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lichens, et quelques hépatiques. Comme presque tous les végétaux, elles sont munies de racines, de tiges, de feuilles et de fleurs. Les anciens botanistes n'avoient qu'une idée bien imparfaite de cette dernière partie, que les modernes, depuis MICHELI, ont mieux déterminée; ils ont reconnu deux fleurs: une mâle, et l'autre femelle. HEDWIG, qui jouit avec raison de la plus brillante réputation en qualité d'observateur, a fait de nouvelles recherches sur ces plantes. L'Anthère, suivant MICHELIet LINNAEUS, est pour luiune fleur femelle, et ce que les premiers con sidéroient comme fleur femelle, est dans son opinion une fleur måle. Ce systéme, qui n'est point applicable à toutes les espèces de mousses, trouve opposé à celui de DILLENIUS, de MICHELI, de LINNAEUS, d'HALLER, etc., que l'on peut regarder aussi avec raison comme de grands observateurs. J'ai combattu ce système dès l'année 1782; il l'a été depuis par de savans naturalistes, au nombre desquels je ne citerai que GOERTNER et M. VENTENAT. L'ouvrage dont je publie aujourd'hui_un extrait, et qui est le résultat de plus de 30 années de recherches, est entièrement contraire à la manière de voir d'HEDWIG. Les botanistes impartiaux jugeront, en les comparant, quel est le plus naturel et le plus vraisemblable des deux.

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Comme je ne m'arrêterai pas ici à combattre le système d'HEDWIG, ni à appuyer le mien par des raisonnemens, on peut, en attendant que je publie les autres familles de L'AETHÉOGAMIE, CON

sulter ce que j'en dis dans la deuxième livraison de ma FLORE D'OWARE ET DE BENIN, article Androgynette.

La fleur des mousses, essentiellement la méme dans tous les genres et dans toutes les espèces, ne diffère extérieurement que par le nombre et la forme des organes accessoires aux organes immédiats de la génération. C'est une fleur hermaphrodite, sous forme de massue ou de masse, qui croît au sommet des tiges ou aux aisselles des feuilles; elle est nécessairement composée de cinq parties qui se rencontrent dans toutes, et de cinq autres réunies aux premières ou en totalité ou en partie seulement; de manière que dans les unes on en compte six, dans d'autres sept, et méme huit, neuf, dix dans d'autres. Cette fleur est toujours ou globuleuse, ou ovale, ou cylindrique, terminant un tube plus ou moins long, ou portée sur un péduncule mou et membraneux: elle se nomme URNE. Les dix parties que l'on distingue dans la fleur des mousses sont :

1.° La COEFFE: membrane campaniforme ou cuculliforme, velue ou hérissée de poils plus ou moins longs, ou glabre, lisse ou striée, transparente ou opaque, toujours sèche, et couvrant l'urne en totalité ou en partie. Lorsque la fleur est jeune, la coëffe enveloppe toutes les parties qui la composent, à l'exception du périchèse dans les mousses qui en sont pourvues. On peut la comparer à une double corolle externe; quant

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à ses fonctions seulement; car, considérée sous le rapport de son insertion, de sa forme, et de la nature de sa substance, elle n'est comparable, rigoureusement parlant, à aucune partie connue des autres végétaux; elle tombe de bonne heure dans quelques espèces; dans d'autres, elle ne se détache qu'avec l'opercule, lors de la maturité; dans un petit nombre (l'Encalypta) elle persiste souvent, même après la maturité : elle est double dans quelques HYMÉNODES.

2.o L'OPERCULE: organe particulier à cette famille de plantes. Il termine l'urne et en bouche l'orifice: sa forme est conique, tantôt plane ou obtuse, tantôt alongée, quelquefois subulée ou acuminée, ou enfin très-élargie à sa base, et garnie au centre d'une pointe plus ou moins longue; dans ce dernier cas, on le nomme Mamillaire. Le moment de sa chute est celui de la maturité de la fleur et de la fécondation des semences. Il est permanent dans deux genres seulement: le Phase, dont la fécondation se fait intérieurement, et le Tétraphe où il se divise en quatre parties égales en forme de dents.

3.o L'URNE: on donne particulièrement ce nom à la petite tėte qui termine la masse ou massue, qui naît au sommet des tiges ou aux aisselles des feuilles; elle sert de seconde enveloppe à la poussière fécondante et à la capsule. On peut la comparer à une vraie corolle tubulée dans la plupart, pédunculée dans un petit nombre de celles qui établissent le passage naturel des Hépatiques aux Mousses. Elle est globuleuse ou ovale, ou pyriforme ou cylindrique: nue à son orifice ou bordée par un péristome simple (externe); droite, inclinée ou renversée; simple ou garnie à sa base d'un renflement nommé apophyse; le tube est ou plus court ou plus long, ou de la longueur de l'urne; il est droit, arqué ou renversé au sommet.

4.° La POUSSIÈRE FÉCONDANTE : assemblage de petits grains ronds, raboteux, contenus dans une membrane particulière, recouverte par l'urne, ouverte dans les ENTOPOGONES et les DIPLOPOGONES, et garnie à son orifice, de cils, (péristome interne), fermée, et se déchirant dans les APOGONES, les ECTOPOGONES et les HYMENODES. La poussière est placée autour de la capsule qui occupe le centre de l'urne; elle sort avec explosion d'un seul ou de plusieurs jets dans les mousses ayant un péristome.

Son enveloppe immédiate, qu'on pourroit appeler sac authérifer, conserve la forme de l'urne; dans les polytrics, et la plupart des hyménodes, elle est tétragone; dans toutes elle embrasse étroitement le péduncule de la capsule auquel elle paroît adhérer fortement.

D'après cette organisation, les mousses se trouveroient rangées dans le système sexuel, parmi les plantes de la gynandrie; disséminées dans la gyn. polyandrie, formant deux nouveaux ordres, la gyn. monadelphie ( les barbules, les hypnes, les mnies, etc.), et la gynandrie polyadel

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phie: la cancellaire, plus un troisième et un quatrième ordre à nommer, dans lesquels seroient classées les apogones, les ectopogones et les hy. ménodes. Ces rapprochemens, peu naturels, et que je suis loin de proposer sérieusement, ne sont présentés ici que pour établir les analogies que les mousses ont avec les autres plantes.

5.° LE PISTIL OU CAPSULE (Columelle. Hedw.): organe de diverses formes; il occupe le centre de l'urne; il est renfermé dans le sac authérifer, entouré de la poussière fécondante; on ne distingue point destyle proprement dit, sice n'est dans le splanc, où il paroît quelquefois prismatique. Le stigmate est capité, quadri ou quinquefide,

✓ aigu et conique dans quelques hypnes; simple et non apparent dans la vorticelle; l'ovaire est oval ou alongé, lisse ou velu. Pour l'ordinaire, il est porté sur un péduncule qui prend naissance dans la gaine, traverse le tube pour pénétrer jusques dans l'urne, où quelquefois il se divise en plusieurs branches qui se réunissent à la base de l'ovaire. D'autres fois il traverse une substance charnue, verte, qui occupe le fond de l'urne, et sur laquelle la capsule semble reposer.

Nota. Les cinq parties décrites ci-dessus composent essentiellement la fleur de toutes les mousses; dans les APOGONES, il est des genres dans lesquels on n'en distingue aucun autre; mais dans les autres sections, ces cinq parties les plus essentielles, sont accompagnées d'une

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