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s les rangs. Les Virginiens seuls, habitués à de semles surprises, conservèrent leur sang-froid. Malgré éfense du général, ils se répandirent un à un dans bois pour en débusquer les Français, tandis que les ipes régulières, formées en colonnes serrées et décies par les coups de l'ennemi sans pouvoir les ren, lâchaient pied, se repliaient sur l'artillerie et cauent une confusion telle, que les efforts de Braddock r les rallier étaient impuissants. Pendant trois ires, les Français et les Indiens, cachés dans les ins et derrière les arbres, dirigèrent sur elles un feu urtrier. La moitié des Anglais resta sur le carreau. général reçut une blessure mortelle et ses meilirs officiers tombèrent à ses côtés.

Pendant toute la bataille, Washington déploya un urage et une activité admirables. Il se multipliait au ilieu du feu, courant dans toutes les directions pour rter les ordres, se précipitant devant les fuyards pour 3 retenir, les ramenant au combat et les rassurant ir son intrépidité. Mais tout fut inutile; la bataille était erdue : « Nous avons été battus, dit-il, honteusement battus par une poignée de Français qui ne songeaient qu'à inquiéter notre marche... Je suis persuadé qu'ils n'étaient pas plus de trois cents, tandis que notre armée était de treize cents hommes. Les troupes de Virginie ont fait preuve d'une grande bravoure et ont été presque détruites. La lâche conduite des

1 C'est une tradition en Virginie que Braddock fut tué par un e ses hommes, « pour débarrasser l'armée du général qui l'avait sacrifiée à son obstination et à son ignorance de la guerre des frontières.» (Historical collections of Virginia, p. 97.)

<< troupes dites régulières exposait à une mort certa « tous ceux qui voulaient faire leur devoir. Pour

j'ai échappé heureusement, sans aucune bless": « quoique j'aie eu mes habits percés de quatre bas « et deux chevaux tués sous moi 1. »

Il se retira à Mount-Vernon, plein de découragement et de dégoût, bien décidé à rentrer dans la vie prive Mais sa renommée et sa popularité s'étaient accrues d toute l'indignation soulevée par la conduite de Bra dock et de ses soldats. Au milieu de la consternat générale causée par la bataille de la Monongahela, ne vit plus de salut qu'en Washington. Les hommes e plus considérables du pays le supplièrent d'accepter commandement général des troupes, et pour vain ses répugnances, le gouverneur consentit à toutes ie. i conditions que Washington imposa. Celui-ci ne c qu'après s'être réservé le droit de nommer les officiers Il conserva le commandement général des troupes Virginie pendant trois années (1755-1758), qui furs pour lui une suite de tourments et de contrariétés, d aucun événement important ne vint rompre la mon tonie.

La Chambre des Bourgeois avait voté la levée d 1500 hommes, pour défendre, contre un ennemi insie sissable, une frontière qui se perdait dans le désert sur une longueur de plus de cent lieues. Les Indiens me taient le pays à feu et à sang, puis disparaissaient da l'ouest, puis revenaient en plus grand nombre enco répandre partout la désolation; et Washington, to

1 Wash. Writ., t. II, p. 86.

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urs en mouvement, toujours à leur poursuite, sans mais pouvoir les atteindre, n'arrivait sur le théâtre leurs invasions que pour camper sur des ruines et sevelir des cadavres. Cette guerre cruelle, cet état de ouble jetait le désordre dans des populations encore à eine fixées. Les habitudes sauvages et nomades s'y épandaient; tout sentiment moral, tout esprit de suite, out lien social disparaissait; la fantaisie individuelle ne encontrait plus d'autre frein que le droit du plus fort, t les planteurs devenaient les uns pour les autres un ussi grand fléau que les Indiens. On les voyait parcouir les forêts en troupes errantes qui, à la moindre lerte, venaient s'abattre sur les forts, pour y chercher in abri, et communiquer aux soldats leurs goûts de pillage et d'aventures. Ceux-ci n'étaient que trop disposés à les prendre, et Washington perdait par la désertion le petit nombre d'hommes qui avaient échappé aux embûches et au scalpel des Indiens. Il n'avait pas plus de moyens de réprimer l'insubordination de son armée que d'arrêter les progrès de l'ennemi. Point de règlements, point de loi pénale pour contenir ses subordonnés; entre ses supérieurs civils et militaires des luttes d'attribution, des tiraillements continuels amenant des ordres souvent absurdes, toujours contradictoires, suivis de récriminations et de plaintes; avec ses égaux en grade dans l'armée royale, des démêlés pénibles sur les questions de rang; de la part de l'opinion publique, des attaques injustes. C'était plus qu'il n'en fallait pour révolter un caractère aussi emporté et aussi indépendant. Bien souvent il fut tenté de secouer un joug que rien ne l'obligeait à porter, de reprendre sa liberté, et

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de rejeter loin de lui des fonctions qu'on le rend impuissant à bien remplir: « La triste position d « peuple des frontières, le peu d'espérance que j'« << d'obtenir des secours, les injures grossières et scar<«< daleuses dont on m'accable me font regretter lin«<stant où j'ai accepté cette charge, et si le danger në «tait pas si imminent, j'abandonnerais sans hésitation « un commandement dont je n'espère recueillir ni << gloire ni profit.... Mes rapports les plus pressants sur << les mesures nécessaires pour la sûreté des frontières << sont méprisés comme vains et sans importance. On << accuse de partialité et d'égoïsme mes propositions « et mes actes, et l'on attribue aux plus mauvais des <«< seins tous mes efforts pour le bien de mon pays « Mes instructions sont obscures, douteuses, incerta«nes. Aujourd'hui on m'approuve, demain on «< condamne. Je suis forcé d'agir au hasard : je réponds « des conséquences, et l'on me blâme sans que je puisse « me défendre1. » Mais au milieu de tant d'épreuves. Washington était soutenu par les encouragements des hommes de bien. « C'est sur vous, mon cher George, « que reposent nos espérances,» lui écrivait le président de la Chambre des Bourgeois; «c'est sur vous que nous << comptons pour mener nos affaires à bonne fin. Non. << vous ne donnerez pas votre démission; tous les offi«ciers vous suivraient. Non, ayez le sort de Braddock « plutôt que de rien faire qui puisse flétrir les lauriers « qui vous sont réservés. » De semblables appels à son patriotisme et à son honneur suffisaient pour rassurer

1 Wash. Writ., t. II, p. 143, 214.

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fierté et calmer l'impatience de Washington. Ni le déût qu'il eut toujours pour le pouvoir lorsque son auité était contestée, ni les souffrances que lui causait nécessité de faire imparfaitement ce qu'il avait entreis, ne lui firent abandonner une situation où lui seul pouvait servir son pays; et, sacrifiant ses penchants à s devoirs, il continua une lutte incessante contre les nemis du dehors et les difficultés intérieures. Son ractère se tempéra, son esprit s'affermit à cette rude ole; et si l'on n'assistait dans sa correspondance aux ages que soulevaient encore, dans cette âme ardente, horreur du désordre et les froissements de l'amourropre, on pourrait déjà, d'après les actes extérieurs de vie, croire Washington arrivé à ce degré de sérénité t de calme qui devint un des plus beaux éléments de a force comme de sa grandeur.

· L'avénement aux affaires de M. Pitt, depuis lord Chatham, en imprimant une plus grande vigueur à la olitique anglaise, vint mettre fin aux anxiétés et aux ravaux du colonel Washington. Le nouveau ministère, voulant reprendre en Amérique l'offensive sur toute la ligne des frontières, envoya le général Forbes en Virginie, avec l'ordre de s'emparer du fort Duquesne et les moyens d'exécuter ces instructions. Plus sage que son prédécesseur le général Braddock, le général Forbes rechercha les conseils et l'amitié de Washington, et le plaça à l'avant-garde de son armée. Le fort fut pris et le repos de la Virginie reconquis avec ses frontières. Le patriotisme des colons ne s'étendait pas encore au delà des limites de leur province; la Virginie était sauvée; le devoir n'attachait plus Washington à des fonctions

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