D'ORIGINES ÉTYMOLOGIQUES ET DE QUESTIONS GRAMMATICALES, PAR M. ÉLOI JOHANNEAU. CHEZ A PARIS, ALEXANDRE JOHANNEAU, Libraire, rue BECHET, Libraire, Quai des Augustins, PILLET, Libraire, rue Christine, n°. 5; ET CHEZ L'AUTEUR, au Musée, rue des Petits- M. DCCC. XVIII. MÉLANGES D'ORIGINES ÉTYMOLOGIQUES ET DE QUESTIONS GRAMMATICALES. LETTRES à M. le Rédacteur des Annales politiques et littéraires, sur l'Origine et l'Orthographe de la Particule on et des Lettres dites Euphoniques 1, tet s, dans la Langue française. PREMIÈRE LETTRE. MONSIEUR, Paris, ce 1er. janvier 1817. Je viens de lire, dans votre Journal du 30 décembre dernier, l'article suivant, que je suis obligé de reproduire pour y répondre : « Un grammairien de Metz, M. Munier, vient de publier une petite dissertation sur la particule on. Il n'adopte point l'avis de ceux qui prétendent mettre devant cette particule l'article le, dont le s'élide. On, est, dit-il, un mot vague et indéterminé, qui ne peut être précédé de l'article qui le détermine. Il regarde, avec raison, l' qui précède on, comme une lettre euphonique, ainsi que le t dans dira-t-on ? Et d'après cela, il conclut que de même qu'on pécherait contre l'orthographe en écrivant dirat-on ?, de même il faut désormais renoncer à écrire si l'on, que l'on, et écrire si-l-on, quel-on. M. Munier paraît avoir raison; mais triomphera-t-il de l'usage qui est le tyran des langues ? » Puisque vous avez, Monsieur, élevé cette question intéressante pour la langue, que vous paraissez adopter l'opinion de M. Munier, et la confirmer par votre suffrage, je crois devoir à vos abonnés et à vous-même de relever son erreur; de prouver qu'il s'est trompé, que la comparaison qu'il fait du t euphonique dans dira-t-on ? avec de la particule l'on, n'est point exacte; que les deux cas ne sont pas les mêmes; que l'orthographe de l'un n'a pas la même origine que l'orthographe de l'autre ; qu'enfin, si l'on suivait la correction qu'il propose, ce serait changer non-seulement notre orthographe dans un point essentiel, mais encore défigurer les traces des origines de notre langue, les rendre méconnaissables. ་ Le mot qui précède l'on, n'est point seulement une lettre euphonique, comme le dit M. Munier, semblable aut dans dira-t-on ?, mais c'est très-certainement l'article le, dont l'e final a été élidé, d'après l'usage général de faire cette élision devant les substantifs singuliers qui commencent par une voyelle. La preuve en est, que la particule on vient du latin homo; qu'elle a par conséquent le meme sens que le substantif homme; qu'on trouve dans nos anciens auteurs, 1°. home, hom, hon, omme, ome, om, ume, ueme, um, uem, employés pour homme et pour on; et même homs, hons, ons, pris dans le même sens, mais au pluriel sans doute pour hommes ou homines, comme on le voit dans les Glossaires de Ducange et de Carpentier, dans celui de M. Roquefort, dans le Trésor de Borel, etc., etc.; 2°. au pluriel également, tous homs pour tous hommes mortels homs pour mortels hommes, ses homs pour ses hommes, ses vassaux hommagers, mos homs et mos barons pour mes hommes et mes barons, li homs nom d'un village de Picardie pour les hommes de tel seigneur; et au singulier, y a hom sus la terre pour il y a homme sur la terre, Noé le bon HOм pour Noé le bon homme, beaugentilhom pour beau gentilhomme, malhom pour mal homme, mauvais homme, etc., etc.; 3°. l'hom dit pour l'on dit, hom fait savoir pour on fait savoir. La preuve en est que Malherbe lui-même a dit L'HOMME est d'autant plus travaillé, pour est, etc.; que les peuples septentrionaux, d'origine germanique, se servent également du mot man ou mann, homme, soit au singulier, soit au pluriel, là où nous nous servons de la par l'on |