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ou plusieurs des cinq suivantes, non moins essentielles aux genres qui en sont pourvus.

L'absence, la présence de ces dernières parties et la diversité de leur forme, servent à établir les sections et à distinguer les genres. Il est nécessaire de les bien connoître pour l'étude de ces plantes.

6.° LES DENTS (OU PÉRISTOME EXTERNE): les dents, placées à l'orifice de l'urne, bordent l'enveloppe extérieure; elles sont pour l'ordinaire lancéolées, aiguës, variables par le nombre, depuis huit jusqu'à soixante-quatre; simples, ou geminées, ou fendues et bifides ; courtes, obtuses dans un petit nombre. Les dents contribuent essentiellement à la fécondation dans les mousses qui sont pourvues de ces organes, par un mouvement régulier d'irritabilité d'après lequel elles se renversent et se rapprochent alternativement. Dans les Hyménodes, les dents sont immobiles et accompagnées d'une membrane horizontale; dans les diplopogones, elles se trouvent réunies avec les cils; dans les ectopogones, elles sont seules; elles manquent dans les entopogones et dans les apogones.

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7.° LES CILS (Ou PÉRISTOME E INTERNE): Les cils bordent à l'orifice de l'urne la membrane interne dont ils paroissent n'être qu'une con-/ tinuité. Ils sont filiformes ou soyeux, droits ou tournés en spirale, pour l'ordinaire au nombre de 8, 16 ou 32: libres ou réunis en un ou en plusieurs paquets; ils contribuent comme les

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dents, séparément ou conjointement avec elles, à la fécondation des semences. Leur irritabilité est moins sensible et leur mouvement peu apparent. Les cils sont accompagnés des dents dans les Diplogones, ils sont seuls dans les Entopogones, et manquent dans les Hymenodes, les Ectopogones et les Apogones.

8.° LA MEMBRANE HORIZONTALE : Organe particulier à la section des HYMENODES, dans lesquelles elle tient lieu de péristome interne : elle est mince, supportée par les dents, et percée à jour comme un crible.

9.° LA GAINE: Cet organe ne manque que 'dans deux genres seulement, où elle n'a pas été observée. C'est un petit tuyau cylindrique ou tuberculeux, dans lequel est inséré le tube de l'urne. LINNAEUS a confondu cet organe avec le vrai péristome dans quelques genres. On peut le comparer à un calice interne dans lequel l'urne et toutes ses parties, ci-dessus décrites, sont enveloppées dans le premier moment de leur formation.

10.° LE PÉRICHÈSE: Cet organe est un vrai calice composé de plusieurs folioles ordinairement membraneuses, toujours différentes des feuilles, et plus ou moins imbriquées; il entoure la gaine. Toutes les Mousses n'en sont pas pourvues; il sert de caractère pour distinguer certains genres.

MICHELI a observé que les Polytrics, les Mnis, les Splancs portent des rameaux étoilés dans lesquels se trouvent de petits corps succulens, articulés. Il les a considérés comme des fleurs femelles. HEDWIG a comparé à ces petits corps, сенх qu'il a vus dans des bourgeons axillaires des Hypnes et quelques autres. Ils sont, selon lui, des fleurs males, comme nous l'avons déja dit. Mais ces petits corps ne se trouvent point dans toutes les mousses; et quand il seroit vrai qu'ils sont remplis de poussière, ce que je n'ai ja mais pu voir, cette exception suffit pour faire rejeter son systéme. Nous pensons donc avec DILLENIUS, que ces petits corps sont de simples bourgeons semblables à ceux que l'on trouve dans quelques Liliacées, la Bistoste, etc., et qu'ils sont étrangers aux organes essentiels de la fécondation. En conséquence, ils ne sont point compris dans ma méthode au nombre des

caractères génériques; et doivent tout au plus servir à distinguer quelques espèces entre elles. La seule fleur des Mousses consiste dans l'urne et toutes ses parties; c'est une fleur hermaphro dite; elle est également conformée dans toutes, les espèces, quant aux cinq parties les plus essentielles, la coëffe, l'opercule, l'urne, la poussière fécondante et le pistil. Les dents et les cils, dans les mousses qui en sont pourvus, jouent un des premiers rôles dans l'acte de la fécondation. En effet, du moment que ces organes ne sont plus retenus par l'opercule, ils se mettent en mouvement, s'agitent, s'ouvrent, et se rapprochent alternativement, tant que l'urne contient des poussières et des semences. J'ai nombre

de fois vérifié cette observation, et j'en ai rendu témoin M. Adanson, l'un des commissaires de l'Académie, nommés pour examiner le mémoire que j'ai présenté en 1782. En voici le résultat, et comment on doit concevoir la fécondation dans ces plantes.

Dans toutes les mousses à péristome, les poussières et les semences sortent avec explosion, dès l'instant que l'opercule est tombé. Mais comme par la position respective de ces deux attributs, il pourroit se faire qu'ils sortissent sans se rapprocher, sans se mélanger, et par conséquent sans se féconder, la nature y a pourvu par les dents et les cils qui arrêtent l'effet d'une trop prompte explosion. Dans les EcTOPOGONES, l'explosion se fait par plusieurs jets successifs, pendant lesquels les dents se réunissent pour forcer les poussières de rester à l'orifice; puis elles se renversent successivement pour leur laisser un libre passage, après avoir été mélangées avec les semences; dans les ЕстоPOGONES, les cils, presque toujours tournés en spiral, exercent la même fonction en s'alongeant, se déroulant, et se repliant sur eux-mêmes successivement. Dans les DIPLOPOGONES, où l'explosion est plus forte, et paroît être d'un seul jet, les poussières sont retenues par les cils réunis en cone, pendant que les dents s'agitent comme dans les ECTOPOGONES, pour favoriser et arrêter successivement leur sortie.

Deux objections se présentent, et m'ont été

faites contre cette théorie. 1.o Dans tous les vé

gétaux, la fécondation s'opère dans la fleur avant l'entière formation des graines, qui sortent des capsules toutes fécondées. 2.o S'il est vrai que les dents et les cils contribuent si puissamment à la fécondation des graines dans les mousses, et d'une manière opposée à celle de tous les autres végétaux, comment cette fécondation peut-elle avoir lieu dans les APOGONES, privées de dents et de cils?

L'exemple de quelques reptiles et des poissons, dont les œufs ne sont pas fécondés dans le corps de la femelle, comme cela s'opère dans presque tous les autres animaux, mais bien à leur sortie par le mâle, est une réponse d'autant plus satisfaisante à la première objection qu'elle établit une analogie frappante, et justifielenom, , AETHÉOGAMIE (nuptiæ insolita) que je donne à la classe des plantes CRYPTOGAMES de

LINNAEUS.

Quant à la seconde objection, elle est plus sérieuse en apparence, mais j'y réponds par un fait facile à vérifier, et qui sert de preuve à ma théorie. C'est que dans les mousses privées de péristome, les semences et les poussières ne font aucune explosion, et sortent de l'urne après la chute de l'opercule, comme sortiroient d'un sac que l'on comprimeroit à sa base, des grains de blé, de sable, etc., qui y sont contenus. En effet, si l'on prend une fleur d'un gymnostome en maturité, et qu'on en fasse tomber l'oper

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