REVUE DC801 L96R39 v. 8 DU LYONNAIS. JEAN-JACQUES ROUSSEAU A LYON. J'aime les souvenirs d'outre-tombe, et tout ce qui me parle du passé, tout ce qui me rappelle, par des traits vifs et profonds, le misérable néant de l'homme. Les pensées de mort ont bien aussi leur douceur, et lorsque les tristes agitations, les querelles mesquines, les ridicules sottises, les petites vanités de l'espèce humaine pourraient jeter en votre ame un affligeant scepticisme, vous trouvez à côté de cela une sorte de consolation dans l'aspect anticipé de la fin de toutes choses. Si long-temps que l'on s'agite sur cette terre pour s'y asseoir et s'y dresser une tente, si grand et si puissant que l'on soit par la parole, par les armes, par les richesses, toujours est-il qu'un jour doit venir où il faudra ployer sa tente, même avant le soir; où le génie s'éteindra comme une flamme vulgaire, où le conquérant dormira dans la tombe, où le riche laissera tous ses trésors, et dira aux vers de la terre : Vous êtes ma mère et mes sœurs! 232 |