1 ignavæque stultiticæ perpetua infamia, execra • tione et confutatione nuper fabricata : atque jampridem per Jacobum Locher, cognomento Philomusum Suevum, in latinum traducta eloquium, et per Sebastianum Brant, denuo seduloque revisa felici exorditur principio. Tel, est littéralement le titre de l'édition de 1497, la plus ancienne de toutes celles que j'ai eu occasion de consulter. Au dessous se trouve la date 1497 en chiffres arabes; plus bas la devise de l'imprimeur : Nihil sine causa, et au dessous son nom: Jo. de Olpe. Ce titre est à peu de chose près le même dans toutes les éditions, jusqu'à celle que donna Jodocus Badius Ascensius: celle-ci est bien différente des premières. Badius n'a guère conservé que l'idée principale de Brant, et les figures: tout le reste, titres, prose, vers, glose, interprétation est de lui; son travail lui a sans doute paru préférable à celui de Jacques Locher premier traducteur de Brant. Il semble l'avoir entrepris à la sollicitation d'Angelbat de Marnef, qui l'avoit engagé à augmenter cette satire pour une nouvelle édition; c'est à lui qu'il dédie une suite qu'il y ajoute, dans laquelle il fait voir que les cinq sens de l'homme sont les organes de ses folies. L'ouvrage est imprimé, partie en caractères gothiques et partie en romain, mais le gothique domine. Thielman Kerver est le nom de l'im primeur. Sa marque se trouve à la fin du livre, Tome V. Ii .. suivie de ces mots: Impressit uti primum exciderat Thielmannus Kerver, anno hoc Jubileo, ad XII kalendas martias. Cette édition, dans le catalogue de la bibliothéque nationale, est marquée sous l'an 1507, et l'exemplaire, auquel cette dé-. signation se rapporte, l'a effectivement. Je crois que ces mots, anno hoc jubileo, qui ne peuvent concerner que 1500, doivent porter à inférer que Kerver en avoit déja fait une édition, mais je ne l'ai vue citée nulle part. Lorsque je connus ce livre pour la première fois, ce fut l'édition d'Ascensius qui me tomba sous la main; je ne l'ai pas conservée ; mais les notes que je pris dans le temps me donnent des différences notables avec celle dela bibliothéque nationale. Elle portoit en tête: Navis Stultiferæ collectanea, ab Jodoco Badio Ascensio vario carminum genere, non sine eorumdem.familiari explanatione conflata. La figure qui suit ce titre, imprimé en rouge, représente un navire plein de monde: au haut est écrit: Navis stultorum. Une autre figure placée à côté d'une épigramme en dix vers, intitulée : Navis stultifera ad lectorem, représente le pélican, enseigne du libraire de Marnef, dont le nom est au dessous; et enfin on voit au bas de la page, en lettres rouges romaines: Venundantur Parisiis in vico sancti Jacobi, sub pelicano et in (Edibus Ascensionis. Le verso de cette page présente une figure où l'on voit des navires chargés de sots, avec ce titre: Artificum Stultorum acceleratio. Vis-à-vis sont des vers de Badius. Il a conservé, comme je l'ai déja dit, l'inten tion primitive de l'auteur allemand, qui avoit été de faire une satire de toutes les folies et de tous les vices des hommes: ils y sont dépeints dans une grande quantité d'emblèmes, la plupart assez justes, et presque tous sont plaisans et fort singuliers. Dans son plan, chaque emblème est accompagné de 2, 4, 6 ou 8 vers qui l'expliquent : ces vers sont eux-mêmes suivis d'une interprétation. Ensuite il y a douze ou quatorze vers, tantôt hexamètres, tantôt hexametres mêlés de pentamètres, qui concourent également à l'explication de la figure, et servent d'exhortation à fuir le vice qu'elle dépeint; enfin, une longue glose les suit, et c'est le même ordre jusqu'à la fin. Pour donner un exemple, je vais rapporter ce qui se trouve au folio 27 verso, et au folio 28 recto. Titulus 26, folium XXVIII. De stultis mortalium votis et precibus. La figure représente Midas qui demande aux Dieux que tout ce qu'il touchera se change en or. Da, magne divum, si pios audis, pater La glose qui suit apprend quelle est la structure de ces vers, et en donne l'explication. Ensuite il y en a douze tirés de la dixième satire de Juvénal, à l'exception des deux premiers, qui prouvent que les dieux savent mieux que nous ce qui nous convient: une interprétation trèsdétaillée les suit. Les vers qui se trouvent au bas des figures paroissent en grande partie de Josse Badius ; mais ceux qui sont vis-à-vis, sont ordinairement une espèce de centon, composé de divers passages de Virgile, Horace, Juvénal, Perse, Ovide, etc., auxquels le compilateur a joint quelques-uns des siens pour servir de liaison : quelquefois ils lui appartiennent entièrement; mais alors ils ne sont pas bons, quoique supérieurs à ceux de Jacques Locher, le premier traducteur. La seconde glose qui suit ces vers, est ordinairement très-prolixe, et explique même ce qui n'a aucun besoin de l'être. Badius a employé dans les vers qui accompagnent les figures, toutes les différentes mesures de ceux d'Horace et de Boèce; et comme il n'en a pas eu assez pour le nombre des figures, qui est de 113, il s'est servi ensuite le plus souvent de vers hexametres. Je me suis étendu sur son édition, parce qu'elle me semble préférable aux autres, quant à la partie littéraire : je reviendrai pourtant sur l'editio primaria, qui contient le travail de Locher. Les figures sont grossièrement gravées en bois, et sentent bien l'enfance de l'art; mais, quelle que fût la perfection du burin, il ne parviendroit pas à rendre mieux l'expression des visages. L'affection qui anime tous les personnages y paroît avec énergie; tout le reste est, à la vérité, fort mal exprimé: presque tous portent des bonnets ornés d'oreilles d'âne, quelques-uns un long bâton terminé par une marotte; leurs habits sont assez souvent ornés de grelots; en un mot, on y reconnoît les idées-mères de celles de Holbein. Elles peuvent aussi prouver l'antiquité du trictrac: il s'en trouve un à la page 57 recto, de l'édition 1497. On distingue parmi les autres éditions, celle de Basle, 1572, in-8., chez Henri Pierre, et dans le nombre des traductions anciennes 1.° celle de Paris, Denys Janot, in-4. goth. avec figures, sous ce titre: La Nef des fous du monde, de Sébastien Brant, translatée du latin de Jacques Locher, en prose françoise, sans nom d'auteur; 2.o celle d'Antoine Vérard, infol., également de Paris, sous ce titre : Les Regnards traversant les périlleuses voies des fiances de ce monde, composés par Sébastien Brant; 3.° celle de Lyon, Guillaume Balsarin, 1498, in-fol. avec figures, portant en tête : La Nef des • fous du monde, de Sébastien Brant, translatée du latin de Jacques Locher, en prose française; par Jean Drouyn; 4.° celle de Paris, Michel Lenoir, 1504, in-fol., dont le titre est : Les Regnards, etc. comme à l'édition de Vérard, et autres plusieurs choses composées par d'autres auteurs; 5.o enfin, une traduction angloise sous |