le mot congrès. » Sur quoi Benjamin Harrison se leva sist et dit : « Et moi, M. le président, il n'ya dans ce papiern qu'un seul mot que j'approuve; c'est le mot congrès tre 01 Tant d'accord au sein de tant de liberté ne fut point ar une sagesse éphémère, le bonheur du premier enthousiasme. Pendant près de dix ans que dura la grande lutte, les hommes les plus divers dans le parti national, e, jeunes et vieux, ardents et modérés, persévérèrent à agir ainsi de concert, les uns assez sages, les autres era assez fermes pour prévenir toute rupture. Et lorsque, quarante-six ans plus tard *, , après avoir assisté à l'explosion et au violent combat des partis qu'enfanta la liberté américaine, chef lui-même du parti vainqueur, Jefferson retraçait les souvenirs de sa jeunesse, ce n'était pas, se à coup sûr, sans une émotion mêlée de plaisir et de regret qu'il y retrouvait ces beaux exemples de modé ration et d'équité. C'est un acte bien grave pour de tels hommes, pour tout homme de sens et de vertu, que l'insurrection, la rupture avec l'ordre établi, l'entreprise d'établir un ordre nouveau. Les plus prévoyants n'en mesurent jamais toute la portée. Les plus résolus frémiraient au fond de leur cœur s'ils en savaient tout le péril. L'indépendance n'était pas le dessein prémédité, pas même le vœu des colonies. Quelques esprits pénétrants ou ardents l'entrevoyaient ou la désiraient, au terme de la 1 Jefferson's Memoirs (édit. de Londres, 1829), t. I, p. 9-10. M. Jefferson écrivait ses Mémoires en 1821. m da esistance légale. Le peuple américain n'y aspirait point - n'y poussait point ses chefs. <<< Malgré tout ce que vous ites de votre loyauté, vous autres Américains, disait à ranklin, dès 1759, l'illustre lord Camden1, malgré otre affection tant vantée pour l'Angleterre, je sais I'un jour vous secouerez les liens qui vous unissent à Ile, et vous lèverez le drapeau de l'indépendance. Tulle idée pareille, répondit Franklin, n'existe et n'encera jamais dans la tête des Américains, à moins que ous ne les maltraitiez bien scandaleusement. - Cela st vrai, et c'est précisément une des causes que je préois, et qui amèneront l'événement *. » Lord Camden prévoyait bien : l'Amérique anglaise at scandaleusement maltraitée; et pourtant en 1774, nême en 1775, un an à peine avant la déclaration d'inépendance, et lorsqu'elle devenait inévitable, Washngton et Jefferson écrivaient encore: Washington au capitaine Mackenzie3 : << On vous enseigne à croire que le peuple du Massahusetts est un peuple de rebelles, soulevés pour l'indéendance, et que sais-je? Permettez-moi de vous dire, non bon ami, que vous êtes trompé, grossièrement rompé.... Je puis vous attester comme un fait que indépendance n'est ni le vœu, ni l'intérêt de cette olonie, ni d'aucune autre sur le continent, séparément 1 Il s'appelait à cette époque M. Pratt. 2 Washington's Writings, t. II, p. 496. 39 octobre 1774. Washington's Writings. t. II, p. 400. ou collectivement. Mais en même temps, vous pouve compter qu'aucune d'elles ne se soumettra jamais à L perte de ces priviléges, de ces droits précieux qui sor essentiels au bonheur de tout État libre, et sans les quels la liberté, la propriété, la vie, sont dépourvues de toute sécurité. » Jefferson à M. Randolph1 : << Croyez-moi, mon cher monsieur, il n'y a pas, dar ta tout l'empire britannique, un homme qui chérisse plus pre cordialement que je ne le fais l'union avec la Grande Bretagne. Mais, par le Dieu qui m'a créé, je cessera d'exister plutôt que d'accepter cette union aux terme er que propose le parlement. Et en ceci, je crois exprimer an les sentiments de l'Amérique. Nous ne manquons ni der motifs, ni de pouvoir pour déclarer et soutenir notre séparation. C'est la volonté seule qui manque; et ellt grandit peu à peu sous la main de notre roi. » T ت George III, en effet, compromis et courroucé, soute nait, excitait même dans la lutte ses ministres et le par lement. En vain des pétitions nouvelles lui arrivaient toujours loyales et respectueuses sans hypocrisie; e Ar vain son nom était toujours rappelé et recommande Dieu, selon l'usage, dans les solennités religieuses. Il nedj tenait compte ni des prières qui s'adressaient à lui, malupe de celles qui s'élevaient au ciel pour lui; et la guerres Le poursuivait par son ordre, malhabilement, sans effor evas e 129 novembre 1775. Jefferson's Memoirs and correspondanes t. I, p. 153. puissant ni bien combiné, mais avec cette obstination lure et hautaine qui détruit dans les cœurs l'affection comme l'espérance. Évidemment ce jour était venu où le pouvoir perd on droit à la fidélité, où naît pour les peuples celui de e protéger eux-mêmes par la force, ne trouvant plus, lans l'ordre établi, ni sûreté, ni recours. Jour redouable et inconnu, que nulle science humaine ne saurait révoir, que nulle constitution humaine ne peut régler, qui pourtant se lève quelquefois, marqué par la main ivine. Si l'épreuve qui commence alors était absolunent interdite, si du point mystérieux où il réside, ce rand droit social ne pesait pas sur la tête des pouvoirs nême qui le nient, depuis longtemps le genre humain, ombé sous le joug, aurait perdu toute dignité comme out bonheur. Une autre condition, essentielle aussi, ne manquait as non plus à la légitimité de l'insurrection des coloies anglaises. Il y avait pour elles chance raisonnable e succès. Aucune main forte ne dirigeait en ce moment la poliique de l'Angleterre. Le cabinet de lord North était nédiocre d'esprit et de cœur. Le seul homme supérieur u pays, lord Chatham, était dans l'opposition. Les temps de la grande tyrannie étaient passés. Les proscriptions, les cruautés militaires et judiciaires, la lévastation générale et systématique, ces mesures teribles, ces souffrances atroces que naguère encore, au cœur même de l'Europe, dans une cause bien ausz juste, les Hollandais avaient eues à subir, n'auraient pas été tolérées, au xvme siècle, par les spectateurs de la lutte américaine, ne venaient plus même à la penser des acteurs les plus acharnés. Un parti puissant, des voix éloquentes s'élevaient au contraire sans relâche, au sein même du parlement bri tannique, à l'appui des colonies et de leurs droits. Gloire admirable du gouvernement représentatif, qui assures des défenseurs à toutes les causes, et fait pénétrer, dans l'arène de la politique, les garanties instituées pour E sanctuaire des lois. L'Europe, d'ailleurs, ne pouvait assister impassible Th un tel débat. Deux grandes puissances, la France f l'Espagne, avaient contre l'Angleterre, en Amérique r même, des injures récentes et des pertes graves à venger. E Deux puissances de grandeur nouvelle, la Russie ethe Prusse, étalaient, pour les maximes libérales, une sym- cha pathie un peu fastueuse, mais intelligente, et se mon él traient disposées à saisir l'occasion de décrier l'An- 1 gleterre ou de lui nuire, au nom même de la liberte. que Une république naguère glorieuse et redoutée, encore ne riche et honorée, la Hollande, ne pouvait manquer de not prêter à l'Amérique, contre une ancienne rivale, se de capitaux et son crédit. Enfin, parmi les puissances et d'ordre inférieur, toutes celles à qui leur situation ren Co dait le despotisme maritime de l'Angleterre nuisible et Yo odieux, Naples, la Toscane, Gênes, devaient ressentir. no |