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des Whigs, mais ne prit aucune part aetive aux contestations politiques qui signaJèrent la fin du règne de Georges II. Au commencement du règne actuel, il était colonel du 72 régiment d'infanterie; il se trouva à la bataille de Minden, et mé rita les éloges du prince Ferdinand de Brunswick. Eu 1763, il débuta dans la carrière politique,et se distingua dans la chambre haute, par la hardiesse avec la quelle il attaqua l'administration de lord Bute et celle de Georges Grenville, son successeur. En 1765, le système Tory ayant été renversé, le duc de Richmond oblint la place de secrétaire-d'état, qu'il remplit avec autant de zèle que de talent, Au bout d'un an, le nouveau ministère fut remplacé par une administration composée de Whigs et de Torys. On soupçonna ces derniers de se laisser diriger secretement par l'influence de lord Bute, qui jouissant de la faveur du monarque, était le chef. du cabinet secret et auteur des projets du gouvernement. Lord North, quoique Whig, devint chef visible de la nouvelle administration, et ne perdit sa popularité qu'après avoir perdu l'Amérique et doublé la dette nationale. Depuis l'an 1769 jusqu'en 1782, le duc de Richmond ne cessa de combattre avec force les mesures du ministère. En 1781, il présenta au parlement un projet de représentation nationale, et devint président des délégués de toutes les sociétés constitutionnelles de la Grande-Bretagne, pour la réforme parlementaire. En 1782, le parti Tory ayant été renversé avec lord North, et le marquis de Rockingham et les Whigs étant de nouveau parvenus au ministère, le duc de Richmond fut nommé capitaine-général de l'artillerie et chevalier de l'ordre de la Jarretière. Ce ministère yant été renversé trois mois après, par la mort du marquis de Rockingham, le Anc de Richmond se mit à la tête de la Houvelle opposition avec le marquis de Lansdowne, M. Pitt, etc. ; insista de nou veau sur le grand projet de la réforme parlementaire et fut secondé, dans sa motion, par M. Dundas, et par M. Pitt, qui le proposa 3 ans de suite à la chamhre des communes. Lorsque le duc de Richmond présenta le bill de réforme à Ja chambre des pairs, i dit « qu'il était convaincu, par une expérience de 26 ans, qu'une nouvelle organisation de la cham. hre des communes était le seul remede

capable d'extirper la corruptionqui, après avoir plongé la nation dans la pauvreté et le malheur, la menaçait encore de la perte de sa liberté; » prophétie qui paraît tous les jours plus près de se réaliser. En 1795, le duc de Richmond se démit de la place de grand-maître de l'artillerie et obtint le commandement du régiment des gardes à cheval. Il se retira des affaires publiques en 1803, pour cultiver les lettres qu'il aimait. Il vécut dans la retraite jusqu'en 1810, époque à laquelle il accepta la vice-royauté d'Irlande. Il s'y fit chérir des habitans, et donna sa démission en 1812, pour ne pas devoir mettre à exécution les mesures de rigueur ordonnées contre eux. Il mourut quelque temps après son retour en Angleterre, universellement regretté pour ses vertus et sa bienfaisance.

RICHMOND (CHARLES LENNOX,ducde), pair de la Grande-Bretagne et d'Ecosse, né en 1764,était fils de George-Henri Lennox, général anglais, et neveu du précédent, qui lui laissa les grands biens et les titres de sa famille. Le jeune Charlesproduisit dans sa jeunesse beaucoup de sensationdans les cercles brillans de Londres, où il était habituellement désigné sous le nom du beau Lennox, A cette époque une rivalité amoureuse lui attira un duel avec le duc d'York, dans. lequel ce dernier eut son chapeau percé d'une balle. Charles Lennox servit longtemps, et avec assez de distinction, dans l'armée anglaise, où il obtint le grade de lieutenant-général et l'ordre de la Jarretière. Il fut aussi gouverneur de Plymouth, lord lieutenant du comté de Sussex, et grand-maître ou grand-sénéchal de Chichester. En septembre 1816, il alla visiter des terres qu'il possédait en France, s'arrêta ensuite à Bruxelles où il fit un assez long séjour, et partit en 1818, pour se rendre au Canada, dont le prince régent l'avait nommé capitaine-général. Il ne tarda pas à y périr d'une manière tragique et douloureuse; en jouant avec un renard privé, il fut mordu légèrement par cet animal, que l'on ignorait être atteint d'hydrophobie. Les symptômes de cette affreuse maladie ne tardèrent pas à se manifester, et le duc y succomba au bout de quelques jours.

RICORD, député du département du Var à la convention nationale, y vota la mort de Louis XVI, sans appel et sans sursis, après avoir pressé son procès avec

beaucoup de chaleur. Envoyé, en pluviôse an 2 (janvier 1794), près des armées d'Italie, avec Robespierre le jeune, il concourut à ses opérations dans le Midi; contribua à l'expulsion des Anglais et des Piémontais; et à la reprise de Toulon. Ac cusé d'avoir pris part à la révolte du 1* prairial an 3 (20 mai 1795), il fut dé crété d'arrestation le 8 du méme mois (27 mai), et compris dans l'amnistie du 4 bru maire an 4 ( 26 octobre). Impliqué depuis dans la conjuration de Babeuf, et traduit à la haute-cour de Vendôme, il nia en avoir eu connaissance, et fut acquitté par le jury. Persécuté sous le gouvernement de Napoléon, à la première élévation duquel il avait, néanmoins, beaucoup contribué, il fut, après le retour de ce prince, en mars 1815, nommé lieutenant de police à Baïonne, et réunit même les suffrages de l'assemblée électo. rale du département du Var, pour les fonctions de membre de la chambre des représentans ; mais il n'y pas siégé. Il a néanmoins été compris, en 1816, dans la loi d'exil rendu le 12 janvier de la

même année.

RIGAUD (Le baron ANTOINE), maréchal-de-camp, né le 14 mai 1758, entra au service au commencement de la révolution dont il fit toutes les campagnes avec distinction; devint colonel du 25 régiment de dragons; fut nommé commandant de la légion-d'honneur après la 'bataille d'Austerlitz, et général de brigade en janvier 1807. Il continua d'étre employé jusqu'à la chute du trône impérial et fut nommé, en juin 1814, commandant du département de la Marne. Lorsque le duc de Bellune (Victor) qui s'était rendu à Paris, le 16 mars, pour demander des ordres, fut de retour à Chalons, le 20 du même mois, il ordonna un mouvement en avant, et appela près de lui les colonels chargés de l'opérer. Le géné ral Rigaud, faisant mettre aussitôt ses troupes sous les armes, leur apprit les prodigieux succès de Bonaparte et la prochaine entrée de ce prince à Paris. N'écourant, en même temps, qu'un enthou. siasme partagé par toute l'armée, il détacha ses épaulettes, et foulant aux pieds le lis et la croix de St-Louis, il s'écria vive l'empereur. Ce cri fut aussitôt répété, avec transport, dans tous les rangs. Le duc de Bellune averti, renvoya en toute háte les colonels à leurs régimens.

Arrivés sur la place publique, ils trouverent les soldats en pleine insurrection, et le général Rigaud leur rappelant les sermens qu'ils avaient prêtés à l'empereur et les exhortant à les remplir. Au milieu de ce désordre, le général Rigaud, craignant d'ètre enveloppé, prit le route d'Epernay, escorté par le 5o de hussards et par le 12 d'infanterie; mais le même jour il revint à Châlons pour ordonner l'arrestation du maréchal, qui avait lui-même donné ordre au capitainede la gendarmerie qu'on s'assurât de la personne du général. Le 21, il fit publier le rétablissement du gouvernement impérial, et reprit, au nom de Bonaparte, le commandement du département de la Marne, qu'il conserva jusqu'au mois de juillet, lorsqu'il fut attaqué à Chalons et fait prisonnier par les Russes qui le conduisirent à Francfort. Il recouvra sa liberté après la capitulation de Paris, et fut mis en jugement au mois de mai 1816, devant le 2o conseil de guerre de la re division militaire, qui le condamna à mort par contumace. Le générał Rigaud était retiré à Saarbruck, pen. dant que son procès s'instruisait à Paris. Menacé d'y être arrêté et conduit à Wesel, par ordre du gouvernement prus sien, il prévint cette mesure, et se réfugia à Deux-Ponts, d'où il s'est rendu dans les Pays-Bas. Embarqué, en 1816, dans un des ports de ce royaume, les secours de ses compagnons d'infortune ont été nécessaires pour donner à lui et à sa famille les moyens de se rendre aux ÉtatsUnis. Il y avait formé un établissement utile, lorsque les journaux anglais annoncerent, en 1818, la fin Tragique de ce général qui, disaient-ils, s'était noyé avec une partie de sa famille; mais des nouvelles récentes et positives annoncent que lui, sa fille et sou fils habitent la Nouvelle-Orléans. La fille du général y donne des leçons de musique, et son fils des leçons de langue française.

RIOUFFE (HONORÉ), était homme de lettres à Paris avant la révolution. II quitta la capitale après le 31 mai, et se rendit de Paris à Bordeaux, où Tallien le fit arrêter comme fédéraliste avec l'Espagnol Marchena et le député Duchátel. Trainé comme le plus abject des criminel, pendant une route de 180 lieues, Riouffe, en arrivant à Paris, fut jeté dans. les cachots de la conciergerie. Il y demeura jusqu'après le 9 thermidor, et pn

blia alors les Mémoires d'un détenu pour servir à l'histoire de la tyrannie de Robespierre, petite brochure remplie du plus touchant intérêt, des anecdotes les plus intéressantes, et dont le succès fut prodigieux. Sans fortune, Riouffe avait été recueilli par Mme Pourrat, veuve du banquier de ce nom, et non moins célebre par son esprit qu'elle l'avait été autrefois parsa beauté. Courtisan aussi souple qu'écrivain ingénieux, Riouffe embrassa avec empressement les principes du 18 brumaire, et fut nommé, en décembre 1799, membre du tribunat. Il est probable qu'il avait espéré tirer parti de cette nomination pour sa fortune, car, dès son entrée au tribunat, il se livra à de telles exagérations de flatteries envers le premier consul, que ses collègues crurent, pour l'honneur du corps, devoir le faire rappeler à l'ordre. Servilement dévoué à l'autorité, il vota, sans exception comme sans examen, en faveur de tous les projets de loi proposés par elle. C'est par de tels moyens, dont le succes sera toujours plus infaillible qu'honorable, qu'il obtint d'abord la préfecture de la Côte-d'Or, d'où il passa à celle de la Meurthe, le 29 octobre 1808. Il est mort à Nancy, en 1814, de l'épidémie qui exerça tant de ravages en France et en Allemagne. Outre ses Mémoires, dont le style est à-lafois simple, concis et attachant au plus haut point, et une brochure ayant pour titre Quelques chapitres, Riouffe a pu blié, sur la mort du duc de Brunswick, un poëme qui prouve que l'art des vers n'était pas celui de cet écrivain.

RIVAROL (A. DE), naquit à Bagnols, en 1755, et passa pour avoir usurpé les titres nobiliaires, parce que son pere, se frouvant sans fortune, s'était vu force d'ouvrir une auberge pour faire subsister sa famille. Le jeune Rivarol, destiné à l'état ecclésiastique, fut d'abord envoyé à Avignon, au séminaire de Ste-Barbe; se dégoûta bientôt de la théologie, se rendit à Versailles et prit d'abord le nom de Deparcieux, faisant croire qu'il était parent du célèbre savant de ce nom, mort en 1769; mais un neveu de celui-ci força Rivarol à reprendre son nom. Une intrigue galante l'obligea de venir à Paris en 1783. Il publia alors une Lettre sur le poëme des Jardins, une autre sur les Aerostats, une troisième sur les Tétes parlantes de l'abbé Mical. Ces essais le

portèrent à la rédaction du Mercure; reçu ensuite à l'académie de Berlin, il publia son épître au roi de Prusse, production qui fit connaitre son goût et ses talens pour la satire. Il y ridiculisa Garat avec lequel il travaillait au journal de Panckoucke, qu'il fut obligé de quitter par suite de cette brouillerie, et fit paraître la critique du Poëme des Jardins, publiée sous la forme d'un dialogue en vers entre le Chou et le Navet, satire très-spirituelle, mais amère et remplie de traits inconvenans, à laquelle Deliile répondit plus tard avec autant de décencé que de moderation. En 1789, Rivarol embrassa avec ardeur la cause de la monarchie, et publia avec Peltier (voy, ce nom), et quelques autres, les Actes des apôtres, recueil de sarcasmes et de plaisanterics ingénieuses tant en prose qu'en vers,où les opérations de l'assembléenatio. nale étaientvouées au ridiculeet au mépris. Ayant essayé de quitter la France en 1790, il fut arrêté à Abbeville par la garde nationale, et publia, à cette occasion, une relation très-plaisante de son voyage, dans laquelle il dirigeait plusieurs traits piquans contre la révolution, et surtout contre le général la Fayette, dont le noble caractère et les intentions loyales furent méconnus à cette époque, comme ils l'ont été depuis, par l'esprit de parti. On a cru, dans le temps, que le zèle de Rivarol pour la défense de la monarchie lui avait été lucratif, et cette opinion se fondait sur quelques dépenses extraordinaires auxquelles on le vit se livrer. Il disait de lui-même en retournant un mot de Mirabeau, « qu'il était vendu à la cour et non payé. Ce qu'il y a de sûr, c'est que s'étant réfugié à Hambourg en 1792, il fut obligé de s'y mettre aux gages d'un libraire qui, dans l'espérance de tirer parti de ses talens et de sa réputation, le reçut chez lui, et pourvut long-temps à toutes ses dépenses personnelles, avec une confiance à laquelle Rivarol fut loin de répondre, commençant chaque jour un ouvrage que sa paresse naturelle l'empêchait de continuer, et promettant monts et merveilles au crédule libraire. Ce dernier perdit enfin patience, et Rivarol se rendit à Berlin, laissant pour gage de ses dettes plusieurs manuscrits à peine ébauchés et qui vraisemblablement ne verront jamais le jour. Il fut assez bien accueilli dans cette capitale par le roi et

le prince Henri; ce qui ne l'empêcha pas de regretter vivement sa patrie. « La vraie terre promise, écrivait-il à un de ses amis en France, est encore la terre où vous êtes. Je la vois de loin, je désire y revenir, et je n'y rentrerai jamais. » Rivarol fit plusieurs tentatives inutiles sous le directoire pour obtenir sa rentrée en France; le 18 brumaire lui avait rendu un espoir qui était près de se realiser, lorsqu'il mourut le 11 avril 1801, âgé de 47 ans. Il habitait depuis long-temps Hambourg, où ses sarcasmes l'avaient fait redouter et hair. Il avait épousé, jeune encore, la fille d'un maître de langues, nommée Louise Materflint, mais il ne fut point heureux dans son union. «Un jour, dit-il, je m'avisai de médire de l'Amour; le lendemain il m'envoya l'Hymen pour se venger; depuis je n'ai vécu que de regrets. Il est né de ce mariage un fils, qui est entré au service de Danemarck. Le premier ouvrage qui commença la réputation de Rivarol, fut son Discours sur l'universalité de la langue française, couronné, en 1784, par l'académie de Berlin. On y trouve des aperçus neufs, des vues fines, le germe d'un beau talent; mais il a plus d'éclat que de profondeur. Les autres ouvrages de cet auteur, sont: L'Enfer, traduction du Dante, où l'original est plutôt imité que rendu. Aussi Buffon lui dit obligeamment après l'avoir lue : « Cet ouvrage n'est point une traduction: c'est une suite de créations. » Leures sur la religion et la morale, 1787, publiées à l'occasion de M. Necker, sur l'importance des opinions religieuses.

Petit Almanach des grands hommes, 1788, satire piquante qui souleva contre l'auteur une foule d'écrivains obscurs. On attribua à Champcenets plusieurs traits malins de cette brochure; mais Rivarol les réclama, et mit de l'importance à l'avoir faite en entier.-Lettres à la noblesse

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séquent d'injustice. Rivarol a été un des * plus beaux esprits de son temps, et avec moins de recherche et plus de méthode, il en cût été un des auteurs les plus distingués. C'est surtout dans la conversation qu'il excellait par ses vives saillies et ses traits satiriques. Sa méchanceté, qui inspirait généralement une terreur dont il avait la vanité et le malheur de se glorifier, lui attira quelquefois de dures représailles témoin l'anecdote suivante. Au commencement de la révolution, affectant de confondre ses intérêts personnels avecceuxdela noblesse,il répétait à chaque instant, dans un cercie d'hommes titrés: « Nos droits, nos priviléges sont menacés. » Présent à cette sortie, le duc de Créquiaffectait de répéter: « Nos droits... Nos priviléges.... » — « Eh oui, reprit Rivarol, nos droits que trouvez-vous de singulier là-dedans? » C'est, pliqua froidement le duc, votre pluriel que je trouve singulier. » Ce mot atterra le caustique interlocuteur, et fit beaucoup rire à ses dépens. Sa femme a traduit plusieurs ouvrages de l'anglais, entr'autres les Effets du gouvernement sur l'agriculture en Italie, avec une Notice de ses différens gouvernemens. Elle a aussi publié une Notice sur la vie et la mort de son mari, en réponse à ce qui a été publié dans les journaux. - Le frère cadet de RIVAROL (C.-F.), ancien officier d'infanterie, partagea sa haine pour les principes de la révolution. Ayant été arrêté en 1801, il fut accusé d'avoir participé à un complot contre le premier consul, et après être resté long-temps détenu au Temple, il fut envoyé en sur. veillance dans une ville des départemens méridionaux. Il est auteur des ouvrages suivans, dans lesquels il s'est montré bien au-dessous du talent et de l'esprit de son frère : De la Nature et de l'homme, poeme, 1782. Les Chartreux, poëme, 1784. Epitre et pièces fugitives. Isman, ou le fatalisme, roman, 1785. RIVAUD DE LA RAFFINIÈRE (Le comte OLIVIER MARON), lieutenant-général, né le 11 février 1766, à Civray en Poitou, embrassa la carrière des armes, et devint, en 1791, chef du 4 bataillon de la Charente. Employé, en 1792, à l'armée du Nord, il se distingua aux batailles d'Hondscoote, de Warwick et de Wattignies; au blocus de Maubeuge, en 1793; aux siége et blocus de Mantoue,

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de

battre, Rivière ne repartit point avec lui, et ne vint le rejoindre en Angleterre qu'à la fin de novembre. Il fut, puis cette époque jusqu'à celle de son voyage en France, au commencement de 1804, l'un des instrumens les plus actifs des intrigues de la maison de Bourbon sur le continent. Initié à l'attentat de la machine infernale, (3 nivóse an 9) et à toutes les entreprises projetées ou tentées contre la personne de Bonaparte, Rivière, particulièrement signalé à la police du gouvernement consulaire, avait échappé jusques-là à ses recherches. Il fut moins heureux, lors de la tentative dans laquelle, en mars 1804, il eut pour complices George Cadoudal; Pichegru; les deux Polignac, avec lesquels il fut arrêté; Charles d'Hozier, Coster-Saint-Victor, et quelques autres individus dont la plupart laissèrent peu de temps après, leur tête sur l'échafaud. Traduit, le 28 mai, au tribunal criminel du département de la Seine, M. de Rivière y fut condamné à mort le 10 juin suivant; mais sa famille ayant eu accès auprès de l'imperatrice Josephine, de la princesse Caroline, grande- duchesse de Berg, et du grand-duc son époux (Murat), tous trois intercédèrent si vivement auprès de l'empereur pour obtenir sa grace, que la peine capitale fut commuée en une déportation; et, jusqu'à ce que celle-ci fût possible, il fut ordonné que Rivière serait détenu au château de Joux, département du Doubs. Rendu à la liberté par les événemens de 1814, il fut nommé, le 28 février, maréchal-de-camp, par Monsieur, à l'instant où ce prince se glissait en France à travers les armées ennemies qui s'avançaient par les frontières de l'est, dont la Suisse venait de

en 1797. Il passa ensuite à l'armée d'Angleterre, en qualité de chef de l'étatmajor; fut rappelé, en 1800, à l'armée d'Italie; contribua à la tête de sa brigade à la victoire de Montebello; et se couvrit de gloire à la bataille de Marengo, en défendant ce village pendant sept heures contre des forces supérieures. Il commanda une brigade à l'armée de Portugal en 1801, et fut promu au grade de général de division, le 16 mai 1802. Il fit partie de l'armée de Hanovre en 1803, sous les ordres du maréchal Mortier; combattit avec distinction à Austerlitz; contribua à la prise de Hall, le 17 octobre 1806; et plus tard, à la défaite de la réserve prussienne. Il passa ensuite au service de Westphalie; y obtint le commandement de la 2a division militaire de Brunswick; et commanda, pendant la campagne de 1809, une division de l'armée de réserve organisée par le maréchal Kellermann. Lorsque les événemens de 1814 curent amené l'abdication de l'empereur, le général Rivaud commandait en chef la 13a division militaire à La Rochelle. Créé comte le 31 décembre 1814, il fut nommé commandant du département de la Loire-Inférieure, dans la 12o division militaire, et conservait le commandement de La Rochelle à l'époque du retour de Bonaparte. Il se tint à l'écart pendant les cent jours, et, au mois d'août 1815, il fut appelé par le roi à la présidence du collège électoral de la Charente-Inférieure, qui l'élut membre de la chambre des députés dissoute par l'ordonnance du 5 septembre 1816. Il est maintenant inspecteur-général de cavalerie.

RIVIÈRE DE KIFFARDEAU (CHARLES-FRANÇOIS, marquis DE ), né en 1765 à La Ferté-sur-Cher, était officier aux gardes françaises avant la révolution. Il émigra dès le commencement des troubles; prit du service dans l'armée de Conde; s'attacha ensuite au comte d'Artois; puis devint son premier aide - de - camp et son confident le plus intime; le suivit dans tous ses voyages, et fut chargé par lui de plusieurs missions dans la Vendée et en Bretagne. En 1795, il accompagnait ce prince qui s'était rendu à l'Ile- Dieu (voy. ARTOIS); et, lorsque celui-ci eut pris la résolution subite de retourner en Angleterre, à l'instant où Charette, à la tête de son armée, l'attendait pour com

vrer le passage. En octobre de la même année, Riviere, dont il fallait faire la fortune, fut nommé ambassadeur à Constantinople. Arrivé à Marseille, où il n'attendait qu'un vent favorable pour mettre à la voile et se rendre à sa destination, il apprit que Bonaparte, qui venait de débarquer à Cannes, s'avançait sans obsta cles vers le Dauphiné, et que toute la population accourait avec enthousiasme au-devant de lui. Rivière essaya alors de soulever le midi; mais reconnaissant bientôt l'impuissance de ses efforts, il s'embarqua, le 11 avril, avec le vicomte de Bruges, sur un petit bateau espagnol,

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