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DE WASHINGTON

ET DE LA FONDATION DE LA RÉPUBLIQUE

DES ÉTATS-UNIS D'AMÉRIQUE

CHAPITRE PREMIER.

it de la société au milieu de laquelle Washington s'est formé.-La Virginie. -Origine et developpement de cette colonie. - Son esprit aristocratique et ndépendant. Sa constitution et ses lois au moment de la révolution.Condition et dispositions de la classe inférieure. - Existence des grands planteurs.

Washington n'est point un de ces génies imprévus t impossibles à prévoir qui surprennent le monde par a singularité autant que par la grandeur de leurs conceptions et de leur destinée. Malgré sa supériorité sur ses contemporains, rien en lui n'est en contraste frappant avec la société dans laquelle il vit; ses idées, ses passions, ses habitudes sont celles de son pays et de son temps; il partage les instincts des hommes qu'il gouverne; il est l'un d'entre eux, le premier et le meilleur; et même lorsqu'il combat les impatiences et les excès de la démocratie américaine, c'est sans contrarier ses tendances générales, sans lutter contre le développe

ment naturel des événements. Étranger à toute prelatio cupation systématique comme à toute ambition é nat Washington ne se sentit jamais tenté de mettre le pran voir au service d'un intérêt ou d'une pensée qui fusimy en opposition avec les besoins et les aspirations de Les patrie. Sa politique ne fut jamais ni personnelle ni tice. Il a été le chef de ses concitoyens sans cesser de leur représentant. Aussi pour le comprendre ne sta fit-il point de l'étudier en lui-même; il faut encore a chercher dans la société dont il a été le type et dansait mœurs qui l'ont formé.

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Washington était Virginien. Jefferson, Madison, roe, qui ont succédé à Washington dans la présidence ter États-Unis et consolidé son œuvre, étaient Virginen comme lui. La Virginie a toujours été à la tête du me par vement pendant la guerre de l'indépendance, et, sou puis, son influence dans l'Union a été longtemps po pondérante. C'est que la Virginie n'était pas seuleme la province la plus ancienne1 et la plus peuplée' l'Amérique anglaise, la plus propre par sa position graphique à servir de lien entre le nord et le mita c'était aussi la plus fortement constituée, la moins demj cratique. Une certaine hiérarchie sociale existait encora dans cette colonie au moment de la révolution. La pop

1 Sa première charte est datée de 1606.

2 D'après le premier recensement qui ait été fait depuis la r clamation de l'indépendance, la population de la Virginie en 1790, de 748,000 âmes. Celle du Massachusetts, qui, avec. Virginie, joua le rôle le plus important dans la révolution a ricaine, n'était que de 378,000. L'Etat qui occupe aujourd hu.! premier rang dans l'Union, le New-York, ne comptait alors qu 340,000 habitants.

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tion trouvait, dans les grands propriétaires, des chefs turels et reconnus, derrière lesquels elle venait se nger dans les moments difficiles, pour recevoir leur pulsion politique et faire la guerre sous leurs ordres. es États aristocratiques n'attendent pas le danger pour organiser; leur organisation est traditionnelle et peranente. Ils sont ainsi toujours armés pour la lutte, ujours gouvernés dans le même esprit, et ils agissent ec cette suite dont les masses sont incapables, et qui it le succès dans les longues entreprises.

La société virginienne avait été formée sur le modèle e la société anglaise tel était dès l'origine son caracre particulier. Au milieu de toutes ces colonies fondées a Amérique, dans le commencement du XVIIe siècle, ar des proscrits et des novaleurs, la Virginie s'éleva ous la protection du roi et de la noblesse, comme our représenter la vieille Angleterre dans le nouveau nonde, et y reproduire les institutions et les mœurs que fuyaient les Puritains du Massachusetts. Les colons qui s'établirent en Virginie formaient un singulier conraste avec les austères pèlerins qui, pour échapper aux Dersécutions et aux exemples d'un monde corrompu, allaient chercher dans les déserts du nord de l'Améique un lieu où ils pussent vivre conformément à leurs principes. C'étaient des hommes de mœurs faciles, attachés aux traditions et aux coutumes de leurs pères, pleins de respect pour la Couronne et pour l'Église établic, de préjugés contre les sectaires et les papistes. Leur anglicanisme intolérant éloigna les dissidents et les catholiques; leur esprit aristocratique attira les hommes que repoussait des colonies septentrionales l'esprit nive

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