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scolastiques: c'était à la fois leur code, de toute convention, l'émission d'un son

de lois religieuses, civiles et politiques; chez eux comme chez nous toutes les questions devaient se résoudre d'après un texte de cette loi suprême, ou d'après son interprétation, ou bien enfin par l'autorité de la tradition et des usages, et comme on dirait aujourd'hui, d'après les us et coutumes. Ce procédé paraît d'ailleurs le plus simple et le plus naturel. Nous trouverons aussi quelque chose d'analogue dans les premiers temps de la philosophie arabe.

Chaque cas (Adhikarana), chaque question étant résolus d'après des principes généraux épars çà et là et souvent répétés dans les livres sacrés des In

particulier exprime un sens particulier et nous confère une connaissance; ce qui seraitimpossiblesi cette connexion était purement arbitraire et conventionnelle.

Mais la pensée est universelle, perpétuelle et nécessaire; le son articulé ou la parole est particulière, contingente, accidentelle : comment la pensée et le son articulé ou la parole pourraient-ils être unis ensemble perpétuellement, essentiellement? Les grammairiens de l'école Mîmânsa, frappés de cette difficulté, admirent une catégorie spéciale, nommée Sphôt'a, pour désigner l'objet de la perception mentale qui résulte de l'audition du son articulé et qu'ils con

diens, un arrangement rationnel et bien | sidèrent comme distincte des éléments

coordonné de ces principes en un système bien raisonné, dont les parties seraient parfaitement unies entre elles, constituerait la philosophie de cette législation à la fois dogmatique, religieuse et politique, et serait un complément nécessaire de la philosophie Mimansa. Ce but a été entrevu par les auteurs de ce système; mais aucun ne l'a compris et ne s'est efforcé de l'atteindre: selon Colebrooke, aucun ouvrage élémentaire de cette école n'a suivi un plan philosophique dans la distribution générale des matières qui y sont traitées. On trouverait, au contraire, chez les peuples civilisés par la religion chrétienne une foule de ces ouvrages sur la jurisprudence et la théologie comme sur les autres sciences, dans lesquels les matières traitées sont, malgré leur variété et leur étendue, ramenées à des principes peu nombreux, et coordonnées entre elles d'après leurs rapports naturels et les lois rigoureuses de la logique. III. DE LA NATURE DU SON ET DE LA PAROLE, ET DE LEURS RAPPORTS AVEC LA PENSÉE. Toutes ces récherches et ces préceptes sur la grammaire, la logique et la rhétorique seraient inutiles si la parole n'était pas l'image sensible de la pensée. De là la célèbre disquisition du Mimansa sur la nature de la connexion du son articulé avec les pensées qu'il exprime. Cette connexion

ou lettres constitutives des mots. Les logiciens la rejettent comme étant inutile, et voici comment ils résolvent la difficulté proposée. Ils conviennent que le son est un effet transitoire, particulier, sujet à variation, et susceptible d'accroissement et de diminution : mais, disent-ils, tout cela ne regarde que le son en tant qu'il est employé et perçu par nos sens, et non le son considéré en lui-mème et dans son essence. Tant qu'il n'est point employé et observé, quoique existant, le son n'est point perçu; c'est comme s'il n'existait pas pour nous: voilà ce qui nous fait dire qu'il est produit comme un effet contingent, particulier et passager, quand il vient à frapper nos oreilles. Mais il n'en est point ainsi : le son subsiste en lui-même essentiellement; il n'y est point produit ou fait, mais seulement employé, ou mis en usage, et perçu par les organes; il est émis, proféré, et non appelé à l'existence. L'universalité du son est comme celle du soleil, comme la lumière; il est partout. Il n'est pas susceptible d'augmentation; le bruit seul, et non le son, s'accroît par la multitude des voix. Sa perpétuité ou son éternité, fondée d'ailleurs sur le témoignage de la révélation, est, en outre, démontrée, parce qu'il est nécessaire pour l'émission, la perception et l'intelligence de tous les est, selon Djaïmini, primitive et natu- | sons particuliers. De là l'éternité du relle, et ne repose pas sur une simple Véda, ou parole divine révélée aux convention; puisque, indépendamment | hommes dans le temps; mais parole infinie, éternelle, nécessaire, si on la considère en Dieu. De là son autorité absolue, toute divine; car, c'est Dieu même qui l'a révélée immédiatement au genre humain, puisqu'il n'y a aucun auteur humain auquel on puisse l'attribuer. La divinité du Véda, ou texte sacré de la révélation, et son authenticité sont encore prouvées par des arguments analogues à ceux que font les chrétiens pour démontrer la divinité et l'authenticité des livres de la Bible'. Les Arabes orthodoxes croient aussi à l'inspiration divine et à l'éternité du Koran. Tout ce qui est affirmé ici sur l'éternité et l'infinité du son et de la parole ne saurait être vrai que du Verbe di

mini', Dieu est le son simple: il veut assister les hommes pieux; il devient leur médiation; il prend la forme de l'invocation; il se manifeste dans l'incantation qui lui est adressée : c'est alors qu'il prend la forme de lumière. Mais ce n'est pas dans la lumière même, dans la forme lumineuse considérée comme telle, qu'est placé le pouvoir de la délivrance; il appartient au son même; il est dans le mot Dieu (Brahm). Si le sage qui répète le nom de la Divinité s'approche de la perfection de l'Étre suprême, celui dont la solennelle et silencieuse incantation l'invoque, le voit apparaître sous la forme de la lumière simple et pure (ou intelligible),

vin, et de l'intelligence intinie qui a créé | qui est la forme de la gloire. Mais qui

le monde et qui le conserve, de cette sagesse souverainement parfaite, personnifiée principalement dans Maya, Vichnou, Vatch (vox?), Oum, ou Verbe créateur, dont les divins accents retentissent dans l'éternité. La musique et la danse également personnifiées dans divers mythes, accompagnent la divine Parole, et représentent l'ordre, la beauté et l'harmonie qu'elle a su établir dans l'univers, comme dans les pensées et les opérations de l'être infini, dont elle est l'image 2.

conque chante Dieu ou évoque son nom. quiconque a ce nom saint sur les lèvres sans le porter dans la pensée, quiconque répète le son comme une simple forme de combinaisons alphabéti❘ques, est coupable d'un crime. »

Ce qui vient d'être rapporté rappelle assez clairement à notre esprit plusieurs vérités philosophiques de la plus haute importance, savoir: que ce qui est exprimé par le son et les paroles, savoir le vrai, le bien, le beau, est nécessaire, absolu, immuable, universel; le Verbe divin en est, sous les mêmes rapports,

De là l'efficacité de la prière, de l'incantation, des invocations, consécra-la manifestation infinie; que lorsque le tions, etc. Car, d'après ce qui vient | Verbe divin se manifesta sous des formes

d'être dit, leurs formules, révélées dans les Védas, sont parole de Dieu; elles sont Dieu même. « Dieu, dit Djai

finies, contingentes, variables, relatives, l'univers fut créé ; et cette manifestation put se multiplier et se diversifier à l'infini dans les sons, les lettres, les paroles, et dans toutes les créatures qui sont comme les mots et les syllabes de la parole créatrice, sans que le son et la parole, ou ce qui est exprimé par eux, cessent d'être uns, infinis, immuables et identiques en eux-mêmes.

M. Pauthier, p. 130, ajoute cette remarque: « Si les arguments de ces derniers (des chrétiens) « sont incontestables, on ne voit guère comment « ceux des premiers (des Brahmanes) le seraient « moins. » Les remarques faites au commencement de cet article, les contradictions fondamentales, les superstitions, les absurdités que nous avons trouvées dans les Vêdas, livres sacrés des Indiens, ne nous permettent pas de croire à leur divinité, à leur authenticité et à leur intégrité. Quant aux livres sacrés des chrétiens, on ne saurait leur opposer rien de semblable. Les preuves de leur authenti-ments suffisants.

cité et de leur inspiration sont demeurées jusqu'à

présent sans réplique; elles ont triomphé du pyrrhonisme historique, de l'incrédulité et du seepticisme des 17, 18 et 19e siècle. Comment oser comparer sous ces divers rapports les livres sacrés des Brahmanes avec ceux des chrétiens?

Voyez plus haut, Ive leçon, t. XVI, p. 405. Voyez le Catholique d'Ekstein, t. IV.

A cette théorie se rattachent celles des nombres et de l'harmonie, sur lesquelles nous manquons de renseigne

On trouve des théories analogues chez tous les anciens peuples.

IV. EXTENSION DE L'AUTORITÉ SOUVERAINE SUR LA PERSONNE ET LES BIENS DES SUJETS. Malgré les vices des

• Cité par le baron d'Ekstein, ibid.

constitutions sociales dans l'Inde, on V. DU MÉRITE, DU SACRIFICE, DES trouve, non sans quelque étonnement, CÉRÉMONIES RELIGIEUSES ET DES dans le Pourva - Mimansa, quelques AUTRES SUJETS TRAITÉS PAR LE MIidées justes sur la nature du pouvoir | MANSA. Un autre sujet qui a souvent fixé suprême dans la société civile et poli- | l'attention dans le Pourva-Mimansa, re

tique. Nous citerons en exemples célles qui sont émises à propos d'une question relative à la propriété du sol dans l'Inde. Gelui qui fait offrir certains sacrifices est obligé de donner tous ses biens aux prêtres sacrificateurs: un souverain doit-il, dans un cas semblable, donner tout le territoire soumis à sa domination, y compris les pâturages, les grands chemins, les forêts, les lacs, les marais? La réponse à cette question est que le prince n'a point de droit de propriété sur la terre soumise à son empire, ni sur les champs, les maisons et les autres biens de ses sujets. La maxime de la loi, que le roi est le maître ou le seigneur de tout, • excepté des biens sacerdotaux, concerne seulement son autorité pour châtier les méchants et pour protéger les bons. Le pouvoir royal a pour objet de gouverner le royaume et de punir les injustices; et pour cela il perçoit des taxes sur les laboureurs, et des amendes sur les délinquants. Mais il n'est point par là investi du droit de propriété, autre

garde l'opération invisible et spirituelle qui rend un acte méritoire et digne de récompense. La bonne action cesse: elle n'obtiendra son effet que dans un temps plus ou moins éloigné, et peutètre seulement dans un autre monde; les conséquences qu'elle doit avoir ne s'ensuivront pas immédiatement: qu'estce qui lie ainsi l'effet à la cause transitoire à laquelle on l'attribue? Pour expliquer cet enchainement, le PourvaMimansa admet dans cet intervalle une opération spirituelle et invisible, une vertu secrète, mais efficace, qui s'étend de la cause à l'effet, de l'action bonne à la récompense, quelque éloignés qu'ils puissent être. Cette vertu permanente de la bonne action, qui persévère même après que celle-ci est passée, c'est ce que l'on appelle le mérite; et voilà pourquoi une bonne action est à la fois vertueuse et méritoire.

Le Pourva-Mimansa admet l'efficacité méritoire, 1o de la prière, quels qu'en soient le mode et la forme; 2o de toutes les

ment il aurait la possession des maisons | œuvres moralement bonnes; 3o de toutes

les cérémonies religieuses accomplies avec piété; 4o et surtout enfin du sacrifice, qui consiste en général à se priver d'une chose pour qu'elle appartienne à la Divinité: c'est de toutes les œuvres la plus méritoire incontestablement selon le Mimansa. Ce n'est pas ici le lieu de

et des terres appartenant à ses sujets. La terre n'appartient point au roi, maiselle est commune à tous les êtres qui jouissent du fruit de leur propre travail: elle appartient, dit Djaïmini, à tous également. Par conséquent le roi ne peut les donner. Mais, ajoutent les sectateurs du Mimansa, s'il s'agissait d'une maison, | rapporter les nombreuses questions et

d'un champ ou de tout autre bien acquis par achat et autres moyens civils, le prince en a la propriété, et ces biens sont | ses et des autres actions méritoires. susceptibles d'être donnés par lui.

les détails infinis qui se rattachent à l'accomplissement des cérémonies religieu

§ 2. Outtara-Mimansa, ou Brahma-Mimansa, ou Vedante.

Nous avons vu que l'on excepte de la domination du prince les biens sacerdotaux. Ces biens, qui étaient la propriété des Brahmanes, jouissaient autrefois dans l'Inde d'une multitude de priviléges analogues aux seigneuries et ❘tion philosophique que l'on peut déduire Brahma-Mimansa (Mimansa théologi- | attribué à Vyasa; ouvrage obscur au que) et celui de Vedanta (fin, conclu- plus haut degré et dont les commentasion, philosophie du Véda). Cette der-teurs sont partagés depuis longtemps en tenté de lui supposer. D'abord elle est | quelque prétention à une forme logi

aux immunités ecclésiastiques dans le moyen âge. La caste sacerdotale en Égypte et l'aristocratie nobiliaire en Europe, jouissaient dans leurs biens de priviléges et d'exemptions à peu près semblables.

Le dernier Mimansa avait pour objet la discussion de la preuve et l'investiga

des Védas en ce qui concerne la théologie, c'est-à-dire la doctrine relative à Dieu, comme le premier se proposait l'investigation et la discussion de la preuve en ce qui regarde le devoir, les œuvres et leur mérite. De là le nom de nière dénomination est plus usitée, et elle rappelle que ce système a plus particulièrement rapport à la partie la plus spéculative des Védas, appelée Oupanichadas, qui sont pour la plupart des sections finales des Védas auxquels ils appartiennent. Nous le désignerons nous-mêmes constamment sous ce nom.

L'auteur du Vedanta, dit le baron d'Ekstein', est inconnu. Il est attribué par les Indiens à Vyasa, personnage mythico-historique, selon la plupart des orientalistes, auquel on attribue encore la rédaction des Védas et des Pouranas, le Mahabharata et autres ouvrages qui font avec les précédents une vaste collection qui ne saurait être l'œuvre d'un seul homme, ni d'une seule époque. S'il a jamais existé, Vyasa fut un compilateur. Mais il est plus probable, dit encore le baron d'Ekstein, que Vyasa représente une époque où les croyances primitives et les doctrines de l'Inde furent recueillies et comme fixées dans un certain nombre de livres destinés à servir de point de départ à de nouveaux développements de l'intelligence. Cette époque est fort ancienne; elle doit remonter, selon ce même savant, au 15o siècle avant l'ère chrétienne. Ce qu'il y a de certain, c'est qu'à cette époque, quelle qu'elle soit, les succès de la philosophie Védânta furent immenses. Le panthéisme, qui en est le fond principal, a de temps immémorial pénétré la rédaction des Vedas et presque toute l'antique littérature de l'Inde. Religion et poésie, théologie et philosophie, morale et ordre social, tout, sur les bords du Gange et de l'indus, a subi son influence et semble s'ètre depuis longtemps métamorphosé sous les efforts des Vêdantistes, pour aller se confondre dans cette doctrine. Aussi le panthéisme est-il, depuis une époque qui se perd dans la nuit des premiers temps, la doctrine philosophique la plus généralement et la plus constamment professée par les Brahmanes.

Le texte primitif de cette doctrine est le Védânta-soutra ou Brahma-soutra, 'Catholique d'Ekstein, t. III.

plusieurs sectes 1. Il n'est point improbable que le compilateur ou le rédacteur des Védas ait été conduit à composer un petit traité sur leur doctrine essentielle et sur leur objet fondamental. Mais on le dit encore auteur des Pourana, du grand poëme le MahaBharata et particulièrement du célèbre épisode le Bhagavat-Gítá. Or, outre que les Véda, les Pourâna et le Maha-Bharata portent dans leur rédaction même les signes certains d'époques et de compositions différentes, la doctrine de ces derniers ne s'accorde pas entièrement avec celle des Védas, telle qu'elle est exposée dans les Brahma-soutra. Mais ces ouvrages ayant tous, quant aux doctrines, la prétention de se rattacher aux Védas, est-il vraisemblable, dit M. Colebrooke, que leur auteur, s'il n'y en avait qu'un, eût consigné dans les mêmes livres et déduit d'une source unique des doctrines si différentes?

Les auteurs qui représentent la philosophie Védánta s'efforcent d'établir leurs doctrines par le raisonnement, à l'aide de principes empruntés aux das, à la raison et à la logique. La logique du Védânta a cela de particulier qu'elle réduit le syllogisme indien de cinq membres à trois seulement, comme le syllogisme grec: amélioration qui paraît être d'une date assez moderne. Quant au fond des doctrines, le Védanta s'appuie constamment sur les Védas et sur la tradition. Mais nous avons déjà vu que la caste des Brahmanes ayant généralement embrassé ce système de philosophie depuis longtemps, les das et autres monuments sacrés ont dû être et ont été plusieurs fois retouchés d'après les idées propres aux Vêdantistes. Cette école, quoique représentant la partie la plus éclairée et la plus orthodoxe des Brahmanes, n'a pas cependant l'unité, l'invariabilité ni l'orthodoxie des doctrines qu'on serait

Voir la Bibliographie dans Colebrooke et Pauthier, ouvrage cité, p. 153.

2 On se souvient des remarques que nous avons faites dans la tre partie, sur l'authenticité et l'intégrité des livres sacrés de l'Inde et sur la diversité des doctrines consignées dans les Vêdas.

elle-même une innovation sur les doctrines primitives du genre humain, qui ne sauraient avoir été un idéalisme et un spiritualisme aussi absolus, ni dans le système catholique de la révélation primitive et de la création de l'univers, ni dans le système opposé du dévelop

que et scientifique que nous tâcherons de lui conserver. L'exposé qui va en être fait est tiré des nombreux passages rapportés par Colebrooke et Pauthier', et qu'ils ont extraits principalement des monuments primitifs et les plus authentiques de cette philosophie.

pement progressif et régulier du genre | Les explications qu'ils y ont jointes sont

humain qui aurait commencé par le
plus grossier matérialisme pour arriver
graduellement au plus pur spiritua-
lisme et au panthéisme. De plus, les
Vêdantistes, tout en attaquant et en
persécutant même les doctrines oppo-
sées aux leurs, comme hétérodoxes, ont
peu à peu subi, par un effet nécessaire
du contact et des controverses, leur fa-
tale influence. De là la tolérance dog-
matique des doctrines les plus contra-
dictoires en religion, en morale, en
philosophie, que nous avons trouvée
dans les théories théologico-philosophi-
ques des Brahmanes. De là enfin leur | quel aspire l'âme humaine.

empruntées aux autres écrivains indiens
qui ont travaillé sur ce système.

indifférentisme et leur scepticisme.

Néanmoins les Brahmanes, comme représentants officiels de la religion, des sciences et de tout l'ordre social, font publiquement profession de rejeter certaines doctrines et d'en admettre certaines autres. Les doctrines qu'ils rejettent sont principalement l'atheisme, le matérialisme, la théorie des deux principes de l'univers (l'esprit et la matière), leļ sensualisme, le scepticisme, certaines opinions propres aux divers systèmes de philosophie dont il nous reste à parler, et enfin, pour les causes que nous avons dites, le Bouddhisme. Quant aux doctrines qu'ils admettent, si l'on met de côté les dogmes religieux, auxquels ils ne croient pas, et l'indifférentisme absolu des adeptes de la classe la plus élevée, on peut les ramener à quelques points fondamentaux que nous ne ferons qu'énoncer, parce qu'ils ont été développés dans la partie théologico-philosophique. Malgré les contradictions et les inutilités qui y fourmillent, la philosophie Védánta a pourtant

La controverse, la réfutation des opinions des adversaires, la réponse aux objections et aux attaques, occupent une très grande place dans les écrits philosophiques des Indiens.

L'objet du Vêdânta, comme de tous les systèmes de religion et de philosophie de l'Inde, est de procurer à l'âme la délivrance, le repos et le bonheur : ce qui implique l'affranchissement de l'ignorance, du péché, de la peine, de toute activité, de toutes les vicissitudes inhérentes aux êtres créés, et de toutes les transmigrations de l'âme, dogme également commun à tous les Indiens. Tel est le terme de toute existence créée; tel est en particulier le but au

On peut ramener à deux les voies qui se présentent pour y arriver : 1o la science, 2o l'action. Par ce dernier terme, il faut entendre toutes les œuvres relatives à l'accomplissement des devoirs de la religion, de la morale, de la vie sociale, et même les bonnes œuvres qui, sans être obligatoires, sont le pur produit du zèle et de la bonne volonté.

Mais premièrement l'activité, l'action ou les œuvres ne sont pas opposées à l'ignorance, et, conséquemment, elles ne peuvent pas en délivrer; elles fatiguent l'âme, elles ne peuvent donc pas lui procurer la délivrance de la peine et le repos; enfin l'âme ne les exerce que dans les limites du contingent, du variable, du fini; elles ne peuvent donc lui procurer qu'une satisfaction passagère, mais non le repos fixe et absolu, ni le bien suprème et infini. Aussi les œuvres ne sont-elles prescrites par les Védas, selon les Védantistes, que pour préparer les âmes vulgaires à la délivrance; mais elles ne sont plus nécessaires à celui qui a la science.

Ouvrage cité, p. 162..., avec l'Appendice, p. 266... Voyez aussi Creuzer et Guigniaut, Religions de l'Antiquité, chap. v, extrait en partie du Vedanta.

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