« mois de février 1715, y ayant, par un effet de la Pro«vidence divine, retrouvé ce précieux livre que je ne « croyais jamais revoir. « Signé, le cardinal DE BOUILLON, « doyen du Sacré-Collége. Cette préface nous apprend que le fragment, imprimé sous le titre de Mémoires du duc d' York, a été rédigé et traduit par Jacques II lui-même; ce que confirme le manuscrit de Carlton-House, du moins quant à la rédaction. Ce fragment y est donné comme tiré textuellement des Mémoires originaux écrits de la main de Jacques. Il paraît donc positif qu'à la fin de 1695, époque où Jacques II entreprit pour le cardinal de Bouillon le récit de ses campagnes, la rédaction des manuscrits de Carlton-House n'était pas encore commencée; car Jacques se serait probablement servi, pour rédiger le manuscrit qu'il voulait donner au cardinal de Bouillon, de la même main qu'il eût employée pour le reste. On remarquera peut-être, comme une assez singulière circonstance, que ce manuscrit, perdu on ne sait comment, fut retrouvé en 1715 à Rome, où s'est également retrouvé depuis le manuscrit de Carlton-House avec les autres papiers de la maison de Stuart, sauf les Mémoires originaux donnés au collége écossais. Cependant on n'en saurait rien inférer contre l'authenticité du manuscrit de Carlton-House. Il est évident que c'est là que se trouve la version originale dont le manuscrit du cardinal de Bouillon n'est que la traduction. D'abord ce dernier manuscrit est plus exact pour les noms propres, ce qui donne lieu de penser que Jacques II, supposé que la traduction fût de lui-même, la fit revoir par quelque secrétaire français; de plus, dans le manuscrit du cardinal, le duc d'York n'est jamais nommé qu'à la troisième personne, tandis que, dans la version du manuscrit de Carlton-House, on le nomme toujours à la première; fait d'autant plus remarquable que la troisième personne est toujours employée dans les autres morceaux empruntés aur manuscrits originaux; enfin le manuscrit de CarltonHouse rapporte avec détail quelques circonstances entièrement personnelles au duc d'York, omises dans le manuscrit du cardinal. Tout indique donc la version de Carlton-House comme l'œuvre plus immédiate de Jacques; mais en même temps tout donne lieu de regarder la rédaction de cette partie de ses Mémoires comme un travail séparé, entrepris pour la première fois à la prière du cardinal de Bouillon, et tout à fail étranger à la rédaction complète dont il donna peutêtre au roi la première idée. On n'a rien de certain sur l'auteur de ce travail; quelques-uns l'attribuent à Louis Innes; et l'on a prétendu qu'il avait été revu par Dryden, probablement le fils du poëte, poëte lui-même, mais sans célébrité. On ne peut que regretter vivement la perte des manu crits originaux, résultat primitif des impressions du roi Jacques lui-même. Il est difficile de croire que la même ingénuité ait présidé à la rédaction des Mémoires actuellement existants; l'expérience avait alors appris aux descendants et aux partisans du roi Jacques trop de choses pour qu'ils n'en crussent pas avoir quelquesunes à dissimuler. Cependant ce dernier récit, quelque incomplet qu'il puisse être, est mêlé d'un grand nombre de fragments originaux de l'auteur, et est d'ailleurs tellement empreint de ses idées et de ses sentiments qu'il serait difficile d'en trouver ailleurs une plus fidèle image. FIN. |