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d'Orléans; de s'être entendu avec les Girondins; d'avoir ensuite voulu favoriser le rétablissement de Louis XVII ; d'avoir reçu de l'argent des Bourbons, de d'Orléans, de la Coalition, dînant avec les banquiers étrangers et les Aristocrates; d'être un véritable Catilina, cupide, débauché, corrupteur des mœurs publiques, enrichi par des rapines; enfin, d'être le chef d'une Faction étrangère et de conspirer contre la Convention et le Gouvernement..

Après le rapport de Saint-Just, la Convention décrète d'accusation Danton et les 4 autres Députés. - On leur adjoint Fabre d'Églantine, Chabot, Bazire, Delaunay, concussionnaires et faussaires, deux banquiers étrangers beaux-frères de Chabot, le fournisseur d'Espagnac ami de Dumouriez, Westermann ami de Danton, deux autres banquiers étrangers. - Et trois jours après, le 3 avril, les quinze accusés comparaissent devant le Tribunal révolutionnaire (institué un an auparavant sur la demande de Danton.)

Une foule immense remplit la salle (au Palais-de-Justice) et couvre les rues, les quais et les ponts environnants.

Chabot, et ses co-accusés sont d'abord examinés et convaincus de concussions et de faux. Puis on arrive à Danton. • Danton, lui dit le Président, la Convention vous accuse d'avoir conspiré avec Mirabeau, avec Dumouriez, avec d'Orléans, avec les Girondins, avec l'Étranger et avec la Faction qui veut rétablir Louis XVII. - Que ceux qui m'accusent paraissent, répond Danton, et je les couvrirai d'ignominie... Que les Comités se rendent ici; je ne répondrai que devant eux; il me les faut pour accusateurs et pour témoins... Qu'ils paraissent!... Moi, moi accusé d'avoir conspiré avec Mirabeau, avec Dumouriez, avec d'Orléans; d'avoir rampé aux pieds de vils Despotes! C'est moi que Saint-Just somme de répondre à la Justice inévitable, inflexible!... Et toi, lâche Saint-Just, tu répondras à la postérité de ton accusation contre le meilleur soutien de la liberté!... En parcourant cet acte d'accusation, cette liste d'horreurs, je sens tout mon être frémir... »

Puis Danton raconte sa vie et continue :

« Qu'on les fasse paraître mes accusateurs ! Je dévoilerai les trois plats coquins qui ont ENTOURÉ ET PERDU Robespierre... Qu'ils se produisent ici, et je les plongerai dans le néant dont ils n'auraient jamais dù sortir.

On reproche à C. Desmoulins son vieux Cordelier, dont on fait lecture, et à Lacroix ses vols en Belgique; et ce Lacroix, que nous avons vu vanter si impudemment sa probité (p. 192), est convaincu d'être un voleur.

Mais l'énergie de Danton, son indignation, sa voix puissante, sa tête imposante, ses attaques, ses menaces, sa demande de faire venir les Comités, ont jeté beaucoup d'agitation dans l'auditoire; et le Président, voyant qu'il voulait exciter une émeute, l'a souvent rappelé à la modération.

Après cette première séance, le Président et l'Accusateur public courent au Comité pour lui rendre compte et recevoir ses instructions... Ainsi, le Comité, qui poursuit dans son intérêt, influence et dirige le Président du tribunal et l'Accusateur ! Saint-Just et Billaud-Varennes, qui se trouvent seuls alors au Comité, leur ordonnent de ne pas répondre, de prolonger les débats pendant trois jours, et de faire déclarer par les Jurés qu'ils sont suffisamment éclairés.

Cependant, le Général Dillon, ami de C. Desmoulins, enfermé au Luxembourg, informé de ce qui vient de se passer au tribunal, dit à Laflotte, prisonnier avec lui, que si la femme de C. Desmoulins pouvait répandre dans le Peuple quelques mille francs, s'il pouvait s'échapper et se mettre à la tête de quelques Républicains, il enleverait les accusés et renverserait les Comités. Il paraît même qu'il lui propose de faire passer une lettre et 3,000 fr. à la femme de C. Desmoulins.

Le lendemain, 4, Danton et ses amis redemandent énergiquement la comparution des Comités... - Fouquier-Tainville répond qu'il ne peut citer les Députés sans un décret de la Convention. --Les accusés se récrient; le tumulte est au comble. - Mais le Président se hâte d'interroger les autres accusés et de lever la séance. - Puis, Fouquier-Tainville écrit au Comité pour lui communiquer son embarras, et sa lettre arrive comme on reçoit la dénonciation ou révélation que Laflotte vient de faire contre le Général Dillon dans l'espoir d'obtenir sa liberté.

Le lendemain matin, 5, Saint-Just se présente à la Convention, lui expose que les accusés sont en pleine révolte contre le tribunal; qu'ils poussent l'insolence jusqu'à lancer des boulettes de mie de pain au nez des Juges; qu'ils peuvent égarer le Peuple; que la femme de C. Desmoulins vient de recevoir de l'argent pour exciter une insurrection; et que le Général Dillon, d'accord avec eux, conspire pour s'évader, les sauver et égorger le Comité... A ce récit, les amis du Comité poussent des cris d'horreur; et la Convention décrète, à l'unanimité, sur la proposition de Saint-Just, que le tribunal doit continuer le procès sans désemparer (et sans appeler les Comités comme témoins), et qu'il est autorisé à mettre hors des débats les accusés qui manqueraient de respect à la Justice ou qui voudraient exciter du trouble. - SaintJust s'empresse d'envoyer ce décret à Fouquier-Tainville.

La troisième audience est commencée; les accusés, redoublant d'énergie, se sont levés tous ensemble pour demander de nouveau la comparution des Comités; ils ont demandé même que la Convention nommât une Commission pour recevoir leurs dénonciations contre le projet de Dictature qui se manifeste dans les Comités... C'est une révolution qu'ils veulent, une insurrection, la mort des Comités. Mais Fouquier-Tainville donne lecture du décret qui vient d'ètre rendu; et Danton éclate encore, avec ses compagnons, en cris tumultueux. Puis, apercevant Amar et Vouland, membres du Comité de Sûreté générale, qui n'ont presque pas quitté les débats, ainsi que leur collègue Vadıer, il les apostrophe en leur montrant le poing: «Voyez, s'écrie-t-in, ces - lâches assassins; ils nous poursuivent, ils ne nous quitte• ront pas jusqu'à la mort!» — Et le tribunal lève la séance.

Il paraît que les jurés hésitent d'abord à condamner des révolutionnaires comme Danton et C. Desmoulins, mais ils voient uneinsurrection imminente; ilssentent qu'il faut sacrifier Danton ou Robespierre; ils savent que Danton est un être immoralet cupide, généralement soupçonnédetravailler pour

Louis XVII dont il serait Régent ou Premier ministre, tandis qu'ils considèrent Robespierre comme le modèle de la probité et du Républicanisme; et leur hésitation cesse.

Lelendemain, 6, au commencement de la quatrième séance, le Jury se déclare suffisamment instruit, et les débats sont clos sans que les accusés soient entendus dans leur défense. C. Desmoulins entre alors en fureur, traite les Jurés d'assassins, et prend le Peuple à témoin de cet assassinat.-Le tribunal ordonne qu'on l'emmène ainsi que ses compagnons, mis tous hors des débats; et comme il résiste, on l'enlève de vive force... Puis, Vadier et Vouland, le Président et l'Accusateur, entrent dans la salle du Jury, le pressent de condamner, et leur lisent même une lettre, écrite à l'Étranger, qu'ils disent avoir été interceptée, et qui prouve la complicité de Danton avec la Coalition. - Tous sont condamnés; le Greffier va leur lire la sentence en prison: et de suite on les conduit au supplice, au nombre de quatorze.

• La troupe infâme, dit M. Thiers, payée pour outrager les victimes, suit les charrettes. »

Tous meurent avec courage.

• Telle est, dit M. Thiers, la fin de ce Danton, qui imagina toutes les mesures révolutionnaires qui ont laissé un si terrible souvenir, mais qui ont sauvé la France... Après avoir frappé les Ultrà-révolutionnaires, le Comité devait, pour ne pas paraître rétrograder, frapper les Modérés: la politique demandait des victimes. .

Et, chose bien remarquable, Danton est tellement dépopularisé, l'opinion populaire est tellement prononcée contre lui, que le Comité de Salut public croit se populariser et se fortifier en l'immolant. Les Cordeliers, les Jacobins, la Commune, les trois Comités, la Convention, sont unanimes pour le sacrifier: nous n'avons vu que Legendre parler pour lui le jour de son arrestation. - Et maintenant ce même Legendre le condamne aussi.

« Je regarde maintenant comme démontré (dit-il aux-Jacobins, le 10 avril, en apportant des lettres anonymes par lesquels on l'engageait à poignarder Robespierre), que la conspiration, dont les chefs

ont cessé d'être, existait réellement, et que j'étais le jouet des traitres. J'étais, avant la découverte du complot, l'intime ami de Danton; j'aurais répondu de ses principes et de sa conduite sur ma tête : mais aujourd'hui je suis convaincu de son crime. »

De toutes les parties de la France arrivent des adresses qui félicitent de leur énergie la Convention et le Comité. Le nombre de ces adresses est incalculable, dit M. Thiers. Cependant, M. Thiers voudrait persuader que Danton roulait dans sa tête de nobles projets pour ramener des lois douces, pour borner le règne de la violence aux jours de danger, pour organiser enfin la France et la réconcilier avec l'Europe. - Mais alors pourquoi ne s'entendait-il pas avec Robespierre, qui voulait la même chose quand le danger serait passé? Pourquoi n'employait-il pas toute son éloquence, tout son génie, toute sa puissance, pour développer son système à la tribune, pour persuader et convaincre?... Non, non; il faut dire la vérité, et la dire avec regret, avec douleur, car c'est un grand malheur pour la France et l'Humanité : Danton était l'esclave de sa passion pour le plaisir et pour l'argent qui procure toutes les jouissances matérielles; l'argent qu'il avait reçu, sesʻrapines en Belgique avec Lacroix, peutêtre la participation dont on l'accusait dans deux fabriques clandestines de faux assignats (Histoire parlementaire), l'avaient mis dans la dépendance de Dumouriez, des Girondins, de tous ceux qui connaissaient sa conduite.

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L'ex-ministre Bertrand de Molleville raconte que, pour paralyser Danton dans le procès du Roi, il lui écrivit, qu'il avait les pièces constatant les sommes qu'il avait reçues de Louis XVI, et qu'il les enverrait au Président de la Convention s'il parlait davantage contre le Monarque. - Ce qui est certain, c'est que Danton se fit donner alors une mission en Belgique, s'absenta pendant le procès, ne revint que pour voter, et ne dit rien pour motiver le vote qu'il neput s'empêcher de donner, d'abordpour le bannissement, ensuite pourla mort. Il paraît certain aussi qu'il travaillait, avec Dillon, au rétablissement de la Monarchie; et voici un fait qui l'indique,

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