La vie d'un planteur virginien était loin d'être oisive. La Virginie est coupée, dans toute sa largeur, par des euves nombreux et profonds qui, coulant parallèleent de l'ouest à l'est, répandent la fertilité dans les ontrées qu'ils arrosent, et forment, sur presque toute étendue de leur cours, un port naturel et continu, ù les vaisseaux de l'Europe peuvent venir jeter l'ancre, près avoir traversé l'Océan. Cette constitution physique du pays exerça, dès l'origine, une grande influence sur l'état social de la Virginie et sur la condition des planteurs. Elle favorisa la dispersion de la population, des scènes de chasse et de bataille. J'ai remarqué, entre autres, un dessin du combat de Bunker's Hill, mais rien qui retraçât les batailles de Washington. << On retrouve encore, près de la maison, les restes d'un rempart, aujourd'hui presque caché sous les broussailles, que Washington avait fait construire devant la maison, et un passage souterrain qui, du fond d'un puits desséché, conduisait au pied du mont, sur le bord du fleuve. on << Non loin de l'habitation, s'élève le nouveau tombeau de famille des Washington, simple monument en brique, fermé par une grille en fer, à travers laquelle on voit deux sarcophages en marbre blanc, où reposent les restes du général et de sa femme. On venait de le terminer, et l'herbe n'avait point encore eu le temps de recouvrir cette terre récemment remuée. Le change. ment et la nouveauté troublent péniblement les souvenirs et le respect en ces lieux; mais c'est Washington qui l'a voulu n'a exécuté ses dernières volontés qu'à regret; elles étaient formelles. Il avait désigné dans son testament le lieu où il voulait reposer. L'endroit est retiré : c'était une raison suffisante pour déterminer le choix d'un homme modeste. Le vieux tombeau dans lequel il fut d'abord placé est dans une situation plus pittoresque, sur un tertre qui domine le fleuve. Il est maintenant en ruine et les ronces l'ont caché; mais c'est encore à lui que se rattachent nos souvenirs; c'est en passant devant cette tombe que les vaisseaux de la flotte anglaise ont baissé leur pavillon, au moment où ils remontaient le Potomac pour aller brûler le Capitole de Washington (1814). » es hi des r L Co arrêta pendant longtemps la formation des villes, empêcha cette division du travail et des fonctions s'opère naturellement partout où les hommes s'aggler mèrent. Généralement établis sur le bord des fleuves. où les attiraient la richesse des terres d'alluvion et la cilité des communications avec la mère patrie, et viva la isolés au centre de la petite sphère qu'ils animaient, les planteurs faisaient eux-mêmes toutes leurs affaires. sans l'intermédiaire d'hommes spéciaux, et s'adressaient ar directement à l'Angleterre, pour subvenir aux besoins q que leurs propriétés ou leur industrie étaient insuffi santes à satisfaire. Les navires anglais remontaient jus qu'à leurs plantations, venaient chercher les produits bruts du sol à la porte de leurs magasins, et leur apportaient en échange les produits industriels de la GrandeBretagne, ses modes, ses goûts et ses mœurs. La Virginie n'avait que Londres pour capitale et pour marché. C'est là que ses habitants faisaient vendre leurs tabacs et leurs grains, c'est là qu'étaient leurs hommes d'affaires et leurs fournisseurs, c'est de là qu'ils tiraient tous les agréments et toutes les commodités de la vie1. En s'établissant à Mount-Vernon, Washington reprit 1 Deux fois par an, Washington envoyait lui-même à son homme d'affaires de la Cité la liste des objets dont il avait besoin pour la consommation de sa maison. Ces lettres ont été retroavées dans ses papiers. Elles sont un curieux indice, à la fois des habitudes minutieuses du héros américain et de la condition économique des colonies. En voici quelques extraits: « Les bustes d'Alexandre, de Jules César, de Charles XII, roi de Suède, et du roi de Prusse.... En plus petit, le buste du prince Eugène et celui du duc de Marlborough.... Quatre pièces de ruban de fil. Six papiers d'épingles camions. Une bouteille mélangée d'anchois, de câpres, d'olives et de noix d'Inde occ m pl til la p: a habitudes. Sa vie y devint un singulier mélange s recherches et des travaux aventureux du pionnier téricain, des occupations sédentaires et laborieuses commerçant de la Cité, et de l'existence à la fois ulente et rude du gentilhomme de campagne anais. L'amour de la propriété, la passion d'étendre et d'aéliorer ses domaines, c'est le sentiment qui le domine ors. La chasse aux terres vierges', qu'il poursuit jusu'en Floride, est une de ses spéculations favorites. ontinuellement aux aguets, il épie avec avidité toute ccasion de faire sur le désert quelque utile empiétenent; il s'associe aux explorateurs les plus hardis et les lus intelligents de l'ouest; il les fait voyager à ses frais; 1 fixe en secret son choix sur les contrées les plus fertiles, longtemps avant de pouvoir les occuper; et lorsque la civilisation commence à y pénétrer, il se précipite le premier sur le lot qui lui a paru le meilleur. Cette passion de pousser au loin ses conquêtes sur la nature sauvage ne l'absorbait point assez pour lui faire négliger son ancien patrimoine: consacrant au gouvernement de sa fortune et de sa maison la même activité qu'il avait déployée à la tête de l'armée, il dirigeait lui-même la culture de sa terre de Mount-Vernon, suivait avec Un grand fromage de Cheshire. Dix pains de sucre. Deux douzaines de jeux de cartes.... Un masque noir.... Six mouchoirs de poche, petits et très-fins, pour M. Custis. Trois peignes fins en ivoire. Six petits livres pour des enfants qui commencent à lire.... Pour dix shillings de joujoux.... Pour miss Custis, âgée de quatre ans, une poupée habillée en petit enfant à la mode, de dix shillings. » 1 Hunting out good lands,» pour se servir de son expression. curiosité les progrès de la science agricole en Eury Le faste de l'hospitalité était le seul que l'on connüt à Mount-Vernon. Réunir autour de son foyer l'élite de la société coloniale, c'était à cela que Washington mettait son plaisir; c'était dans la compagnie de ses amis qu'il cherchait des distractions à ses travaux, en se livrant aux virils exercices, dont l'habitude s'était transmise de l'aristocratie anglaise à l'aristocratie virginienne. Le luxe des chevaux et de la chasse était aussi grand en Virginie qu'en Angleterre, et il n'y avait pas, de o gra plu pot d'a TO od lo jo d P S as, pour Washington, de plus beau divertissement que e courir le renard et de tirer le gibier qu'il élevait à rands frais sur ses terres. Personne ne mettait un soin lus jaloux à le faire garder, et il exerçait lui-même, our défendre ses droits de propriétaire et ses plaisirs l'amateur, une surveillance active et passionnée sur ses voisins. Un jour qu'il se promenait à cheval, il surprit un braconnier qu'il guettait depuis longtemps, et se mit à sa poursuite sur le point d'être atteint, le braconnier court vers le Potomac, se jette dans un canot, s'éloigne rapidement du bord, et met Washington en joue mais celui-ci pousse sans hésitation son cheval dans la rivière, marche droit au canot, le saisit par la proue, le tire à terre et désarme son antagoniste. Tels étaient les incidents qui venaient animer la tranquille existence de Washington. Il vivait ainsi dans la retraite heureux et satisfait, et son pays, jouissant comme lui d'un calme profond, recueillait en paix le fruit des efforts qu'avait coûtés la guerre de Sept ans', lorsque, par une agression arro 1 En vertu du traité de Paris (10 février 1763), la France avait renoncé, en faveur du roi de la Grande-Bretagne, à ses prétentions sur l'Acadie et la Nouvelle-Écosse, et lui avait cédé le Canada avec toutes ses dépendances, ainsi que toute la partie de la Louisiane qui s'étendait à l'est du Mississipi, sauf la NouvelleOrléans. La Nouvelle-Orléans et la partie de la Louisiane qui s'étendait à l'ouest du Mississipi avaient été cédées par la France à l'Espagne, en vertu d'une convention secrète entre les cours de Versailles et de Madrid, signée le 3 novembre 1762. Cette cession avait pour motif de dédommager l'Espagne de la Floride qu'elle abandonnait à l'Angleterre par le traité des préliminaires de Paris, signé le même jour (Garden, Traités de paix, t. IV, p. 200). |