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lèbre, dans le jardin des Tuileries, les funérailles des martyrs du 10 août, tandis qu'une colonne s'élève sur la place Vendôme pour éterniser leur gloire.-Dix bannières présentent ces inscriptions : Massacre de Nancy, - massacre de Nimes, - de Montauban, d'Avignon, - de La Cha

pelle, de Carpentras, - du Champ-de-Mars, etc.-Jugez combien ces souvenirs augmentent la colère populaire !

Et nous ne pouvous passer sous silence l'effet électrique que produit une simple chanson ou plutôt un hymne guer rier, la Marseillaise, récemment composée pour l'armée a Rhin, par un capitaine du génie, de la garnison d'Huningue, (Rouget Delille), adoptée comme chant révolutionnaire à Marseille, chantée par les Fédérés Marseillais sur toute leur route jusqu'à Paris, et qu'on commence à chanter en chœur dans les spectacles, en levant les sabres et les chapeaux au milieu de transports patriotiques et belliqueux capables d'enfanter des héros.

C'est le même jour (27 août) que commencent les élections pour la Convention nationale; et Robespierre est le PREMIER Représentant que Paris choisit..

§10.- Désarmement des suspects.

Le 29, on apprend que les Nobles et les Prêtres viennent de commencer l'insurrection à Châtillon dans les DeuxSèvres, pour favoriser l'invasion. Les malheureux! Quelle fureur ne vont-ils pas allumer contre tous les Nobles et tous les Prêtres contre-révolutionnaires! Six Gardes nationaux ont été tués par les paysans insurgés, et 40 malheureux paysans trompés ont été tués par les Gardes nationaux. Et ces Nobles et ces Prêtres ne craignent pas l'extermination!.. L'exaspération est telle que le beau et bon Évêque Lamourette, que nous avons vu dévoué à Louis XVI (p. 15), prononce à la tribune ces terribles paroles :

« N'en doutez pas, il réside encore dans Paris une conspiration Aristocratique, dont il est urgent de rechercher et d'anéantir le foyer. Je n'aime point la cohabitation de Louis XVI avec sa famille. Soyez bien certains qu'on aura trouvé le moyen de ménager des communications entre le Temple et Coblentz, entre Marie-Antoinette et les restes méprisables de sa ci-devant Cour, qui ont échappé, le 10 de ce mois, à la justice du Peuple. Eh! n'est-ce pas assez que cette femme atroce et sanguinaire, que cette femme bourreau, qui médite jusqu'au fond de la retraite qu'elle habite les moyens de se baigner dans notre sang; n'est-ce pas assez que cette femme respire encore, sans que vous la laissiez jouir de la liberté d'exhaler sa rage et de se concerter au-dehors avec tout ce qui nous trahit? .

Et l'on entend encore ces autres paroles aussi terribles : « Le Roi, la Reine et leur famille, sont en état d'arrestation. On a dit qu'aussitôt que l'ennemi aurait le pied sur le territoire Français, leurs tétes répondraient de l'invasion: que cette promesse s'accomplisse; et sûrs de ne laisser derrière nous aucun danger, aucun traître, aucun conspirateur, nous volerons aux frontières. »

Le même jour, la Commune commence son système de défense et de terreur contre les ennemis de l'intérieur. - A quatre heures après midi, elle fait battre subitement la générale; elle avertit tous les citoyens d'être chez eux à six heures, de ne plus sortir, et d'illuminer toutes leurs croisées pendant la nuit, parce qu'elle va procéder à la visite de tous les domiciles pour prendre les armes. A l'instant, toute la Garde nationale et toutes les Autorités municipales sont sur pied et fouillent toutes les maisons; toutes les rues sont désertes, tous les lieux publics sont vides ; toutes les habitations privées sont remplies : le silence est partout; et la visite domiciliaire dure toute la nuit. - Quelle singulière et terrible soirée! Douze à quinze mille suspects, plus de deux cents Prêtres réfractaires, sont arrêtés sur les indications du Comité de Surveillance, amenés à l'Hôtel-de-Ville, interrogés et distribués dans toutes les prisons.

§ 11. - La Commune attaquée par les Girondins.

Le 30, les Girondins, effrayés de l'énergie de la Commune et du Peuple, et croyant qu'ils seront assez forts pour faire face à tous les dangers avec des décrets et leur prétendue modération qui refroidit l'élan populaire, accusent la Com mune d'usurpation et d'illégalité, lui adressent des reproches outrageants, la cassent, et la mandent à la barre de l'Assemblée...

Quelle présomption ! quelle imprudence! l'union seule peut sauver les patriotes; et l'Assemblée, qui n'a pas su prévenir l'insurrection en prononçant la déchéance et qui n'a pas plus d'existence légale que la Çommune depuis la Révolution du 10 août, veut entraver cette Commune qui vient de sauver la Patrie en bravant elle-même tous les dangers; car cette Commune pourrait périr tout entière, comme périra la Commune du 9 thermidor. - Mais Pétion et Tallien viennent la défendre; et tous les reproches des Girondins, victorieusement repoussés, ne serviront qu'à irriter davantage contre eux les Jacobins et le Peuple.

$12. Fameuse séance du Comité de défense.

La terreur est partout, chez les Royalistes menacés par les Républicains, et chez les Républicains menacés parles Prussiens et par les Conspirateurs royalistes. Le Peuple se rappelle le Manifeste de Brunswick, et la menace de raser Paris après l'avoir livré à une exécution militaire, menace réalisée déjà dans la petite ville de Sierck, militairement exécutée.

Le 30, le Comité de défense, choisi par l'Assemblée, appelle dans son sein tous les Ministres pour délibérer sur les moyens de salut public; un grand nombre de Députés veulent assister à la délibération. - Le Ministre de la guerre Servan déclare qu'il ne voit aucun moyen d'empêcher les Prussiens d'arriver à Paris, et presque tout le monde est de cet avis. On propose de porter toute la population en armes sous les murs de la Capitale et d'y combattre avec désespoir; on propose aussi de se retirer derrière la Loire à Saumur; mais Vergniaud et Guadet repoussent l'idée de s'éloigner, et Danton ajoute :

• On vous propose de quitter Paris: mais vous n'ignorez pas que, dans l'opinion des ennemis, Paris représente la France, et que leur céder sur ce point, c'est leur abandonner la Révolution ; reculer c'est nous perdre. Il faut donc nous maintenir ici par tous les moyens, et nous sauver par L'AUDACE... Parmi les moyens proposés, aucun ne m'a paru décisif; il ne faut pas se dissimuler la situation dans laquelle nous a placés le 10 août; il nous a divisés en Républicains et en Royalistes, les premiers peu nombreux, les seconds beaucoup. Dans cet état de faiblesse, nous Républicains nous sommes exposés à DEUX FEUX, celui de l'Ennemi placé au dehors, celui des Royalistes au dedans. Il est un DIRECTOIRE ROYAL qui siége secrètement à Paris et qui correspond avec l'armée Prussienne. Vous dire où il se réunit et qui le compose serait impossible aux Ministres : mais, pour le déconcerter et empêcher sa funeste correspondance avec l'Étranger, il faut... il faut FAIRE PEUR aux Royalistes (en accompagnant ces mots d'un geste exterminateur)... Il faut, vous dis-je, faire peur aux Royalistes!... C'est dans Paris surtout qu'il vous importe de vous maintenir, et ce n'est pas en vous épuisant dans des combats incertains que vous y réussirez. >>

Tous les assistants comprennent bien l'intention, tous paraissent épouvantés des paroles; mais personne ne s'oppose; chacun APPRQuve en réalité par son silence; Danton le sent si bien qu'il court immédiatement au Comité de Surveillance de la Commune; et là, pendant la nuit, on discute; et, enhardi par le consentement tacite du Comité de défense, on décide le massacre des Royalistes les plus dangereux entassés dans les prisons; on charge le Maillard des 5 et 6 octobre, chef d'une bande organisée par lui, d'exécuter la décision.

§ 13. Irritation populaire.

Dès ce moment, 31 août, le bruit d'une terrible exécution se répand sourdement partout. De toutes parts on répète qu'il faut absolument effrayer les conspirateurs qui s'entendent avec l'Étranger. On se plaint de la lenteur du Tribunal chargé de punir les coupables, et l'on demande à grands cris une prompte justice.

Jugez donc de la colère générale quand, ce jour là-même, le Tribunal acquitte Montmorin, le Gouverneur de Fontainebleau, tandis qu'on dit et qu'on croit que c'est l'ex-Ministre Montmorin, l'un des traîtres les plus anciens, les plus nuisibles, les plus criminels, les plus odieuxaux yeux du Peuple!

On crie alors que la trahison est partout, que l'impunité des coupables est assurée, et que les Parisiens sont perdus. -- On apprend en même temps qu'un condamné vient, au moment de l'exécution et en refusant tout sursis, de révéler une nouvelle conspiration qui doit éclater dans la nuit et d'après laquelle les prisonniers doivent s'évader, s'armer, se répandre dans la ville, égorger les principaux patriotes, enlever le Roi, et ouvrir les portes à l'Ennemi.

Aux Jacobins, dans les Sections, à la Commune, dans l'Assemblée, une foule d'hommes croient (le fait est certain) croient à tous les complots, et tous, même les plus modérés, regardent comme légitime l'extermination des détenus.

§ 14. 1er septembre: Siége de Verdun.

Le 1er septembre, on apprend à la fois le siége de Verdun et une conspiration à Grenoble. - On dit même, et l'on croit, que Verdun est déjà pris, livré par trahison. - On sait que l'armée de la Coalition est quadruple de l'armée française; que 80,000 Prussiens (vieilles troupes), commandés par le Duc de Brunswick, sous les yeux du Roi de Prusse, s'avancent sur Châlons; que Dumouriez ne peut leur opposer que 28,000 jeunes soldats désorganisés par Lafayette; qu'il est même trop éloigné pour leur disputer le passage; que la trahison est organisée partout; que des Députations royalistes vont au-devant des Prussiens avec des drapeaux blancs; que des Régiments entiers, Royal-Allemand, hussards de Lauzun (ceux que Bouillé et Lafayette ont employés pour massacrer le Peuple à Nancy) viennent de passer à l'ennemi; et que Louis XVI paraît tranquille comme s'il était sûr d'être délivré... Et le Peuple ne serait pas épouvanté, désespéré, furieux, hors de lui!... Que chacun s'imagine être alors à Paris...

Danton court encore à la Commune et fait annoncer par elle: - que, demain dimanche, 2 septembre, on battra la générale, on sonnera le tocsin, on tirera le canon d'alarme; que tous les citoyens disponibles se rendront en armes au Champ-de-Mars; qu'ils y camperont le reste de la journée; et qu'ils partiront le lendemain pour arrêter les Prussiens... Toute la population devine les terribles projets de Danton et de la Commune insurrectionnelle...

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