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Corbeil, imp. de CRETE

CONDITIONNELLES ET PRODUCTRICES DES IDÉES,

OU DE L'ENCHAINEMENT NATUREL DES

PROPRIÉTÉS ET DES PHÉNOMÈNES DE L'AME :

ouvrage

A LA PORTÉE DE TOUS CEUX QUI S'OCCUPENT D'ÉTUDES PHILOSOPHIQUES,
ET PROPRE A FIXER L'OPINION SUR L'ORIGINE DES IDÉES DITES FONDAMENTALES

ET A FACILITER L'INTELLIGENCE ET LA CRITIQUE DU KANTISME.

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PRÉFACE.

J'ai rassemblé dans ce volume tout ce que j'ai publié ou écrit jusqu'à ce jour sur les propriétés et les phénomènes de l'âme.

L'ouvrage commence par l'exposition de mes principes en cette matière; ils sont l'objet des articles intitulés : Cause conditionnelle, Propriétés de l'âme, et Faculté de penser.

Viennent ensuite mes observations critiques sur le Système des facultés de l'âme de Laromiguière, et sur ce qu'il appelle les matériaux de nos idées.

Tout le reste du volume concerne les idées innées, ou principes à priori. Seulement, j'ai laissé dans son entier, quoiqu'il ne se rapporte pas entièrement aux idées innées, un chapitre sur le Cartésianisme, que j'ai placé à la tête de cette deuxième partie de l'ouvrage. Les suivants traitent de la Substance, du Temps, de l'Infini, de la Cause efficiente, des Idées innées en général; et l'ouvrage se termine par un examen de la doctrine de Kant, ou plutôt, d'un article de M. Cousin sur la Critique de la raison pure.

Depuis que j'ai écrit cette espèce de réfutation, j'ai lu, d'abord le livre de Kant que je viens de citer, puis ses Leçons de métaphysique, et enfin, les Leçons de M. Cousin sur la philosophie de Kant (tome premier). Cependant, j'ai laissé mon travail tel qu'il était sorti de ma plume, sans y rien changer : je n'aurais pu y retoucher sans le refondre entièrement, et au lieu d'écrire un chapitre, j'aurais dû composer un volume. Mais je ferai ici deux observations importantes.

Premièrement, en lisant la Critique de la raison pure, ouvrage d'une effrayante obscurité, que je suis bien loin d'avoir entièrement compris à cette première lecture et avant d'avoir consulté les excellentes leçons de M. Cousin, mais dans lequel néanmoins j'ai reconnu de suite de fort bonnes choses, et des choses qui rentrent dans mes vues, il m'a semblé que les principes à priori admis par l'auteur n'étaient pas tout à fait les idées innées de Platon et de M. Cousin : et j'ai été confirmé dans cette opinion par les Leçons de métaphysique, dans lesquelles Kant dit positivement qu'il n'admet point de notions innées et qu'il serait absurde d'en supposer. Il m'a donc paru surprenant que M. Cousin, dans ses Leçons sur la philosophie de Kant, n'ait fait aucune remarque à ce sujet. Au reste, qu'il y ait ou non des idées, des principes innés, ce n'est pas là peut-être ce qui nous importe le plus; le principal est de savoir si des idées, des notions d'une certaine nature peuvent se former en nous indépendamment de l'expérience, c'est-àdire de toute observation directe ou indirecte, externe ou interne. D'ailleurs, si telles ou telles idées peuvent se former indépendamment de l'expérience, elles doivent pouvoir se former aussi avant l'expérience; et comme l'expérience commence avec nous, une idée, un jugement à priori pourrait donc exister ou s'être formé en nous avant que vous fussiez nés: et dès lors, il serait assez indifférent de savoir, ou si nous avons acquis, soit avant, soit après la naissance, une telle idée, un tel jugement, ou si Dieu nous l'avait directement

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