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surrectionnel qu'ils ont la majorité et qu'ils vont prononcer cette déchéance et convoquer une Convention nationale. Mais le Comité répond que, puisqu'ils n'ont pu ni mettre Lafayette en accusation ni prononcer aujourd'hui la déchéance, le Peuple va s'insurgeret combattre pourse sauver lui-même. Avant de courir à l'insurrection, arrêtons-nous un moment pour constater un fait capital, l'hésitation des Girondins.

§17. - Hésitation des Girondins.

On les a vus d'abord faire scission d'avec les Jacobins, attaquer et calomnier Robespierre, et faire cause commune avec Lafayette... Espéraient-ils alors le détacher des Feuillants et gouverner avec lui? Espérait-il lui-même qu'ils seraient assez forts pour écraser Robespierre et les Jacobins, et qu'il pourrait gouverner avec eux? Ne les a-t-il abandonnés que quand il les a vus balancés et vaincus par Robespierre et les Jacobins? Brissot, Condorcet, Guadet, Fauchet, Lassource, etc., ne l'ont-ils abandonné que quand ils se sont vus abandonnés par lui? - Ce qui est certain seulement, c'est que, après sa lettre du 16 juin, ils l'ont vivement attaqué et se sont réconciliés avec Robespierre et les Jacobins.

Cependant, nous les avons vus se rapprocher secrètement de Louis XVI et négocier avec lui, à l'insu de Robespierre et des Jacobins.. Nous les avons vus même changer tout-à-coup et ménager le Roi, après avoir, les premiers, poussé à la déchéance et à la République.

Les Jacobins ne manquent pas de remarquer ce changement, d'autant plus que les Girondinsne paraissent presque plus à leurs séances; et bientôt on apprend que la scission et les hostilités sont imminentes de la part de Brissot et de ses amis contre Robespierre et les siens.

Dès le 20 juillet, on parle du rappel du Ministère Girondin, Rolland, Servan, etc. Un journal Girondin parle même de créer une Dictature composée de Rolland, Servan et Pétion, qui pourrait prendre pour Ministres des députés et par conséquent Brissot, Vergniaud, Guadet, etc., en suspendant le Pouvoir exécutif jusqu'à la paix.

Vergniaud parle de modération, d'union. Brissot signale trois factions, celle de Coblentz, celle des Feuillants et celle des Jacobins, qu'il désigne sous le nom de Républicains régicides, qui rendraient, dit-il, la République à jamais execrable et la Royauté immortelle. Il demande (26 juillet) que l'on ne précipite rien sur la question de déchéance, et veut mettre le Peuple en garde contre les idées exagérées, contre les mesures inconstitutionnelles et impolitiques qu'on peut lui proposer; et cette attaque est dirigée contre Robespierre qui demande la déchéance et une Convention nationale. Vergniaud et Brissot se font applaudir par la Droite. Mais les Tribunes crient: A bas le scélérat de Brissot! A bas l'homme à double face! Et les plus violentes menaces l'escortent à la sortie...

Depuis ce moment, les journaux de Brissot et de Condorcet ne prêchent que modération... On dit que Brissot part pour Londres... On dit aussi qu'il est vendu à Brunswick, que Carra a formellement proposé pour Roi.

Quoi qu'il en soit, les Girondins, qui cessent de paraître aux Jacobins, se réunissent dans un autre Club appelé la Réunion; et, le 1er août, aux Jacobins, présidés alors par Robespierre. Desfieux fait une étrange révélation :

-- Avant-hier, dit-il, au Club de la Réunion, on annonça les opinions exprimées ici par Robespierre et Antoine (pour la déchance et pour une Convention nationale). On y répéta aussi ce que j'avais dit moi-même, qu'il n'y a que 40 à 45 Députés sur lesquels on peut compter. Alors Isnard prit l'engagement sacré de dénoncer à l'Assemblée Robespierre, Antoine, d'autres. et de faire tous ses efforts pour les faire mettre en accusation. Brissot prit le même engagement... Mais deux des 45 Députés nommés par moi, notamment Bellegarde, s'indignèrent, leur firent de vifs reproches, et déclarèrent qu'ils ne reparaîtraient plus dans leur Société.

• Il est évident, continue Desfreux, que les Girondins prennent la même route que les Feuillants, et qu'il ne leur manque qu'un Bailly et un Lafayette pour avoir un 17 juillet au Champ-de-Mars... Mais ce ne sont que de petits intrigants en comparaison des Lameth, etc., et la Cour n'en veut pas. »

<< - J'atteste, dit Merlin de Thionville, que Monteau et Ruhams m'ont dit que les roles avaient été distribués pour faire mettre en

accusation Robespierre et Antoine; que Brissot et Isnard devaient demander le décret et les autres l'appuyer vivement (cas auquel la Droite n'aurait pas manqué d'applaudir).

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Quelques membres de la Gauche, dit N....., sont entièrement contre la déchéance: ils voudraient une simple suspension pendant la guerre, et une Dictature Girondine... Les Feuillants paraissent accepter... Aussi, vous avez vu Vergniaud déclarer récemment que la déchéance amènerait la guerre civile... Il a même défendu le Ministre de la guerre, nouvelle preuve de la fausseté dont il porte l'empreinte sur son visage... Quant à Brissot, il a pris ici l'engagement de faire mettre Lafayette en accusation et n'a rien fait : c'est un trompeur, un traître ; RAYONS-LE. » (Applaudissements.)

<< - Je dénonce à la France Brissot et compagnie, dit Antoine, Brissot qui ne remplit pas son engagement d'accuser Lafayette, Brissot qui nous fait la guerre avant de nous la déclarer, Brissot qui n'a voulu qu'épouvanter la Cour pour la forcer à rappeler le Ministère Girondin... Il faut être un intrigant criminel ou un politique stupide pour oser dire que le salut de la Patrie tient uniquement à ce rappel... Comme les Feuillants, les Girondins n'emploient l'apparence du patriotisme que pour fonder leur élévation particulière et leur fortune... J'appuie la radiation. »

Robespierre demande l'ordre du jour, en insistant sur la déchéance et sur une Convention nationale, dont il voudrait qu'on exclût tous les Députés de la Constituante et de la Législative.

Ce sont peut-être ces attaques qui ont forcé Brissot à remplir enfin, le 8 août, l'engagement pris, depuis le 19 juin, d'accuser Lafayette. - Mais ce qui paraît certain, c'est que les Girondins sacrifieraient Robespierre et les Jacobins, si Louis XVI voulait leur abandonner le Ministère et la Dictature; ce qui paraît certain, c'est qu'ils repoussent jusqu'au dernier moment la déchéance et l'insurrection, dans l'espérance que le Roi se jettera dans leurs bras.

Mais l'heure de l'insurrection va sonner; et l'on peut deviner la colère du Peuple contre eux, comme contre les Feuillants, contre Lafayette, contre le Directoire et contre la Cour.

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Le soir du 9 août, le rappel bat dans tous les quartiers;

les bataillons de la Garde nationale se réunissent, les uns pour défendre, les autres pour attaquer; les révolutionnaires les plus ardents accourent dans les Sections; le Comité insurrectionnel se poste partie au faubourg Saint-Marceau, partie au faubourg Saint-Antoine, et partie aux Cordeliers, où Danton et C. Desmoulins haranguent les Marseillais et le Peuple; Barbaroux place ses éclaireurs au Château et à l'Assemblée. On ne sait, dit M. Thiers, où se trouve alors Robespierre... Comme s'il devait tout faire, comme si l'on savait où sont des centaines d'autres que M. Thiers n'accuse cependant pas de lâcheté!...

C'est Danton, payé par la Cour, mais essentiellement révolutionnaire et démocrate, qui donne en quelque sorte le signal et l'ordre de l'insurrection, quoiqu'il ne se rende pas au lieu du combat.

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Le Peuple, crie-t-il, ne peut recourir à l'Assemblée, puisqu'elle a absous Lafayette: il ne reste plus que vous pour vous sauver. Hatez-vous donc! car, cette nuit même, des satellites cachés dans le Château doivent égorger le Peuple avant de partir pour Coblentz. Sauvez-vous! aux armes! aux armes! »

Ce cri aux armes se répète à l'instant partout; et, vers onze heures du soir, l'insurrection est proclamée.

Aussitôt les Marseillais s'emparent de plusieurs pièces de canon, et reçoivent la foule qui vient se joindre à eux.

Bientôt les 48 Sections nomment chacune trois Commissaires, en tout cent quarante-quatre, qui doivent former une nouvelle Commune insurrectionnelle dont Robespierre sera le Directeur, investie de pouvoirs illimités pour sauver la chose publique; et celle-ci vient subitement à l'Hôtel-de-Ville remplacer l'ancienne Municipalité dont tous les membres ne sont pas dévoués au Peuple, et dont Royer-Collard se trouve être le Secrétaire-greffier.--Voilà un coup de maître!

Puis, vers minuit, au signal d'un coup de canon, on s'empare de toutes les cloches, on sonne le tocsin partout, on bat la générale, et chacun court à son poste ; l'Assemblee et tous les fonctionnaires publics siégent en permanence. D'un autre côté, la Cour, avertie de tout par ses agents ou

par la trahison, a passé toute la soirée en préparatifs de défense. Et le combat va commencer.

§19.- Forces respectives.

Nous connaissons déjà les forces dela Cour (p. 35), un grand nombre des 6,000 hommes de la Garde licenciée, le Club Français, placé près du Château, 950 Suisses venus de leur caserne de Courbevoie, beaucoup de Royalistes dévoués accourus de toutes parts, beaucoup d'Officiers supérieurs, le Commandant de la Garde nationale (Mandat), le bataillon des Filles-Saint-Thomas, partie de celui des Petits-Pères, l'ancien État-major licencié, beaucoup de Gardes nationaux isolés, 12 pièces de canon, et le Département tout entier, qui se rend au château avec le Procureur-syndic Ræderer.

C'est en vain que le rappel bat pour appeler toute la Garde nationale au secours du Roi: la trahison de Louis XVI a aliéné la grande majorité de cette Garde; la masse, les canonniers, des bataillons entiers, sont Républicains; la minorité royaliste est refroidie, dégoûtée, effrayée par l'insurrection qui n'est plus une simple émeute; peu de cette minorité royaliste se rendent à l'appel, sans pouvoir même compléter des bataillons ni des compagnies; et la Garde nationale ne fournit au Roi d'autres défenseurs que les deux bataillons et les individus isolés dont nous venons de parler, en tout 2,400 hommes accourus au château. De ce nombre 30 au plus feront feu sur le Peuple et compromettront tous les autres.

La Cour dispose encore des 912 Gendarmes à cheval et de la Gendarmerie à pied, composée des anciens Gardes-françaises : mais elle ne peut compter sur leur dévouement.

Elle appelle Pétion, qui, n'étant pas encore arrêté par les insurgés comme on en était convenu, s'y rend avec deux officiers municipaux; elle le force à signer l'ordre de repousser la force par la force, et le garde en ôtage : des Gardes nationaux royalistes l'insultent et le menacent, mais l'Assemblée le délivrera bientôt en le sommant de se rendre à sa barre,

L'insurrection, de son côté, comprend les Fédérés Mar

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