34 PRISE DU FORT DUQUESNE (25 NOVEMBRE 17581. qu'il avait cessé d'aimer; le besoin de mouvemen la surabondance de vie qu'il avait dans sa jeuness brilla s'étaient dissipés, au milieu des fatigues et des dance il ava d'une longue guerre, pour faire place à ce goût dureps acto et de la retraite, à cette absence d'ambition et de desis Col qu'on remarque dans tout le reste de sa carrière. donna donc sa démission, laissant les Anglais pours vre seuls leurs succès dans le Canada. 1 vil P Ce fut un jour de deuil, pour l'armée de Virginie, que celui où Washington la quitta, et malgré une emphase un peu excessive, mais très-américaine, rien n'est plus sp touchant que l'adresse où ses officiers lui expriment la qu douleur qu'ils éprouvent en se séparant de lui: « Com-fine « bien nous sentons profondément la perte d'un coll << mandant si excellent, d'un ami si sincère, et d'u « compagnon si aimable! Quelle perte que celle d'un thi << tel homme! Il faut donc dire adieu à cette supériori par << sur les autres corps que les ennemis nous reconnais deu « saient et que les troupes provinciales et régulieress << elles-mêmes nous ont fait l'honneur d'avouer publi-Pal <<< quement! Il faut renoncer à cette discipline exacte su « et à cet ordre que vous avez toujours su main is << tenir1! >> al Ces sentiments d'admiration et de sympathie étaient Ch partagés par la masse de la population, et l'amour-propre national des Virginiens se complaisait déjà dans ce jeune officier, que les plus vieux militaires consultaient S avec déférence, et dont la prudence et le courage étaient renommés dans toute l'Amérique. Washington n'avait pourtant rendu encore à son pays aucun de ces services t 1 Wash. Writ., t. II, p. 477. S illants qui frappent l'imagination des peuples; mais avait fait une chose plus rare et plus difficile que les tions d'éclat : à la tête de l'armée, il avait su s'accomoder de la mauvaise comme de la bonne fortune; avait réussi à suppléer au nombre des soldats par l'acvité et la persévérance, aux vices de l'organisation ilitaire par son autorité personnelle sur les troupes; et avait résisté aux empiétements du pouvoir civil, sans mais en méconnaître les droits. Les difficultés contre squelles il eut dès lors à lutter sont une image de celles r'il devait rencontrer plus tard dans la guerre de ndépendance; et les pénibles travaux de sa jeunesse préparèrent à ceux qui devaient l'immortaliser. Pendant la dernière campagne, Washington avait été tu représentant à la Chambre des Bourgeois de Virginie ar le comté de Frédéric, sans avoir fait la moindre émarche. Cette élection spontanée, dans un comté où es circonstances l'avaient souvent obligé d'imposer aux tabitants des charges pénibles, montre combien il avait u conquérir l'affection du peuple. Depuis cette époque usqu'au commencement de la révolution, pendant un espace de plus de quinze ans, il resta membre de la Chambre des Bourgeois de Virginie, et prit une part active à ses délibérations. Il exerça toujours une grande nfluence sur cette assemblée, mais tranquillement et sans bruit, par la seule autorité de son jugement, de son expérience et de son caractère. Parlant peu, ne se mêLant à aucun débat orageux ou personnel, mais toujours prêt à dire nettement son avis, dans les questions décisives, il agissait sur l'esprit des hommes, moins par L'art avec lequel il soutenait ses opinions que par la con fiance qu'inspiraient sa fermeté et sa droiture. On je juger de ce qu'il pratiquait lui-même par le cor qu'il donna à un de ses neveux, au moment où celu venait d'être admis, pour la première fois, dans IA semblée : « Le seul conseil que je vous donnerai,» disait-il, « si vous avez le désir d'obtenir l'attention « l'Assemblée, c'est de parler rarement, mais sur de << sujets importants, excepté quand il s'agit d'affaires << intéressent vos commettants; et dans le premier ca « ne manquez pas de vous rendre maître de votresuj << n'allez jamais au delà d'une chaleur convenable, e * présentez vos opinions avec modestie. Bien qui << puisse entraîner la conviction, un ton impérien Re << blesse toujours'. » Wash. Writ., t. IX, p. 280. Mai la A le 7 CHAPITRE III. shington dans le monde et avec les femmes.-Son mariage. Ses rapports vec Mume Washington.- Gouvernement de sa famille et de ses affaires, fount-Vernon. Washington a peu connu les joies de l'épanclıement. éservé par prudence et taciturne par goût, il ne metit que bien rarement ses amis, même les plus fidèles, ans le secret de sa vie et de ses sentiments intimes. ussi ne trouve-t-on, dans les volumineux docunents réunis sur son histoire, que peu de traces des assions et des besoins cachés de son âme. Les seules onfidences que Washington nous ait laissées n'ont rien le compromettant ni pour lui, ni pour la jeune fille qu'il avait aimée. C'était à dix-sept ans, et il était alors plus effrayé que charmé par les émotions qui l'agitaient : « Mon cher Robin, je suis en ce moment chez Sa Sei« gneurie (lord Fairfax), et si mon cœur était libre, je « pourrais passer très-agréablement mon temps. Il y a là « une charmante jeune personne, la belle-sœur du « colonel George Fairfax. Mais cela ne fait que jeter de <<< l'huile sur le feu. Je me trouve inévitablement en sa « compagnie presque toute la journée, et sa présence « réveille sans cesse ma passion pour la belle des « Basses-Terres, tandis que, si je vivais plus éloigné da « jeunes femmes, je pourrais soulager ma peine « l'oubli de ce chaste et gênant amour. Je suis bience« tain que cela sera le seul remède à mon mal1. L'emploi du remède semble avoir survécu au ma Dans le monde, Washington paraît n'avoir jamais très-empressé auprès des femmes; et bien qu'il ait tou jours rempli ses devoirs de société en homme de bon compagnie et de la façon la plus correcte, jusqu'à danser le menuet, le ton de galanterie solennelle et de recher che un peu pénible qu'on retrouve dans ses lettres madame de la Fayette, semble indiquer qu'il élar moins à son aise et à son gré dans un boudoir que su un champ de bataille. Ce n'est pas qu'il fût insensink aux charmes de la société des femmes, mais il ne is comprenait bien qu'au sein du foyer domestique. Q qu'il aimait surtout en elles, c'est qu'elles seules peu vent donner un intérieur, l'animer dans le calme de la retraite, et en faire comme un lieu de refuge au milieu des orages de la vie publique. Ce qu'il leur demandait, c'est ce home qui, sans elles, n'est point possible, ce SOL: ceś douces joies de la famille, dont il parlait, à soixante ans, avec une gaîté que la gravité ordinaire de son langage rend encore plus frappante: « En lisant votre charmante << lettre, » écrivait-il au marquis de Chastellux, pour le complimenter sur son mariage, « j'ai été non moins « enchanté que surpris d'y rencontrer ces mots si amé«ricains et si simples : « ma femme. » Marié, mon cher « marquis! Pris, vous aussi ! Ah! j'ai bonne envie de Wash. Writ., t. II, p. 419. |