« tiquarumque linguarum cognitionem. » La note de Reiske sur ce passage de Constantin Porphyrogénète, p. 111, 112 et 113, Commentar. ad Ceremoniale aule Byzantinæ, est aussi fort curieuse, et mérite d'être lue. M. Forster indique à ce sujet, Rubruquis, Josaphat Barbaro, Busbeck, et le père Mohndorf, qui disent que quelques Goths, dans la Crimée, parloient, de leur temps, une langue qui avoit du rapport avec l'allemand. Il paroît avoir oublié ce passage important d'une lettre de Jean-Baptiste Podesta, secrétaire-interprète, et professeur des langues arabe, persane et turque, à Vienne, et ennemi de Meninski, contre lequel il a composé Theriaca contra viperinos malesuadæ invidiæ morsus, sive Dissertatio academica de Meninskiano scommatum et execrationum orco, ter victrix terque triumphans, Vienne Austriæ, 1677, in-4. de 122 pages. Leibnitz avoit consulté Podesta (pag. 228, sec. part. t. 6 de ses OŒuvres, de l'édition de M. Dutens), pour savoir si ce reste des Goths, ou des Germains, existoit encore en Crimée. Voici la réponse intéressante de Podesta (ibid. p. 230): «In Tataria Destkaptschak dictâ, ad littus << septentrionale maris Caspii, occasum versùs, « Tataris Magiaris regio contermina se orien« tem versus, ad flumen Arabibus Gihun, ex<< tendit. Videtur aliquid de germanismo eorum « linguæ inesse ; illa enim lingua est semi-persica, « et semi-tatarica orientalis: et lingua persica, << plurimis germanicis vocibus mixta, videtur eas, « a Destkaptschensibus Tataris habere ; et ii tales « Tatari fuerunt de quibus Busbekius loquitur, « etc. etc. » Comparez aussi la lettre de Leibnitz à Ludolf, p. 3, t. 6, et Busching, p. 319, t. 3, de la traduction françoise de sa Géographie 1. universelle, Strasbourg, 1769, in-8., qui dit que ce peuple payen qui n'a point de nom particulier, et dont la langue a du rapport avec l'allemande, demeure depuis le Danube jusqu'à la mer d'Asof, et même sur la côte asiatique de cette mer, dans la contrée que les Goths ont autrefois habitée, et occupoit du temps de Busbeck, plusieurs villages, de méme que les villes de Mankup et de Skivarim. La Crimée étoit Fancienne patrie des Scythes. Voyez p. 6, col. 1 dela Préface du Glossarum Suio-gothicum de M. Ihre, et sa Dissertation De reliquiis Linguæ geticæ, Upsalicæ, 1758. Voici le passage classique du Viaggio alla Tana (le Tanaïs, aujourd'hui le Don) de Josaphat Barbaro, noble Vénitien, p. 19, folio verso, et 20 de l'édition originale et rare de ses Viaggi fatti da Venitia, alla Tana, in Persia, in India, ed in Constantinopoli, in Vinegia. 1543, in-8., réimprimés, fol. 91, vers. et suivant. du second volume Delte Navigationi e Viaggi de Jean-Baptiste Ramusio, Venise, 1559, in-folio: «Dietro dell' isola di « Capha d'intorno che è sul mar maggior, si trova « la Gotthia, e poi la Alania, laqual va per la « isola verso Moncastro. Gotthi parlano in to« desco : et so questo, perche havendo un fameglio « Todesco con mi, parlavano insieme, ed inten« devansi assai ragionevolmente, così come si « intenderia un Furiano con un Fiorentino. Da « questa vicinia de Gotthi con gli Alani, credo che « sia derivato il nome de Gotthialani. Alani erana « prima in quel luogo: sopravennero i Gotthi, e « conquistorno di quei paesi, et fecerono una << mistura del nome suo con il nome degli Alani, « etc. >> Rubruquis avoit dit bien auparavant, en 1253, c. 1 , p. 5, de son Voyage en Tartarie, dédié à S. Louis, et inséré dans le premier tom. des Voyages en Asie, de Bergeron, la Haye, 1735: «Il y a de grands promontoires, ou caps, « sur la mer Noire, depuis Kersona jusques aux « embouchures du Tanaïs, et environ quarante « châteaux entre Kersona et Soldaia, dont chacun « a sa iangue particulière. Il y a aussi plusieurs « Goths, qui retiennent encore la langue alle<< mande. » Comparez Busbeck, Epist. 4, p. 321 et suiv., édit. d'Elzévier, Leyde, 1633, in-8. Le même Busching, ibid., t. 3, p. 325, observe << que les Goths, descendans des anciens Gètes, « demeuroient à l'ouest de la presqu'île de la « Crimée, et dans toute la contrée qui s'étend «au dehors, vers le nord, le long du Tanaïs ; << et que c'est de là qu'est sorti Ülphilas avec a ses Goths. >>> Quant à la langue des Varanges, je crois que c'étoit la même que celle de l'Islande, et qu'elle subsiste encore au centre de cette île peu fréquentée, telle qu'on la parloit dans le neuvième siècle, en Suède, en Danemarck et en Norwège. C'étoit l'ancien gothique, la langue d'Ulphilas, des Scandinaves, celle que les premiers colons de l'Islande, Norwégiens, pour la plupart, Suédois et Danois, ont portée en cette ile découverte dans le neuvième siècle, celle dont les Normands se servoient à Rouen, et surtout à Bayeux. Un ancien écrivain, donné par André Duchesne (p. 112 de ses Historiæ Francorum et Normannorum Scriptores) s'exprime en ces termes : Rotomagensis civitas Romana potiùs quam Danisca utitur eloquentia; et Bajocensis frequentius Danisca quam Romaná. 1 Comparez aussi ce que dit Leibnitz, p. 218, part. sec., t. 6 de ses OŒuvres, et feu M. Troile, que j'ai beaucoup connu à Paris, p. 17 et 188 de la traduction françoise de ses Leitres sur l'Islande, donnée par mon ami M. Lindblom, Paris, 1781, in-8., et la traduction de la note du traducteur allemand de M. Troile, ibid., p. 191, le docte Ihre, Fragmenta Versionis Ulphilanæ, Upsaliæ, 1763, in-4., p. 22, 59 et suiv, et p. 115, p. 167 et suiv. de ses Analecta Ulphiiana, Upsaliæ, 1769, in-4., et p. 11, col. 1, p. 30, col. 3, p. 34 et 35 du Proæmium de son Glossarium Suio-gothicum, Upsaliæ, 1769, in-fol. Il dit, p. 60 de ses Fragmenta Versionis Ulphilanæ, d'après François Junius, que la langue de la version gothique du Nouveau Testament d'Ulphilas, est à moitié grecque, et que l'ancien Suédois s'approchoit beaucoup plus du grec que le moderne. Il en cite un exemple, ibid. d. Au lieu du grec ἐγὼ ἐἰμὶ, les Suédois disent aujourd'hui, iag ár; et au premier coup-d'œil, ajoute-t-il, on ne trouve rien dans ces mots qui sente l'hellénisme: mais vous le reconnoîtrez tout de suite, lorsque vous entendrez les Islandois dire aujourd'hui, comme autrefois les Goths, eg em. La dernière lettre de l'Alphabet islandois est le th, qu'ils prononcent comme les Anglois, et comme les Grecs anciens et modernes ont toujours prononcé leur e, pour le distinguer du T. Ihre, ibid., p. 62, compare le maizona de la version gothique des Evangiles d'Ulphilas, avec le μείζονα des Grecs, qui, selon ce critique, ont pris ce comparatif de la Langue meso-gdthique. Comparez le même Ihre, p. 15 et suiv., et p. 30, col. 1 et 2 du Proæmium de son Glossarium Suio-gothicum, où il veut prouver, par beaucoup d'autres exemples, et par l'autorité de plusieurs savans, que les Langues gothique et grecque sont sœurs, et n'ont d'autre différence que celle des différens dialectes; et p. 23 et suiv., que la Langue scythique est la mère commune, 1 ) 1 non-seulement de l'allemand, du flamand, du suédois, du danois, du norwégien, et de l'islandois, mais encore du grec et du latin; et p. 28, col. 2, que les Scythes, les Goths, les Pélasges, Solon, Romulus, et Odin, parloient la méme langue; et p. 29, col. 1, et p. 32, col. 2, que la langue mæso-gothique de la version du Nouveau Testament d'Ulphilas, est si belle et si polie, qu'elle ne cède en rien à l'élégance du grec et du latin. Il indique aussi, p. 11, col. 2, et p. 30, col. 1, les rapports de la langue esclavonne et de la grecque et de la gothique; et anroit pu citer à l'appui de son sentiment, Leibnitz, p. 219, part. sec., t. 6 de ses OŒuvres, et p. 87, 154, 168, p. 187, 195, 222, 227; et un livre assez rare intitulé: Lexicon symphonicum, quo quatuor Linguarum Europæ familiarium, græcæ scilicet, latinæ, germanicæ, ac sclavonicæ concordia consonantiaque indicatur, per Sigismundum Gelenium, quantum per ocium licuit, non oscitanter editum, Basileœ, 1557, in-4., apud Hieronутит Frobenium, et Nicolaum Episcopium; et Onomasticon germanico-græcum, vocum germanicarum et græcarum, plerumque conspirantium cum his latinarum, harmoniam exhibens, auctore Georgio Henrico Ursino, Ratisponæ, 1690, in-8. de même que Gul. Othonis Reizii Belga græcissans, Rotterodami, 1730, in-8. Selon Olaus Rudbeck le fils, p. 639 et suivantes, Bibliothecæ hebraicæ Wolf., la langue des Lapons a le plus grand rapport avec celle des Hébreux. Il est sûr que parmi les Varanges il y avoit plusieurs Islandois. M. Swinton, p. 51 et 52 de la traduction françoise de son Voyage en Norwège, en Danemarck et en Russie, Paris, 1798, in-8., dit que « les soldats islandois servirent << dans les armées angloises, danoises, et russes, |