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A deux cents pas environ au-dessus

qui avait été élevé au siége épiscopal de Toulon, Jacques de Merly, fit construire la chapelle actuelle; elle fut réparée un peu moins de deux siècles après par les libéralités de la famille alors régnante. On lit sur le mur, à gauche, en entrant

de la chapelle de Notre-Dame, celle de | dans la chapelle, une inscription peinte • ils ont peint à leur manière quelques | montagnes, que vous soyez favorisé par

Saint-Bruno se présente sur la gauche, assise sur un rocher qui s'avance en forme de promontoire escarpé. Trois ou quatre sapins croissent dans ce rocher même et projettent leur ombre sur la façade. Un balcon en fer entoure la plate-forme qui conduit à la porte d'entrée. Cette chapelle, ayant pour base un rocher à pic et inaccessible de deux côtés, a souvent exercé le crayon ou le pinceau du paysagiste. Au pied du petit chemin tournant qui y monte, une fontaine attire l'attention par le murmure de ses eaux toujours abondantes. C'est la fontaine de saint Bruno, dont nous avons parlé dans notre notice sur ce saint.

Il paraît certain qu'il y avait là une espèce de grotte naturelle où saint Bruno avait placé son oratoire, et à laquelle il avait adossé sa cabane. On ne peut s'empêcher de regretter que la forme primitive des lieux ait été masquée par le petit édifice qui les couvre.

Nous avons vu dans les Apennins la caverne sacrée (il sacro specco) où saint Bruno passa plusieurs années dans une solitude complète avant de fonder ses divers monastères. On y montre le banc de rocher qui lui servait de prie-dieu et d'autel, la cavité plus reculée où il prenait son repos sur un lit de feuilles séchées. Tout est dans le même état qu'au temps où il en faisait sa demeure, et sa statue, en marbre blanc, sculptée par le Bernin, semble faire revivre le saint dans l'attitude d'une fervente prière, au lieu même où il appliquait son esprit et son cœur à Dieu par une oraison presque continuelle.

Ici on a recouvert l'autel même de saint Bruno, qui est en pierre, d'un autel en bois, de sorte que tout ce qui lui a servi est dérobé à votre vue. On l'avait, au reste, conservé intact ce monument de la naissance de l'ordre jusqu'en l'année 1640. Ce n'est qu'à cette époque qu'un religieux de la Chartreuse,

à fresque, qui rappelle cette fondation et cette restauration. En voici le texte:

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On peut le traduire ainsi: Ici com < mença l'ordre des Chartreux, l'an de « grâce 1084. Le révérend dom Jacques de Merly, évêque de Toulon, pour < consacrer par un acte de reconnaissance le berceau de l'ordre des Char

treux, fit entourer l'antique chapelle <de saint Bruno, bâtie en ce lieu, d'une ⚫ autre chapelle plus étendue, en 1640. « L'autel de cette chapelle, ruinée de« puis peu de temps, que l'on croit avoir « existé dès le commencement de l'or «dre, a été revêtu de bois peint, et « orné, en 1820, par la libéralité des « princes qui voulurent rétablir, à leurs « frais, cette chapelle et celle de la << Vierge. »

M. Dupré-Deloire, auteur d'un voyage à la Grande-Chartreuse, que nous avons consulté souvent et avec beaucoup de fruits, critique, avec une juste sévérité, l'ornementation intérieure de la chapelle. Quelques ouvriers sans goût, « dit-il, se sont chargés d'en barbouiller « les murailles intérieures; dans le fond

◄ arbres, misérable parodie 'du désert « qui vous entoure, dont ils n'ont pas vu « les beautés : ils ont épuisé leur triste « palette jusque sur la statue du saint ⚫ qui ne méritait pas cet outrage, etc. › Des deux côtés latéraux de la chapelle, on a voulu peindre les six compagnons de saint Bruno; les connais seurs y relèvent de grandes fautes de dessin; mais le vulgaire admire dans ces peintures à fresque l'illusion produite par la magie du clair-obscur, qui est telle qu'on est tenté de prendre ces

une de ces journées parfaitement pures et sereines, telles qu'il s'en rencontre quelquefois dans les montagnes, vers le milieu de l'été, profitez-en pour entreprendre l'ascension du Grand-Son '; tâchez d'y être de grand matin, afin que les vapeurs qui s'élèvent du sein des vallées, au lever du soleil, ne vous dérobent pas quelque partie du vaste panorama que vous allez embrasser. Le chemin qui y mène monte d'abord par une pente supportable jusqu'à un hangar que l'on voit au bout d'une clai

portraits en pied pour des statues pla-rière: là, il tourne à droite, et devient

cées dans leurs niches. Enfin, la voûte, construite par les soins de Jacques de Merly, d'après le procédé de Philibert Delorme, est à plein cintre, en bois, et on peut en admirer le lambris, qui est de fort bon goût.

de plus en plus pénible et rocailleux. Enfin, après une bonne heure de marche, les arbres deviennent plus rares : la région des sapins cesse; on ne trouve plus que de petits arbustes et des pâturages semés de fleurs. On aperçoit, au haut du col, la bergerie de Bovine ou Bovinant. Cette bergerie, en dépit de l'étymologie de son nom, est occupée,

Les Chartreux vont trois fois, dans le cours de l'été, chanter une messe conventuelle à Notre-Dame de Casalibus, et une fois à la chapelle de Saint-Bruno | dans l'été, non par des bœufs, mais par

dans l'octave de la fête de leur saint patriarche. Nous les avons vus, un jour, monter à travers les bois dans le sentier tournant qui conduit à la porte de cette chapelle. Cette longue file d'habits blancs produisait un effet remarquable

des moutons venus de Provence. Placée dans une espèce de défilé, entre les rochers d'Aliénard et ceux du Grand-Son, elle est gardée à cette époque par des sentinelles redoutables. Nous voulons parler de ces énormes chiens de la Ca

dans le paysage. Les visages de ces re-margue, qui ne craignent pas d'attarocher que vous côtoyez et l'abime qui | Charlemagne et Napoléon. Le premier

ligieux ne semblaient pas porter l'empreinte des austérités de leur vie : on n'y lisait qu'une douce gaîté et la sérénité d'une conscience pure. Un groupe de trois ou quatre vieillards, attardés par l'âge, formait une espèce d'arrièregarde dans cette sainte milice. Derrière la chapelle de Saint-Bruno sont d'énormes quartiers de roc détachés sans doute des sommités voisines. Presque tous sont surmontés de sapins, qui ont enfoncé leurs racines dans les fentes qu'offraient les couches calcaires dont ils se composent. Des lichens, des fougères de diverses espèces tapissent leurs flancs. Tout annonce dans ce lieu un de ces grands désastres, tels que celui qui engloutit en Suisse le village de Goldaw, aux pieds du Rigghi. Mais ce désastre remonte aux époques les plus reculées. C'est un chaos informe, sur lequel la nature a jeté un manteau de verdure et de fleurs. Si vous aimez les courses de

quer les loups, et qui se défendent même quelquefois contre les ours. Vous les verrez venir, en grondant, à votre rencontre. Mais bientôt la voix du pâtre les rappellera et vous ouvrira un libre passage pour traverser le défilé, et parvenir jusqu'à lacroix qui domine le sommet du Grand-Son. Si la neige remplit encore le banc de rocher sur lequel est pratiqué le sentier qui y conduit, et si vous n'avez ni crampon, ni bâton ferré, ni un bon guide qui puisse suppléer à votre inexpérience personnelle, n'hésitez pas à revenir sur vos pas, vous braveriez inutilement de grands dangers pour aller plus loin. Dans les temps ordinaires, le sentier passe sur des précipices à pic, de plus de trois cents pieds de hauteur; mais quand la neige n'offre qu'une pente glissante entre le mur de

Il serait bon de se munir à cet effet d'une lanette de longue yue.

est sous vos pieds, le vertige ' peut vous saisir, et un faux pas vous donner la mort.

les franchit avec ses éléphants, le dernier, avec sa pesante artillerie, et, en empruntant à Bossuet une de ces images qui lui sont propres, on pourrait représenter les Alpes comme étonnées de se voir traverser tant de fois et en des appareils si divers..

Mais si vous avez choisi les mois d'août ou même la fin de juillet pour faire cette excursion, vous ne risquerez plus de trouver de la neige sur votre route, si ce n'est peut-être dans quelques creux de rocher, espèces de puits naturels, où elle se sera conservée à l'abri du soleil. Vous arriverez donc, sinon sans difficulté, au moins sans péril jusqu'au but de votre course, après avoir marché près d'une heure et demie dans les rochers, depuis la bergerie de Bovinant. Là, un magnifique spectacle se déploiera à vos regards du côté du couchant; c'est la plaine du Lyonnais, traversée par le Rhône; les montagnes du Forez et du Vivarais, et mème celles de l'Auvergne, se perdant en lignes indécises dans le vague de l'horizon. Vers le nord, le lac du Bourget, qui étend aux pieds du mont du Chat son tapis d'un azur brillant, en contraste avec les teintes grisâtres des vallées d'alentour. Enfin, vers l'est et le sud-est, une de ces vues comparables | solution de bien des énigmes inexplica

pour la grandeur et la variété à celle du Rigghi, en Suisse, ou du col de Tende, en Piémont. Toute la chaîne de montagnes, depuis le mont Viso jusqu'au mont Blanc, se déroule en étages irréguliers, avec ses pics formidables et ses glaciers étincelants. Par-dessus Taillefer, Belledonne et le Grand-Charnier, qui dominent les Alpes du Graisivaudan, on aperçoit le Pelvoux, soulevant au loin sa tête chargée de neiges éternelles. Que de souvenirs s'attachent à ces montagnes qu'on embrasse ainsi d'un seul coup d'œil! Il semble qu'on lise, inscrits en caractères ineffaçables, quatre noms principaux: Annibal, César,

'Si le vertige n'était pas si connu, nous aurions décrit ici ce singulier phénomène qui fait tourner et tourbillonner tous les objets aux yeux de celui qui l'éprouve, qui lui cause une complète défaillance dans les jambes, et l'attire vers le précipice comme par une sorte de fascination.

* Le Pelvoux est une montagne du Dauphiné, entre le Bourg-d'Oisans et Briançon; il a 4200 mètres de hauteur; environ 200 mètres de moins que le Mont-Blanc.

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Si dans ce moment, et plein de ces pensées, vous laissez tomber vos regards sur ce monastère qui vous apparaît alors, exactement comme un plan en relief, à plus de 1100 mètres audessous de vos pieds, vous serez frappé du contraste que présente l'existence des solitaires qui l'habitent, avec celle de ces hommes qui firent tant de bruit dans le monde. Les uns mettent autant de soin à vivre ignorés que les autres se donnèrent de peine pour se faire un grand nom. Comment expliquer cette indifférence si complète pour le suffrage des hommes, cet amour de l'obscurité porté au point où il semble en quelque sorte anticiper le tombeau? Cette explication est facile. Regardez près de vous cette croix plantée sur le rocher. Ce signe de la loi de grâce contient la

bles, pour quiconque se renferme dans le cercle ordinaire des préjugés du monde.

La croix du Grand-Son, par la place qu'elle occupe, vous a fait naître aussi des idées d'un autre genre. Nous avons pensé à ce constant usage qu'ont les peuples d'élever sur les hauts lieux les objets de leur culte. Comme des villes conquises qui se plairaient à faire flotter sur leurs murs et sur leur citadelle le drapeau du vainqueur, il semble qu'ils s'enorgueillissent de l'hommage qu'ils rendent aux emblèmes de la religion a laquelle ils se sont soumis. Nous avons souvent rencontré des croix sur les sommets des montagnes. Les Apennins et les Pyrénées en ont comme les Alpes. Partout cet étendard de la rédemption nous a rappelé le triomphe et le règne du christianisme.

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HISTOIRE DE FRA HIERONIMO SAVONAROLA;

PAR P.-J. CARLE 1.

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Le nom de Savonarola eut un immense | ments publics, où l'abstruse science de retentissement pendant le 15° siècle; la scholastique régnait alors. L'esprit ce nom fut mêlé aux discordes politi-grave et sérieux de Savonarola ne tarda

pas à se fatiguer de disputes vides et interminables, et le jeune élève ne se crut pas obligé d'accepter aveuglément les oracles d'Aristote, souverain dominateur des universités; ce fut son premier acte d'indépendance. Un guide autrement sûr s'offrit à lui. Savonarola étudia les œuvres de saint Thomas d'Aquin, et se sentit saisi d'une vive admiration pour ce puissant génie, si juste

ques de Florence et aux agitations religieuses de l'époque. Mais le temps a marché; les générations ont succédé aux générations, et si les malheurs de Savonarola, si l'affreux supplice qui mit fin à ses jours ne sont ignorés de personne, les détails de sa vie publique et privée sont généralement peu connus. M. l'abbé Carle a entrepris d'écrire cette vie calomniée, et il l'a écrite avec conscience et talent. L'histoire de fra Hie-ment surnommé l'Ange de l'école. Dès

ronimo instruit et attache. On y désirerait par moments plus de simplicité, un style plus sobre, plus contenu, quelque chose de moins enthousiaste dans la forme; le livre de M. Carle ressemble souvent plutôt à un panégyrique qu'à une histoire, ce qui s'explique, du reste, par le sentiment d'admiration profonde que l'auteur à voué à son héros.

Savonarola fut-il favorisé de révélations? lui fut-il donné d'annoncer les secrets de l'avenir? c'est une question que nous n'avons pas le projet de discuter ici. Ce qu'il y a de certain, c'est que Savonarola joignit à une merveilleuse éloquence d'éminentés vertus, que, s'il eut quelques torts, ses intentions furent toujours droites et généreuses, qu'il désira ardemment le bien de Florence et plus ardemment encore le bien de l'Église, et que lorsqu'il mourut, ce fut de la mort des criminels, sur une place publique, au milieu des vociférations d'une populace ingrate et furieuse!

La famille de Savonarola était 'ancienne et distinguée; il naquit à Ferrare le 21 septembre 1452, et manifesta bientôt les inclinations les plus heureuses. A peine sorti de l'enfance, il suivit, par la volonté de son père, les enseigne

• Chez Sagnier et Bray, rue des Saints-Pères, 64.

ce moment, ses pensées se tournèrent constamment vers l'ordre de saint Dominique; il résolut de quitter le monde et de prendre l'habit des Frères-Prêcheurs. Le 25 avril 1475, jour de la fête de saint Georges, patron de Ferrare, Savonaróla abandonne furtivement la maison paternelle, et obtient son admission au grand couvent des Dominicains de Bologne; son nom de Hieronimo lui est conservé. Dans l'année de son novi

ciat, dit M. Carle, Savonarola se mon⚫ tra comme un géant qui veut courir « la carrière, libre de toute entrave. Il « émit les trois vœux solennels, comme › une homme mort au monde et à ce << siècle qui ne retenaient rien de son

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On nous saura gré de citer quelques passages d'une lettre que Savonarola écrivit à son père, après son arrivée à Bologne: «.... Je voyais la vertu éteinte ‹ et renversée entièrement, foulée aux pieds, et les vices triompher. C'était

là la plus grande passion que je pusse « avoir dans ce monde. Aussi je priais « tous les jours Notre-Seigneur Jésus« Christ qu'il voulût bien me retirer de « cette fange; et ainsi je faisais conti<< nuellement cette prière, priant Dieu

avec grande dévotion et disant: No« tam fac mihi viam in quâ ambulem, « quia ad te levavi animam meam. Main< tenant, quand il a plu à Dieu, il me

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l'a montrée par son infinie miséri-et bientôt il ne compta qu'un petit

• corde..... Vous avez donc, mon très• cher père, bien plus sujet de remercier • mon Seigneur Jésus que de pleurer. Il • vous a donné un fils; ensuite vous l'a ⚫ assez bien conservé jusqu'à l'âge de • vingt-deux ans, et non-seulement cela, < mais a daigné encore en faire son chevalier militant.... Sachez que ma dou⚫ leur était si grande, ainsi que les « déchirements de mon cœur, d'avoir ⚫ à m'éloigner de vous, que si je vous J'avais manifestée, je crois vraiment qu'avant de m'arracher d'auprès de * vous, mon cœur se serait brisé, et ⚫ qu'il aurait changé mes pensées et « mes résolutions. Ainsi donc ne soyez pas étonné si je ne vous en ai pas parlé. Il est vrai que je laissai quel«ques écrits derrière les livres qui sont • appuyés contre la fenêtre, lesquels « vous donnaient connaissance de mes actions. Je vous prie, mon très-cher père, de mettre fin à vos pleurs et de << ne pas me donner plus de tristesse et « de douleur que j'en éprouve, non pour « ce que j'ai fait, parce que bien certainement je ne le révoquerais pas, ⚫ quand bien même je croirais devenir plus grand que ne fut César Auguste, mais parce que encore moi je suis de chair comme vous, et la sensualité « répugné à la raison..... Il ne me reste plus qu'à vous prier, homme fort, de consoler ma mère, et je la prie, et vous aussi, de me donner votre béné• diction; et moi, je prierai toujours avec ferveur pour votre âme. » Cette lettre fait autant d'honneur à la sensibilité de Savonarola qu'à sa fermeté et à son courage.

Savonarola passa plusieurs années dans le silence du cloître, et ces années furent consacrées à la pratique des vertus religieuses et à de profondes études. Puis, fra Hieronimo reçut de ses supérieurs l'ordre de prêcher dans l'église de Saint-Laurent de Florence. Mais, chose étrange! il fut loin de réaliser l'espoir qu'on avait fondé sur ses talents oratoires. Si l'on rendit justice à l'étendue de ses connaissances, « chacun, dit « M. Carle, fut rebuté de ses manières « peu cultivées, de sa voix rauque et précipitée, de ses gestes disgracieux,

« nombre d'auditeurs, et encore les his« toriens n'ont pas oublié de parler de

la grossièreté et de la misère de ceux « qui se firent la violence d'assister à ‹ ses prédications. »

Plein d'humilité, fra Hieronimo fut sincèrement persuadé que la prédication n'était pas le champ où il était appelé à moissonner. Ses supérieurs l'envoyèrent en Lombardie professer dans les écoles, et il y obtint d'éclatants succès. On admira l'excellence de sa doctrine, sa dialectique puissante, son intelligence vraiment merveilleuse des saintes Écritures et des Pères; ses leçons, avidement suivies, formèrent un grand nombre de disciples éminents en sainteté et en savoir.

Une destination nouvelle lui ayant été donnée, Savonarola se rendit à Florence dans le couvent de Saint-Marc; il fut chargé de la théologie, et sa réputation ne tarda pas à franchir les limites du cloître. L'admiration publique alla trouver le modeste religieux qui ne la recherchait pas, et qui sanctifiait sa vie par la prière, les austérités et les macérations.

Fra Hieronimo, à qui il fut enjoint de prêcher à Brescia, remonta dans la chaire en 1484, et produisit la plus vive sensation; après quelques années passées en Lombardie, il fut rappelé à Florence. Ici, écoutons parler M. Carle : « Ses confrères de Saint-Marc le reçurent avec tous les empressements de la joie

et de l'estime la plus profonde. De « suite ils le constituèrent d'une voix « unanime leur maître dans les scien« ces et dans les voies du Seigneur. Leur

surprise fut grande parce que, plus « que la première fois encore, il leur « donna les plus hautes preuves de sa << vertu et de sa science. Mais quel dut << être l'étonnement de ceux qui, les an‹ nées précédentes, ayant déploré ses ‹ manières peu cultivées, remarquèrent « une faconde pleine de grâce, un geste « naturel, et entendirent une voix par

faitement modulée. Chacun était sur<pris de la force et de l'énergie de son < raisonnement, qui insinuait agréable<ment dans les cœurs les vérités qu'il annonçait. La ville tout entière sut

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