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Parmée a fait, il est vrai, quelques remontrances au Congrès, et lui a adressé quelques plaintes: mais nous serions de véritables esclaves si ce droit nous était refusé.... A quelques exceptions près, nos officiers sont obligés d'entamer leur propre fortune, pour pourvoir à leur entretien, sans aucun espoir d'être soutenus dans l'avenir.... On pourra faire les plus belles théories sur le patriotisme; mais quiconque, pour conduire une guerre longue et sanglante, prétendra ne s'appuyer que sur ce mobile, devra reconnaître un jour son erreur.... J'ai une profonde conviction que le salut de notre cause dépend de l'établissement d'une demi-solde à vie pour les officiers, après la fin de la guerre1. »

Trois mois d'efforts continuels furent nécessaires pour 'iompher de l'indécision et du mauvais vouloir du Conrès sur cette question : encore n'adopta-t-il que d'une açon incomplète la mesure proposée par Washington, et la demi-solde ne fut accordée aux officiers que pour sept ans'. Le résultat proposé fut cependant atteint. Les lémissions d'officiers diminuèrent de jour en jour, et l'armée fut sauvée.

La constante sollicitude et la profonde affection de Washington pour ses troupes est un des traits les plus frappants et les plus caractéristiques de sa vie. Il était de ceux qui, se suffisant à eux-mêmes, éprouvent peu le besoin de répandre leur cœur au dehors, et dont la sensibilité pourrait toujours dormir si elle n'était jamais for

1 Wash. Writ., t. V, p. 312, 322, 329.

2 Mai 1778.

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tement provoquée. Son âme était plus ferme et plus fa que tendre; mais il échappait à la dureté et à l'égis par l'élévation et la noblesse des sentiments, et il ra lu capable d'humanité et de dévouement par devoir éti reconnaissance. Les souffrances inévitables qu'entres qu la guerre, et celles que les hommes attirent sur €2 mêmes par leurs fautes n'excitaient en lui que po trouble et d'émotion: mais il ne savait pas rester int férent aux douleurs inutiles et non méritées; et il d nait sensible, à force d'horreur pour la négligea. l'injustice et l'ingratitude. Il était surtout plein de o passion pour les maux des malheureux soldats a cains qui, après avoir fidèlement combattu à ses oe étaient tombés dans les mains des Anglais, et il cherds avec ardeur les occasions de les soulager, soit par protestations pleines d'autorité adressées aux génera anglais, soit par des menaces de représailles ou des ventions d'échange. Le Congrès saisissait avec empress ja ment tout prétexte de faire exécuter les premières & Sa de ne pas ratifier les secondes. Les Anglais ayant pl pa de difficulté à remplacer leurs soldats que les Amerm cains, ceux-ci avaient un intérêt apparent à ne pas fair Fr d'échange de prisonniers; mais comme on ne pouvait de sans blesser le sentiment public, briser définitiveme ta les négociations de ce genre avec l'ennemi, le Congres la les poursuivait avec une duplicité transparente, qui Co risquait de compromettre son honneur comme celuida da général en chef, et que Washington trouvait aussi impen litique qu'immorale. Dans une longue lettre, qui est un sa modèle de discussion d'affaires, il défendit avec un rare habileté la cause des prisonniers américains, et san

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isse indignation pour la mauvaise foi du Congrès, ..mme sans complaisance pour ses petites finesses, il i prouva combien elles étaient dangereuses. La polique qu'il recommanda alors au Congrès c'est celle 'il a toujours professée et pratiquée, « une politique franche et large, qui évite avec soin de heurter les idées de justice répandues dans le monde et de diminuer le respect et la confiance que doit inspirer le pouvoir, et qui ne sacrifie jamais les intérêts généraux et permanents de l'État à des intérêts et à des considérations de circonstance1. » Sur la question s prisonniers, comme sur tant d'autres, le Congrès it par céder.

Les soucis que donnaient à Washington le gouverneent de l'armée et les affaires intérieures des Étatsnis, loin de lui faire oublier l'importance des relations xtérieures, le rendaient au contraire plus attentif que mais à ce qui se passait en Europe. La capitulation de aratoga et l'attitude de Washington pendant la camagne de 1777 avaient fait partout, dans l'ancien onde, une profonde impression sur les esprits. En 'rance, la sympathie du public pour les Américains était levenue de l'enthousiasme, et le gouvernement, sorant de l'apparente réserve qu'il avait conservée jusqueà, cessait de dissimuler ses rapports avec les agents du Congrès. En Angleterre, un double fait s'était produit: lans les masses, l'amour-propre national s'était réveillé, en se sentant blessé, et l'on se préparait aux plus grands sacrifices, pour effacer la tache de Saratoga; mais dans

1 Wash. Writ., t. V, p. 256, 257, 258.

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la sphère politique, les plus ardents ennemis des Ans ricains, les plus obstinés provocateurs de la guerra avaient été frappés de découragement. George III, te jours en lutte dans son conseil contre la secrète mod tion de lord North, avouait cependant lui-même 4.1 << était absurde de songer à une soumission sans COL «tion de la part des Américains1. » L'idée de reconnai l'indépendance des colonies, jusque-là regardée com la chimère de quelques esprits sombres et mal fa gagnait de nombreux partisans, et il fallait la gran voix de lord Chatham mourant pour en arrêter les p grès. Les propositions les plus étranges retentissi dans le Parlement. Un jour, c'était M. James Luttrel 4 dans la Chambre des Communes, posait, comme pr minaire de toute négociation avec les colonies, la pr messe de leur sacrifier les ministres qui pourraient leu donner de l'ombrage. Une autre fois, c'était le duc d Richmond qui, dans la Chambre des Lords, demanda S qu'on rappelât immédiatement toutes les troupes a P glaises des États-Unis. Enfin, c'était lord North q“ effrayé de l'attitude menaçante de la France, obter du Roi et du Parlement leur adhésion à deux bills lesquels l'Angleterre renonçait au droit de lever taxes dans les colonies américaines, reconnaissait l'ex tence légale du Congrès, et lui envoyait trois comm saires pour traiter avec lui, sur les bases qui lui com viendraient, de la réconciliation de la métropole et de colonies 2.

1 Lettre de George III à lord North, du 31 janvier 1778.—Wad Writ., t. VI, p. 533.

217 février 1778.

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Ces dispositions pacifiques du gouvernement anglais, enant coïncider avec le besoin de repos qu'on éprouait en Amérique, étaient une grave complication dans s affaires des États-Unis. Washington craignit un istant de voir ses compatriotes se laisser séduire par es promesses de la Grande-Bretagne, accepter les négoiations qui leur étaient offertes, renoncer à l'indépenance, et compromettre ainsi le résultat de ses longs et énibles travaux, au moment où ils allaient aboutir. Il 'attendit pas l'arrivée des commissaires anglais pour combattre leur influence. Dès que les bills déposés par ord North devant le Parlement lui furent connus1, il écrivit du ton le plus pressant au président du Congrès, aux gouverneurs des États, aux membres des assemblées provinciales, à tous ceux qui pouvaient agir sur l'opinion publique, pour leur montrer l'imminence du danger, réveiller leur énergie, et les engager à repousser toute proposition qui n'aurait pas pour base l'indépendance définitive des États-Unis : « N'acceptons rien « de ce qui n'est pas l'indépendance, » disait-il; « nous « ne pourrons jamais oublier les outrages que la Grande« Bretagne nous a fait subir; une paix à d'autres con«ditions serait une source de luttes perpétuelles. Si la « Grande-Bretagne, poussée par son amour pour la « tyrannie, cherchait de nouveau à courber nos fronts « sous son joug de fer, et elle le ferait, soyez-en sûrs, « car son orgueil et son ambition sont indomptables, quelle nation croirait désormais à nos professions de « foi et nous prêterait son appui.... Il est cependant à

1 Avril 1778.

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