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XIII. Et neantmoins on tient que le lieu oû sont les ames des gens de bien et bien heureux 2 n'est autre chose que la nature de la gloire, et de l'estre,

Le soleil qui tousjours leur luit
Esclaire de là nostre nuict:
De roses vermeilles fleuries

Sont leurs belles grandes prairies.

Et là toute la campagne ouverte est tapissée des fleurs de toutes sortes d'arbres sans fruicts, mais couverts de fleurs : et là y a de belles rivieres qui ne font bruit quelconque tant elles coulent doulcement, et s'entretienent à discourir ensemble et raconter ce qui a passé par cy devant, et ce qui est, s'entre-accompagnans, et s'entre-voyans les uns les autres.

XIV. PUIS il y a une troisieme voye de ceulx qui ont mal vescu et qui sont meschants, laquelle precipite leurs ames en un abysme de tenebres.

Où les croupissantes rivieres

De la nuict, hors de leurs fondrieres
Vomissent une infinité

De tenebreuse obscurité :

engloutissants et enfouissants ceulx qui sont punis en oubliance et ignorance: car il n'y a pas des vaultours qui mangent continuellement le foye des meschants couchez et renversez par terre, car il est pieça ou bruslé ou pourry: ne n'y a pas des fardeaux qui oppriment et accablent les corps de ceulx

Les bienheureux...

3g SI C'EST BIEN DIT CACHE TA VIE.

I

qui sont punis, pource que les os et la chair n'ont plus de ligatures de nerfs 1, et n'ont plus les trespassez aucun reste de corps capable de recevoir punitions, ce qui est propre à chose dure et qui resiste. Mais la vraye unique maniere de chastier et punir ceulx qui ont mal vescu en ce monde, est une infamie, une ignorance, et une abolition entiere et aneantissement total qui les emporte au fleuve de Lethé, qui signifie oubliance, en lieu où il n'y a ris aucun, ny aucune resjouïssance, et les plonge en la vaste mer qui n'a fond ne rive, de lascheté inutile à tout bien, et paresse qui ne sçait rien faire, sinon tirer après soy un oubly, et un ensepvelissement en toute ignorance et toute descognoissance.

Odyssée, XI, 218. Cette phrase est mot à mot le vers d'Homère à l'endroit cité. Voyez les observations.

AVERTISSEMENT

SUR LE TRAITE DE LA SANTE.

LES

Es règles et préceptes de Santé que Plutarque a réunis dans ce petit Traité, sont un monument de l'étendue de ses connoissances dans tous les genres. On ne pourra lire cet ouvrage sans en retirer les avantages les plus précieux : on y verra tout ce que la santé nous procure de biens et de plaisirs; et on y apprendra les vrais moyens de la conserver. L'auteur philosophe et ami de l'humanité y parle à ses semblables avec ce ton simple et persuasif qui, embelli des graces naïves du langage d'Amyot, fait goûter et aimer le bien. Ses préceptes d'ailleurs sont simples, puisés dans la nature et exempts de toutes ces formules pharmaceutiques qui chargent nos livres

de médecine, et les font tomber des mains de ceux qui entreprennent de les lire.

On peut donc regarder cet opuscule comme un excellent traité d'Hygiène on y a multiplié les notes, pour qu'on n'ait rien à désirer du côté de la clarté du texte : les observations y sont fort étendues, parce qu'on a cru qu'il étoit essentiel de faire appercevoir les erreurs, quoiqu'en très petit nombre, échappées à Plutarque, et les vérités que le temps et l'expérience nous ont fait découvrir depuis cet excellent observateur. Ces observations sont toutes dues à M. F. N. Simonnet, Régent de la Faculté de Médecine de Paris. Il a bien voulu en enrichir cette nouvelle édition, où l'on s'est particulièrement proposé de mériter la confiance du public, et de con

courir à son utilité.

SOMMAIRE

DES REGLES ET PRECEPTES DE SANTÉ.

Rivalité de la médecine et de la philosophie. IV: Nécessité d'allier ces deux sciences. VI. Il faut avoir les extrémités chaudes. VII. Savoir user et se priver de tout. VIII. Se modérer dans le boire et dans le manger quelques jours avant les grands festins. X. N'y rien prendre sans besoin. XI. Victimes d'une honte et d'une complaisance déplacées. XIII. Utilité et agrément à ne manger que selon son appétit. XIV. Sottise et vaine gloire autant à éviter à table que la friandise et la gourmandise. XV. Il ne faut jamais prévenir le besoin en fait de plaisirs. XVI. Vraie gloire et utilité à refréner ses passions. XVII. Ne point irriter son appétit par des méts recherchés. XVIII. Nulle vraie volupté sans tempérance. XIX. Maladies et regrets affreux, suites de l'intempérance. XX. Réplétion cause ou aggrave les dispositions morbifiques. XXI. Symptômes de la réplétion, et règles à observer. XXII. Avantages des précautions contre les suites de la réplétion. XXIII. Le corps sain goûte seul le plaisir du boire et du manger. XXIV. Dangers d'un trop rigoureux régime. XXV. Différens pronostics des maladies. XXVI. Utilité à retirer de la visite des malades. XXVII. Conduite nécessaire après quelques excès. XXVIII. Trois points essentiels pour se conserver en bonne santé.

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