<< sorte l'honneur du pays confié à notre garde, et c'est << notre devoir de faire connaître à votre Majesté que <<< nous sommes fermement résolus de défendre et main<< tenir, au péril de nos fortunes et de nos vies, les justes << droits et le plein pouvoir du parlement '. » L'assemblée d'Oxford perdit tout espoir de conciliation, et se regarda dès lors comme sans objet. Elle continua de siéger jusqu'au 16 avril, publiant de longues et tristes déclarations, votant quelques taxes ou quelques emprunts, adressant aux chambres de Westminster d'amers reproches, et donnant au roi de nombreuses marques de fidélité, mais timide, inactive, embarrassée de son impuissance, et, pour conserver au moins quelque dignité, attentive à témoigner, en présence de la cour, son vif désir de l'ordre légal et de la paix. Le roi, qui avait craint l'empire de tels conseillers, tarda peu à les trouver aussi importuns qu'inutiles; eux-mêmes se lassaient de siéger solennellement sans but et sans fruit. Après d'éclatantes protestations que leurs vœux règleraient sa conduite, Charles prononça leur ajournement; et à peine la salle de leur séance était-elle fermée qu'il se félicitait, avec la reine, d'être enfin délivré 19 mars 1644; Parl. Hist., t. 3, col. 214. 2 Parl. Hist., t. 3, col. 225; Clarendon, Hist. of the Rebell., t. 7, p. 69 et suiv. * Le 16 avril 1644; Parl. Hist., t. 3, col, 243-247. << de ce parlement métis, repaire de lâches et séditieuses <<< motions'. » La campagne, près de s'ouvrir, s'annonçait cependant sous de fàcheux auspices. Malgré l'inaction des deux armées principales, la guerre avait continué pendant l'hiver dans le reste du royaume, à l'avantage du parlement. Au nord-ouest, les régiments rappelés d'Irlande, après six semaines de succès, avaient été battus et presque entièrement détruits par Fairfax, dans le comté de Chester, sous les murs de Nantwich2. Au nord, les Écossais, sous les ordres du comte de Leven, avaient commencé leur mouvement d'invasion': lord Newcastle s'é 3 tait porté à leur rencontre; mais, en son absence, Fairfax avait défait à Selby' un corps nombreux de royalistes, et pour mettre l'importante place d'York à l'abri de toute attaque, Newcastle s'était vu contraint de s'y enfermers. A l'est, une nouvelle armée de quatorze mille hommes se formait sous le commandement de lord Manchester et de Cromwell, prête à se porter partout où l'exige C'est ainsi qu'il en parle lui-même dans une lettre du 13 mars 1645, adressée à la reine (Mémoires de Ludlow, t. 1, p. 407, dans ma Collec tion). 2 Le 25 janvier 1644; Mémoires de Fairfax, p. 384, dans ma Collection. 3 Le 19 janvier 1644. * Le 11 avril 1644; Mémoires de Fairfax, p. 388. * Le 19 avril 1644; Rushworth, 3o partie, t. 2, p. 620. raient les besoins du parti. Au midi, près d'Alresford, dans le Hampshire, sir William Waller avait remporté, sur sir Ralph Hopton, une victoire inattendue'. Quelques avantages du prince Robert dans les comtés de Nortingham et de Lancaster2 ne compensaient pas des échecs si multipliés. L'indiscipline et le désordre allaient croissant dans les camps royalistes; les honnêtes gens s'attristaient et se dégoûtaient; les autres voulaient la licence pour prix d'un courage sans vertu; l'autorité du roi sur les chefs militaires, des chefs militaires sur leurs soldats, s'affaiblissait de jour en jour. A Londres, au contraire, toutes les mesures devenaient à la fois plus régulières et plus énergiques: on s'était plaint souvent que l'action des chambres manquât de promptitude, qu'aucune délibération ne pût demeurer secrète, et que le roi en fût aussitôt informé; sous le nom de comité des deux royaumes, un conseil composé de sept lords, de quatorze membres des communes et de quatre commissaires écossais, fut investi, sur la guerre, les relations des deux peuples, la correspondance avec les Etats étrangers, etc., d'un pouvoir à peu près absolu3. L'en Le 29 mars 1644. 2 Le 22 mars, il fit lever le siége de Newark, et dans le mois d'avril suivant, s'empara des places de Popworth, Bolton et Liverpool dans le comté de Lancaster. 3 Ie 16 février 1644; Parl. Hist., t. 3, col. 247; Mémoires de Holl is, p. 77, dans ma Collection. thousiasme avait porté quelques familles à se priver d'un repas par semaine pour en offrir au parlement la valeur; une ordonnance convertit cette offre en une taxe obligatoire pour tous les habitants de Londres et des environs '. Des droits de consommation jusque-là inconnus furent établis sur le vin, le cidre, la bière, le tabac, et beaucoup d'autres denrées. Le comité des séquestres redoubla de rigueur3. A l'ouverture de la campagne, le parlement entretenait cinq armées : celles des Ecossais, d'Essex et de Fairfax, aux frais du trésor public; celles de Manchester et de Waller par des contributions locales perçues chaque semaine dans certains comtés chargés aussi de les recruter. Ces forces s'élevaient à Le 26 mars 1644; Rushworth, part. 3, t. 2, p. 748. * Les 16 mai 1643 et 8 juillet 1644; Parl. Hist., t. 3, col. 114, 276. * Ibid., col. 174, 257; Rushworth, part. 3, t. 2, p. 760. 4 Les sept comtés confédérés de l'est, Essex, Suffolk, Norfolk, Hertford, Cambridge, Huntington, Lincoln et Ely, étaient imposés, pour l'entretien de l'armée de Manchester, à 8,445 liv. st. par semaine (environ 211,125 fr.). Les quatre comtés du sud, Southampton, Sussex, Surrey et Kent, pour l'entretien de l'armée de Waller, à 2,638 liv. st. par semaine (environ 70,950 fr.). L'armée d'Essex coûtait par mois au trésor public 30,504 liv. st. (environ 762,500 fr.) (Rushworth, part. 3, t. 2, p. 621, 654). L'armée d'Écosse coûtait 31,000 liv. st. (775,000 fr.) par mois. Je n'ai pu découvrir aucune évaluation précise de ce que coûtait l'armée de Fairfax: tout indique qu'elle était plus irrégulièrement payée que les autres, et peut-être en partie par des contributions locales, en partie par des secours du parlement (Mémoires de Fairfax, p. 384, dans ma Collection). plus de cinquante mille hommes', et le comité des deux royaumes en disposait à son gré. Malgré la présomption qui régnait dans Oxford, une vive inquiétude tarda peu à s'y manifester: on s'étonnait de ne plus recevoir de Londres aucune information précise, et que le secret fût si bien gardé sur les desseins du parlement; on savait seulement qu'il faisait partout de grands préparatifs, que le pouvoir se concentrait aux mains des plus hardis meneurs, qu'ils parlaient de mesures décisives, que toutes choses enfin prenaient un sinistre aspect. Tout à coup se répandit le bruit qu'Essex et Waller s'étaient mis en mouvement, et marchaient sur Oxford pour l'assiéger. La reine, grosse de sept mois, déclara aussitôt qu'elle voulait partir; en vain quelques membres du conseil se hasardèrent à déplorer le fâcheux effet d'une telle résolution; en vain Charles lui-même témoigna quelque désir de l'en voir changer; l'idée seule d'être enfermée dans une place assiégée lui était, dit-elle, insupportable, et elle mourrait si on ne lui permettait pas de se retirer vers l'ouest, dans quelque lieu où elle pût accoucher loin de la L'armée écossaise était forte de vingt et un mille hommes; celle d'Essex de dix mille cinq cents; celle de Waller de cinq mille cent; celle de Manchester de quatorze mille; celle de Fairfax de cinq à six mille : en tout environ cinquante-six mille hommes (Rushworth, part. 3, t. 2, p. 603, 621, 654; Mémoires de Fairfax). |