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tout que nous présenterons, autant qu'il est possible de le faire, d'après la version qui nous est seule connue. Voici quelques-uns des morceaux les plus saillans de ce second volume, d'après l'ordre que nous avons suivi en rendant compte du premier: nous tâcherons d'éviter les répétitions.

Les Oupnék hats, 7., 8., 9.° et 19°, ont paru en entier traduits en français, par M. Anquetil D. P., dans le premier volume des Recherches historiques sur l'Inde, in-4. Berlin, 1786. Nous puiserons préférablement dans les autres, sans négliger entièrement ceux-ci, parmi lesquels il faut distinguer les cent noms de Roudra, ou la doctrine de l'unicité en forme de litanies (8) ⚫ très-longues, mais dont la seule récitation efface tous les péchés. C'est la prière la plus remarquable qui se trouve dans les Védas: elle contient vingt-six pages in-4., etles Anglois, qui ont cru la donner en trois pages (9), n'en ont fait connoître qu'un mince abrégé.

DIEU.

Les Indiens ont cru, comme les Juifs, les Chrétiens et lès Mahométans, et comme le plus

(8) Non-seulement il y a des litanies dans les Oupnék'hats, mais il y est question de chapelet, corona precaria. Voy. tom. 11, pag. 303. Cet instrument de prière, dont on avoit cru trouver la plus ancienne trace dans le Coran, paroit donc aussi mentionné dans le Veda.

(9) Dans le specimen, à la fin de la traduction anglaise des Instituts politiques et militaires attribués à Tamerlan, et imprimés à Oxford, 1783, in-4., 1 vol.

profond

profond des philosophes de la Grèce (10), que le théisme a précédé le polythéisme.

« La voie, pour obtenir l'atma, c'est de le « connoître ; ce qu'il faut faire pour le con<< noître, est aussi cette voie, et cette voie c'est « lui-méme : c'est la vraie voie.

« Il ne faut pas s'en écarter par negligence; << il ne faut pas l'abandonner pour en prendre

<<« une autre.

1

<<< Les patriarches (mot à mot, les grands pré<< cédens) n'ont pas abandonné cette voie, et « tous ceux qui l'ont abandonnée n'eurent, pour « s'en excuser, que des prétextes.

<< Ici reviennent ces paroles du Véda: Il ya << trois classes de ceux qui ont abandonné cette « voie de connoissance et d'action.

« Ils ont adoré le feu commun, ou le soleil qui << éclaire le monde, ou l'air qui remplit tous les « espaces, ou des animaux, des oiseaux, des << bêtes, des troupeaux, ou des hommes, leurs << semblables; des végétaux, des graines, des << plantes ou des arbres, d'autres objets terres<< tres. Ceux qui ont adoré le feu, sont par« venus au monde du feu; ceux qui ont adoré << le soleil, sont parvenus au monde du soleil ; « ceux qui ont adoré l'air, sont parvenus au << monde de l'air (11)..

(10) Aristote, Métaph., liv. 12, chap. 8.

(11) Dans ce tableau des opinions religieuses chez les hommes, il n'y a rien qui se rapporte ni au mahométisme ni au christianisme: ce texte paroît donc appartenir à une époque bien reculée. Tome V.

Kk

• « (Mais) il faut connoître l'Akt, c'est-à-dire, << celui qui fait paroître toutes choses, qui fait « paroître cette terre même, laquelle (à sa « manière aussi) fait tout paroître. Oupn. ΧΙ, <<< brahm. 95. »

L'homme connoît Dieu, quoiqu'il ne puisse le comprendre; il le connoît par-là même qu'il le conçoit comme un être incompréhensible. L'homme connoît Dieu comme auteur de toutes choses, par voie de tradition plutôt que par voie de raisonnement: telle est la substance du texte qui suit, tiré de l'Oupn. XXXVI, n.o 147.

‹ On demandoit à Pradjapat (12), par l'ordre « et la volonté de qui se font les battemens du « cœur et les mouvemens de la respiration,. << ceux de la parole, ceux de la vue et de l'ouie ?

« Pradjapat répondit: L'oreille entend, l'œil << voit, le cœur bat, la bouche parle, la respi<<ration s'opère par la volonté de celui qui << est l'oreille des oreilles, le cœur des cœurs, << la parole des paroles, la respiration des << respirations, la vue des vues, la lumière des <<< lumières....

(12) Dans le système indien, Pradjapat est proprement la collection des élémens en action corrélative dans les mondes, comme Haranguerbehah est la collection des élémens subtils, et tels qu'on les suppose avant que Dieu en eut formé les mondes; l'une et l'autre collections viennent de Dieu, qui est un principe spirituel, et retournent s'y absorber quand il lui plaît: toute la création est Dieu même qui se modifie; ainsi Haranguerbehah et Pradjapat sont Dieu mème et des anges supérieurs sous certains points de vue. Cela explique pourquoi ils sont personnifiés si souvent dans les Qupnék'hats.

<< Mais cet étre que l'œil ne peut voir, que la

« parole ne peut exprimer, que l'intelligence ne << peut comprendre, puisque l'intelligence ne « le comprend pas, puisque la science ne l'at<< teint pas; comment donc parvenir à le con« noître ?

<< Nous l'avons appris des grands précédens: « cet étre, que la parole n'exprime pas, et qui << donne la parole, c'est le créateur: il est infini; << et tout ce que la parole peut exprimer, est fini, « et tout ce qui est fini, n'est pas le créateur.....

« Si vous savez que je suis le créateur, vous « savez la vérité, et cette vérité, c'est Dieu. « Je ne comprends pas. -Vous comprenez donc « deux choses? Premièrement vous vous con« noissez vous-même; secondement vous ne << comprenez, pas: comprenez bien ces deux << choses, et ce que vous comprenez, c'est le « créateur.

<< Vous comprenez le créateur, quand vous << dites que vous ne le comprenez pas......

<< Et celui qui dit: Je l'ai compris; ne l'a pas << compris; qui ne le comprend pas, le com<< prend, et qui le comprend, ne le comprend pas. << Qui le comprend, ne l'explique pas; qui << croit l'expliquer, ne le comprend pas.....

Suivant les Oupnék'hats, Dieu est tout ce qui est esprit, et tout ce qui paroît matière ; lui seul existe il est tout, et l'univers, au sens le plus vaste, est Dieu; les ames des anges, des hommes, des animaux, sont parties émanées de sa substance, qui ne reste pas moins une et entière; et tous les corps ne sont que des fantômes, des illusions qu'il produit. Ces idées reviennent sans cesse quand il s'agit de la nature et des attributs de Dieu: voici des morceaux où on les trouve plus développées.

<< (Dieu) est tous les pénitens, tous les saints; << il est le temps, il est surface, il est espace, il << est en haut, il est en bas, il est à droite, et à « gauche, il est dedans et dehors. Tout ce qui <<< est, fut et sera, c'est lui.

« Il est indivisible, ineffable, inaltérable, << immuable, indépendant; il est pur, il est lu<< mière; il n'y a point d'autre étre que lui. « Oupn. VII, brahm. 87.

« Le connoître, c'est savoir que tout ce qu'on « voit c'est lui: la lumière du soleil, celles de la << lune, des astres, du tonnerre, n'approchent << pas de la sienne.... C'est de sa lumière anté<< rieure à eux que brillent tous ces ètres. Oupn. « XXXVII, brahm. 153.

« Il n'a point de dessus, ni de milieu, ni de des<< sous, ni de gauche, ni de droite.

« On ne le connoît ni par la volonté, ni par <<«le raisonnement; on ne le connoît que par la « science des Oupnék hats....

« Il étoit avant le Haranguerbéhah par cela << même qu'il étoit; il fut le maître du monde, << conservant le ciel et la terre, étant au milieu < d'eux......

« Il se donne lui-même; il a donné à celui qui

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