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M. Albert du Boys, dans ses Etudes histo- | traînés dans le tourbillon du monde,

riques sur l'église de Viviers, publiées dans ce recueil, que, au moment où l'on s'occupe de continuer et de compléter la grande collection connue sous le nom de Gallia christiana, il serait à propos de réunir et de coordonner les monuments de l'histoire particulière de chaque diocèse. » L'histoire de l'abbaye

auraient été victimes du dérèglement de leurs passions, s'ils n'avaient trouvé un asile assuré dans les monastères. Les uns y entraient poussés uniquement par le désir d'obtenir une couronne plus brillante dans les cieux, et y vivaient pour l'édification des hommes et des anges. Placés dans une ré

de Pontigny pourra donc offrir quel-gion plus voisine du ciel que celle où

ques matériaux aux savants religieux de Solesme pour la continuation de l'immense ouvrage dont nous parlons. On trouve dans cette histoire, parmi les pièces justificatives, plus de cinquante bulles de vingt papes, depuis Innocent II jusqu'à Pie IV, et des actes de donations et autres écrits dans la langue du temps, qu'on chercherait peut-être vainement ailleurs. Ces pièces justificatives sont précédées d'une notice historique assez succincte de quelques communes qui environnent Pontigny et qui ont eu autrefois des rapports avec l'abbaye. L'ouvrage est orné d'un beau plan de l'abbaye, levé en 1760, d'une vue des bâtiments tels qu'ils étaient à l'époque de leur destruction, en 1796, et d'une vue du tombeau de saint Edme, tel qu'il existe encore aujourd'hui.

M. l'abbé Henry a mis à la tête de son

nous rampons, ils secouaient ce qui est de l'homme pour se faire esprits. D'autres, après avoir fait naufrage dans le monde et être devenus à charge à la société et à eux-mêmes, trouvaient dans la solitude d'un monastère un refuge où la miséricorde de Dieu les consolait. S'ils cessaient de rendre des services à la société, l'exemple de leur pénitence n'en était pas moins propre à arrêter les méchants dans leurs désordres. Restés dans le monde, leur vie se fût éteinte dans l'opprobre, au lieu que, dans le cloître, leur âme flétrie se ravivait en prenant de nouvelles forces. Mais quoi! de nos jours encore, des souverains ont dans leurs États de ces maisons renfermant des familles spirituelles, où la matière est sacrifiée à l'esprit, où l'on surmonte les passions par la pensée de l'éternité, où l'on

ouvrage une introduction qui renferme | dompte la chair par la méditation, la rait-il des monuments de la religion, | leur penchant pour l'infini. Quel re

des considérations très-remarquables sur les ordres religieux. Il en est plusieurs qui sont pleines d'actualité. Nous ne pouvons résister au plaisir d'en citer quelques-unes. « Depuis 50 ans, dit M. l'abbé Henry, il s'est fait une telle révolution dans les esprits, que nous sommes devenus aussi étrangers au genre de vie des cénobites qui étaient établis dans nos contrées, que nous le sommes à celui des solitaires de la Thébaïde; de sorte qu'ils ne peuvent plus nous être connus que par l'histoire. Au lieu d'admirer le généreux sacrifice des hommes qui quittaient tout pour Dieu, qui furent de sublimes ornements de la retraite, de saintes illustrations de la pénitence, on s'attache à relever quelques misères de l'humanité. De là viennent ces faux jugements que les hommes de notre époque portent sur les anciens religieux. On ne considère pas qu'un grand nombre de fidèles, en

prière et la pénitence, et ils retranchent un pareil exemple de la société ! C'est un véritable suicide dans l'ordre moral. Je veux parler de la suppression récente des couvents de Portugal, d'Espagne, de Pologne, et d'une partie de la schismatique Russie...

« Le chrétien ne se rappellera pas, sans un regret amer, qu'elles ont cessé d'exister ces retraites salutaires et laborieuses, d'où sont sortis de saints et savants prélats, qui ont édifié et éclairé l'Église; tant de missionnaires intrépides, qui ont franchi la vaste étendue des mers, pour porter aux nations lointaines le flambeau de la foi et de la civilisation; tant de savants et d'artistes auxquels les peuples policés sont redevables des plus beaux monuments de l'antiquité, et des principes de toutes les connaissances dont nos contemporains sont si fiers. Sans les manuscrits précieux des moines, que nous reste

de l'histoire des sciences, des arts et des lettres? On pourrait même défier les contempteurs des ordres religieux de citer une science, ou un genre de littérature qui n'ait pris naissance, ou qui n'ait fleuri dans quelque couvent.

mède pour ces cœurs souffrants et si nombreux dans un siècle comme le nôtre? Une demeure isolée où ils puissent vivre dans le recueillement et la prière: voilà l'arche de paix et de salut!.. ‹ Les monastères ont duré près de

Les philosophes du 18° siècle savaient | 1400 ans dans nos pays; ils durent en

que les cloîtres étaient, la plupart, comme des gymnases où les athlètes de la vérité se préparaient à combattre le mensonge et l'erreur; c'est pourquoi leur premier retour vers la barbarie fut la suppression des ordres religieux. L'Eglise ne se consolera de leur des truction que lorsque de nouveaux cénobites seront venus réjouir son cœur.

« Quel siècle aurait plus besoin de monastères que celui où nous vivons? On ne pourrait rien établir de plus vénérable, de plus consolant que ces saints asiles où l'on pût vivre, penser et mourir. Dans les siècles où la foi ca- | tholique était identifiée avec l'existence | sociale, le cloître pouvait paraître comme une création sans motifs. Il n'en | serait pas de même de nos jours où l'on voit des âmes si désolées, des douleurs si profondes, des joies si stériles, des cœurs si découragés, si oppressés du

core ailleurs : ce fait suffit pour qu'on accorde une grave attention aux institutions monastiques. Il faut quelque chose de surnaturel à un établissement pour qu'il compte autant de siècles. Qu'on cherche dans l'histoire des choses humaines des sociétés qui aient accompli une pareille destinée. Que sont devenues tant de dynasties royales? Combien dureront nos royaumes nouveaux ? La pensée de l'écrivain, comme celle du lecteur, doit donc s'élever au-dessus des préjugés populaires qu'une éducation philosophiste et un immense intervalle moral sépare aujourd'hui des habitudes monastiques. »

Nous ne dirons rien ici de la magnifique basilique de Pontigny, ni des chefs-d'œuvre de sculpture qu'elle renferme ; la notice publiée dans le tome XII de ce recueil, page 381, l'a suffisamment fait connaître au lecteur. Seule

présent, si gros de regrets et de mé-ment nous dirons que le plan vient d'en comptes: ici, des positions sociales dé-être levé par ordre du ministère, et que placées par la cupidité et l'ambition; nous espérons voir bientôt ce vénérable là, d'incroyables souffrances, surtout et si remarquable édifice placé au pour ceux qui ne rencontrent plus rien nombre des monuments historiques, ce ici-bas de conforme à leur mélancolie, qu'il mérite à tant de titres. à leurs affections, à leur tendresse, à

L'abbé ANDRÉ.

DU MARIAGE AU POINT DE VUE CHRÉTIEN;

PAR MADAME DE GASPARIN.

2 vol. in-8°.

C'est le propre d'un siècle éprouvé par les commotions politiques de chercher hors de leur milieu soit une diversion aux maux qu'elles enfantent, soit un abri contre les orages qu'elles font éclater. Alors, suivant qu'ils sont poussés par les événements ou les

idées, les individus se perdent dans la matière, ou vont se retremper dans la solitude, loin des désordres de la civilisation. L'histoire du monde moderne est remplie de ces réactions soudaines qui font passer les peuples de l'extrême activité des révolutions au fanatisme des jouissances matérielles, ou à la sé- | sance de la nature humaine. L'homme, vérité la plus extrême des mœurs. Mais né de la femme, vit peu de jours et est malheur à eux quand le sentiment moral | rempli de beaucoup de misères, s'écrie ne l'emporte pas sur les passions et les instincts; malheur à eux, car de nouvelles perturbations politiques suivront | de près la corruption. Quand la famille | est attaquée, la patrie languit, la société est en péril; car tout se suit et se

Job; et après lui, les générations, courbées sous le poids des mêmes maux, n'ont cessé de répéter ce cri de la douleur. Cependant, du cœur de l'homme s'échappent de continuelles aspirations vers le bonheur. Or, le bon

coordonne dans la marche de l'huma- | heur, c'est la possession de l'infini et du

nité : les mœurs n'éprouvent pas un échec qu'il n'ait un profond retentissement dans les institutions.

Or quelle institution plus primordiale et plus vitale que celle du mariage? il est la base de la famille qui contient la société; et c'est par l'étude de la famille aux divers âges que l'on peut découvrir l'origine et les causes des diverses révolutions qui ont agité le monde. A ce titre, le mariage a toujours été le sujet le plus sérieux des méditations du moraliste et de l'historien.

Personne n'ignore aujourd'hui que le christianisme a fixé à la femme son véritable rang dans la société, qu'il a rendu au mariage toute sa sainteté primitive; mais ce que l'on ne sait pas assez, c'est que toutes les fois que des

vrai, que rien ne peut donner ici-bas, où tout est plus ou moins faux et fini. Aussi l'histoire de l'humanité tout entière se trouve-t-elle dans les efforts qu'elle a tentés pour satisfaire à ce besoin inné d'aimer et de connaître. La manière dont elle a réalisé ces efforts, là est le secret de sa grandeur et de ses misères; plus elle a possédé de vérités, plus elle a été grande et heureuse; plus elle a été courbée vers l'erreur, plus elle a été livrée aux misères de la terre. Donc, l'homme, pour être heureux, doit toujours tendre à s'élever vers Dieu, qui est l'éternelle charité, l'éternelle vérité.

Le premier acte de l'homme pour entrer dans cette voie salutaire, c'est de reconnaître son impuissance. L'orgueil

mains sacriléges ont attenté à ce pré-conduit à l'égoïsme; l'égoïsme est la

cieux héritage, l'édifice social a été ébranlé jusque dans ses fondements. Au nombre des révolutions qui ont agité le monde moderne, la Réforme est le fait qui, depuis l'ère chrétienne, a modifié le plus le mariage, et, selon nous, l'a éloigné le plus du principe chrétien. Arrêtons-nous-y un instant.

plaie de plus en plus envahissante du monde moderne; c'est pourquoi l'abnégation et le sacrifice, qui sont les pierres angulaires de l'édifice catholique, sont aussi les bases de la famille et du mariage. De là découlent toutes les vertus privées ; de là aussi les plus vitales conditions du bonheur sur cette terre.

La Réforme a précisément méconnu ce caractère fondamental du christianisme; elle a proclamé le principe de l'individualité dans les croyances, et

Ces réflexions précéderont naturellement l'examen d'un livre dû à une plume protestante. Dans un sujet si grave, et pour faire une juste appréciation de l'ouvrage qui s'en occupe, il importe de savoir d'où vient l'auteur | celui de l'égoïsme dans les mœurs. Vouet où il va.

Nous disons donc que la Réforme s'est éloignée des vrais principes du christianisme dans les modifications qu'elle a fait subir au mariage.

La morale catholique repose tout entière sur l'amour et le sacrifice, ou, pour parler plus dignement, sur cette divine charité qui, avant le Christ, était inconnue au monde. Ce double principe révèle la plus profonde connais

lez-vous savoir ce que c'est que le mariage chrétien: lisez l'Évangile et les pères de l'Eglise.

« L'Eglise, dit Tertullien, dresse le • contrat du mariage chrétien, l'obla<tion le confirme, la bénédiction en de< vient le sceau, les anges le rappor« tent au Père céleste, qui le ratifie. « Deux fidèles portent le même joug; << ils ne sont qu'une chair, qu'un esprit; • ils prient ensemble, ils jeûnent en

< semble à l'Eglise et à la table de Dieu, dans la persécution et dans la < paix1. ›

Ecoutez maintenant l'apôtre fougueux de la Réforme? A Dieu ne plaise que je reproduise ici les paroles cyniques qu'il ne craignait pas de jeter du haut d'une chaire chrétienne à une foule à demi pervertie, je noterai seulement les dissemblances radicales qui les séparent des enseignements du Christ.

Le christianisme avait émancipé la femme, il l'avait rendue l'égale et la compagne de l'homme, et non plus son esclave. Selon les préceptes du Christ, le mariage est l'union sainte de deux personnes qui veulent porter ensemble le poids de la vie et perpétuer la race humaine. Luther ne voit, lui, dans le mariage, que ce dernier mandat; et

‹ qui prennent plusieurs femmes à la

fois; mais il y a beaucoup de choses « qui sont permises et qu'on ne saurait < pratiquer. › Et le cynique Carlstadt répond victorieusement : « Puisque tu « n'as pas trouvé de texte, ni moi non • plus, dans les livres saints contre la « bigamie, soyons bigames, trigames, et ayons autant de femmes que nous pourrons en nourrir. Croissez et mul<tipliez; entends-tu? Laissons donc ac• complir l'ordre du ciel'. › Voilà ce que devint le mariage entre les mains de Luther. Restreint dans la sévérité de sa constitution, il livra l'Allemagne au débordement effréné des instincts matériels. L'Europe entière s'en ressentit, et la famille vit pénétrer dans son sein ce principe morbide qui a failli dissoudre la société. Des mœurs, la corrup

tout ce qui entoure cette institution ❘tion passa bientôt dans les idées; et d'une divine auréole, il le retranche deux siècles après Luther, on put voir impitoyablement. Croissez et multi-les effets de ce dissolvant rapide qu'il pliez, voilà tout le précepte. La femme avait introduit dans la famille, et qui devient la chose du mari, le mari de- faillit emporter l'ordre social tout envient la chose de la femme. « Le ma- tier. «riage, ajoute-t-il, n'est qu'un con⚫ trat politique qu'on peut passer avec • tout individu infidèle, gentil, turc ou juif, et c'est devant le magistrat civil « qu'on devrait porter toute cause matrimoniale. »

Quelles différences dans le fond et aussi dans la forme? Voyez comme les enseignements du Christ tendent à épurer la matière, et, pour ainsi dire, à la diviniser. L'homme et la femme se jurent éternelle fidélité; ils ne sont qu'une même chair et qu'un même esprit, dit le Père de l'Eglise. Quinze siècles se passent, et Luther s'écrie: Croissez ‹ et multipliez, voilà tout le précepte; ⚫ ce n'est pas ici un conseil, une option, < mais une nécessité. »

Une fois dans cette voie, la logique pousse Luther à des conséquences devant lesquelles il ne recule pas. Il sanctionne le divorce, il va même jusqu'à la polygamie, qui n'est plus pour lui qu'une question de convenance. « Je ne vois pas, • s'écrie-t-il, comment j'empêcherais la • polygamie: il n'y a pas dans les Actes • saints le plus petit mot contre ceux

Tertull., ad Ux., lib. 11.

Nous sommes encore tout émus de cet immense ébranlement, et l'égoïsme est devenu la plaie la plus saignante de notre société. La préoccupation des choses matérielles absorbe tous les esprits, elle prend toutes sortes de formes. On fait deux parts dans les choses humaines; la première comprend les règles qui intéressent l'âme et la conscience, et l'on s'en inquiète peu; la seconde, celles qui intéressent la vie présente, et celle-ci est tout. Ainsi l'on sépare ce qui devrait rester uni; ainsi l'on n'a pour but que des résultats sans s'occuper des principes.

Cependant cette préoccupation même du bien-être matériel a jeté dans une voie nouvelle les vices de notre société; les intelligences se vouant tout entières au culte des intérêts positifs, ont obéi forcément à ces lois d'ordre et de régularité sans lesquelles on ne saurait ni acquérir, ni conserver. Il en est résulté une certaine modération dans les mœurs qu'on pourrait prendre au premier aspect pour la vertu. Que l'on ne s'y trompe pas, l'ordre est à la surface;

'Cité par M. Audin, Histoire de Luther, t. II.

hors d'une trompeuse austérité. Le résultat est différent, la plaie est la même.

Et maintenant que nous avons pris le mal dans sa racine, étudions-en les effets.

Les détails répondent parfaitement aux idées générales que nous venons d'énoncer. Plus l'idéal du mariage est sublime, plus il semble que l'homme ait désespéré de l'atteindre. Dans l'état actuel de la société, tout semble disposé pour rendre le bonheur conjugal impossible.

pénétrez plus avant, et sous cette appa- | lie; il s'abrite aujourd'hui sous les derence menteuse, vous trouverez l'égoïsme d'autant plus vivace qu'il est protégé davantage et comme sanctionné par cette mercantile régularité. Les passions sont retranchées de la vie de l'égoïste, non point parce qu'elles blessent l'âme et Dieu, mais parce qu'elles troublent la vie présente. Le siècle est un vieillard qui se range, et non point un homme mûr qui se convertit. Tout trahit cette tendance à des yeux attentifs : les hommes d'Etat craignent les chocs violents et les élans virils des peuples; les hommes d'affaires les secondent dans leur stagnante immobilité. Mais comme il faut une issue à cette ardeur mal contenue par l'égoïsme, les hommes de pensée et de spéculation se jettent dans l'exagération opposée. Chose singulière et unique peut-être dans l'histoire des civilisations! pendant que la société se fait puritaine, les littérateurs et les artistes prodiguent les inventions les plus effrénées. D'un côté, l'ordre cache l'avarice, la ruse, l'ardeur d'acquérir par tous les moyens; de l'autre, la littérature et Jes arts se livrent au développement des passions les plus énergiques et les plus désordonnés!...

Le développement excessif de l'individualité établit dans toutes les classes un antagonisme terrible. Chacun ayant pris le moi pour but suprême de ses actes, n'admet que l'association des intérêts, presque jamais celle des sentiments et des idées. Il y a lutte de profession à profession, de famille à famille, d'individu à individu. Comme le côté positif de la vie domine tout, les relations sont difficiles, presque impossibles entre les deux sexes. Un mariage est un traité qui se conclut entre deux familles à l'occasion de l'union de deux individus, tandis que ce devrait être l'inverse; tout y est calculé d'avance, et ce calcul est tellement passé dans nos mœurs, qu'il est regardé comme l'acte le plus sage de la vie; et il en devait être ainsi, car les mœurs de l'inimage.

En présence de ces tendances, on comprend que la société actuelle se soit tournée vers le mariage. La famille est un refuge naturel dans une époque où l'on est sage par calcul autant que par | dividu ont fait un état social à son

tempérament. Mais comme l'intérêt est un poison subtil qui décompose tout ce qu'il touche, quand on a eu fait du mariage une sorte d'affaire, un établissement, comme on dit aujourd'hui, on a cru avoir obéi aux lois salutaires que Dieu a imposées à l'homme; on a cru toucher au bonheur. Vain espoir! trompeuse chimère! le bonheur n'est pas un fruit de cette terre, et qui le cherche ici-bas par des moyens humains est sûr de ne pas le trouver. Alors, au lieu de s'en prendre à soi-même de son erreur, on accuse l'institution elle-même. Le siècle passé la poursuivait de ses sarcasmes, le siècle présent la maudit; c'est l'égoïsme sous deux formes différentes; il se cachait d'abord sous le masque de la débauche élégante et po

Le bouleversement des révolutions, le morcellement des propriétés, le déclassement des personnes ont remué profondément la société présente. La portion la plus élevée de cette société est celle qui a le plus souffert de ces agitations; elle en a été atteinte dans son essence même, et pour ainsi dire dans sa vie propre. Un père de famille prévoyant doit penser avec la plus vive inquiétude à l'avenir des siens; quelque fortune qu'il possède, il ne peut espérer fonder une maison qui soutienne le rang qu'il occupe; que sera-ce s'il ne possède qu'une fortune médiocre? Jetés dans le monde presque sans ressource, avec des besoins dont la satisfaction leur est interdite, ses fils devront tourner

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