mée de lord Newcastle, et firent leur soumission au parlement'. Lord Holland revint à Londres, disant que les papistes prévalaient décidément à Oxford, et que sa conscience ne lui permettait plus d'y demeurer2. Les lords Bedford, Clare, Paget, sir Édouard Dering, et plusieurs autres, suivirent son exemple, couvrant du même prétexte leur inconstance ou leur lâcheté. Le parlement ne se montra point difficile en fait de repentir. La conduite du roi était l'objet des invectives et des sarcasmes populaires; on rappelait ses protestations si récentes, et le ton si hautain de ses apologies quand on s'était plaint des intelligences de la cour avec les insurgés; on s'applaudissait d'avoir si judicieusement pressenti ses menées secrètes; on s'indignait qu'il eût pu se flatter d'en imposer ainsi à son peuple, et compter sur le succès d'une si grossière mauvaise foi. Ce fut bien pis quand on sut qu'un assez grand nombre de papistes irlandais étaient mêlés aux troupes rappelées, que des femmes même, armées de longs couteaux et sous un accoutrement sauvage, avaient été vues dans leurs rangs 4. Non content de ne plus venger le massacre des protestants d'Irlande, le roi prenait donc à son service, contre les protestants d'Angleterre, leurs féroces meurtriers. Beaucoup de gens, même d'une condition supérieure aux préventions passionnées de la multitude, portèrent dès lors au roi une haine profonde, les uns à cause de sa duplicité, les autres en raison de sa faveur pour d'odieux papistes, et l'insulte accompagna souvent son nom jusque-là ménagé. 'Whitelocke, p. 73. 2 1bid. 3 Ibid., p. 75, 77; Parl. Hist., t. 3, col. 189, 237. Whitelocke, p. 71, 77. Bientôt instruit de ce déchaînement et des soins du parlement pour le fomenter, offensé, comme d'un outrage, qu'on osât juger de ses intentions d'après ses actes, non d'après ses discours, Charles à son tour fut saisi d'un redoublement de colère; il manda Hyde : « C'est, << lui dit-il, faire trop d'honneur à ces rebelles de West<< minster que de les traiter comme s'ils étaient encore << une portion du parlement; tant qu'ils siégeront dans << cette enceinte, ils en usurperont le pouvoir. L'acte << par lequel j'ai promis de ne les dissoudre que de leur << propre aveu est, m'assure-t-on, nul de plein droit, << car je ne saurais abolir ainsi les prérogatives de la << couronne; j'en veux user enfin. Qu'on prépare une << proclamation qui, dès ce moment, déclare les cham<<< bres dissoutes, et défende expressément, à elles de se << rassembler, à qui que ce soit de les reconnaître ou de << leur obéir. » Hyde écoutait avec surprise et anxiété, car l'idée seule d'une telle mesure lui semblait insensée. << Je vois, dit-il, que votre Majesté a profondément con<< sidéré cette question; pour moi, j'y suis tout nouveau, << et elle exige le plus sérieux examen: je dirai seule<< ment que je ne comprends guère comment, de la part << de votre Majesté, la défense de se réunir à West<< minster empêcherait un seul homme de s'y rendre, « et pourtant le royaume en prendra à coup sûr un vio<< lent ombrage. Il se peut que l'acte dont parle votre << Majesté soit nul en effet, et je suis enclin à le penser, << mais tant que le parlement, revenu de ses erreurs ou << réprimé dans sa rébellion, ne l'aura pas déclaré lui<< même, aucun juge, aucun simple citoyen n'oserait <<< soutenir un tel avis. Or, on a beaucoup dit que telle était << au fond la pensée de votre Majesté; qu'au nom du << même droit elle nourrissait l'espoir de rapporter un « jour, de la même manière, tous les autres actes de ce <<< parlement; et déjà ce bruit seul, qu'elle a toujours soi<< gneusement désavoué, a nui bien souvent à son service; << que sera-ce quand une proclamation, d'ailleurs impuis<< sante, prouvera la légitimité de tous les soupçons? Je << conjure votre Majesté d'y bien réfléchir avant de pous<< ser plus loin ce dessein '. » Dès qu'on sut que Hyde avait parlé au roi avec tant de franchise, presque tous les membres du conseil se rangèrent à son avis. Malgré sa roideur, Charles était, 'Clarendon, Mémoires, t. 1, p. 246. au milieu d'eux, incertain et timide; les objections l'embarrassaient, et il y cédait communément, ne sachant que répondre, ou pour abréger la discussion qui lui déplaisait, même avec les siens. Après quelques jours d'hésitation, plus apparente que réelle, le projet fut abandonné. Cependant quelque grande mesure semblait nécessaire, ne fût-ce que pour tenir en éveil le parti royaliste, et ne pas laisser au parlement, dans l'intervalle des campagnes, le mérite d'occuper seul l'impatiente activité des esprits. Puisque ce nom de parlement exerçait sur le peuple un tel empire, quelqu'un proposa de convoquer à Oxford tous les membres des deux chambres qui s'étaient éloignés de Westminster, et d'opposer ainsi, à un parlement factieux et mutilé, un parlement légal et véritable, puisque le roi en ferait partie. La proposition déplut à Charles; un parlement, même royaliste, lui était suspect et importun; il faudrait donc écouter ses conseils, subir son influence, condescendre peut-être à des désirs de paix dont l'honneur du trône serait offensé. L'opposition de la reine fut plus vive encore; une assemblée anglaise, quel que fût son zèle pour la cause royale, ne pouvait manquer d'être contraire aux catholiques et aux favoris. Cependant, la proposition une fois connue, il était difficile de la repousser: le parti royaliste l'avait accueillie avec transport; le conseil même insistait fortement sur ses avantages, sur les subsides que voteraient au roi les chambres nouvelles, sur le discrédit où tomberaient celles de Westminster, quand on verrait combien de membres les avaient quittées. Charles céda malgré sa répugnance; et telle était la pente générale des esprits que l'intention de dissoudre un parlement rebelle eut pour unique effet la formation d'un second parlement'. On en prit d'abord à Londres quelque inquiétude : on savait qu'en même temps le parti royaliste renouvelait dans la Cité ses tentatives; qu'il était question de traiter directement de la paix entre le roi et les bourgeois, sans l'entremise du parlement; que les bases de la négociation étaient même convenues, entre autres la reconnaissance des emprunts faits dans la Cité, emprunts dont les chambres payaient mal les intérêts, et que le roi s'empressait de garantir2. Hors de Londres, un autre complot fut aussi découvert, tramé, dit-on, par les modérés et quelques indépendants obscurs, pour empêcher l'entrée des Écossais dans le royaume, et secouer le joug du parti presbytérien, n'importe à quel prix3. Les 1 Clarendon, Hist. of the Rebell., t. 7, p. 4 et suiv.; Parl. Hist., t 3, col. 194. La proclamation royale qui convoque le parlement d'Oxford est du 22 décembre 1643. 2 Parl. Hist., t. 3, col. 196; Milton, Hist. of England, 1. 3, t. 2, p. 40, édit. in-fol. Prose works, Londres, 1738. * Parl. Hist., t. 3, col. 200; Whitelocke, Memorials, etc., p. 75. |