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<< années de son existence : c'est du domaine de la

<< plaisanterie » (p. 305).

Réponse. Alors allez dire aux savants relativistes que toute la théorie est du domaine de la plaisanteric, car l'exemple du voyageur de Langevin est une déduction précise et inéluctable de tout le reste...

Les formules de Lorentz, conséquence nécessaire du fait expérimental de l'isotropie de propagation de la lumière, nous forcent à admettre que le temps mesuré entre deux événements est variable suivant le mode de parcours (suivant la « ligne d'univers » suivie) et nous donnent la mesure exacte du temps ainsi écoulé. Ce n'est pas plus une « fantaisie » qu'une « plaisanterie » ; ou bien alors le fait de dire que dans l'espace ordinaire «<le nombre de kilomètres parcouru pour aller d'un point à un autre dépend du chemin suivi » serait aussi une « fantaisie » ou une « plaisanterie » ?

Si vous voulez une explication plus détaillée, voyez le chapitre relatif à M. Bergson, ou encore l'appendice du livre de G. Moch, que vous nous recommandez « exposé sincère, clair, très précis... sobre, mais toujours lumineux, etc., etc... » (p. 305).

Une autre objection est formulée par M. Berget, mais elle se trompe d'adresse :

M. BERGET. << Quant à la notion de l'Univers fini, « elle ne satisfait pas l'esprit, qui se demande îorcé<< ment ce qu'il y a « après ». Alors quelques disciples << d'Einstein envisagent notre Univers comme un glo« bule d'éther isolé au milieu de l'espace sans fin ; au << milieu de cet espace sont sans doute d'autres Uni<< vers analogues, qui nous demeureront à jamais « inconnus ! Et ils se posent la question de savoir si « l'éther (qu'ils ne nient plus cette fois) nous est réelle<«<ment connu ; dans le voisinage de notre système

« solaire, ce milieu se confondait avec l'espace et le « temps; mais, par ailleurs, on ignore tout de sa « structure dans les mondes lointains.

« Ainsi les astronomes n'auraient jamais pu noter que l'arrivée des rayons lumineux qui impression«nent leurs instruments, et seraient condamnés à «< ignorer toujours l'endroit de leur départ, les condi«<tions de leurs trajets ! Mais alors que devient la no«<tion, fondamentale en relativité, de la constance de « la vitesse de la lumière ?... » (p. 305).

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Réponse. Pardon, cette objection s'adresse, non pas aux fondateurs de la théorie de la Relativité, mais à M. Nordmann, qui est l'auteur des assertions incriminées heureusement pour les relativistes, ils n'ont jamais souscrit à ces assertions, et M. Nordmann, en les émettant, s'est écarté notablement des idées d'Einstein et de ses disciples (Voir à ce sujet le chapitre sur M. Nordmann).

Dans la théorie de la Relativité (la vraie) tout rayon lumineux a, sur chaque section (uffisamment petite) de son parcours, une vitesse mesurée par le même nombre c (300.000 kilomètres à la seconde, et c'est seulement à cause de la courbure de l'Univers que la lumière passant dans un champ de gravitation paraît déviée et ralentie. aux yeux d'un observateur éloigné Encore une erreur pour terminer :

M. BERGET. « Si des expériences cruciales, abso << lument probantes, viennent confirmer toutes les con<<clusions de la théorie relativiste, il est certain qu'elle << apportera dans la Science une modification plus << grande que celle qui y fut apportée par la découverte << de la rotation de la Terre et de sa mobilité autour du « Soleil. Mais, même dans ce cas et du propre aveu « des relativistes, les lois journalières, usuelles, de la

« Mécanique et de la Physique expérimentales, dont « nous faisons application constante, ne sont pas mo« difiées en pratique, les modifications qu'y apporte la « relativité étant infinitésimales, même pour des « vitesses de projectiles extra-rapides. »

Réponse. C'est inexact: les modifications aux lois usuelles, négligeables pour les vitesses courantes, sont considérables pour les projectiles doués de vitesses «<extra-rapides » se rapprochant de celle de la lumière, comme les particules cathodiques ou les rayons & du radium alors la masse augmente avec la vitesse, comme vous nous l'avez montré p. 301; elle deviendrait même infinie pour une particule matérielle (douée, au repos, d'une certaine masse) atteignant la vitesse de la lumière, comme vous l'avez si bien dit p. 305... Et vous appelez cela une modification « infinitésimale » ? Vous confondez alors « l'infini de grandeur » avec « l'infini de petitesse »... ?

Ajoutons que les expériences déjà faites dans tous les domaines sont non seulement « probantes » et même «< cruciales », mais qu'elles nécessitent les idées si magistralement développées par le génie d'Einstein.

APPENDICE

Les notes figurant à cet appendice, nullement indispensables pour l'intelligence du reste de l'ouvrage, sont destinées à donner quelques éclaircissements supplémentaires aux lecteurs qui possèdent une culture mathématique leur permettant d'aborder les équations du premier degré.

NOTE 1

LES ÉQUATIONS DE LORENTZ
A PARTIR DE L'EXPÉRIENCE (1)

On sait que le point de départ de la Relativité restreinte est l'interprétation donnée par Einstein des équations de Lorentz, équations qui servent à passer d'un système de référence (de Galilée) à un autre. Cette interprétation à laquelle Lorentz luimême s'est rallié avec éclat, montre qu'il s'agit dans ces formules des temps réels mesurés dans chaque système.

Einstein lui-même a donné, dans son petit livre de vulgarisation Théorie de la Relativité restreinte et généralisée (trad. Rouvière, chez Gauthier-Villars) une démonstration du groupe de transformation de Lorentz en partant du principe de relativité res

(1) Article paru dans la Revue Scientifique du 12 mai 1923.

treinte, démonstration contenant cette signification (temps réellement mesurés) des variables t et ť; il s'est servi pour cela des propriétés suivantes :

Constance universelle du nombre représentant la vitesse de la lumière ;

Réciprocité de deux systèmes de Galilée en translation l'un par rapport à l'autre ;

Définition nouvelle de la simultanéité.

Ces propriétés elles-mêmes sont, dans la méthode d'Einstein, considérées comme des conséquences du principe de relativité; ce n'est que tout à fait à la fin de l'exposé de sa théorie qu'Einstein fait appel aux vérifications expérimentales.

Ce procédé logique, classique pour des théories physiques ordinaires, peut paraître insuffisant quand il s'agit de la Relativité : il revient en effet à dire aux savants et aux philosophes : « Voici la nouvelle théorie, qui démolit, les anciennes notions de temps et d'espace suivez-la jusqu'aux ultimes conséquences, vous verrez ensuite qu'elle explique bien des phénomènes, jusqu'ici inexpliqués. » Les philosophes et les savants répondront sans doute « Mais n'est-il pas possible de trouver une autre hypothèse, moins révolutionnaire et rendant compte des mêmes phénomènes ? »

Donc, voilà une objection possible; il y en a d'autres en effet, il est vrai que deux systèmes de Galilée en translation uniforme l'un par rapport à l'autre sont complètement réciproques; mais cette propriété (réciprocitė) n'est plus vraie lorsqu'il s'agit, par exemple, d'un trajet aller et retour; or, un philosophe célèbre, M. Bergson, s'y est trompé dans son dernier

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