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sortir deux bataillons de Paris, et fait la faute d'y laisser le reste, qui sera bientôt massacreur et massacré. Cependant, les Girondins sont des hommes de discours et de tribune plus que d'action et d'insurrection; les plus éloquents comme orateurs et comme écrivains sont des hommes de cabinet, étrangers aux Clubs et à la place publique, tout-à-fait incapables et inutiles quand il s'agit d'émeute et de combat; et tout en désirant l'insurrection, les Girondins ne savent pas comment la réaliser, sans être d'ailleurs assez forts pour décréter la déchéance. La Patrie cependant est en danger, et chacun sent qu'il n'y a pas un moment à perdre. - On se plaint donc bientôt du parlage sans résultat des Girondins, de leur mollesse, de leur impuissance insurrectionnelle; et l'on demande à grands cris une Direction et le signal de l'insurrection.

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Dans le Club même des Jacobins s'établit le Club central des Fédérés, composé de 43 personnes ; et bientôt, pour tout centraliser, et pour unir le secret à l'énergie, on organise enfin, là aux Jacobins, un Comité insurrectionnel composé de 5 membres, un Grand-vicaire de l'Évêque de Blois (Vaugeois), Debessé, de la Drôme, Guillaume, professeur à Caen, Simon, journaliste à Strasbourg, et Galissot, de Langres... - Mais bientôt s'y joignent les insurrecteurs du 20 juin, Santerre, Alexandre, Danton, C. Desmoulins, Manuel, Lazouski, capitaine de canonniers dans le faubourg SaintMarceau, etc. - Pétion promet de ne rien empêcher, et demande qu'on le fasse garder dans sa maison. - Barbaroux, d'accord sans doute avec Rolland et les Girondins, promet la coopération des Fédérés Marseillais qui vont arriver... - Le Comité décide que l'insurrection se portera en armes aux Tuileries, et qu'elle y proclamera la déchéance. Mais il faut quelque grande circonstance pour mettre le Peuple en mouvement; et des patriotes se dévouent pour fournir une occasion.

§. 3. - Singulier dévouement de deux conspirateurs.

Si par hasard la Cour attentait aux jours de quelque Député, dit Chabot, ce serait une bonne occasion d'émeute! Je suis prêt, répond le Député Grangeneuve, tuez-moi aux environs du Château, et l'on dira que c'est la Cour qui m'a fait assassiner. Moi aussi, réplique Chabot : sacrifionsnous tous les deux.

Les lieux, l'heure et les moyens convenus, Grangeneuve arrive, attend; mais Chabot ne vient pas; et son collègue rentre chez lui.

On dit aussi que Chabot, Bazire et Guadet tirent au sort lequel des trois sera immolé, dans le même but, par les deux autres ; que Chabot, désigné par le sort, attend au lieu convenu sa dernière heure; mais que Bazire et Guadet reculent devant l'exécution. - Il faut donc une autre occasion, et surtout il faut un homme, un Chef connu du Peuple, ayant sa confiance. capable de l'entraîner et de le diriger.

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Un journal Girondin propose trois Dictateurs Girondins jusqu'à la paix; et le Peuple demande un Dictateur populaire. Mais où trouver un homme parfaitement convenable? C'est là la principale difficulté dans toutes les révolutions, et c'est la principale cause qui les fait avorter après la victoire : en trouver un est un bonheur et une faveur de la fortune, puisque tous les hommes qui veulent faire la révolution sont les fruits ou les enfants plus ou moins vicieux ou imparfaits d'une vicieuse organisation sociale contre les vices de laquelle précisément la Révolution est faite.

Aussi, l'on n'aperçoit aucun homme capable d'être Chef d'insurrection parmi les Députés Girondinset Montagnards, tous parleurs, écrivains et penseurs, plutôt que conspirateurs et hommes d'action.

Parmi les Girondins du dehors, aucun, ni Rolland, ni Pétion, ni Servan, ni le beau Barbaroux, trop inconnu.

Dans les Clubs, les 48 Sections, la Presse populaire, beaucoup de Colonels et d'Officiers d'insurrection, mais point de Général. - C. Desmoulins, Marat, Robespierre, Danton, sont les plus influents: mais aucun ne peut fixer les choix. Les deux premiers s'occupent d'écrire et de conseiller, mais non d'agir.

Robespierre qui, de l'aveu de M. Thiers, excite l'enthousiasme, à qui des hommes d'une intelligence supérieure, prêtent une véritable énergie, et que C. Desmoulins appelle son Aristide, Robespierre a beaucoup de partisans qui le demandent comme Dictateur momentané: mais Marat, dit M. Thiers, ne lui trouve ni le génie ni l'audace sanguinaire qu'il croit nécessaires pour sauver l'État; et Barbaroux, qui va le voir, et à qui Panis en parle comme du seul homme capable d'être Dictateur, ne veut pas plus de Dictateur que de Roi, tandis que Fréron des Cordeliers prétend que ce Barbaroux désire la Dictature pour Brissot. - Du reste, M. Thiers assure que Robespierre ne paraît jamais dans les conciliabules des conjurés, et qu'il n'a pas l'ambition d'être Dictateur ou Chef.

Danton, avec sa taille athlétique, ses traits un peu africains, sa voix tonnante, son imagination hardie, ses passions ardentes, et son audace extraordinaire qui nereculerait devant aucune violence, semble être plus capable d'être Dictateur révolutionnaire: mais, dominé par la fureur du plaisir et par ses besoins, dévoré de l'amour de l'argent, c'est un homme à se vendre et à trahir, vendu à la Cour qui lui donne des sommes considérables, trahissant tantôt ses coconspirateurs et tantôt la Cour; il n'inspire pas assez de confiance, s'abandonne trop aux voluptés pour s'occuper assidument des affaires, et ne gouverne pas assez les conjurés pour êtreleur Chef. Quel malheur nous avons encore à déplorerici de trouver la vénalité dans un homme extraordinaire! L'insurrection n'aura donc pas de Chef, pas de Général, pas de Dictateur ! Et au contraire elle sera trahie!

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5. - Trahison dans le Comité insurrectionnel.

Que ce soit indiscrétion ou trahison, que le traître soit Danton ou tout autre des principaux conjurés, la Cour reçoit des rapports journaliers et connaît exactement tous les projets, toutes les résolutions, tous les mouvements du Comité insurrectionnel.

Mais elle espère que la Coalition arrivera plus tôt que l'insurrection, et d'ailleurs ne néglige rien pour soutenir un siége.

6. - Préparatifs de la Cour.

Elle organise, près du château, le Club Français, composé d'ouvriers et de Gardes nationaux, armés et soldés (10,000 francs par jour).-Elle emploie une autre troupe dirigée par le Marseillais Lieutaud, qui occupe les tribunes et tous les lieux de réunion, pour y parler en faveur du Roi et pour paralyser les émeutes et les motions révolutionnaires. Les 6,000 hommes qui composaient la garde du Roi licen ciée en mai et que la Liste civile a continué de solder, sont réunis en secret. Les serviteurs dévoués, Nobles, Prêtres, que le Peuple appelle Chevaliers du poignard, accourent de toutes parts pour défendre le Roi au moment de l'insurrection. Leur affluence est si grande et leurs réunions au château sont si fréquentes que le Peuple s'en inquièteet s'en effraie.-La Cour compte ensuite sur les Suisses et sur une partie de la Garde nationale, surtout sur les bataillons des Filles Saint-Thomas et des Petits-Pères, composés de l'Aristocratie de la banque et du commerce.

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Nombreux projets de fuite.

Cependant, le danger approchantet croissant, Malesherbe et quelques autres amis conseillent l'abdication: mais le plus grand nombre reviennent à de nouveaux projets de fuite; et c'est l'avis du Conseil secret de la Reine et du Roi, où se trouvent Barnave, Duport. Lameth, Lally-Tollendal, Malouet, Clermont-Tonnerre, Larochefoucauld-Liancourt. Le Roi ordonne à Bertrand de Molleville (qui d'abord refuse parce qu'il repousse tous les anciens Constitutionnels) de s'entendre à ce sujet avec Duport. Et Duport décide avec les autres, que le Roi s'enfuira dans le château de Gaillon, en Normandie, à 20 lieues de Paris et à 36 lieues de la mer, dont le Duc de Liancourt a le commandement, et où il se charge de le conduire pour le remettre à Lafayette.

L'ex-Ministre Narbonne et Madame de Staël proposent un autre plan. Et l'Emigration demande que le Roi se retire à Compiègne, et de là au milieu d'elle.

Mais Louis XVI, toujours incertain et craignant de tous côtés, attend toujours l'invasion sans adopter aucun plan.

§8. - Négociations des Girondins avec la Cour.

Mais l'approche des Prussiens et la crainte qu'inspire encore le Pouvoir royal persuadent aux Girondins qu'il vaut encore mieux transiger avec la Cour : timides, étrangers aux mouvements populaires, trop modérés peut-être au milieu d'une si terrible crise, ils n'ont confiance ni dans le succès de l'insurrection, ni dans la durée de la victoire, ni dans la possibilité d'empêcher l'invasion, et craignent que l'arrivée prochaine des Étrangers ne fasse succéder de terribles vengeances à un succès d'un moment. Ces mêmes hommes qui poussaient le plus à la guerre, qui ne doutaient de rien, qui affirmaient que tout était prêt pour la défense et l'attaque, qui ne parlaient que de victoires et de République, qui traitaient de lâcheté et de trahison la prudence de Robespierre, s'effraient aujourd'hui, désespèrent du salut de la Révolution, et négocient clandestinement pour une capitulation. Un peintre du Roi (Boze), lié avec le valet de chambre du Roi (Thierry) ayant engagé quelques-uns d'entre eux à écrire leur opinion sur le remède au mal, ils consentent à écrire à Boze une lettre signée Vergniaud, Guadet et Gensonné, dans laquelle ils disent :

• La conduite du Roi est la cause de cette violence des Clubs, dont

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