vallon. Il semble que ce soient les bornes | la conscience, les soucis des affaires du monde. C'est là que le désert com mence. humaines du soin de l'unique affaire nécessaire, le monde enfin et ses pensées d'un jour de la religion et de ses pensées éternelles. Une ferme, une scierie, de vastes usines sont construites aux pieds de ces rochers, au lieu appelé Fourvoirie. Il y a quelques années, on y voyait un haut fourneau, qui a été remplacé par une fabrique de clous. La scierie et la ferme dépendent de la Grande-Chartreuse. Le monastère possédait autrefois l'usine et tous les bâtiments de Fourvoirie. Ces bâtiments, quoique délabrés aujourd'hui, sont bâtis avec une solidité remarquable. Des murs épais, percés de petites fenêtres où sont scellées de fortes grilles en fer, annoncent de la part de ceux qui les ont bâtis, l'intention de Au milieu de ces merveilles de la nase mettre à l'abri de ces coups de main, | ture, ce fut une autre merveille pour le de ces pillages si fréquents à l'époque où les guerres religieuses déchiraient le Dauphiné ou les provinces voisines. Le croyant qui franchit ce seuil y goûte une joie douce et calme; celui qui l'aborde, poussé par une vocation sincère pour la vie érémitique de la Chartreuse, y dit un dernier adieu à toutes les vanités comme à tous les biens terrestres dont il veuť se détacher à jamais. L'indifférent lui-même, surtout s'il voyage seul et livré à ses propres réflexions, ne peut guère se défendre d'une vague émotion dont il craint de se rendre compte. temps où elle fut construite, que cette route creusée dans le roc et portée de distance en distance sur plusieurs arceaux d'une assez grande élévation. Pendant plusieurs minutes le voyageur marche sous une espèce de demi-voûte que la roche nue forme au-dessus de sa tête. Cette porte du désert, réellement fermée de ce côté par la nature, a été ouverte par l'art; on en doit la création première à dom Pierre-le-Roux, trentetroisième supérieur-général des Chartreux, vers le commencement du 16° siècle; mais elle ne fut achevée qu'en 1700, de même que le chemin dont nous venons de parler, qui fut appelé chemin des voûtes. Ces espèces de vieilles forteresses, ces fabriques variées, ombragées par des hêtres centenaires, les eaux fougueuses du torrent qui se révoltent en mugissant contre les barrières élevées par la main de l'homme pour détourner leur cours et les forcer à devenir les forces motrices d'une active industrie, ces portes colossales du désert, taillées de la main de Dieu même aux flancs de la montagne, tous ces aspects riants, austères ou grandioses, deviennent un sujet d'études variées pour le peintre, d'inspirations pour le poëte, d'admiration pour quiconque sait voir et sentir. Un pavillon adossé au rocher qui s'élève sur la droite occupe l'étroite chaussée prise sur le lit du Guiers-Mort, Deux portes unies par une voûte peu-grondant sur leur lit de roc et de gra vent fermer le désert comme on ferme une ville entourée d'une enceinte de remparts. Au-dessus de la voûte est un logement qu'on avait pratiqué pour le gardien de cette entrée du désert. Audessus du cintre de la porte se remarque, sculpté sur la pierre, un globe surmonté d'une croix"; c'est là le seuil qui sépare les tumultes des passions de la paix de On sait que la guerre des Camisards, qui menaça souvent de s'étendre des Cévennes jusque dans les Alpes, n'était pas encore éteinte au commencement du 18 siècle. C'était ce qu'on appelait les armes de l'Ordre, Ce chemin tourne et suit les sinuosités de la montagne, sans cesser de côtoyer et de dominer le Guiers-Mort, dont on voit les eaux, tantôt se briser en viers, tantôt, faisant trève à leurs combats, glisser paisiblement et se renouveler sans bruit. On a pu comprendre, dès le commencement de cette avenue du désert, les difficultés que la nature présentait de ce côté au passage de l'homme. Ce n'est point par là que pénétra saint Bruno dans sa solitude; ce n'est point par là que ses disciples et ses imitateurs seraient venus peupler la Chartreuse, si au-dessous desquelles on lisait cette devise: Stat crux dum volvitur orbis. les cénobites eux-mêmes n'y avaient | les pétales de manière à imiter une re ouvert une voie par le fer et le feu. On serait tenté d'y voir comme une image de cette voie étroite et laborieuse que le chrétien doit se frayer aussi, le fer à la main, pour surmonter les obstacles que les passions et le génie du mal multiplient sous ses pas. A mesure qu'on remonte le cours du Guiers-Mort, l'espace entre les montagnes s'élargit un peu; le chemin monte et n'est plus une conquête continue sur le rocher. On voit toujours la sombre et éternelle verdure des sapins former un agréable contraste avec les nuances plus douces et plus variées qu'offre le feuillage mobile du bouleau et celui de l'orme, du tilleul, du platane de montagne, et enfin du hêtre, appelé fayart dans le pays. Le sol, dans les endroits les plus épais du bois, est recouvert d'une mousse qui tapisse même les pierres, les rochers et les arbres. Dans certains endroits, les sapins, serrés les uns contre les autres, paraissent avoir élancé toute leur sève vers leurs sommets, en abandonnant la partie inférieure de leurs troncs, dépouillés de tout branchage. Ils ressemblent alors à de hautes colonnes jusqu'à la hauteur où les rameaux forment une espèce de voûte. Que si des rayons obliques du soleil pénètrent par quelques interstices sous cette voûte naturelle et obscure, il en résulte des effets magiques produits par ces mélanges d'ombre et de lumière. Nulle part nous n'avons trouvé, en Suisse ni en Italie, des sapins' aussi gigantesques que ceux de ce désert. La végétation y rappelle, dit-on, par sa vigueur, celle des forêts vierges de l'Amérique. Le hêtre y atteint également des proportions inconnues partout ailleurs. Les fleurs elles-mêmes y prennent des dimensions et un éclat de coloris dont le botaniste s'étonne. Telles sont la brillante renoncule à tête d'or, le tussilage, la digitale à grandes fleurs, des orchis d'espèces variées, des trolles jaunes, dont le calice est renfermé par Comme la cognée ne cesse d'abattre les plus beaux arbres de ces forêts, notre observation cessera probablement d'être vraie d'ici à quelques années. noncule de jardin. Et en fait d'arbris, seaux, le cytise avec ses grappes d'or, le sureau avec ses disques ombellifères, le rosier à roses rouges, l'amélanchier balançant sur le précipice ses fleurs blanches que le vent emporte, Neige odorante du printemps, a dit un poëte. C'est au milieu de ces productions intéressantes et variées de la végétation alpestre que le chemin, appuyé par intervalle sur des murs de terrassement, continue de longer le flanc de la montagne et de remonter le cours du GuiersMort. Il traverse quelques clairières d'où l'on peut apercevoir les sommets des montagnes qui s'élèvent sur les deux rives. Leurs pentes sont coupées de distance en distance par des escarpements multipliés. Des sapins croissent le long de ces escarpements, et leurs cimes élancées atteignent ou dépassent tour à tour le niveau de la base des autres sapins, qui prennent leurs racinęs sur le banc des rochers supérieurs. Mais bientôt la route peu à peu s'est élevée par une pente insensible, redescend légèrement pour aller chercher un pont d'une seule arche, jeté hardiment sur deux rochers à une assez grande hauteur au-dessus du lit du ruisseau. Ce pont est appelé Pont-Parant. Avant d'y arriver, on peut remarquer un pont plus curieux encore, formé par la nature. C'est un énorme rocher qui, en s'écroulant du haut de la montagne, est venu se placer à travers du torrent. L'endroit où le Pont-Parant est placé est l'aboutissant d'une gorge étroite qui s'ouvre sur la droite du voyageur. On franchit ce pont, remarquable pour l'époque où il fut construit, et le chemin se transporte sur l'autre rive. Il commence seulement en cet endroit à offrir une pente rude et raboteuse. On s'élève alors péniblement beaucoup audessus du torrent, en côtoyant un rocher-mur d'une prodigieuse élévation. Or, pendant que le précipice devient de plus en plus profond sur la droite du voyageur, un accident pittoresque verte, le voyageur, qui, comme dit un auteur, n'a pas eu besoin de mettre d'autres jambes au bout des siennes pour faire sa volonté, s'assied, respire quelques moments, et recueille les impressions qu'il a éprouvées dépuis son entrée dans le désert. se présente à ses regards. C'est un ro- | couvrez les cimes dentelées des montacher pyramidal qui surgit tout à coup | gnes qui séparent le vallon de Saintsur son chemin comme pour lui barrer Pierre de Chartreuse de la vallée de le passage, et qui, du fond de la gorge, | Graisivaudan. Arrivé au pied de la croix semble s'élancer dans les airs. On appelle ce rocher le rocher de l'Eillette ou de l'Aiguille. Des sapins et des hêtres ont crû jusque sur le haut de ce sommet inaccessible. Il y avait là autrefois, avant que l'art n'y eût mis la main, un défilé, non moins difficile à franchir que celui de Fourvoirie. Pour le rendre praticable, on a encore conquis du terrain sur l'abîme. Le chemin passe sous des voûtes élevées et solidement construites; puis il aboutit à une ancienne porte ruinée qui avait été bâtie entre le pic de l'OEillette et le rocher escarpé, qui continue toujours sur la gauche. Cette seconde porte du désert était adossée à un bâtiment qu'on avait fait fortifier en 1720 pour se mettre à l'abri des incursions du fameux Mandrin, qui menaçait, dit-on, de venir piller le monastère avec sa bande de contrebandiers. Il eût été facile de faire là un pont-levis qui se serait ouvert sur un précipice de quatre à cinq cents pieds. En effet le ruisseau, près de cet endroit, se trouve à une profondeur considéra- | Que si on fait retentir au-dessus de vos ble au-dessous de la route. A peu de distance de l'ancien fort de l'OEillette, après avoir marché quelque temps sur une pente adoucie, on recommence à gravir une côte rampante et raboteuse. C'est la fin de la mauvaise partie du chemin. Encore un quart-d'heure et vous atteignez la croix verte, auprès de laquelle s'étend une espèce de plateforme. Là, vous êtes si éloigné et si fort au-dessus du Guiers-Mort, que son murmure même lointain cesse d'arriver jusqu'à vous. La gorge s'est élargie, et au-delà d'un petit ravin couvert de bois épais, vous apercevez à peu de distance, et comme sur le premier plan d'un vaste tableau, la Correrie, bâtiment aujourd'hui à moitié ruiné, et qui dépend du monastère. Au-dessus et sur le second plan, deux chaînes de rochers qui, à leur extrémité se rapprochant sans se joindre, laissent une étroite issue, qui est l'autre porte du désert, connue sous le nom de porte du Sapey. Enfin, sur le troisième plan, vous dé Si vous faites ce voyage vers la fin du mois dejuinou dans les autres mois d'été, vous pourrez trouver un certain mouvement au sein de ces forêts entre Fourvoirie et le monastère. Tantôt des couples de bœufs vous apparaîtront au tournant de la route, traînant des pièces de bois, qui, plus longues que certains détours du chemin, se portent alternativement sur chaque bord en le dépassant; tantôt vous verrez venir des files de mulets, chargés de planches ou de charbons, lesquels vont presque toujours suivant leur caprice, sans que leur conducteur les guide ni les précède. Alors si vous êtes à cheval, rangezvous d'avance du côté opposé au précipice dans quelques recoins du rocher. têtes les coups de la cognée destructive, soyez encore sur vos gardes. Bientôt, peut-être, vous entendrez le vieux patriarche des forêts rouler de rocher en rocher, et ses débris fracassés viendront même parfois joncher le chemin par où vous allez porter vos pas. Si vous montez à la Chartreuse aux environs de la SaintJean', vous pourrez aussi vous trouver attardé par un de ces troupeaux d'innombrables moutons que les bergers de province amènent de la Camargue dans les Alpes, avec ses mules, ses anes et ses énormes chiens, véritables caravanes d'Orient, qui vont du désert au désert, en traversant nos villes et nos plaines populeuses. Quelquefois vous rencontrez une bande de chasseurs, qui sera allée relancer le chamois sur ses pics aigus, ou même attaquer l'ours dans sa tanière obscure. D'autres fois vous vous croiserez avec d'élégantes compagnies de promeneurs ou de pro Vers le 24 ou le 25 juin. meneuses qui seront venus d'Aix ou | chemin assez montueux, les contours d'Uriage pour varier, par des sensations nouvelles, les plaisirs ordinaires de la vie des eaux. Vous verrez aussi des botanistes rapporter d'un air de contentement, dans la boîte de fer-blanc suspendue à leurs épaules, une riche collection de plantes alpines, cueillies sur les cimes d'Aliénard, de Chamechaude ou du Grand-Son '. Enfin, le long des rives du torrent, auprès de quelques cascades écumantes, vous apercevrez le dessinateur ou le peintre parisien, abrité sous le large parapluie à canne, tâcher de dérober à la nature ses effets les plus gracieux et ses accidents les plus variés. Mais si vous avez choisi pour votre pèlerinage le mois de mars ou celui d'avril, pendant lesquels les beaux jours sont tout à fait exceptionnels sur ces hautes montagnes, beaucoup moins de bruit et de mouvement troublera la solitude des déserts. Alors quand vous aurez atteint la croix verte, le murmure du torrent aura cessé pour vous, et si c'est le soir, vous pourrez éprouver, comme nous l'avons éprouvé nous-mêmes, une indicible sensation de fraîcheur ou de silence. C'est le silence qu'on entend, comme dit Milton. Cependant, après un petit détour dans le bois, vous vous trouverez au pied même des bâtiments du monastère, qui, se présentant tout à coup à vos regards, semblera vous donner l'idée d'une petite ville. Mais, du reste, il n'y a que son aspect extérieur qui ait quelques rapports avec celui des demeures ordinaires des hommes. Il ne sort des cloîtres muets de la Chartreuse aucun de ces bruits, aucune de ces rumeurs qui annoncent les approches d'une enceinte habitée. Seulement, si vous arrivez à l'heure de l'angélus ou de la prière, les vibrations d'une cloche sonore frapperont tout à coup vos oreilles ; et ce contraste saisissant vous apprendra que dans le monastère on ne parle tout haut qu'à Dieu seul. Enfin vous suivrez, par un du mur de clôture, et vous parviendrez devant la porte d'entrée du couvent, dont l'architecture noble et simple vous paraîtra en harmonie avec l'austérité du paysage. Là, vous apprendrez bientôt que dans ce séjour voué au silence, on sait pourtant y faire trève pour accueillir le voyageur avec tous les soins de la plus attentive cordialité. Vue générale du désert. - Course aux chapelles de Saint-Bruno et de Notre-Dame de Casalibus. Excursion au Grand-Son. : Lorsque vous serez sorti du monastère et que vous serez monté dans la prairie qui le domine, regardez autour de vous pour vous rendre compte de la forme du désert au milieu duquel il est situé. Ce désert présente la forme d'un amphithéâtre oblong et irrégulièrement ovale. Le sol du côté du midi est beaucoup plus bas; il va ensuite s'élevant peu à peu et se termine par des mamelons étagés en quelque sorte les uns au-dessus des autres, jusqu'au lieu où se trouve placée la chapelle de SaintBruno. Un peu plus haut, le vallon est borné par des rochers escarpés qui l'entourent de toutes parts. C'est sur sa pente, au midi, à une demi-lieue audessous de la chapelle de Saint-Bruno, qu'a été construit le monastère actuel de la Grande-Chartreuse. Le fond même de la vallée est creusé sans cesse par le torrent du Guiers-Mort, qui la traverse dans toute sa longueur, depuis la porte du Sapey jusqu'à celle de Saint-Laurentdu-Pont. Ce torrent prend sa source dans les montagnes qui dominent SaintPierre-de-Chartreuse. On le nomme Guiers-Mort, dit-on, parce que, dans des années de très-grande chaleur, il est arrivé quelquefois que son lit est resté entièrement à sec. L'extrémité du désert, du côté du nord, est limitée par une montagne appelée le Col, au sommet de laquelle s'étendent de belles prairies, émaillées, au mois de juin, de mille fleurs diverses. La montagne du Col est commandée sur la droité par le rocher de Bovine ou Bovinant, et sur là gauche par celui d'Aliénard. Du côté dû levant, le 14 point culminant de ces chaînes dente- | marches recouvert d'un péristyle abrité lées, qui se dessinent sur l'azur du ciel, est occupé par le pic du Grand-Son, la plus élevée de toutes les montagnes du désert. Du côté du midi, au delà du torrent, on aperçoit de loin la jolie bergerie de Vallombrey, placée au milieu de prairies en pente douce, qui s'étendent jusqu'au pied d'un rocher dentelé, appelé Charmanson. La cime de ce rocher lui-même est occupée par de beaux pâturages. Enfin, vers le couchant, dans les replis du mamelon couvert de bois qui est en face du monastère, se cache un petit vallon où est la ferme de Chartreusette. On croit que c'est là que les premiers religieux de la Chartreuse placèrent leurs troupeaux et leur exploitation rurale. Il y a dans cet endroit de magnifiques pâturages et même des terres labourables. La Chartreusette est un but inté par un avant-toit et soutenu par des colonnes: c'est une espèce de vestibule qui fait un effet assez gracieux '. La couleur blanche du petit édifice se détache heureusement sur la verdure sombre des sapins qui forment le fond du tableau. Cette chapelle est placée sur le lieu même où était l'église du premier monastère construit par les soins de saint Hugues, pour remplacer les huttes ou cabanes qu'avaient habitées en cet endroit saint Bruno et ses premiers disciples; après le désastre qui ruina ce premier établissement, il jugea à propos, comme nous l'avons dit, de transporter le couvent dans le lieu où il est maintenant. Mais l'église de l'ancien couvent fut relevée et réparée. Elle a été reconstruite plus tard, en 1440, par François de Marême, un des généraux de l'ordre. Son nom de NotreDame de Casalibus ou des Cabanes est ressant de promenade pour les voya-destiné à rappeler le premier établissegeurs qui passent quelques jours à la ❘ment des religieux du désert. Grande-Chartreuse. Mais aussitôt après avoir vu ce couvent, le voyageur ne manque guère de monter aux chapelles de Notre-Dame de Casalibus (Beatæ Mariæ à Casalibus), et de Saint-Bruno, situées, comme nous l'avons dit, à une demi-lieue au-dessus du couvent. Pour aller à ces deux chapelles, on peut remonter le ruisseau qui en descend, ou monter par l'un des deux L'intérieur de la chapelle n'a rien de différent de ce qui était avant la révolution. Sa voûte est peinte en azur, d'une manière très-vive, et parsemée du chiffre en or de la sainte patrone; sur les parois des murailles on remarque deux rangs de cartouches, dont chacun renferme, en lettres dorées, un des versets de la litanie de la sainte Vierge. C'est une idée heureuse qui remplit ainsi des louanges consacrées par l'É chemins, à droite, au-dessus du bâti-glise elle-même envers l'auguste Mère ment où l'on reçoit les femmes 1. Si vous prenez celui de ces chemins qui est au milieu et dont la pente sera moins rapide, vous marcherez sous des ombrages épais, puis vous verrez de loin les rayons du jour pénétrer dans une sorte de clairière, et sur votre droite, vous apercevrez, au milieu d'une prairie, une chapelle au style simple et agreste: c'est un carré long, couvert d'un toit à double pente surmonté d'une petite croix. Sur la porte on lit : Sacellum Beatæ Mariæ à Casalibus; on y arrive par un perron de plusieurs Il y avait autrefois un hospice où il y avait huit lits destinés aux pauvres malades des environs; c'est pourquoi on l'appelait l'infirmerie. de Dieu le premier oratoire érigé en son honneur dans ces forêts. La boiserie est sculptée dans un goût gothique, et achève de donner du relief à ce sanctuaire. Le tableau de l'autel représente les premiers disciples de Bruno prêts à quitter le désert 3, dans la douleur que leur cause son absence, et l'apparition Vis-à-vis de la chapelle est une maisonnette à cheminée, dont on peut demander la clef au monastère, et où les personnes délicates qui auront pris chaud à monter peuvent se faire faire du feu pour se sécher dans les jours de froid et d'humidité. 2 Voir plus haut la description du monastère. 3 Parce que Bruno était allé à Rome, sur l'ordre que lui en avait donné le pape Urbain II. Voir idessus la vie de saint Bruno. |