment avec le parti populaire. Après le 10 août, il fut envoyé, avec ses collégues Isnard et Baudin, des Ardennes, à l'armée campée près Sedan. A son retour, il fit à l'assemblee le rapport de cette mission et obtint la levée de la suspension des administrateurs du département des Ardennes. Elu député à la convention nationale, il demanda, dans la séance du 22 septembre, où fut proclamée la république, qu'avant de prononcer entre la monarchie et la république, on examinat la situation de la France, ses besoins et ses vœux. Le 12 décembre, sur la proposition de faire traduire Louis XVI à la barre de la convention, il insista pour qu'on réglát le mode d'instruction, et comment les défenseurs de Louis seraient entendus. Dans les divers appels nominaux, il vota la culpabilité qui fut déclarée à l'unanimité; contre l'appel, par la raison que le peuple ne pouvait exercer le pouvoir judiciaire, et que les assemblées primaires électorales avaient nécessairement investi les députés à la convention du pouvoir de prononcer sur l'accusation résultante de tous les événemens antérieurs à sa convocation; et prononça la peine de mort qu'il motiva sur la loi. Le 26 mars 1793, il fut nommé membre du comité de sûreté générale, et le 1er avril suivant, livré par le général Dumourier au prince de Cobourg. Dans la longue conférence qui précéda la défection du général, Quinette s'offrit, avec son collégue Lamarque, comme garant personnel des mesures violentes et illégales que Dumourier paraissait craindre en se rendant à la barre de la convention. Il subit une captivité de 33 mois dont 29 à Spielberg, en Moravie, sans sortir de la

même chambre. Enfin, le 25 décembre 1795, il fut échangé, avec ses collegues, contre la fille de Louis XVI; et M. Barthelemy, ambassadeur de la république, les reçut à Bale. Le 12 nivôse an (2 janvier 1795), il entra au conseil des cinq cents, où sa place avait été réservée, et dont il fut élu président le 1er frimaire an 5 (21 novembre 1796). Membre du comité chargé de faire un rapport sur les réclamations des enfans des émigrés, Quinette leur donna tout son appui. Le 1er prairial an 5 (10 mai 1797), il se retira dans son département, et bientôt il prit place parmi ses administrateurs. Après le 18 fructidor, il fut nommé membre de la régie de l'enregistrement et des domaines. A la suite de la révolution directoriale du 30 prairial an 7 (18 juin 1799), le portefeuille de l'intérieur lui fut confié. Sieyes venait d'entrer au directoire; Cambacéres, Talleyrand, Bernadotte et Fouche occupaient les divers ministères. Au milieu de l'effervescence des opinions politiques qui régnaient à cette époque, il n'appartint, par ses habitudes et par son caractère, à aucune coterie, mais sa conduite fut calomniée par des journalistes accoutumés à traiter de factieux et de révolutionnaires les amis de la liberté et les magistrats fidèles à leurs devoirs. Après le 18 brumaire, le 1er consul, Bonaparte, ayant appelé M. Delaplace au ministère de l'intérieur, confia à M. Qui nette la préfecture du département de la Somme. Il s'y rendit recommandable par sa modération, son esprit conciliant, son impartialité, et son activité dans les affaires. Il fit entrer dans le conseil-genéral les hommes les plus honorables du département, sans distinction d'opinions. Designé par la reconnaissance des habitans, le collége électoral le nomma candidat au sénat conservateur. Son administration dura dix années consécutives. Le 5 octobre 1810, M. Quinette fut nommé conseiller d'état et chargé immédiatement de la direction générale des communes et des hospices. Pius administrateur que courtisan, il se livra tellement au travail, que dès la 3e année il présenta le tableau général, par la nature de recettes et de dépenses, de la comptabilité des grandes villes de l'empire, et le résumé dans le même ordre et par départemens des budjets de toutes les communes. Le 11 avril 1814, M. Qui

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nette adhéra à la déchéance de l'empereur, et se retira dans son domaine de Rochemont, près de Soissons, où il résidait à l'époque du 20 mars 1815. Il ne se rendit à Paris que le 26; rentra au conseil-detat, et fut nommé commissaire extraordinaire dans les départemens de l'Eure, de la Seine-Inférieure et de la Somme. Dans sa mission, il calma les esprits, prévint les réactions et maintint l'empire de la loi. Créé membre de la chambre des pairs, il s'y montra, par l'indépendance de ses opinions, non le sujet du pouvoir, mais le représentant de la nation. Après la deuxième abdication de Napoléon, la chambre des pairs le nomma membre du gouvernement provisoire. Il concourut à faire ressortir le calme et la grandeur de la France au milieu de ses malheurs, afin d'assurer l'exécution des promesses solennelles, faites par les souverains alliés, de la laisser libre dans le choix de ses institutions et de son chef. La convention du 3 juillet maintint le statu quo si désiré par les chambres et la nation. Paris fut confié à la vigilance et à la sagesse de sa garde nationale; mais bientôt la force des armes trancha toutes les questions; la charte même ne fut point respectée. On publia des listes de proscription et une nouvelle terreur commença. Étranger à celle de 1793, pendant laquelle il était dans les prisons de l'Autriche, M. Quinette fut victime de celle de 1815. Le 2 février 1816, il mit à la voile au Havre pour les Etats-Unis. Après avoir parcouru les principaux états del'Union etunerésidence de deux ans à New-York, il s'embarqua pour Liverpool; traversa l'Angleterre, et vint se fixer à Bruxelles. Livré entièrement à l'éducation de ses trois fils, il porte souvent ses regards vers la France, se confiant dans la charte qui défend toute recherche des opinions et des votes emis dans le cours de la révolution, et dans le sentiment national qui rappelle tous les proscrits sur le sol de la patrie.

QUIROT (JEAN-BAPTISTE), député du Doubs à la convention nationale, y montra tout à la fois un grand courage et une extrême franchise à défendre les opinions républicaines, et à s'opposer à toutes les tyrannies qui opprimerent tour-à-tour cette assemblée. Ils'exprima de la manière suivante dans le procès de Louis XVI sur la question de la pine à infliger à ce

prince: : «J'ai voté contre l'appel au peuple, parce qu'il m'a paru avoir des effets dangereux pour la liberté. J'ai déclaré Louis, coupable. Je ne le condamne pas à la mort, qu'il a méritée, parce qu'en ouvrant le code pénal, je vois qu'il aurait fallu d'autres formes, d'autres juges, d'autres principes. Je vote pour la réclusion. » Il se prononça ensuite en faveur du sursis. Il suppléa dans toutes les circonstan ces aux grands talens dont la nature ne l'a pas doué, par une grande force de caractère et une grande perséverance de volonté. Peu d'entre ses collègues opposèrent une résistance plus énergique aux crimes des 31 mai, 1er et 2 juin. Etranger à tous les partis, à toutes les intrigues qui, depuis, divisèrent la convention nationale, il échappa aux proscriptions qui furent la suite de ces funestes journées; concourut puissamment au 9 thermidor; et ensuite à la répression des insurrections anarchiques qui éclatèrent dans les journées des 12 germinal et 1 prairial an 3 (1er avril et 20 mai 1795). Nomme, en juin 1795, membre de la commission des 21, chargée de l'examen de la conduite de Joseph Lebon, ce fut lui qui fit le rapport de cette affaire, et proposa le décret d'accusation contre ce monstre. Le 15 fructidoran 3 (1er septembre 1795), il fut nommé membre du comité de sûreté générale, et s'y prononça, avec une extrême énergie, contre la faction royaliste qui s'était emparée du mouvement sectionnaire qui éclata un mois après (13 vendémiaire an 4). Réélu au conseil des cinq-cents, lors de la mise en activité de

RABAUT-SAINT-ÉTIENNE (J.-P.), député à la convention nationale, né en 1744, à Nîmes, province de Languedoc, descendait d'une des familles protestan tes les plus honorables de ce pays. Il était avocat et ministre de la religion réformée à Nimes, lorsqu'en 1789, il fut élu, par l'assemblée du tiers-état de la sénéchaussée de cette ville, député aux états-généraux. Les événemens qui ne tardèrent pas à éclater, ayant fait luire un jour nouveau sur la France, permettaient aux amis d'une sage liberté de concevoir les plus heureuses espérances. Rabaut, en qui des études et des réflexions qui curent

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la constitution de l'an 3, il y défendit avec le courage le plus persévérant les institutions républicaines, attaquées de toutes parts, et mérita de plus en plus la reconnaissance des amis de la liberté. Le 10 messidor an 7 (28 juin 1799), il appuya,par des considerations d'ordrepublic fondées sur une malheureuse expérience, les mesures proposees contre les prêtres non assermentés. Le 1e thermidor.( 10 juillet), il fut élu président du conseil ; et le 9 thermidor, il prononça, en cette qualité, un discours, où il rappela l'époque qui avait délivre la république de la tyrannie,de Robespierre; retraça les forfaits de la reaction royale; et invita le peuple à profiter des leçons du passé pour maintenir sa liberté et sa constitution. Il défendit ensuite, en comité secret, ex-directeurs renversés le 30 prairial. Le 28 fructidor an 7 (14 septembre 1799), il déclara que les dangers de la patrie étaient les mêmes qu'en 1792, et ses ressources moins grandes. Exciu, le 19 bru maire (10 novembre 1799), du corps législatif où il venait d'opposer la résistance la plus véhémente à l'usurpation militaire, Quirot fut arrêté et renfermé quelques jours à la Conciergerie. Il devait être exilé, et envoyé en surveillance dans la Charente-Inférieure; mais ces ordres ne furent pas mis à exécution, et Quirot ren. tra dans ses foyers, où l'estime de ses concitoyens n'a cessé de le venger de l'injustice et de l'oubli du gouvernement. Il n'a reparu qu'un instant, en 1813, sur la scène politique, comme membre du conseil municipal de Besançon.

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toujours pour but le bonheur des hommes et que confirmait la morale de la reli gion qu'il professait, avaient développé de puis long-temps les principes d'une douce philosophie, se livra avec le plus sincère enthousiasme aux illusions du plus séduisant avenir, et dévoua ses pensées et ses travaux au succès de la noble cause pour le triomphe de laquelle l'Europe formait alors d'unanimes vœux. Rabaut était, avec toute la modération de son caractère profondément pénétré de l'idée que la religion catholique était essentiellement ennemie de la liberté. Il porta cette opi. nion dans les débats de l'assemblée cons

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tituante, et c'est d'après elle que doit élre jugée toute sa conduite politique, qui fut toujours celle d'un homme de bien, et sur laquelle l'esprit de faction n'exerça jamais d'influence. Au milieu des résis tances qu'offrirent à la vérification commune des pouvoirs, dès les premières séances des états-généraux, les ordres du clergé et de la noblesse, Rabaut fit entendre un vœu de paix dans la séance du lundi 18 mai 1789, et proposa, à la suite d'un discours très-étendu dans lequel il fit sentir la nécessité de l'union, et que l'assemblée écouta avec un vif intérêt, la nomination de commissaires conciliateurs, qui fut adoptée sur-le-champ. La rapidité d'une Notice biographique ne nous permettant de rapporter ici que les extraits de quelques-unes des opinions émises par Rabaut dans le cours de l'assemblée constituante, et qui sont recueillies dans les Moniteurs du temps, nous nous bornerons à rappeler celles de ces opinions qui se rattachent plus parti culièrement à des circonstances ou à des faits qui sont d'un plus grand intérêt historique. Il établit, avec évidence, que la liberté des cultes dérivant de tous les autres droits, devait être spécialement consacrée; traita successivement quelques autres questions constitutionnelles, et fut nommé membre du comité de constitution. Depuis lors, il parut se renfermer de plus en plus dans les travaux de ce comité, et se montra plus rarement à la tribune. Elu président, le mardi 16 mars 1790, Rabaut manifesta, dans une de ces brillantes discussions relatives à la liberté de la presse, l'opinion qu'il fallait soumettre à un jury les ouvrages regardés comme incendiaires, afin de prévenir l'inquisition de la pensée,par ce moyen si simple et si tutelaire, autour duquel se sont réunis, en décembre 1817, dans la chambre des députés de la France, tous les bons esprits qui ne regardent pas l'autorité ministérielle comme infaillible, ou qui n'ont pas sacrifié leur conscience à leur credit. Le 25 mai 1791, il fit décréter que le rejet de la réunion d'Avignon, que venait de prononcer l'assemblée, ne préjugeait rien sur le droit de la France relativement au comtat Vénaissin. Lorsqu'au 20 juin 1791, Louis XVI, dont l'autorité royale et celle de l'assemblée ellemême ne pouvaient plus protéger la liberté, se fut éloigné de Paris, Rabaut

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fit mander à la barre le maire de cette ville (Bailly), pour obtenir de ce magistrat, des renseignemens sur la situation de la capitale. Depuis la fin de la session de l'assemblée constituante, jusqu'à la convocation de l'assemblée legislative, Rabaut s'occupa de son Précis historique de la révolution française, ouvrage non moins remarquable par la profondeur des pensées et celle des aperçus politiques que par la candeur et la vérité des récits, et où la conscience de l'homme de bien se fait reconnaître à chaque page. Ce n'est pas qu'on n'y rencontre quelquefois des erreurs de fait et d'opinion; mais ces taches sont si rares, elles sont de si peu d'importance, et les honorables intentions de l'auteur sont tellement à découvert, qu'il est presque superflu de les faire remarquer. Député par le département de l'Aube à la convention nationale, Rabaut porta dans cette assemblée l'esprit de modération dont il ne s'était pas départi un moment pendant la durée de la session constituante; mais les vertus qui lui avaient mérité l'estime universelle de ses collègues, dans cette assemblée où tant de talens réunis à tant d'amour pour la patrie n'obtinrent que de si funestes résultats, n'étaient plus devenues, dans la convention, que des titres de proscription et de mort. Nul ne le sentait mieux que Rabaut, et cependant, par une condescendance funeste à laquelle quelquesuns d'entre les plus honorables républicains se croyaient alors obligés, pour ne pas irriter des hommes qui avaient autrefois marché dans leurs rangs et qu'ils ne désespéraient pas d'y ramener encore, il ne cessait, contre sa propre conviction, d'attribuer aux royalistes les pamphlets anarchiques qui inondaient Paris, et dont il n'était que trop évident, à cette épo-que, que le crime appartenait tout entier à la faction des jacobins, dont l'audace et les attentats ne connaissaient plus de bornes. Des écrivains qui ont cru honorer Rabaut par cet étrange témoignage de leur impartialité, ont dit qu'il avait suivi, dans la convention, une marche absolument contraire à celle qu'il avait adoptée dans l'assemblée constituante : cette assertion est malveillante ou inexacte; Rabaut pensa, jusqu'en 1791, qu'il y avait tout à redouter du parti contrerévolutionnaire, et il dévoua ses efforts à le combattre. Les crimes de septembre

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